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RÉSULTATS

Pas de panique!

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MONTRÉAL – Après deux périodes, tout allait bien pour le Canadien. Très bien même.

Menée par le brio du trio de Nick Suzuki, Cole Caufield et Juraj Slafkovsky, la troupe de Martin St-Louis menait 3-0. Elle était pratiquement seule sur la glace. Ou du moins, la seule qui donnait vraiment l'impression de vouloir gagner afin de s'accrocher à ses chances de se hisser en séries.

Jouant sans âme, sans émotion, sans rien, les Canucks étaient loin de donner l'impression qu'ils réussiraient à effectuer une remontée gagnante en troisième période. Une première remontée du genre alors qu'ils présentaient un dossier de 0-19-4 au fil des 23 parties au cours desquelles ils accusaient un retard après 40 minutes de jeu.

Lorsqu'Elias Pettersson a marqué le deuxième but des Canucks en milieu de troisième période, on a senti le vent tourner.

Le Canadien qui avait le vent en poupe depuis le début de la rencontre au grand plaisir des milliers de partisans drapés de bleu, de blanc et de rouge dans les gradins du Rogers Arena commençait à l'avoir en proue.

Pourquoi le Canadien a infligé une 24e défaite de suite cette saison aux Canucks quand ils tirent de l'arrière après 40 minutes?

Pourquoi le Canadien n'a pas gaspillé une avance qui semblait plus que suffisante alors qu'il s'est souvent rendu coupable de pareil gaspillage plus tôt cette saison, l'an dernier et l'autre avant?

Parce que le Canadien, de l'entraîneur-chef Martin St-Louis à Mike Matheson qui a disputé un autre match colossal avec 27 minutes 3 secondes de gros hockey, en passant par le premier trio, sans oublier le gardien Samuel Montembeault, n'a pas paniqué.

Contester ou ne pas contester?

Il l'a prouvé plusieurs fois.

La première : sur le premier but des Canucks. Un but marqué par le défenseur Filip Hronek à l'aide du tir de loin que Samuel Montembeault n'a jamais vu venir parce que Pius Suter flirtait avec l'illégalité devant lui. Les reprises laissaient entrevoir un petit impact avec le gardien tout en démontrant la présence de Suter dans la zone réservée au gardien.

Mais rien pour crier au meurtre.

Plutôt que de contester illico ce but, l'entraîneur-chef du Canadien a réclamé un temps d'arrêt. Il avait besoin de plus d'informations. Il a donc regardé les reprises plusieurs fois en plus de demander l'avis de Samuel Montembeault. Le coach et son gardien auraient facilement pu laisser les émotions les pousser à réclamer une contestation.

Montembeault a plutôt opté pour la prudence. Son coach s'est finalement, et sagement, rangé du même côté.

« Il n'y avait pas vraiment eu d'impact et j'avais plus peur que la contestation soit refusée et qu'on se retrouve avec une pénalité », que le gardien qui a signé sa 23e victoire de la saison a indiqué aux collègues présents dans le vestiaire après le match.

Un deuxième but, marqué rapidement lors de l'attaque massive accordée par une contestation rejetée, aurait effectivement pu avoir un impact très négatif.

Remarquez que c'est lors d'une autre pénalité que Pettersson a rapproché son club à un but du Tricolore.

Martin St-Louis et ses joueurs auraient encore pu perdre le contrôle. Car la pénalité dont le Suédois a profité pour marquer était tirée par les cheveux un brin. Peut-être même deux! Oui, David Savard a soulevé le bâton que tenait Pius Suter devant le filet de Samuel Montembeault. Mais le bâton de Suter n'aurait pas effectué un triple saut périlleux arrière avec deux vrilles en position groupée si Suter l'avait tenu le moindrement solidement.

Martin St-Louis aurait pu vociférer contre Chris Lee – il n'aurait pas été le premier ni le dernier entraîneur-chef à le faire – et lui imputer la responsabilité de ce but.

Mais il ne l'a pas fait.

Pas plus que David Savard à sa sortie du cachot.

Et ce contrôle a contribué au fait que le Canadien, même si son avance de trois buts venait de fondre à un seul, est demeuré concentré sur ce qui devait être fait pour gagner.

