Coupables mercredi alors qu’ils ont bêtement laissé filer une victoire qui semblait acquise, les joueurs du Canadien se sont fait tout pardonner, ou presque, en arrachant une victoire qui a mis du temps à venir.

De fait, le Canadien a joué aux Panthers de la Floride le même tour qu’il s’est fait jouer par le Lightning à Tampa. Loin de disputer un mauvais match, le Canadien semblait à court de munitions pour revenir de l’arrière et au moins propulser le match en prolongation.

Mais quand les Panthers lui ont ouvert la porte, il a su en profiter. Phillip Danault qui a disputé une solide partie au centre du premier trio a offert le but égalisateur à Brendan Gallagher avec moins de trois minutes à faire en temps réglementaire.

Un but égalisateur pour l’équipe, mais aussi, mais surtout, un but libérateur pour Gallagher qui a non seulement mis fin à une disette de 13 rencontres, mais aussi à une terrible séquence d’un maigre but en 29 rencontres.

Sans surprise aucune, Gallagher avait retrouvé le sourire lorsque les journalistes l’ont croisé dans le vestiaire des vainqueurs après la rencontre. «Tout le monde était au courant de ma situation», a-t-il reconnu d’amblée.

Gallagher était heureux. Avec raison. Al Montoya l’était tout autant. Victime de six revers de suite, une séquence amorcée le 4 novembre dernier lors de la dégelée de 10-0 encaissée à Columbus, Montoya savourait une première victoire depuis le 26 octobre dernier.

Montoya ne pouvait porter seul le poids de la raclée infligée par les Blue Jackets. Il ne pouvait porter seul non plus le poids des cinq revers qui l’ont suivie. Mais à un moment donné, il devait gagner.

L’occasion ne pouvait être mieux choisie que lors de son retour à Floride où il était l’adjoint de Roberto Luongo encore l’an dernier. Surtout qu’en gagnant hier, Montoya a aidé le Canadien à freiner à trois la séquence de revers de suite tout en permettant au Tricolore de savourer une troisième victoire à ses huit derniers matchs.

Un sport de résultats

Bon! Il n’y a pas de quoi sabrer le champagne quand tu gagnes trois fois seulement en huit matchs. J’en conviens. Mais si l’on tient compte des blessures qui minent l’équipe, du fait que le Canadien est en exil dans le cadre de son traditionnel et ô combien difficile marathon du temps des fêtes sur les patinoires ennemies, la victoire aux dépens des Panthers fait du bien.

Beaucoup de bien.

Vrai que le Canadien n’a pas mieux joué que la veille à Tampa. De fait, je crois même qu’il a moins bien joué dans l’ensemble que jeudi, mais l’inversion des scénarios en fin de rencontre a changé toute la perception des deux rencontres.

Quand on vous dit que le hockey de la LNH est un sport de résultats d’abord et avant tout, c’est exactement ce que l’on veut dire.

Outré de la performance de son équipe jeudi alors qu’il a dénoncé le manque d’effort de son club, Michel Therrien parlait de caractère après la partie.

Pourtant! Le Canadien a commis une erreur bête sur le premier but des Panthers. Max Pacioretty a triché vers la zone ennemie en anticipant une rondelle qui n’est jamais venue avec le résultat que le défenseur qu’il devait couvrir, Jason Demers, a obtenu un tir de qualité qui a lancé les Panthers en avant.

S’il est vrai que Pacioretty s’est racheté en nivelant les chances en début de période médiane, les Panthers ont repris les devants pas longtemps après. Et bien honnêtement, le Canadien ne donnait pas l’impression de vouloir lui faire perdre cette avance.

L’issue du match a toutefois adouci les analyses du coach, du moins celles qu’il a livrées aux journalistes, et des joueurs qui respiraient plus facilement que la veille après la rencontre.

Grand bien leur fasse.

