SOMMAIRE : CH 5 - Canucks 6 (tirs de barrage)

MONTRÉAL - Récolter un point, surtout à l’étranger, c’est mieux que rien.

 

Je veux bien.

 

Mais contre une équipe qui en arrachait à l’offensive avec seulement neuf buts marqués en quatre matchs, contre une équipe qui en arrachait en défensive – 16 buts accordés, dont sept en 21 désavantages numériques – contre une équipe qui en arrachait tout autant devant le filet, le point récolté est loin de faire contrepoids au point supplémentaire que les Canucks ont obtenu grâce à leur gain de 6-5 en tirs de barrage.

 

Les Canucks sont meilleurs que leur fiche de 1-3 avant le premier match de la série de trois de suite face au Tricolore le laissait croire.

 

C’est clair.

 

Les Canucks sont aussi meilleurs que les statistiques très décevantes associées aux trois défaites consécutives qu’ils ont encaissées après avoir surpris les Oilers d’Edmonton en lever de rideau de la saison.

 

Il était donc prévisible qu’ils puissent battre le Canadien au moins une fois dans le cadre de la série de trois duels entre les deux clubs qui s’est amorcée mercredi. Mais ce n’était pas nécessaire de leur offrir cette victoire sur un plateau d’argent.

 

Indiscipline

 

Encensé sur toutes les tribunes pour l’efficacité de son jeu en désavantage numérique – aucun but accordé malgré 10 attaques massives accordées aux Oilers qui ont dominé la LNH l’an dernier avec une efficacité de 29 % – le Canadien a décidé de jouer à nouveau avec le feu mercredi.

 

Pourquoi se retenir? Après tout, les Canucks avaient bousillé les 15 supériorités obtenues jusqu’ici cette saison.

 

Dix-huit secondes après le début du match, Tomas Tatar prenait donc la direction du cachot.

 

L’excellent travail de Phillip Danault et d’Artturi Lehkonen qui ont muselé les Canucks en début de désavantage, le travail tout aussi excellent abattu ensuite par les duos Evans-Byron et Suzuki-Armia en complément du travail des défenseurs les accompagnant sur la patinoire a permis d’effacer la première menace du revers de la main. Même qu’en l’absence de Tatar, le Canadien est passé plus près de marquer un troisième but en désavantage numérique cette saison que les Canucks d’inscrire leur premier en « Power Play ».

 

Cette séquence annonçant une autre soirée facile, le Canadien s’est moqué de l’aspect discipline qui figurait pourtant bien en haut du plan de match de Claude Julien.

 

Ce qui devait arriver est donc finalement arrivé. À force de jouer avec le feu, le Canadien s’est finalement brûlé.

 

Pénalité écopée par Chiarot : but de Bo Horvat! Un but marqué de l’enclave sur un tir que Carey Price aurait dû bloquer. Mais bon. Un but pareil.

 

Pénalité écopée par Kotkaniemi qui a lancé une insulte ou deux aux arbitres avant de se faire chasser pour inconduite : but de Brock Boeser qui a profité de la mollesse des joueurs du Canadien devant Carey Price pour sauter sur une rondelle libre et déjouer le gardien du Canadien du revers. Ce but effaçait d’un coup les deux tout juste enfilés par Tyler Toffoli pour créer l’égalité 2-2 en début de période médiane.

 

Pénalité écopée par Josh Anderson pour avoir tiré la rondelle dans les gradins en début de troisième : deuxième but en avantage numérique de Bo Horvat pour redonner l’avance aux Canucks après que Brendan Gallagher eut créé l’égalité en 3-3 en fin de deuxième période.

 

Si Price s’était montré un brin généreux sur le premier but de Horvat – et sur celui de Tyler Motte qui l’a surpris en tirant au lieu de passer au terme d’une descente à deux contre un pour donner les devants 2-1 aux Canucks en début de deuxième tiers – il ne pouvait rien sur le deuxième que le capitaine des Canucks a marqué à l’aide d’un puissant tir sur réception décoché sous les yeux de Phillip Danault.

 

Six pénalités, trois buts : oui ça fait mal!

 

Kotkaniemi repentant

 

Pointés du doigt par plusieurs partisans du Canadien qui criaient à l’injustice sur les médias sociaux pendant le match, les arbitres ont reçu l’absolution de la part des joueurs du Tricolore et de leur entraîneur-chef Claude Julien.

 

Du moins publiquement.

 

« Ça n’a pas de sens de passer autant de temps en désavantage numérique et nos pénalités étaient méritées », que Phillip Danault a convenu après la rencontre.