« Ce deuxième but aurait pu stresser le groupe. Mais on a continué à jouer », que le coach a convenu après avoir insisté sur le fait que son club ne s'est pas contenté de reculer et de se défendre alors que les Canucks menaçaient.

Un signe que les leçons commencent à être comprises? À être appliquées?

« Ça fait longtemps qu'on est en mode d'apprentissage », que St-Louis a reconnu en ajoutant qu'il était plaisant d'aller chercher un résultat positif dans le cadre d'un match que le Canadien méritait de gagner.

Encore le premier trio

Le contrôle affiché par le Tricolore au troisième tiers a grandement contribué à protéger la mince avance d'un but et à garder le Canadien au plus fort de la course aux séries.

Mais c'est au brio du premier trio que le Canadien devait l'avance initiale de trois buts.

Nick Suzuki a marqué dès la 66e seconde du premier tiers un peu à la manière de Mario Lemieux. Ok! Je m'emporte un peu en profitant du temps du but pour sortir le grand Mario de sa retraite en ravivant les souvenirs des buts sensationnels qu'il a multipliés.

Mais quand même! Suzuki, qui est loin d'avoir le gabarit du Magnifique, s'est moqué du défenseur Marcus Pettersson et du gardien Kevin Lankinen pour atteindre le plateau des 20 buts cette saison.

Les Canucks auraient eu besoin de la présence des deux Elias Pettersson en plus de celle de Marcus pour empêcher le capitaine de marquer.

Et encore!

Juraj Slafkovsky a profité d'un affreux revirement de Brock Boeser pour amorcer l'attaque du Canadien sur ce jeu. Cole Caufield a ensuite servi une passe savante à Suzuki pour lui offrir sa poussée vers le but des Canucks.

Les trois premiers buts du Canadien sont venus des lames des bâtons de Suzuki, Slafkovsky et Caufield. Le grand Slovaque a ajouté deux passes. Ses compagnons de trio se sont « contentés » d'une passe chacun…

Depuis le retour de la pause associée à la Confrontation des 4 nations, Suzuki revendique cinq buts et 15 points en huit matchs. Caufield : neuf points, dont six buts; Slafkovsky : quatre buts et quatre mentions d'aide.

À trois ils ont donc marqué 15 des 27 buts enfilés par le Canadien lors des huit dernières rencontres. Ils ont amassé 32 points.

C'est énorme!

« Ils sont excellents des deux bords de la glace », a tenu à préciser Martin St-Louis après le match.

« C'est le temps d'offrir notre meilleur hockey », que Suzuki a convenu.

« On se bat pour quelque chose de bien plus gros que les statistiques personnelles », a ajouté Cole Caufield.

« Le jeu était plus ouvert en début de rencontre et nous avons su en profiter », a aussi expliqué Juraj Slafkovsky.

Satisfait de son éveil offensif, le Slovaque?

« Ça ne fait pas encore 10 matchs que les choses ont débloqué pour moi. Ce n'est pas assez. Alors non je ne suis pas encore satisfait », que Slafkovsky a plaidé à la question posée par mon collègue et ami Luc Gélinas dans le vestiaire du Canadien.

Et ça, c'est peut-être la meilleure nouvelle qui soit pour les partisans du Canadien qui s'accrochent, avec raison, aux espoirs de voir leurs favoris accéder aux séries.

Car mené qu'il est à l'attaque par le brio du capitaine et de ses compagnons de trio, protégé en défensive par des gardiens qui font le travail, par des vétérans comme Mike Matheson – il a marqué le but d'assurance dans une cage déserte atteinte à l'aide d'un tir de plus de 150 pieds – et David Savard qui s'imposent à leur façon et par le jeunot Lane Hutson qui joue avec une aisance, une confiance et une efficacité déconcertante pour un ti-gars tout juste sorti des rangs universitaires, le Canadien affiche des signes de maturité qui moussent ses chances de victoire.

Comme il l'a démontré mardi soir à Vancouver.

Tout ça est bien beau.

« Mais tout sera à recommencer dès demain soir (mercredi) », que Martin St-Louis a conclu alors que son équipe terminera sa virée dans l'Ouest canadien et le Nord-Ouest des États-Unis, à Seattle, face au Kraken.