MONTRÉAL - Guy Lafleur a soulevé la coupe Stanley à cinq reprises au cours de sa glorieuse carrière.

 

En 1973 lors de sa toute première conquête ou au fil de ses quatre qui se sont succédé entre 1976 et 1979, Lafleur a toujours partagé ces championnats avec ses coéquipiers, mais aussi avec les partisans du Tricolore.

 

« Gagner la coupe Stanley, c’était bon pour moi, pour mes coéquipiers et pour toute l’organisation. Mais c’était aussi bon pour tous les gens qui nous appuyaient ici et partout au Canada. On gagnait aussi pour eux », que Lafleur a souligné en revenant sur les moments forts de sa carrière.

 

Quarante ans plus tard, maintenant qu’il livre le plus difficile et le plus important combat de sa vie alors que le cancer s’attaque pour une deuxième fois à ses poumons, Guy Lafleur se démène pour gagner une fois encore. Il veut bien sûr gagner pour lui. Il veut gagner pour ses proches qui se battent à ses côtés. Mais il

« Où il y a de la vie, il y a de l'espoir »

veut aussi gagner pour tous ceux et celles qui, comme lui, se battent contre le cancer. Sans oublier tous ceux et celles qui auront à se battre contre cette damnée maladie un jour. Une maladie qui fait 22 000 morts chaque année au Québec et qui touche un Québécois sur deux.

 

C’est pour cette raison que Lafleur a décidé de sauter dans la mêlée en créant le Fond Guy Lafleur par le biais du Club des 10 dont il est le capitaine.

 

Flanqué de Mario Lemieux, Wayne Gretzky, Patrick Roy, Sidney Crosby, Yvan Cournoyer, Scotty Bowman, Marie-Philip Poulin, Alexis Lafrenière et Jonathan Drouin, « Flower » invite tous ceux et celles qui veulent l’épauler dans la lutte contre le cancer à faire des dons en argent qui aideront la Fondation du Centre hospitalier universitaire de Montréal (CHUM) à financer la recherche en matière de traitement contre le cancer.

« Disons que j’ai eu une très bonne cuvée dans mon repêchage », a lancé Guy Lafleur avec un sourire en coin lorsqu’il a parlé de l’appui obtenu par ses neuf coéquipiers.

 

De Mario Lemieux à Jonathan Drouin, chaque membre de l’équipe souligne un moment dur qui a marqué sa carrière. Un moment qui lui a fait mal. Un moment qui l’a obligé à puiser dans ses ressources et à s’en remettre à ses coéquipiers pour trouver la force de surmonter le défi au lieu de le laisser les écraser.

 

« Je ne me souviens pas du nombre de coupes Stanley que j’ai gagnées, mais je n’oublierai jamais la journée que je l’ai perdue en 1967 », admet avec franchise Yvan Cournoyer.

 

« Peu importe à quel point tu te crois bon, il y aura toujours quelqu’un qui te sera supérieur », ajoute Wayne Gretzky.

 

« Quand j’ai appris que j’avais le cancer, j’ai dû stationner ma voiture le long de route en rentrant vers la maison tellement je pleurais. J’ai ensuite été très chanceux de pouvoir compter sur une équipe exceptionnelle qui m’a aidé à vaincre l’adversaire le plus redoutable que j’ai affronté au cours de ma carrière : le cancer », a poursuivi Lemieux en faisant référence à la maladie de Hodgkin – cancer des ganglions – qui l’a foudroyé en 1993.

 

En guise de conclusion à la bande vidéo invitant le plus de gens possible à joindre les rangs du Club des 10, le grand Mario résume en quelques mots très lourds de sens sa volonté d’accepter l’invitation de son idole de jeunesse.

 

« On te doit bien ça, Guy!»

 

Quand recherche est synonyme d’espoir

 

Malgré un souffle court attribuable aux traitements aigus qu’il reçoit aux trois semaines, Guy Lafleur a fait le point sur son état de santé et ses motivations visant à aider la Fondation du CHUM à amasser des fonds.

 

« Mon père est mort du cancer en 1992. Dans ce temps-là, quand le cancer frappait tu savais ce que ça voulait dire. Aujourd’hui c’est différent. La maladie fait encore peur. Et même si on ne peut pas encore toujours le guérir, les moyens de le traiter s’améliorent constamment ce qui permet de donner une qualité de vie de longue durée aux gens qui en souffrent. C’est pour ça qu’il est important de trouver les fonds pour améliorer la recherche. C’est une source d’espoir. Quand tu vois que les scientifiques ont trouvé un vaccin contre la Covid en un an, ça démontre à quel point la recherche est importante », a indiqué Lafleur qui mise beaucoup sur les 10 à 15 années supplémentaires que les traitements peuvent accorder aux personnes atteintes du cancer aujourd’hui.

