BELLEVILLE – Le trio composé de Ryan Poehling, Nick Suzuki et Rafaël Harvey-Pinard a sans surprise été le meilleur du Canadien samedi soir dans une défaite de 4-2 aux mains des espoirs des Sénateurs d’Ottawa.

 

Là où ça devient particulièrement intéressant, c’est qu’il a aussi surclassé la grosse unité des Sens composée de Logan Brown, Drake Batherson et Alex Formenton, trois joueurs qui ont goûté à la Ligue nationale dans le passé et qui pourraient très bien y commencer l’année.

 

« On se trouvait sur la glace »

Poehling et Suzuki ont montré des signes annonciateurs d’une chimie prometteuse qu’ils pourraient bien avoir l’occasion de peaufiner jusque tard en septembre et, qui sait, une fois que leur saison débutera à Laval ou à Montréal. Avec un peu de chance, samedi, leur créativité en zone adverse aurait facilement pu mener à deux ou trois buts qui ont été ratés par des coéquipiers moins talentueux.

 

« J’ai adoré jouer avec lui, s’enthousiasmait Poehling au sujet de son ailier droit. Nos styles se ressemblent en ce sens qu’on est deux joueurs intelligents, deux fabricants de jeux qui peuvent aussi mettre la rondelle dans le filet. C’était bien de jouer avec lui et j’espère que l’expérience se poursuivra. »

 

« Ses mains et sa vitesse m’ont un peu surpris, a dit Suzuki quand l’occasion de retourner le compliment s’est présentée. Il a contourné quelques défenseurs assez facilement ce soir et sa vision – on se trouvait bien sur la glace. »  

 

Harvey-Pinard saisit sa chance

Quant à Harvey-Pinard, sa combativité et son flair autour du but adverse lui ont permis de bien compléter le travail des deux choix de première ronde. Il a marqué sur une belle percée au filet en fin de deuxième période et a forcé l’adversaire à écoper d’une punition près du filet des Sens. Ensemble, les trois complices ont obtenu 11 des 36 lancers du Canadien sur le gardien Joey Daccord.

 

« Vous m’avez demandé ce matin pourquoi [Harvey-Pinard] jouait avec Suzuki et Poehling; c’est un joueur de hockey, a commenté l’entraîneur-chef Joël Bouchard. Il comprend très vite, il joue très vite entre les deux oreilles et il a été très bon ce soir. »

 

« Pas mal pour un 1er match »

« C’est un joueur solide, a complimenté Poehling. Je ne le connaissais pas beaucoup à part ce que j’avais vu de lui au camp de développement. Il gagne des batailles et amène la rondelle au filet. Il a bien rempli son rôle sur notre trio. »

 

Poehling a semblé se blesser au bras droit en fin de deuxième période. Il était à son poste pour le début de la troisième, mais a laissé Suzuki prendre les mises en jeu pour le reste du match. Aussi bien lui que Bouchard ont minimisé l’ampleur de ce contretemps après la rencontre.

 

Voici, en vrac, d’autres observations qui découlent de ce premier match du camp des recrues du Canadien.

 

Entrevue avec Jake Evans

Evans sévère

 

Jake Evans a aussi disputé un bon match comme pivot du deuxième trio. Jumelé à son bon ami Alexandre Alain et au joueur d’âge junior Allan McShane, Evans a frappé le poteau sur un tir sur réception en première période et s’est offert au moins deux autres bonnes chances de marquer en plus d’être efficace en échec-avant.

 

L’attaquant de 23 ans ruminait ses insuccès au cercle des mises en jeu après la partie, mais Bouchard lui a donné la note de passage. « Il a fait beaucoup de petits jeux, quand on parle de jeux importants ou de créer des situations qui nous ont donné des chances de marquer. »

 

« Montréal est le meilleur endroit pour jouer au hockey »

Leskinen à l’aise

 

Otto Leskinen a eu l’air d’un vétéran aguerri à son premier véritable test dans l’uniforme du Canadien. Prise de décision rapide, bons angles de poursuite, positionnement adéquat : le défenseur finlandais n’a nullement semblé déstabilisé par les dimensions de glace nord-américaines auxquelles il doit s’ajuster. Utilisé sur les deux volets des unités spéciales, Leskinen a même démontré un certain flair offensif, alimentant de belle façon Alexandre Alain pour un lancer sur réception en deuxième période. Ça ne nuit pas non plus quand ton partenaire joue comme Cale Fleury a joué toute la soirée à ses côtés. Le jeune vétéran de 20 ans a été un mur à la ligne bleue tricolore.   

 

Brook du mauvais côté de la ligne

 

On ne parle pas d’un contact aussi violent que celui qui avait mis fin au camp d’Evans l’an dernier à Laval, mais Josh Brook a été le récipiendaire de la mise en échec du match lorsque l’attaquant Parker Kelly est venu à sa rencontre en zone neutre en première période. Probablement allumé par la petite prise de bec qui avait eu lieu quelques instants plus tôt entre les deux joueurs, Kelly a arrêté la course de Brook avec un bon coup de Sherwood dans les palettes. Ça n’a pas été le seul moment pénible de Brook, qui a connu un match plutôt compliqué en défensive. Il a notamment été directement responsable du deuxième but des Sens quand il a bêtement tenté une passe à travers l’enclave, un cadeau que Vitaly Abramov a déballé sans se faire prier.

 

« Josh a un niveau de passion très élevé et des fois, quand on veut beaucoup, on va forcer des jeux. Et c’est correct, pardonnait Bouchard. À la limite, j’aime mieux ça qu’un gars qui ne fait rien et qui n’a pas le goût de jouer. Au moins, il a démontré de la passion. Mais avec Josh, c’est toujours ça. C’est de s’assurer qu’il sache où est la ligne. »

 

« Jouer à la hauteur de leur potentiel »

Primeau passe le test

 

Cayden Primeau pourra dormir sur ses deux oreilles. Malgré ce que peut laisser croire la feuille de match, le gardien recrue n’a pas grand-chose à se reprocher après son premier match dans l’uniforme bleu-blanc-rouge. Seul Abramov, auteur d’un tour du chapeau, a réussi à le déjouer : la première fois sur un tir dévié, la deuxième sur le revirement mentionné plus haut et la troisième sur un 2-contre-1 parfaitement exécuté. Le quatrième but des Sens a été réussi dans un filet désert. Primeau, qui aura particulièrement fait suer Batherson avec quelques bijoux, a terminé sa soirée de travail avec 20 arrêts sur 23 lancers.

 

Dur, dur d’être un junior

 

Tous les joueurs invités en provenance de leur club junior n’ont pas le talent de Nick Suzuki. Ça a été plus difficile samedi pour les Cole Fonstad, Cameron Hillis, Allan McShane et autre Samuel Houde. Aucun de ces choix au repêchage du CH n’a su sortir du lot dans un calibre plus relevé que ce qu’ils avaient connu au camp de développement. Le constat vaut aussi pour les défenseurs comme Gianni Fairbrother, Jacob Le Guerrier et Dylan Plouffe qui ont tous, à leur façon, paru un peu dépassés par les événements à un moment ou un autre de la rencontre. L’idée n’est pas de leur lancer gratuitement des flèches; c’est simplement le constat qui s’impose à ce stade de leur développement. ​