MONTRÉAL -  Malgré tous les impacts positifs relevés depuis l’arrivée de Martin St-Louis derrière le banc, et ils sont nombreux, quelques sceptiques soulignent que le Canadien demeure un club très vulnérable même s’il joue pour ,500 (12-12-2-2).

Lundi soir, alors que Samuel Montembeault multipliait les vols aux dépens des joueurs des Jets pour garder son équipe dans le coup, ces sceptiques insistaient sur le fait que le CH demeure un club qui permet à ses adversaires de canarder ses gardiens sans être trop ennuyés; un club qui doit s’en remettre à la tenue de ses gardiens pour espérer l’emporter.

 

Ces affirmations sont justes. Du moins statistiquement. Mais elles ne reflètent pas entièrement ce que le nouveau Canadien est en voie de devenir.

 

Car comme il l’a dit après la défaite de 4-2 encaissée au Centre Bell, lundi soir, s’il est de retour derrière le banc l’an prochain, Martin St-Louis bénéficiera de l’enseignent qu’il donne à ces joueurs depuis son arrivée. Il ne repartira pas à zéro – du moins pas avec les joueurs qui seront de retour – lors du prochain camp d’entraînement.

 

En passant, St-Louis a rassuré les partisans qui voient en lui la confirmation de jours meilleurs lorsqu’il est revenu sur sa phrase : «si je suis de retour…»

 

«Si je suis de retour, quand je serai de retour, utilisez la version que vous voulez. Il n’y avait rien à analyser dans ça», que le coach qui devrait bientôt perdre son titre intérimaire a lâché après s’être rendu-compte de l’attention apportée à un bien petit «si».

 

Revenons aux prétentions des sceptiques.

 

Le fait qu’après 28 matchs dirigés par Martin St-Louis, le Canadien ait obtenu plus de tirs que l’adversaire huit fois seulement semble leur donner raison.

 

En passant, le Tricolore affiche un différentiel de + 61 au fil de ces huit rencontres.

 

Inversement, il a été déclassé dans la course aux tirs au but 19 fois en 28 matchs. Une course qu’il a terminée avec un différentiel de -193.

 

En passant, le Canadien a perdu (5-3) contre Buffalo le seul match qui s’est soldé sur une égalité au chapitre des tirs cadrés (32-32) depuis l’arrivée de St-Louis derrière le banc.

 

En matière de tirs tentés, la domination des adversaires est plus marquée encore.

 

Le Canadien a décoché plus de tirs sept fois seulement – différentiel de +93 – il a été dominé 19 fois – différentiel de -396 – et a décoché autant de tirs que ses adversaires deux fois : contre les Sénateurs et le Kraken.

 

Fiche gagnante malgré tout

 

Bien que confirmées par ces statistiques, les affirmations des sceptiques ne disent pas toute la vérité quant à l’allure de toutes ces parties disputées par le Canadien sous la gouverne de Martin St-Louis.

 

Le «nouveau» Canadien affiche un dossier de quatre victoires – dont trois en prolongation – trois revers en temps réglementaire et une défaite en prolongation dans les matchs au cours desquels il a cadré plus de tirs que ses adversaires. Ironiquement, le Canadien a encaissé des revers de 5-2 et de 6-3 aux mains des Capitals de Washington et des Coyotes de l’Arizona, les deux fois au Centre Bell, malgré ses dominations les plus marquées (44-23 et 39-19) au chapitre des tirs au but.

 

Le Canadien a maintenu un dossier de sept victoires – une en tirs de barrage aux dépens des Islanders de New York – huit revers à la régulière, deux en prolongation et deux autres en tirs de barrage dans les 19 parties au fil desquelles ses gardiens ont reçu plus de tirs que les gardiens ennemis.

 

Et attention! Il s’est mieux démarqué encore dans les matchs au cours desquels il a été canardé par des adversaires qui ont obtenu beaucoup plus de temps de possession de la rondelle comme le confirment les 396 tirs de plus qu’ils ont décochés.

