Il faut écrire les choses franchement, crument, durement : après deux périodes, et même après 50 minutes, le Canadien faisait dur. Vraiment.

Exception faite du nouveau premier trio – Plekanec au centre de Pacioretty et Gallagher – le Tricolore n’était pas là. Pas là du tout. Les trois autres trios étaient à toutes fins utiles... inutiles.

L’attaque massive était, comme trop souvent cette année, très passive. Non seulement elle ne générait rien de rien, mais les Blue Jackets avaient menacé davantage Carey Price en désavantage numérique que l’attaque massive du Canadien avait mis à l’épreuve Sergei « the Goalie » Bobrovsky.

Sur les médias sociaux, le très drôle Chris Nilan (@KnucklesNilan30) s’est alors moqué de Michel Therrien en souhaitant que le Canadien emprunte l’autoroute 50 au lieu de la 20 ou la 40, car les deux étaient bloquées… Nilan faisait référence à la déclaration de l’entraîneur-chef qui s’est servi de cette analogie géographique pour indiquer qu’il changerait d’itinéraire pour se rendre à Québec si on lui disait que la 20 était bloquée à Drummondville. Il espérait donc que ses joueurs changent de stratégie en attaque massive lorsqu’il était clair que le plan initial qu’il leur proposait ne fonctionnait pas.

Ce qui était clairement le cas après deux périodes mercredi à Columbus.

Dire que ça allait mal serait donc un euphémisme.

Comme si c’était possible, ça s’est soudainement mis à aller plus mal encore lorsque P.K. Subban, qui avait commis jusque-là plus de revirements coûteux qu’il avait complété de passes, a écopé d'une autre pénalité inutile.

Treize secondes après le début de leur première attaque à cinq, les Blue Jackets ont marqué.

Ca-tas-tro-phe!

En confiance, beaucoup trop en confiance, les Blue Jackets ont baissé leur garde. Ils ont perdu le contrôle. Le Canadien était tellement mauvais en attaque à cinq, que personne dans le camp ennemi ne craignait d'écoper une pénalité. Les Jackets les ont donc multipliées.

Et là :

Pacioretty a marqué.

Subban, avec un excellent tir de la pointe, l’a imité.

Comme le putois en santé qui vient faire les poubelles deux fois par semaine au coin de la rue – quand il ne fait pas trop froid – on a senti le troisième but se pointer dès que Brandon Dubinsky a pris le chemin du cachot.

Et qu’est-ce qui est arrivé? Oui, oui, Pacioretty a marqué... et le Canadien a gagné.

Du pire au meilleur

Le Tricolore méritait-il la victoire?

Peu importe qu’on réponde oui ou non à cette question, il a gagné et c’est tout ce qui compte.

Peu importe qu’elle soit méritée ou non, cette victoire étouffera le feu qui couvait après deux périodes. Un feu qui n’attendait qu’un petit coup de vent pour prendre de l’ampleur et embraser la planète hockey. En fait non, la planète Canadien. C’est déjà assez.

Mais cette victoire n’explique pas tout. Elle n’excuse pas tout.

Et bien que son équipe ait gagné, je ne comprends toujours pas pourquoi Michel Therrien a chambardé tous ses trios à l’aube de la deuxième moitié de saison.

Remplacer Galchenyuk par Plekanec était une bonne idée. Le premier commençait à tirer de la langue après quelques matchs passés sous l’étroite surveillance des meilleurs joueurs défensifs adverses. Le deuxième a l’expérience. Et il a déjà démontré qu’il pouvait assumer ce rôle au sein du premier trio.

Les résultats du nouveau premier trio l’ont d’ailleurs démontré avec un grand D.

Plekanec (6), Gallagher (5) et Pacioretty (7) ont obtenu 18 des 31 tirs cadrés du Canadien.

Plekanec (9), Gallagher (10) et Pacioretty (10) ont obtenu 29 des 61 tirs tentés du Canadien au cours du match.

Pacioretty a marqué deux buts, Plekanec et Gallagher ont récolté une passe chacun.

