BROSSARD – Michael McCarron ne veut pas l’admettre ouvertement, mais il sait probablement que le contrat qu’il a signé trois jours avant le début du camp d’entraînement est celui de la dernière chance pour lui dans l’organisation du Canadien.

 

« J’ai 23 ans, je ne crois pas que j’en sois à ma dernière chance, a rejeté le grand joueur de centre après un entraînement vendredi. J’ai eu un bon été et je ne veux pas penser à ça maintenant. »

 

McCarron a raison, il est jeune et a toute la vie devant lui. Mais pour l’instant, rien ne laisse croire qu’il y a de grands projets pour lui à Montréal.

 

Le choix de première ronde de l’équipe en 2013 était l’un des quatre joueurs autonomes avec compensation dont le dossier s’est retrouvé sur le bureau de Marc Bergevin le 1er juillet. Jacob De La Rose a signé une entente de deux ans dans la même semaine, Philip Danault a obtenu un nouveau pacte de trois ans au milieu du mois et Kerby Rychel a été échangé aux Flames de Calgary à la fin août.

 

Le cas de McCarron s’est réglé à la onzième heure. Dans le brouhaha provoqué par le départ de Max Pacioretty pour Las Vegas, le colosse a fini par accepter l’offre que lui avait soumise la direction du Tricolore. Il touchera près de 900 000$ s’il joue dans la Ligue nationale cet hiver et 70 000$ s’il évolue dans la Ligue américaine.

 

« Je ne pouvais aller nulle part, ils m’avaient à la gorge, explique-t-il. J’ai attendu pour voir comment l’été allait se dérouler, si la position de l’équipe allait changer, si une offre plus lucrative allait se présenter. C’était évident que j’allais essayer d’avoir plus d’argent, comme n’importe quel joueur l’aurait fait. Mais je n’ai jamais eu l’intention de faire la grève et de rater le début du camp. Je voulais revoir les  boys. Ça a juste pris un peu plus de temps qu’à l’habitude. »

 

McCarron affirme qu’il n’a pas non plus envisagé la possibilité de demander un changement de décor, question d’obtenir un nouveau départ dans de plus verts pâturages.

 

« Non, c’est ici que j’ai été repêché et c’est ici que je veux être. J’adore Montréal, j’adore les fans et j’adore mes coéquipiers ici. J’aime ce qui se passe ici, il y a une belle compétition à l’interne qui s’annonce avec les joueurs de centre qu’ils ont signés et je suis curieux de voir les plans qu’on a pour moi. Je n’ai qu’à prouver que je peux faire le travail. »  

 

McCarron dit être arrivé au camp à 230 livres, le même poids qu’il affichait la saison dernière, mais affirme qu’il a profité de la saison morte pour modifier sa composition corporelle. « J’ai perdu mon gras de bébé et j’ai finalement ajouté du muscle sur mes petites jambes », avance-t-il dans un bel exercice d’autodérision.

 

Le colosse de 6 pieds 6 pouces a aussi une idée claire de la façon dont il veut utiliser ses nouveaux attributs. Sa silhouette plus svelte et ses gros mollets ne lui serviront pas à déborder ses adversaires. On ne le verra probablement pas partir à deux contre le gardien avec Paul Byron en désavantage numérique.

 

« Personne ne compte sur moi pour marquer 30 buts cette saison, réalise McCarron. On s’attend à ce que je m’impose physiquement, que j’apporte des rondelles au filet et que je crée de l’espace pour mes coéquipiers. C’est ce que je n’ai pas encore réussi à faire et je dois prouver que je peux le faire. »

 

Il y a cinq ans, McCarron se voyait comme une doublure de Milan Lucic, qui terrorisait le Canadien dans l’uniforme des Bruins de Boston. Preuve que le hockey a évolué, c’est maintenant d’un joueur qui lui arrive à peine aux aisselles dont il veut s’inspirer. Il veut devenir un Brendan Gallagher, format géant.

 

« Être gros et fort, c’est plus que pouvoir jeter les gants. C’est être capable de protéger sa rondelle et de gagner ses batailles, c’est être une peste comme l’est Gally. Personne ne veut jouer contre ce gars-là, alors imaginez si un gars de 6 pieds 6 se met à l’imiter. Pour moi, il est un grand leader et c’est de lui que je veux m’inspirer. »

 

Si McCarron relève ce défi, le Canadien n’attendra pas au mois de septembre avant de le remettre sous contrat l’an prochain.