 

Non seulement le Canadien a gagné neuf de ces 19 parties, mais il a soutiré des points dans 12 de ces 19 rencontres avec un dossier de 9-7-2-1. Il a perdu (2-5-0-0) les sept matchs au cours desquels il a décoché plus de tirs et a gagné en plus de perdre en tirs de barrage lors des matchs contre Ottawa et Seattle qui se sont soldés sur des égalités au chapitre des tirs décochés.

 

Les gardiens ne sont plus abandonnés

 

Pour gagner et récolter au moins au moins un point dans autant de matchs au cours desquels il a été déclassé au chapitre des tirs cadrés ou tentés, le Canadien a dû compter sur de solides performances de ses gardiens.

 

C’est évident.

 

Dans la LNH d’aujourd’hui, les équipes qui se battent pour la coupe du Président autant que les clubs qui se battent pour obtenir les meilleures chances de gagner la loterie du repêchage ont besoin de bonnes, voire de très bonnes performances de leurs gardiens pour mousser leurs chances de gagner.

 

Jake Allen, dont la blessure subie samedi soir à Toronto est venue mettre un terme hâtif à sa saison, et Samuel Montembeault qui aura besoin de l’entrée en scène fort attendue de Carey Price pour l’aider dans l’une ou l’autre des neuf dernières parties à disputer, ne font pas exception à cette règle.

 

Et il est vrai qu’ils ont eu un gros mot à dire dans les matchs au terme desquels le Canadien a «volé» des points.

 

Mais les gardiens du Canadien, aussi bons ont-ils été, ont été appuyés par une équipe qu’on a rarement vue abandonner depuis que Martin St-Louis est venu en relève à Dominique Ducharme.

 

Lors des 45 premiers matchs de la saison, le Canadien s’écrasait lorsqu’il était dominé, lorsqu’il se retrouvait rapidement en arrière au pointage. Les cinq gardiens utilisés cette saison ont été victimes de ces abandons alors qu’ils étaient laissés en pâture devant des adversaires qui en ont très souvent profité.

 

Les fiches de 3-18-5-0 lorsque le Canadien, alors dirigé par Dominique Ducharme, accordait plus de tirs que l’adversaire et de 5-23-5-0 lorsque les adversaires ont décoché plus de tirs que lui après 45 matchs, le démontrent de façons éloquentes.

 

Au-delà les arrêts multipliés par leurs gardiens, les joueurs du Canadien ont très rarement baissé la tête lors des parties dominées par leurs adversaires. Et même lors des matchs plus difficiles au cours desquels ils ont traversé des passages à vide.

 

Refus d’abandonner

 

C’est ce refus d’abandonner qui s’est traduit par de meilleurs résultats au fil des 28 matchs dirigés par Martin St-Louis (12-12-2-2) qu’au fil des 45 premières rencontres de la saison (8-30-7-0).

 

Quelques exemples :

 

Le Canadien amorce mieux ses matchs depuis l’arrivée de St-Louis. Il a marqué le premier but 13 fois en 28 rencontres – fiche de 8-5-0-0 dans ces matchs – alors qu’il ne l’avait fait que 15 fois en 45 parties – fiche de 6-6-3-0 – sous Ducharme.

 

Le Canadien présente un dossier gagnant – 8-7-2-2 – dans les matchs au cours desquels il s’est retrouvé à égalité 1-1 avec un adversaire.

 

Cette fiche était de 4-14-6-0 après 45 matchs.

 

Mieux encore, le Canadien s’est déjà retrouvé 13 fois en 28 matchs dirigés par St-Louis à égalité 2-2 avec un adversaire – fiche de 5-5-2-1 – alors que c’était arrivé 14 fois seulement en 45 matchs – fiche de 2-5-7-0 – avant son arrivée.

 

Autres exemples :

 

Le Canadien affiche plus de points récoltés – 14 points reliés à une fiche de 5-12-2-2 – sous Martin St-Louis alors qu’il s’est retrouvé avec un recul d’un but à combler que lors des 45 premiers matchs de la saison : 13 points associés à une fiche de 3-30-7-0.