Comme quoi l’idée de les regrouper était très bonne.

L’attaque a cinq a débloqué en fin de rencontre lorsque P.K. Subban s’est servi de son arme de prédilection, son tir frappé foudroyant. Lorsque Pacioretty a été mis en évidence pour décocher des tirs de la zone payante. Lorsque Andrei Markov, le meilleur passeur du Canadien, le vrai quart-arrière de l’équipe, s’est retrouvé au centre de l’action.

Ces trois buts ont démontré qu’il était bien inutile de trop jongler avec les combinaisons, avec les idées. P.A Parenteau à la pointe, Tomas Plekanec en haut des cercles de mise en jeu pour décocher des tirs sur réception, n’étaient pas de bonnes idées.

On ne peut pas reprocher aux entraîneurs du Canadien d’avoir effectué ces tentatives tant l’attaque massive était inerte depuis 10 matchs. Depuis le début de la saison en fait.

Mais quand tu peux compter sur les tirs de Subban et de Pacioretty, quand tu as le privilège de compter sur Andrei Markov – et Sergei Gonchar à moindre impact en raison de son âge – tu mises sur ces atouts. Ça finira par fonctionner. On l’a vu en fin de match hier.

Combien de temps tout ça durera?

Combien de temps Michel Therrien gardera-t-il Tomas Plekanec au centre de Pacioretty et Gallagher?

Combien de temps Markov sera-t-il le chef d’orchestre de l’attaque massive et qu’on misera sur le tir de P.K. Subban au lieu de faire tourner la rondelle autour du territoire ennemi sans jamais – ou pas assez – attaquer le but et le gardien qui le défend.

Je ne sais pas.

Mais je sais une chose, quand tu trouves des combinaisons gagnantes, des combinaisons qui te font gagner un match que ton équipe était loin, très loin, d’être en voie de gagner, tu maintiens ce qui va bien, tu modifies ce qui ne va pas.

Jeudi à Ottawa, j’espère donc que le premier trio sera intact et que l’attaque massive reviendra à la base, car dans le fond, c’est simple le hockey : tu fais bouger la rondelle plus vite que les adversaires patinent et tu mets la rondelle au but.

J’espère aussi qu’on redonnera plus de temps d’utilisation à Jiri Sekac et qu’on confiera de meilleurs joueurs à Alex Galchenyuk.

Car c’est bien beau avoir gagné, c’est bien beau avoir vu P.K. et le power play se racheter comme ils l’ont fait dans les 10 dernières minutes de jeu, mais ça ne veut pas dire de jouer à la roulette russe de la même façon tous les soirs.

Du moins il me semble.

Et ce, même si les Sénateurs ne sont pas féroces cette année.

Entre les lignes

- P.K. Subban, qui a déjà été mis à l’index par la LNH parce qu’il avait tendance à distribuer des jambettes, n’aura pas à défendre sa cause pour sa pénalité écopée aux dépens de Cam Atkinson en milieu de troisième période.

- Max Pacioretty a atteint le cap des 20 buts en enfilant au moins un but dans un cinquième match consécutif. Sa plus longue séquence du genre en carrière.

- Ryan Johansen, avec son 16e but de la saison hier, a prolongé à 11 sa séquence de matchs consécutifs avec au moins un point. Il revendique 7 buts et 13 points lors des ces 11 parties...

- Le Canadien affiche maintenant quatre victoires (4-11-1) à la suite de remontées gagnantes effectuées en troisième période. C’est déjà une victoire de plus que pour l’ensemble de la saison dernière (3-24-4)...

- C’est la deuxième fois cette saison que le Canadien enfile trois buts en avantage numérique dans un même match. Il avait été 3 en 3 le 15 novembre dernier dans un gain de 6-3 aux dépens des Flyers de Philadelphie.

Avant d’enfiler ses trois buts en sept attaques massives hier à Columbus, le Tricolore s’était contenté de cinq petits buts en 58 occasions (8,6 %) en 21 matchs disputés sur la route depuis le début de la saison...