LAVAL – Pour les partisans du Canadien et l’organisation elle-même, le déménagement du club-école à Laval, à partir de la saison 2017-18, comporte essentiellement des aspects positifs outre l’impact à craindre sur l’Armada de Blainville-Boisbriand.

En s’installant à la Place Bell de Laval, le club-école sera situé si près du Tricolore que les joueurs rappelés ou cédés pourraient décider d’effectuer le transport en métro. Cette plaisanterie a été utilisée à quelques occasions, lundi matin, lors de l’annonce du déménagement du club, mais elle pourrait se concrétiser.

Dans la même veine, le lien devrait être si étroit avec le Canadien que quelques lapsus amusants ont été entendus en conférence de presse comme : « la Place Bell de Montréal » ou le « Centre Bell de Laval ».

Sur un ton plus sérieux, les bénéfices d'une relocalisation à Laval semblent évidents et nombreux. La liste qui suit ne se veut pas entièrement complète, mais elle dresse un portrait des avantages de ce transfert à proximité de Montréal.

Une proximité très attrayante

Le Canadien planchait sur le rapprochement de son club-école depuis plusieurs années et ce souhait se réalisera dans un peu plus d’un an. Dans la réalité actuelle du plafond salarial et des blessures fréquentes, les rappels sont plus que monnaie courante pour les équipes de la LNH.

Au lieu d’un vol à partir des Maritimes, les espoirs de l’organisation pourront rejoindre le Canadien dans le temps de le dire (à condition d’éviter les congestions et les encombrants travaux routiers).

« Pour la logistique de rappeler des joueurs, ce sera tellement plus facile que par le passé », a confirmé Marc Bergevin, le directeur général du Canadien, qui a discuté de ce changement avec d’autres formations de la LNH qui disposent de ce luxe.

Par le fait même, Bergevin a reconnu que le nouvel emplacement pourrait également favoriser l'embauche d'entraîneurs qui ne voulaient pas trop s'éloigner de leur famille. D'anciens joueurs, pensons à des noms comme ceux de Francis Bouillon et Steve Bégin simplement à titre d'exemple, n'auraient pas à faire déménager leurs enfants.

Des économies à considérer

À première vue, le fait d’installer son club-école aussi près de son marché n’offre pas de grandes économies pour l’enveloppe salariale, mais Bergevin ne veut rien négliger.

« Côté économique et pratique, tout sera plus facile. Tu peux, par exemple, garder 22 joueurs au lieu de 23 (la limite permise) parce que le club est proche. Ça fait un salaire que tu peux enlever de ta masse salariale », a-t-il précisé. 

Plus facile d’épier la relève

Du même coup, Bergevin et ses hommes du département hockey pourront assister plus facilement aux matchs des joueurs qui constituent la relève de l’équipe.

« Marc et son équipe n’auront pas à aller trop loin », s’est réjoui Geoff Molson, le président du CH.

Un environnement plus soucieux des résultats

Au cours des dernières années, le club-école du CH n’a pas affiché des résultats très impressionnants en se souciant surtout de développer la relève et d’instaurer le même système de jeu à tous les niveaux de l’organisation.

Cependant, en s’amenant à Laval, la pression de se démarquer sur la patinoire sera rehaussée.

« Je pense que les jeunes qui joueront à Laval se sentiront plus proches de la LNH, ils ressentiront un peu plus de stress, mais c’est bon pour eux et leur développement. Ils évolueront dans un marché passionné de hockey », a reconnu M. Molson.

Une visibilité médiatique accrue

Dans le même sens, le rapprochement de l’équipe de la métropole mènera à une couverture médiatique plus abondante. Cet effet devrait réjouir la Ligue américaine de hockey qui en ressortira gagnante pour sa notoriété.

« Je l’espère, ce serait une logique naturelle de le penser. Les gens cherchent des nouvelles sur le hockey et il y aurait fort à parier que les médias de Montréal vont venir couvrir davantage la LAH à Laval comparativement à St. John’s », a convenu Vincent Lucier, le président de la Place Bell.

Des installations à rendre jaloux

Parmi les 30 équipes de la Ligue américaine de hockey, plusieurs d’entre elles rêveraient de pouvoir déménager dans un complexe comparable à celui qui demeure en construction à Laval.

Même s’il s’agira d’un deuxième déménagement en peu de temps, les gouverneurs des clubs du circuit n’ont pas hésité à approuver la relocalisation sur la couronne nord de Montréal notamment pour cette raison.