 

« Il y a des choses qu’un jeune joueur ne peut pas dire aux arbitres, sans lever le voile sur la nature des propos qu’il a tenus. J’ai mal agi. J’ai même coûté le match à mon équipe », a aussi plaidé KK en point de presse.

 

Claude Julien, parfois très acerbe dans ses critiques à l’endroit des officiels, ne les a pas écorchés, ou si peu, après le revers. Il a aussi défendu Kotkaniemi.

 

« Je n’ai pas aimé la pénalité imposée à Kulak (Brett) – une pénalité pour accrochage écopée en fin de deuxième dont les Canucks n’ont pu profiter –, mais toutes les autres étaient des décisions justifiées. Pour Kotkaniemi, il a été victime de son inexpérience. Il n’a pas encore gagné ses plumes », a souligné le coach du Canadien en voulant sans doute faire référence aux galons que son jeune centre n’a pas encore gagnés à l’aube de sa troisième saison dans la LNH.

 

Défensive trop passive

 

S’il a épargné Kotkaniemi, Claude Julien a été beaucoup plus incisif à l’endroit des spécialistes qu’il envoie sur la patinoire lorsque l’équipe est à court d’un homme.

 

« C’est clair que nous avons manqué de discipline en écopant autant de pénalités. Mais nous avons surtout été beaucoup trop mous dans notre territoire pour compliquer le travail des Canucks. On a eu du succès à Edmonton parce que les gars étaient agressifs sur la patinoire. Ce soir, nous étions juste trop mous », a poursuivi Claude Julien qui s’accrochait au point récolté en guise de remontant.

 

« C’est clair qu’on n’a pas joué notre meilleur match ce soir. Mais des matchs comme celui qu’on a joué ce soir, plusieurs équipes en ont connus depuis le début de la saison. Les camps ont été très courts, le calendrier serré nous empêche de tenir de bons entraînements. Il y a plein de choses qu’on doit rectifier. Mais quand tu sors d’un match comme celui de ce soir avec un point, tu le prends. Ce que j’ai aimé c’est que l’équipe s’est améliorée au fil de la partie et que nous n’avons jamais abandonné », a poursuivi Claude Julien.

 

Toffoli : trois buts... mais quand même déçu

 

Jesperi Kotkaniemi a certainement manqué de jugement en vilipendant les arbitres comme il l’a fait – la prochaine fois il devrait tenir ses propos en finnois, les arbitres ne pourraient pas lui reprocher la teneur de ses propos –, mais cette pénalité ne peut à elle seule effacer ce qu’il a fait de bien et de bon dans le match.

 

Premièrement, KK a effacé le but marqué pendant son séjour au cachot de la meilleure façon qui soit : en marquant le but suivant. Un but qui permettait au Canadien de combler un recul d’un but pour la quatrième fois de la partie.

 

Victime de plusieurs occasions ratées et de quelques bons arrêts sur des tirs décochés lors des trois premiers matchs, Kotkaniemi a déjoué Braden Holtby avec un tir très anodin.

 

Mais bon : KK a brisé la glace. Il a également été le meilleur centre du Canadien aux cercles des mises en jeu où il a gagné sept des neuf duels qu’il a disputés.

 

Jesperi Kotkaniemi a aussi aidé Tyler Toffoli à marquer son premier but dans l’uniforme tricolore.

 

Après du jeu solide de Joel Armia le long de la bande pour récupérer la rondelle, Kotkaniemi a servi une passe qui a permis à Toffoli de se lancer à l’assaut du filet défendu par Holtby que le nouveau joueur du Canadien a déjoué avec un bon tir du revers.

 

Campé à la gauche du gardien des Canucks pendant une attaque massive du Canadien, Toffoli a récidivé en faisant dévier une belle passe vive de Nick Suzuki.

 

Et bien qu’il n’ait pas récolté de point sur le jeu, KK était sur la patinoire lorsque Toffoli a complété son tour du chapeau. Un premier avec le Canadien, un quatrième en carrière.

 

Mais un tour du chapeau qui n’a en rien allégé le poids de la défaite encaissé contre le club avec qui il a terminé la dernière saison.

 

« Ça demeure un revers difficile à accepter. Nous n’avons pas disputé un assez bon match pour gagner. Comme trio, nous commençons à bien nous comprendre sur la patinoire. KK est un excellent joueur. Il m’a offert de bonnes occasions de marquer dont je n’avais pu profiter avant ce soir. Il a aussi marqué. Je n’étais pas inquiet ou impatient de marquer. Je me fiche qui marque des buts, tout ce que je veux c’est que mon équipe gagne. Je suis donc déçu par le résultat final », a conclu Toffoli qui a frappé le poteau en tirs de barrage.

