Je n’ai pas l’habitude d’encenser les joueurs du Canadien. Ou le Canadien tout court. Même qu’il m’arrive plus souvent qu’autrement de les critiquer plutôt que de les couvrir d’éloges.

Cela m’attire d’ailleurs régulièrement un lot de critiques de la part des fans. Ça vient avec la job. Et c’est correct. Surtout que j’aime mieux être un brin ou deux trop critique qu’un brin trop cheerleader.

Mais là, il est impossible de rester insensible aux performances de Max Pacioretty et de ses compagnons de trio : David Desharnais et Thomas Vanek. Il est même difficile de retenir les superlatifs quand vient le temps de commenter les exploits de Pacioretty cette saison.

Car avec ses trois buts enfilés aux dépens des Sénateurs, à Ottawa, vendredi – des Sénateurs qui ont une fois encore laissé filer une avance de trois buts en transformant le 3-0 de début de rencontre en revers de 7-4 – Pacioretty affiche maintenant une récolte de 38 filets cette saison.

Ces 38 buts placent Pacioretty au 4e rang des meilleurs francs-tireurs de la LNH cette saison. Eh oui! Alexander Ovechkin (49), Corey Perry (41) et Joe Pavelski (39) sont les seuls à devancer le meilleur marqueur du Canadien.

Canadiens 7 - Sénateurs 4

Les seuls!

Sidney Crosby et Phil Kessel ne sont pas loin derrière avec 36 buts. Mais ils sont derrière quand même.

Ces 38 buts lui permettent de rejoindre Vincent Damphousse et Pierre Turgeon qui sont les derniers joueurs du Tricolore à avoir connu une saison de 38 filets. Et ça remonte à la saison 1995-1996.

Et s’il atteint le plateau des 40, Pacioretty deviendra le premier à le faire depuis Vincent Damphousse en 1993-1994.

Imaginez s’il ne s’était pas embourbé en début de saison se contentant de deux buts en 21 rencontres, dont 8 passées sur la liste des blessés?

De fait, depuis le 16 novembre, lorsque Pacioretty a enfilé un tour du chapeau au Centre Bell lors de la visite du Wild du Minnesota, Pacioretty a inscrit 36 buts à ses 57 derniers matchs.

Ces 36 buts représentent le plus haut total dans la LNH depuis cette date. Même Alex Ovechkin qui mettra la main sur un autre trophée Maurice Richard cette année, n’a pas aussi bien fait que Pacioretty avec ses 32 buts en 54 matchs.

Ce n’est pas rien.

Pas question de prétendre que Pacioretty est un marqueur aussi redoutable qu’Alex Ovechkin. Ou qu’il doit être considéré comme l’un des meilleurs buteurs de tout le circuit. Même si ses statistiques militent en faveur d’une telle conclusion.

Mais Pacioretty est un vrai marqueur. Un vrai de vrai. Un vrai comme il y a longtemps qu’on n’en a pas vu avec le Canadien. Il protège bien la rondelle lorsqu’il file vers le but avec une vitesse surprenante pour un gars de son gabarit. Il a des mains agiles autant lorsque vient le temps d’effectuer des feintes que de décocher des tirs vifs de l’enclave.

En réalisant un troisième tour du chapeau cette saison, Max Pacioretty est devenu le premier joueur du Tricolore depuis Pierre Larouche en 1980-1981 à réussir trois matchs de trois buts en une saison.

Trois buts c’était déjà bien, mais en ajoutant deux passes dans la victoire, Pacioretty a aussi connu son premier match de cinq points en carrière. Avec ces trois buts et cinq points, Pacioretty revendique huit buts et 16 points à ses 12 derniers matchs.

Pacioretty ne fait pas tout ça seul. Que non! Aux cinq points qu’il a amassés vendredi, on doit en ajouter cinq autres récoltés par David Desharnais (un but, une passe) et Thomas Vanek (trois passes).

Autre remontée improbable

Si les partisans du Tricolore ont pu célébrer la soirée de rêve de Pacioretty et la victoire de leurs favoris, ils le doivent à une autre remontée improbable du Tricolore aux dépens des Sénateurs.

Après avoir comblé un recul de trois buts en fin de rencontre le 15 mars dernier pour s’envoler vers une victoire en prolongation, qui avait permis de racheter une mauvaise sortie, le Canadien a joué le même tour aux Sens hier.

Pacioretty fait encore des siennes

Sauf qu’il n’a pas attendu les dernières secondes du match pour y arriver. Il l’a fait en début de match. Sortis sur les talons, P.K. Subban, Peter Budaj et leurs coéquipiers ont vu les Sénateurs marquer trois buts avant même la sixième minute de jeu.

Dire que ça allait mal serait un euphémisme.

Pendant qu’on se demandait pourquoi Michel Therrien ne réclamait pas un temps d’arrêt pour calmer son équipe et s’offrir un brin de réflexion afin de se demander s’il devait procéder à un changement de gardien, l’entraîneur-chef du Canadien a gardé son calme.

Seule conséquence de cet affreux début de rencontre, Therrien a confiné Subban au banc le limitant à deux présences totalisant 37 secondes.

