C’était clair et limpide dès que nous avons eu en main le calendrier abrégé suite au lock-out. Le symbole « @ » apparaissait très peu au registre des 18 premiers matchs du Canadien dans les notes de presse officielles de la LNH, mais il défilait en abondance du 19e au 48e match. Comme dans @ Ottawa, @ Toronto, @ Boston, etc. Douze rencontres à domicile sur les 18 premières, 18 à l’étranger lors des 30 dernières. Pratiquement la proportion inverse.

On peut donc dire que le « vrai » grand test commence pour le Canadien de Montréal et il y a lieu d’être optimiste à la veille du premier volet, le plus difficile du reste, avec 7 matchs sur 8 (en 14 jours) sur les patinoires adverses.

Il y a d’abord la fiche actuelle de l’équipe qui se veut rassurante. Même s’il n’a joué que six fois à l’étranger, le Tricolore n’a subi qu’une défaite en temps règlementaire (la dégelée de 5-1 à Ottawa). Les hommes de Michel Therrien semblent avoir trouvé la façon de neutraliser l’adversaire sur son propre terrain, même si John Tortorella trouve l’approche ennuyante. Jeu serré dans les trois zones, protection du gardien, patience en attaque, opportunisme quand la porte s’ouvre, voilà quelques ingrédients qui se sont avérés payants jusqu’ici.

Autre facteur important : l’esprit d’équipe! Certains croient peut-être qu’on en exagère l’importance, mais une unité solide et surtout naturelle entre les joueurs peut faire des miracles au hockey. L’inverse est aussi vrai, comme en font foi les résultats catastrophiques de la saison dernière. Or, il n’y a rien comme traîner son baluchon dans les hôtels pendant une longue séquence pour raffermir les liens entre les joueurs et même avec la direction, dans une certaine mesure. Les « nouveaux » Canadiens sont de plus en plus unis, c’est visible, les joueurs fraîchement arrivés ainsi que les victoires répétées ont eu un impact majeur sur cette étanchéité. Et le segment qui commence lundi offre une belle occasion de la rehausser encore un peu plus.

Parmi les autres éléments qui permettent d’être optimistes, il y a aussi la contribution générale de tous les joueurs aux succès du Canadien. Quel contraste avec l’an dernier! Depuis le début de la courte saison, les trois principaux trios de Michel Therrien ont assumé leur rôle en attaque, en alternance. Celui de Plekanec a donné le ton, celui de Desharnais s’est mis en marche et voilà qu’un Lars Eller vient ouvrir les yeux des observateurs avec cette grande éclosion qui dépeint sur ses ailiers, peu importe qui ils sont. Et il ne faut pas diminuer l’apport des employés de soutien. Travis Moen, Colby Armstrong et Ryan White ont donné des minutes de qualité à leur entraîneur récemment, au point où ils furent utilisés entre 10 et 12 minutes au cours des derniers matchs. C’est considérable pour un 4e trio!

Un mot en terminant sur Brandon Prust. Je ne suis pas un apôtre de la violence au hockey, loin de là. Mais tant et aussi longtemps que la LNH en tolèrera un certain niveau, j’accepte le fait qu’il est essentiel de compter sur quelques « guerriers » dans ses rangs, surtout pour les matchs en terrains hostiles. Or, Prust a joué son rôle à merveille depuis le début de la saison! Il a fait bien plus que jeter les gants (souvent contre des adversaires plus costauds et plus forts physiquement). Il a provoqué l’ennemi, bloqué des tirs, a attiré vers lui les coups sournois libérant ainsi ses coéquipiers plus talentueux, a fort bien joué en infériorité numérique et au passage, a provoqué plusieurs occasions de marquer, amassé 5 points et affiche un rendement de +8 après 18 matchs! Mon très estimé collègue Sam Rosen, la voix des Rangers de New York à la télé, me disait à quel point ses anciens coéquipiers s’ennuyaient de lui, autant sur la patinoire que dans le vestiaire. Croyez-vous que John Tortorella apprécierait pouvoir compter sur ses services au cœur de cette très mauvaise séquence de son équipe? Vous connaissez la réponse comme moi.

Personne ne s’emballait outrageusement dans le vestiaire du Canadien après la douzième victoire de l’équipe. Tous les joueurs savent trop bien ce qui les attend, à compter de lundi. Mais en ajoutant la constance de Carey Price au tableau dépeint plus haut, il y a de quoi être optimiste et confiant à l’aube de ce grand défi.

Petite règle de trois

Il est toujours dangereux de se rabattre sur les mathématiques pour faire des projections dans le monde du sport. Il y a tellement de facteurs humains qui peuvent influencer les choses, dans le bon ou le mauvais sens. Mais je vous propose, juste pour le plaisir, une petite règle de trois sans prétention.

En acceptant le fait que 93 points sont suffisants pour atteindre les séries lors d’un calendrier complet, on peut donc projeter que 53 points devraient être suffisants pour y accéder à l’issue cette saison de 48 matchs. Le Canadien, en ayant en banque 26 points après 18 matchs, a donc fait la moitié du chemin. Et il lui reste encore plus de 60 % de ses matchs à disputer.

Vingt-sept points en trente matchs, c’est une fiche du genre 12-15-3, sans plus! Je suis convaincu que c’est la dernière chose à laquelle songe Michel Therrien et ses joueurs présentement, et c’est exactement l’approche souhaitée : un match à la fois! Mais cela démontre quand même l’importance énorme des points amassés jusqu’ici au cours de cette courte saison. Et même si tous les adversaires font partie de la même association et que chaque match en est un de « quatre points », il reste que des équipes comme le Canadien, les Blackhawks et les Ducks possèdent présentement une marge de manœuvre qui ferait l’envie de la plupart des rivaux en vue de l’obtention d’une place en séries.

Bon, assez calculé! Il est temps d’aller faire ses valises…