« Le projet a été très bien reçu. On savait que c’était un déménagement temporaire. Dès le début, c’était prévu de s’en venir à Laval. Les gens de la LAH étaient enthousiastes de voir Laval rejoindre la LAH. Je dirais même qu’ils sont un peu jaloux de nous voir arriver dans un amphithéâtre à la fine pointe de la technologie. Ce n’est pas le cas pour toutes les équipes du circuit », a décrit Lucier.

Un énorme plus pour Laval

Au-delà des facteurs sportifs, la Place Bell (construite à des coûts autour de 200 millions $) viendra créer un élan de taille pour Laval. En plus des matchs du club-école du Canadien sur la patinoire pouvant accueillir 10 000 spectateurs, la ville disposera de deux autres patinoires - dont une de dimension olympique - pour sa communauté.

Une étude économique a également relevé que 400 emplois, directs et indirects, seront créés en lien avec la Place Bell.

« On connaît la réputation du Canadien, c’est une entreprise de classe mondiale. Il y a seulement trois villes au Canada qui ont une équipe LAH donc le nom de Laval va retentir un peu partout en Amérique du Nord, il y a une valeur à ça », a noté le maire de Laval, Marc Demers.  

D’ailleurs, les gens auront un accès privilégié à la relève du Canadien ce qui n’est pas une approche fréquente pour la construction d’installations sportives pour des organisations professionnelles.

« Quotidiennement, les citoyens auraient accès au centre sportif contrairement à ce qu’on a vu à plusieurs endroits en Amérique du Nord. Ils vont côtoyer l’organisation du CH, ce sera un peu comme des portes ouvertes sur le Centre Bell », a souligné le maire Demers.

Le public se voit aussi confier la mission d’identifier le nouveau nom de l’organisation par l’entremise d’un sondage.

En collaboration avec Tourisme Laval, l’entourage de Demers œuvre déjà à obtenir la présentation de compétitions nationale et internationale à présenter sur la glace olympique.

D’après le maire de Laval, le projet d’envergure comporte très peu de risques surtout que le budget sera respecté.

« L’édifice nous reviendra à 120 millions au lieu de 200 millions (en raison de la contribution du gouvernement du Québec, d'Evenko et de Bell) et la communauté héritera de deux glaces tout en pouvant utiliser la plus grosse, à l’occasion, selon des ententes à négocier. On partagera les profits et en attirant autour de 400 emplois, on verra des gens acheter des maisons et dépenser ici », a évalué le maire Demers.

De plus, la Place Bell cadrera avec le secteur qui est en train de devenir le centre-ville de Laval comme le souhaitait les dirigeants de la cité. D’autres investissements de plusieurs millions sont attendus en relation avec cette nouveauté sportive.

Avant de faire le saut dans la LNH, Bergevin a bien connu la ferveur des amateurs de hockey de Laval. Il espère la retrouver avec l’arrivée du club-école ce qui pourrait aider à effacer ses mauvais souvenirs de ses affrontements contre les Voisins de Laval d’un certain Mario Lemieux.

« Il n’y avait pas vraiment de meilleurs moments quand on venait jouer à Laval, parce que Chicoutimi équipe moyenne tandis que Laval avait Mario Lemieux, pour nommer seulement lui. Ça donnait une équipe extraordinaire donc les lundis soirs à Laval étaient très longs », a rigolé Bergevin à propos de ses meilleurs moments de hockey junior dans cette ville qui vibrait alors pour le hockey junior.

Le point discordant, l’effet sur l’Armada  

Des dommages collatéraux nuls seraient plus étonnants avec l’implantation, à Laval, d’une équipe qui profitera de la renommée du Canadien et d’installations de haut niveau. L’Armada de Blainville-Boisbriand devra combattre fort pour ne pas perdre une partie sa clientèle.

Les dirigeants rencontrés à la conférence de presse croient en la survie de l’Armada, mais il est difficile de ne pas craindre des répercussions pour cette formation de la LHJMQ. 

« C’est une belle équipe aussi et j’espère que les deux pourront vivre ensemble », a répondu Geoff Molson.

« On n’a pas évalué ce dossier, c’était un peu un secret de polichinelle que les astres étaient alignés pour le déménagement à Laval. Je pense que ça peut aussi ramener une fièvre au hockey qui aura un effet contraire. Ce sont deux produits différents. On n’est pas là pour détruire l’autre, on va même travailler en collaboration s’il y a lieu », a commenté le maire Demers en parlant au nom des dirigeants de Laval.

« L’Armada peut continuer à vivre, on voit plus ça de façon complémentaire », a soutenu Vincent Lucier, qui sera le maître d’œuvre de la Place Bell.