Ayant accès la base de données enviable de SPORTLOGiQ, parmi les statistiques sur lesquelles je m’attarde longuement se trouvent celles concernant les passes. Je ne me limite pas qu’aux passes complétées. Je regarde aussi à quelle fréquence un joueur tente de compléter des passes, surtout certains types de passes bien précis.

Pour ce qui est des joueurs tentant le plus de passes en direction de l’enclave à cinq contre cinq, la liste des meneurs n’a rien de surprenant. Sidney Crosby domine tous les joueurs, suivi de Connor McDavid, Henrik Sedin et Johnny Gaudreau. Ce sont des fabricants de jeux élites. Il est logique qu’ils tentent de nombreuses passes difficiles en direction de leurs coéquipiers dans l’enclave en vue de capitaliser sur cette séquence.

Puis, à la 11e position, vous retrouvez un nom familier : Max Pacioretty. Ce n’est pas trop logique considérant que Pacioretty est davantage un marqueur qu’un fabricant de jeux. Effectivement, son efficacité quant au nombre de passes récoltées depuis le début de sa carrière est relativement faible.

Cette hypothèse se confirme rapidement. La majorité des joueurs perçant le top-20 de la LNH pour le nombre de passes tentées dans l’enclave proportionnellement à leur temps de glace complète entre 35 % et 44 % de ces passes. Pacioretty n’a complété que 21,8 % de ces passes cette saison. Cela me fait penser que son changement quant à ses tendances en zone offensive pourrait partiellement expliquer son manque de punch à l’attaque cette saison.

Décortiquons les choses de façon générale. Une fois en possession de la rondelle en zone offensive, vous avez véritablement trois options. Vous pouvez tirer au filet, tenter de rejoindre un coéquipier ou y aller d’une feinte afin d’être mieux positionné pour lancer ou faire une passe. Voici dans quelle mesure les choses se détériorent pour Pacioretty depuis trois saisons :

Année après année, Pacioretty a de moins en moins tendance à lancer. Pour ce qui est de son jeu de passes, il n’a pas changé du tout au tout, à l’exception de quand Alex Radulov évoluait avec lui sur un même trio la saison dernière. Le changement le plus important est que Pacioretty tente beaucoup plus de feintes que jamais auparavant, ce qui n’est pas nécessairement une mauvaise chose si vous êtes un joueur avec d’excellentes mains. Cependant, Pacioretty n’est pas un excellent manieur de rondelle et il s’est constamment classé, lors des trois dernières années, autour de la 230^e position quant aux feintes réussies proportionnellement à son temps d’utilisation.

Je ne suis pas persuadé que cette analyse générale vous fournit suffisamment d’information. Ainsi, démêlons le tout et allons davantage dans le détail.

Décortiquons les types de passes et les tirs provenant de l’enclave et de la périphérie. Vous pouvez constater que la plupart des tirs que Pacioretty ne dirige plus au filet proviennent de la périphérie. Au premier coup d’œil, c’est une bonne chose. Il faut toutefois se rappeler que Pacioretty est l’un des rares joueurs de la LNH capables de marquer régulièrement depuis une bonne distance. Même lorsqu’il ne réussit pas pareil fait d’armes, plusieurs de ses mentions d’assistance sont le fruit de ses tirs contrés qui sont récupérés par ses coéquipiers, déviés ou menant à un retour de lancer à la faveur d’un coéquipier. Même si la probabilité de marquer au moment de décocher un tir de la périphérie est significativement plus faible que lorsque le lancer provient de l’enclave, le jeu en vaut tout de même la chandelle.

Pour ce qui est des passes, il est important de noter que nous nous arrêtons seulement aux tentatives de passes. Il ne s’agit pas de passes complétées. Nous pouvons constater que le nombre de passes tentées dans l’enclave proportionnellement à ses jeux tentés en zone offensive a explosé, encore plus que son nombre de feintes tentées. Il essaie plus de jeux risqués, effectuant moins de passes vers l’avant ou vers l’arrière en direction de la pointe.

Mon parti pris au moment d’écouter une partie de hockey me dit que le fait que Paciorettty tente plus de jeux risqués est une bonne chose. Cependant, cela ne fonctionne tout simplement pas pour lui. Il a toujours été un joueur se dirigeant vers le but et il n’a jamais été le fabricant de jeux sur son trio. Sa tentative d’exploiter son talent pour générer plus d’action dans l’enclave n’a pas créé plus de résultats pour lui ou ses coéquipiers. Malheureusement, comme Pacioretty n’est pas un fabricant de jeux élite, ceci a même eu un impact négatif quantifiable.

Alors que Pacioretty tente des jeux plus risqués en zone offensive pour générer plus d’attaque à la faveur de ses coéquipiers, le taux global de succès de ses jeux en zone offensive a régressé chaque saison. Son taux de revirement a également grimpé.

Les revirements commis en zone offensive ne sont pas aussi préjudiciables défensivement que ceux commis en zone neutre et défensive. Essentiellement, les revirements commis en zone offensive mettent un terme à la possession et mènent à moins d’opportunités sur lesquelles il est possible de capitaliser.

Tout au long de sa carrière, Pacioretty a été une machine à marquer des buts. Il a été la source de beaucoup de buts de son équipe en gardant son jeu simple. Il se fiait à son tir et à son coup de patin pour se créer lui-même des opportunités. C’étaient plutôt ses coéquipiers qui tentaient d’exécuter les passes plus difficiles. En changeant cette formule, il n’est plus à l’origine d’autant de buts.

L’axe des x représente la moyenne de buts marqués dans la LNH à cinq contre cinq au cours des cinq dernières années. Vous pouvez voir que lors de quatre de ces cinq saisons, Pacioretty a beaucoup mieux fait que la moyenne de la ligue. Cependant, son nombre de buts attendus est en baisse depuis deux saisons. Cette année, son nombre réel de buts est en forte régression, après avoir connu une légère hausse aux côtés de Radulov la saison dernière.

Il n’y a pas de raison de croire que Pacioretty fera encore moins bien que la moyenne de la ligue quant à sa production offensive l’année prochaine. Malgré sa baisse de rendement, il a été incroyablement malchanceux cette année. Pour être à son meilleur, il doit d’abord retrouver ses repères.

Pacioretty est connu pour être un joueur assez introspectif. Il cherche toujours des moyens d’améliorer son jeu, mais ces récents changements n’ont pas été positifs. Parfois, les joueurs obtiennent ce qu’ils désirent et les changements sont positifs. Peu importe si Pacioretty sera de retour avec le Canadien la saison prochaine ou s’il est échangé, il doit revenir à ce qui a fait de lui l’un des meilleurs ailiers de la LNH. Il n’est pas Alex Radulov et il n’a pas besoin de tenter de l’imiter.