Subban n’était pas le seul responsable. Ça non! Et Therrien aurait pu imposer des mesures disciplinaires à d’autres joueurs que Subban qui écopent plus souvent que les autres. C’est évident.

Mais cette décision a mené à l’éveil de son équipe.

Cette décision, oui, et les arrêts de Peter Budaj qui a excellé après avoir concédé deux buts rapides en début de rencontre. Sur le troisième, il ne pouvait rien. Ensuite, il a multiplié les arrêts.

À l’autre bout de la patinoire, Craig Anderson a été mauvais. Très mauvais.

Alors que le Canadien patinait en pleine déroute, Anderson a fait cadeau d’un but à Andrei Markov qui a décoché son tir du coin de la patinoire et de l’arrière du filet.

Comment la rondelle est-elle entrée? Anderson l’a fait dévier derrière lui.

Je ne sais pas pour vous, mais après ce cadeau, je me suis empressé de signaler que les Sénateurs jouaient avec les poignées de leur cercueil. De signaler aussi que le passé étant garant du futur, on pouvait maintenant s’attendre à un autre revirement improbable. Comme celui du 15 mars.

C’est exactement ce qui est arrivé.

Profitant des largesses du gardien Anderson et des erreurs nombreuses et coûteuses des défenseurs des Sénateurs, le Canadien a marqué sept buts sans riposte.

C’était la première fois cette saison que le Canadien marquait sept buts.

C’était aussi la première fois depuis le 20 mars 2011, dans une victoire de 8-1 aux dépens du Wild, au Minnesota – tour du chapeau de P.K. Subban – que le Canadien enfilait sept buts consécutifs.

Quoi penser de cette remontée?

Bon! Elle confirme l’affreuse saison des Sénateurs qui ont multiplié les façons de perdre des matchs cette année. Deux fois contre le Canadien d’ailleurs.

Elle confirme aussi que le Canadien a cette faculté cette année de trouver des façons de rebondir. Et surtout de profiter des largesses offertes par ses adversaires, ou des rares occasions qui se présentent.

Car si le score confirme une victoire sans appel du Canadien, ce score n’indique pas que Peter Budaj a été parfait en période médiane avec 15 arrêts alors que Craig Anderson a accordé deux buts sur trois tirs à l’autre bout.

Bon! Les Sénateurs se sont fait refuser un but qui aurait dû être bon alors que Mike Weaver s’est retrouvé sur Budaj après un impact légal avec Chris Neil.

Mais bon! De la façon dont ils ont joué hier, les Sénateurs ne méritaient pas de gagner.

Et on dira ce qu’on voudra du Canadien, mais avec cette belle sortie de Budaj (39 arrêts) qui s’est bien repris après son début de match difficile, et une extraordinaire performance de Max Pacioretty et de ses coéquipiers du premier trio, il méritait pleinement de gagner.

Et il s’installe de plus en plus au deuxième rang dans la division Atlantique. Deuxième rang qui l’assure de l’avantage de la patinoire en première ronde face au Lightning de Tampa Bay.

Le match en chiffres

1 – Jarred Tinordi n’a asséné qu’une mise en échec à Ottawa vendredi, mais il s’est imposé physiquement en frappant solidement Ales Hemsky alors que les Sens menaient 3-0. Hemsky n’est d’ailleurs pas revenu au jeu. Tinordi s’est aussi fait remarquer en livrant un combat pour homme à Eric Gryba…

7 – Le Canadien n’a pas tiré souvent en direction du filet des Sénateurs. Mais il a été précis. Outre ses 23 tirs cadrés, le Canadien a vu seulement trois rondelles bloquées en défensive et quatre autres qui ont raté la cible…

11 – Les Sénateurs sont la pire équipe de la LNH avec 11 revers (8 en temps réglementaire et 3 en prolongation) encaissés dans le cadre de match qu’ils dominaient après une période de jeu…

16 – Le Canadien amorçait à Ottawa sa 16e de 17 séquences de deux matchs en deux soirs cette saison. Il présente maintenant un dossier de (9-3-3) lors des premières rencontres et sa fiche est de 8-7-0 lors des deuxièmes parties. Les Red Wings seront les adversaires du Tricolore samedi au Centre Bell…

34 – Bien qu’il ait dominé les Sénateurs au pointage, le Canadien n’a remporté que 23 des 67 mises en jeu disputées vendredi pour une efficacité de 34 % seulement…

43 – Bien qu’ils aient été savonnés 7-4, les Sénateurs ont obtenu 43 tirs sur le filet de Peter Budaj. C’est 20 tirs de plus que le Canadien qui a tiré 23 fois sur Anderson…

48 – Si on combine les tirs cadrés, les rondelles bloquées en défensive et les tirs qui ont raté la cible, les Sénateurs ont décoché 78 tirs alors que le Canadien s’est contenté de 30. Comme quoi les statistiques ne disent pas toujours toute la vérité et rien que la vérité…

57 – Malgré son différentiel atroce de moins-30, le capitaine Jason Spezza occupe le 2e rang chez les Sénateurs avec un différentiel positif de 54 depuis le début de sa carrière. Chris Phillips est le meilleur de son club avec un plus-67…

1125 – Jean Béliveau a disputé son 1125e et dernier match de saison régulière le 4 avril 1971…