 

Prolongation sensationnelle

 

Bien qu’il ait offert trois buts aux Canucks en six attaques massives, que Carey Price n’a pas gardé les buts à la hauteur de son talent et de sa réputation et que dans l’ensemble il ait disputé un match bien ordinaire après les deux très solides face aux Oilers à Edmonton, le Canadien a quand même trouvé une manière de s’offrir une avance lundi soir.

 

Une avance de 5-4 obtenue à la suite du troisième but de Tyler Toffoli.

 

Cette avance a été de bien courte durée. De très courte durée en fait alors que Brock Boeser a créé l’égalité (5-5) 32 petites secondes après le but de Boeser.

 

Cette égalité a mené à une prolongation qui a été rien de moins que sensationnelle. Une prolongation qui s’est déroulée d’un jet. Oui! Oui! Sans le moindre arrêt de jeu alors que les deux équipes ont attaqué et contre-attaqué avec vitesse tout en se repliant par moment pour effectuer des changements tout en gardant le contrôle de la rondelle.

 

Les deux équipes ont bourdonné en zone adverse, mais c’est le Canadien, comme en témoignent les six tirs qu’il a obtenus – Suzuki, Weber, Chiarot, Gallagher, Romanov, Petry ont tour à tour défié Holtby – qui a été le plus menaçant.

 

On aurait pris une autre séquence de cinq aussi sensationnelles minutes de hockey, mais le match s’est finalement décidé en tirs de barrage.

 

Tirs de barrage : qui choisir?

 

Carey Price a effectué des arrêts aux dépens d’Elias Pettersson et Brock Boeser sur les tirs un et trois, mais a été déjoué par J.T. Miller et Bo Horvat sur les deuxième et quatrième tirs.

 

À l’autre bout de la patinoire, Braden Holtby s’est d’abord dressé devant Paul Byron et Jonathan Drouin. Nick Suzuki a ensuite déjoué le vétéran gardien des Canucks avant que Toffoli ne frappe le poteau à sa gauche pour sceller l’issue du match.

 

À ceux et celles qui se demandent pourquoi Claude Julien a fait confiance à Paul Byron et Jonathan Drouin pour lancer la séance de tirs de barrage, ces deux joueurs présentent les meilleures efficacités du club... derrière Josh Anderson dont la fiche est parfaite, mais qui n’a été envoyé qu’une seule fois en fusillade jusqu’ici en carrière...

 

Paul Byron revendique 10 buts en 20 tentatives en carrière (50 %) dont sept buts décisifs...

 

Avec son but inscrit mercredi à Vancouver, Nick Suzuki frappe lui aussi pour ,500 avec un but marqué en deux tentatives. D’autres suivront sans l’ombre d’un doute...

 

Jonathan Drouin revendique cinq buts en 14 occasions avec le Canadien (35,7 %) et sept en 21 tentatives en carrière (33,3 %). Deux de ses buts ont donné la victoire au Canadien.....

 

Joel Armia affiche lui aussi une efficacité de 33 %, mais il n’a tiré que trois fois en carrière (1 en 3)...

 

Tomas Tatar a marqué une fois en trois tirs de barrage avec le Canadien, mais il affiche une efficacité de 29,6 % en carrière (8 buts en 27 occasions)...

 

Brendan Gallagher : deux buts en 10 occasions (20 %) dont deux décisifs...

 

Tyler Toffoli a fait mouche une fois seulement en 13 tentatives en carrière...

 

En quelques mots

 

Qu’ont en commun Shea Weber, Artturi Lehkonen, Ben Chiarot et Josh Anderson ? En plus de partager le vestiaire du Canadien, ils ont tous écopé une pénalité pour avoir tiré la rondelle dans les gradins dans chacune des quatre premières parties du Tricolore cette saison. C’est trop!

 

Que dire de la rencontre disputée par Alexander Romanov? Comme tous les joueurs envoyés dans la mêlée, le jeune défenseur a disputé une superbe prolongation. Mais à l’image de plusieurs de ses coéquipiers, il a connu son match le plus ordinaire de la saison. Rien de grave. Mais en première, il s’est fait prendre les pieds dans le ciment à la ligne bleue adverse alors qu’il aurait dû flairer le danger et retraiter plus tôt. Sa mauvaise décision l’a forcé à plonger au terme de son repli afin de venir aider la cause de Carey Price. On va mettre ce petit jeu négatif dans la colonne coiffée du titre : apprentissage...

 

Canadien et Canucks se croiseront à nouveau dès jeudi (21 h 30 à RDS) pour le deuxième match de cette série de trois parties consécutives qui se terminera samedi.

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