 

Peu d’équipes sont capables d’imiter les Panthers de la Floride qui sont maîtres cette saison dans l’art de combler des reculs de deux buts et plus, mais le Canadien de Martin St-Louis affiche déjà deux remontées gagnantes de deux buts (2-11-0-2) et six points ajoutés à sa fiche malgré un tel déficit.

 

Lors des 45 premiers matchs, le Tricolore s’est contenté d’un maigre point dans le cadre des 28 matchs au cours desquels il a eu au moins un recul de deux buts à combler.

 

Vrai que les retours de Joel Edmundson et de quelques blessés aident la cause du Canadien et de Martin St-Louis en ce moment. Mais des joueurs importants en début de saison comme Tyler Toffoli, Ben Chiarot et Artturi Lehkonen – sans être un joueur aussi important, Brett Kulak donnait du bon hockey cette année avant de prendre la direction d’Edmonton – ont été échangés.

 

Et les joueurs les plus transformés depuis l’arrivée de Martin St-Louis, Nick Suzuki et Cole Caufield, étaient présents en début de saison.

 

Bon! Tout n’est pas rose pour autant.

 

Le Canadien est toujours au 31e rang de la LNH. Il a encore bien des brèches en défensive à colmater et bien des ajustements à apporter à l’attaque pour aller chercher des buts qui ne viennent pas assez souvent pour couronner les succès des gardiens.

 

Mais contrairement à ce que cette équipe faisait trop souvent au fil des 45 premières parties de la saison, elle n’abandonne plus, ou beaucoup moins souvent, lorsqu’elle se retrouve en difficulté.

 

Et ça, c’est déjà un très bon pas en avant.

 

Barron vs Barron : un 2e duel reporté

 

Acquis par les Jets à la date limite des transactions – Andrew Copp a pris la direction de New York pour se joindre aux Rangers et les Jets ont aussi obtenu deux choix de deuxième ronde – Morgan Barron qui a disputé un match du tonnerre, lundi, au Centre Bell.

 

Confié à Paul Stastny et Nikolaj Ehlers en l’absence de Mark Scheifele, Barron a marqué son premier but en carrière après 18 matchs disputés dans la LNH. Sa sixième partie dans l’uniforme des Jets. Il a aussi récolté sa première passe après avoir sorti Rem Pitlick de ses patins pour ensuite offrir une occasion de marquer que Paul Stastny a saisie à deux mains pour enfiler son 20e but de la saison.

 

«Je suis très satisfait de cette partie. Il faut dire que le fait de jouer avec des gars aussi bons que Paul et Nikolaj aide énormément. J’ai confiance en mes moyens et je tiens à profiter de la fin de saison pour me faire une place au sein de cette équipe», a indiqué Barron.

 

Bien qu’il ait été choisi en sixième ronde au repêchage de 2017 par les Rangers, l’entraîneur-chef des Jets Dave Lowry n’a pas hésité une seconde avant de miser sur Barron pour combler la perte de Scheifele. «Il est gros, il est fort, il est rapide, il a un bon tir et il crée des occasions de marquer lorsqu’il est  en zone ennemie.»  

 

Bien que très heureux de sa performance dans la victoire d’un club qui doit pratiquement gagner tous ses matchs pour conserver une mince chance d’accéder aux séries, Morgan Barron aurait bien aimé profiter de sa première visite au Centre Bell pour affronter son frère Justin que le Canadien a acquis de l’Avalanche en retour d’Artturi Lehkonen.

 

«C’est la deuxième fois qu’on rate une occasion de s’affronter cette année. Justin avait été rappelé par l’Avalanche pour un match Colorado - New York, mais les Rangers m’avaient retourné au club-école juste avant cette partie. Au moins, on a pu se voir un peu aujourd’hui. Mes parents sont ici avec lui et comme il n’y avait pas d’entraînement matinal, j’ai pu leur rendre visite», a indiqué le plus vieux des deux frères Barron.

 

En passant, le jeune défenseur du Canadien a été vu en béquilles et une botte thérapeutique au pied. Rien pour l’aider à glisser son pied blessé dans un patin. Ce qu’il ne fera pas, du moins dans un contexte de partie, avant la saison prochaine.