Spencer Carbery encensé par ses amis du Québec
MONTRÉAL – En 2008-2009, pendant que Martin St-Louis était le cœur du Lightning de Tampa Bay, Spencer Carbery disputait une saison déterminante dans l'ECHL et tissait des liens au Québec.
Carbery semblait bien loin de se retrouver, 16 ans plus tard, dans un duel d'entraîneurs contre St-Louis dans la LNH.
Pour mieux comprendre son ascension fulgurante, on a voulu retourner à la source. On a sondé deux de ses anciens coéquipiers québécois, Pierre-Luc O'Brien et Maxime Lacroix.
En voyant la magnifique accolade entre Carbery et Alex Ovechkin – quand ce dernier a battu le record de Wayne Gretzky – on avait validé qu'il détient cette facilité pour connecter avec ses joueurs.
Mais on ignorait qu'il était encore ami avec des coéquipiers du championnat acquis avec les Stingrays de la Caroline du Sud en 2008-2009.
« J'échangeais justement des messages avec Spencer ce matin », a répondu O'Brien quand on lui a proposé de nous accorder une entrevue à propos de Carbery.
Et voici comment O'Brien a taquiné son ami avant le lancement de la série contre le Canadien.
« Ne sois pas trop dur avec les Canadiens. On a besoin de ça (de beaux moments en séries) à Montréal », lui a écrit O'Brien qui œuvre dans le domaine de l'immobilier commercial.
C'est loin d'être l'intention de Carbery et ça sautait aux yeux dans le premier match. À son époque de joueur, il n'était pas le plus talentueux, mais il fonçait toujours, pédale au fond, et il jetait parfois les gants quand il ne parvenait pas à exercer un impact sur le match.
« Il était vraiment intense et dédié avec une grande attention aux détails. Il avait ce côté très sérieux tout en ayant du plaisir quand c'était le temps », a souligné Lacroix qui a interrompu ses vacances au soleil pour nous parler du pilote des Capitals.
Quand Carbery, O'Brien et Lacroix ont remporté le championnat ECHL au printemps 2009, Jared Bednar – qui dirige l'Avalanche du Colorado – était leur entraîneur-chef. D'ailleurs, O'Brien a été invité au party de la coupe Stanley organisé par Bednar, en 2022, en Caroline du Sud.
Au fil des ans, O'Brien s'est éloigné du monde du hockey, mais il y goûte de l'intérieur quand il discute avec Bednar ou Carbery.
« Ça ressemble à ‘Hey Spencer, comment vont les choses pour toi. Et bien, Ovechkin vient de battre le record de tous les temps.' Disons qu'on n'est plus dans l'ECHL », a raconté O'Brien en riant.
Son ascension laisse croire que Carbery rêvait d'être entraîneur. C'est plutôt le contraire. Diplômé en Finances, il se dirigeait dans ce domaine quand on lui a proposé de devenir adjoint. Il a réalisé qu'il détenait toutes les qualités requises.
« Absolument. C'est un passionné de hockey! Il ne fait et ne veut que faire ça. Tsé dans l'autobus après les matchs, il connaissait les stats de tout le monde. Son ascension rapide, c'est impressionnant, mais ça ne m'a pas surpris. C'est un gars très déterminé qui rassemblait tout le monde. Et, quand il y avait un party, il était le plus tannant », a cerné O'Brien avec le sourire.
Spencer Carbery« On utilise le mot " rapidement ", mais il a roulé sa bosse avant de monter. Ça fait quand même 16 ans que j'ai joué avec lui et il n'a pas brûlé d'étapes en passant par l'ECHL, l'OHL, la LAH. C'est un gars super intelligent. Je l'ai vraiment adoré et je lui souhaite une coupe Stanley comme celle gagnée par Bednar. Ce sont deux vraies têtes de hockey », a mentionné Lacroix.
Ça demeure fascinant, pour ceux qui l'ont côtoyé dans l'ECHL, de le regarder briller aux commandes des Caps. Carbery pourrait même mériter le trophée Jack-Adams, de l'entraîneur de l'année, à sa deuxième saison dans la LNH.
« Je trippe au bout! C'est beau à voir. Tout d'un coup, il a été embauché à Toronto (en 2021) et il était avec les meilleurs du monde comme (Auston) Matthews. Je trouve ça tellement cool », a reconnu O'Brien.
Ovechkin, un party « légendaire » et un respect admirable
On arrive au sujet incontournable d'Ovechkin, mais permettez-nous une savoureuse parenthèse. O'Brien a révélé que la fête pour le record de buts d'Ovechkin avait été « légendaire ».
Carbery n'avait rien du talent d'Ovechkin, mais il a insufflé un nouvel élan à l'attaquant russe. Lui et ses adjoints ont passé d'innombrables heures à réfléchir à des stratégies pour qu'il continue, à 39 ans, de marquer à une cadence inouïe pour son âge.
Pour un entraîneur comme Carbery, qui n'avait pas le bagage de ses prédécesseurs (Peter Laviolette, Barry Trotz, Adam Oates et Bruce Boudreau), ça se dessinait comme un défi colossal de gérer une vedette de sa trempe.
« Oui, Spencer est très jeune, mais il sait se faire écouter. Ça ne me surprend pas du tout qu'il soit capable de le faire et Ovechkin est plus mature qu'en début de carrière. Quand on l'a vu partager ces grands moments qui passent à l'histoire et ce câlin avec Ovechkin, tu as des frissons à y penser », a confié O'Brien.
« Ce n'est pas facile de diriger des grandes vedettes. Mais je suis agréablement surpris de la réponse des joueurs des Capitals. Je suis content que les gars aient eu le respect pour l'écouter et appliquer ce qu'il demande », a ciblé Lacroix.
Petite surprise pour conclure, O'Brien espère tout de même voir le Canadien l'emporter. Mais pour Lacroix, pas question de favoriser Montréal.
« Mon père (Pierre, le défenseur) a joué pour les Nordiques donc, chez nous, le Canadien n'a jamais été notre équipe même si cette saison a été très excitante à voir. Je suis super content que Montréal vibre pour le CH », a conclu Lacroix.