Car ragaillardis qu’ils soient par la victoire acquise dans le sud de la Floride, Michel Therrien et ses joueurs pourront mieux se préparer en vue du duel imposant qui l’attend à Pittsburgh où il complétera le volet 2016 de la saison 2016-2017 face aux Penguins et à un certain Sidney Crosby qui est redevenu le meilleur joueur de hockey de la LNH. Le meilleur joueur de hockey au monde.

Danault a repris le dessus

Contrairement à l’occasion qu’il a bousillée en prolongation mercredi, Max Pacioretty a fait jeudi ce qu’un franc-tireur doit faire quand les occasions de qualité se présentent. Il en a profité.

Avec son but et les sept tirs cadrés sur les neuf qu’il a décochés au cours de la rencontre, le capitaine a pris les moyens pour faire oublier sa bévue du début de rencontre.

Et le voilà de retour sur un rythme l’assurant d’une saison de 33 buts. Ce n’est pas encore assez. Pacioretty doit flirter avec le plateau des 40 pour assumer son rôle de leader offensif du Tricolore. Je suis bien d’accord sur ce point. Mais c’est une belle remontée...

Autre remontée à souligner : celle de Phillip Danault. Après un petit passage à vide tout à fait normal alors que le mandat de faire oublier l’absence d’Alex Galchenyuk semblait de plus en plus lourd à porter, peut-être même trop lourd, le centre québécois a disputé peut-être son meilleur match de la saison.

Son but gagnant, un très beau but en passant alors qu’il a déjoué James Reimer avec un bon tir décoché avec puissance et précision alors qu’il filait à fond la caisse en prolongation y est certainement pour quelque chose. Tout comme la passe qu’il a refilée à Gallagher pour lui offrir le but égalisateur en guise de cadeau de Noël avec un brin de retard.

Mais le fait qu’il ait disputé 20 mises en jeu – le plus haut total chez le Canadien devant Torrey Mitchell (18) et Tomas Plekanec (17) est un signe qui ne ment pas quant à la place de plus en plus grande qu’il occupe au sein de la formation.

Non! Je ne crois pas que Danault soit un centre de premier trio. Je ne crois pas même qu’il soit un centre en mesure de s’imposer sur une base régulière au sein d’un deuxième trio. Mais dans un monde idéal, quand Galchenyuk sera de retour et que le Canadien aura trouvé un successeur à David Desharnais et Tomas Plekanec, Danault rendra de fiers services au sein d’un troisième trio.

Le petit gars sait jouer au hockey. Il est rapide, c’est évident. Mais il a aussi du talent. Et le fait de se débarrasser lentement du sentiment d’imposteur et/ou du malaise normal de se retrouver sur une chaise inconfortable en raison du mandat qu’il remplit présentement lui permet de démontrer un peu plus ce talent.

Vent de contestation

Si la victoire arrachée aux Panthers pardonne en partie la victoire échappée à Tampa, elle devrait aussi apaiser, ne serait-ce qu’un peu, le vent de critiques qui commence à souffler en direction de Michel Therrien.

Des critiques normales en raison des récents insuccès de l’équipe. Des critiques qui dépassent un brin, voire deux, les bornes quand on considère le nombre de joueurs de la Ligue américaine qui occupent des places bien trop importantes en ce moment.

Lorsque Galchenyuk, Shaw et surtout Markov seront de retour – tout en tenant pour acquis que d’autres joueurs n’iront pas les remplacer sur la liste des blessés – il faudra que le Canadien soit plus incisif qu’il ne l’est présentement.

J’en conviens.

Et s’il ne l’est pas, il faudra réagir vite, car avec un mois de janvier aussi difficile que celui qui guette le Tricolore – 14 matchs en 28 jours, huit sur les patinoires ennemies, six dans le cadre de deux parties en deux soirs – le club pourrait soudainement se retrouver en lutte pour une place en séries au lieu de se battre pour la première place de sa division s’il devait sous-performer.

Mais pour le moment, il n’y a pas lieu de paniquer. Et ceux qui réclament la tête de Michel Therrien laissent leurs préjugés défavorables à son endroit prendre le dessus sur une analyse plus objective d’une situation qui est loin d’être facile.