 

« Quand tu es jeune, 10 ou 15 ans ça ne représente pas grand-chose. Mais quand tu as 69 ans et que tu souffres du cancer. L’espoir d’avoir 10 ou 15 ans de plus a bien plus d’importance », a insisté le capitaine du Club des 10.

 

Cet espoir, le «démon blond» va le chercher partout où il peut le trouver.

 

« Je suis chanceux d’avoir ma famille et plein d’amis qui m’entourent. On n’a pas le droit de se voir en raison de la Covid, un virus que je ne peux attraper parce que je ne m’en remettrais pas, mais je reçois plein d’appels et j’en fais de mon côté. Mais quand je me rends au CHUM et que je suis entouré de gens qui se battent comme moi, on se parle, on s’encourage. C’est important. Car il faut toujours garder un bon moral pour pouvoir se battre. Ça se passe entre les deux oreilles », a poursuivi Lafleur qui échange régulièrement avec ses anciens coéquipiers Guy Lapointe (cancer de la gorge) et Tom Kurvers et le faisait tout aussi régulièrement avec Dale Hawerchuk qui est décédé au mois d’août dernier des suites du cancer de l’estomac diagnostiqué un an plus tôt.

 

Bataille difficile

 

Au-delà son implication dans le Club des 10 et les appuis qui l’aident à composer avec son cancer, Guy Lafleur reconnaît que la bataille est parfois difficile. Plusieurs des réponses lancées par «Flower» ont d’ailleurs été accompagnées de larmes aux yeux et de sanglots que Lafleur peinait à refouler.

 

« J’ai des hauts et des bas. Les traitements sont durs. J’ai le souffle court. Je me fatigue très vite. Je dors beaucoup. Je ne fais pas beaucoup d’activités », a admis Lafleur qui avait pourtant repris la marche après les pontages cardiaques qu’il a subis d’urgence l’hiver dernier.

 

« Je sors un peu, mais je limite mes marches autour de la maison. Je manque aussi de motivation. La Covid n’aide pas non plus parce qu’il est difficile de toujours demeurer confiné. Depuis l’ablation du lobe supérieur de mon poumon droit que j’ai subie en 2019, ça fait près de trois ans que je suis confiné. Ce n’est pas évident d’avoir à se passer des plaisirs de la vie, des repas avec des amis au restaurant. »

 

C’est cette quête de pouvoir retrouver bientôt les petits plaisirs de la vie et de permettre à d’autres d’en profiter qui motive Lafleur à réussir le projet auquel il s’associe aujourd’hui.

 

« J’ai été choyé comme joueur de hockey. Maintenant, je veux redonner à la société. Si ma participation permet d’ouvrir les yeux sur l’importance de la recherche, ce sera un plus. Et c’est la même chose pour les personnalités qui m’accompagnent dans l’aventure. Ils redonnent à leur façon. Mario a eu le cancer. Son implication et celles des autres ont un pouvoir rassembleur. »

 

Les personnes intéressées à appuyer Guy Lafleur dans sa croisade conjointe avec la Fondation du CHUM peuvent s’associer à plusieurs équipes du Club des 10.

 

Une implication de dix semaines consécutives ouvrira la porte à des vestiaires virtuels à l’intérieur desquels les membres des équipes pourront échanger avec des personnalités du monde du sport – les noms de Martin Brodeur, Raymond Bourque et Martin St-Louis ont été avancés – qu’ils croiseront une fois par semaine, le dimanche. La durée des rencontres virtuelles et la panoplie de souvenirs et articles de collection autographiés par les personnalités varient selon l’implication financière des uns et des autres.

 

Mais peu importe l’équipe que les donateurs décideront de joindre – toutes les informations sont disponibles sur fondationduchum.com – leur contribution aidera le Club des 10 à gagner des batailles pour aider la recherche à peut-être un jour gagner la guerre contre le cancer.

 

« Je ne suis pas le premier et je ne serai pas le dernier à lancer une campagne pour amasser des fonds pour la recherche contre le cancer. Mais il ne faut pas lâcher. Il y a toujours de la lumière au bout du tunnel et il faut continuer à avancer. Il faut rester positif. Il faut se battre », a conclu Lafleur.

 

Comme l’a souligné avec justesse Mario Lemieux : on doit bien ça au grand Guy Lafleur. On te doit bien ça, Guy!