MONTRÉAL - Capitaine du Canadien de Montréal, Shea Weber a été gardé sur la touche par la haute direction du Canadien qui a refusé de lui donner l’occasion de s’adresser aux partisans dans le cadre du bilan de fin de saison.

Pas convaincu que le principal intéressé tenait vraiment à répondre aux questions reliées à son avenir. Mais la décision finale est venue de Jeff Gorton, Kent Hughes et l’ensemble de l’état-major.

 

Kent Hughes a défendu cette décision en soulevant la complexité de sa situation contractuelle et les ramifications liant sa santé avec les règles de la LNH en matière de blessure à long terme et les assurances.

 

Je veux bien.

 

Mais ça ne change rien au fait, qu’il aurait été normal de poser des questions au capitaine sur sa situation actuelle et sur le fait qu’il soit déjà à la retraite. Une retraite forcée en raison d’une blessure. Mais une retraite quand même. Une retraite qui l’empêche d’assumer son rôle de capitaine.

 

Et il est là le plus gros des problèmes. Je n’ai rien contre le fait que Shea Weber décide de demeurer coi sur sa situation personnelle. C’est son droit le plus strict. Un droit que je respecte.

 

J’en ai contre le fait que la direction du Canadien soustrait son capitaine à l’un des rôles qui vient avec son titre.

 

Le Canadien se targue depuis toujours d’être la plus grande organisation de la LNH. L’une des plus grandes du sport professionnel. Être le capitaine de la plus grande organisation de la LNH ou de l’une des plus grandes du sport professionnel implique des responsabilités.

 

Des responsabilités que Weber n’a pas remplies cette année. Ses absences lors du premier match à domicile l’automne dernier tout comme sur la photo d’équipe tranchent avec le rôle qu’ont assumé les capitaines du Canadien au fil des années.

 

Weber a fait une apparition sur la patinoire du Centre Bell, vendredi soir, parce que le Canadien tenait à ce que le cadeau de retraite offert à au responsable de l’équipement Pierre Gervais qui prend sa retraite après 35 ans de loyaux services lui soit remis par le premier (Bob Gainey) et le dernier capitaine avec qui il a partagé le vestiaire. Pourquoi ne pas en profiter pour lui permettre de faire le point sur sa situation?

 

On sait tous que Weber ne jouera plus au hockey dans la LNH. Que ce soit à Montréal ou ailleurs. Son contrat sera probablement troqué, une, deux, trois fois au fil des quatre prochaines saisons afin d’aider des équipes à composer avec le plafond salarial. Mais à bientôt 37 ans, après une saison complète d’inactivité, il est impossible, ou presque, qu’il puisse effectuer un retour.

 

Dans ces circonstances, il aurait mieux valu lui retirer son titre de capitaine dès l’automne dernier. Cela aurait évité toute la polémique qui a déferlé sur le statut du capitaine au cours de la saison. Une polémique qui a pris des proportions démesurées en raison de l’absence du capitaine dimanche dernier lors de la cérémonie rendant hommage à Guy Lafleur.

 

La direction du Canadien a très mal accueilli les critiques associées à cette absence de Weber. Plusieurs membres de l’état-major ont même été outrés par la démesure de certains propos. Par le fait que ces vagues de critiques ont porté ombrage à l’hommage que le Tricolore tenait à rendre au «Démon Blond».

 

Une précision s’impose ici : ce n’est pas l’absence de Shea Weber qui a soulevé l’ire de milliers de partisans et non seulement celle que quelques journalistes. Du moins, c’est mon avis. C’est plutôt l’absence du capitaine. Du capitaine de l’organisation qui se targue d’être la plus grande de la LNH. La nuance est importante. Elle est cruciale pour comprendre la nature même des critiques. Car quand on affiche haut et fort être l’une des plus grandes organisations du sport, on doit pendre les moyens pour l’assumer. Surtout lorsque tu rends hommage à l’un des plus grands joueurs à avoir défendu tes couleurs, ton logo.

 

Shea Weber a offert ses condoléances à la famille Lafleur. Avec ce que je connais de l’homme droit, sincère, respectueux et respecté aux quatre coins de la LNH qu’est Shea Weber, je ne suis pas le moindrement surpris qu’il l’ait fait. Et pas le moindrement surpris que ces condoléances étaient senties.

 

D’ailleurs, il rendra hommage à Guy Lafleur dimanche ou lundi en se rendant au Centre Bell où la dépouille du disparu sera exposée en chapelle ardente. À moins d’un imprévu, il sera aussi, accompagné d’une majorité de joueurs du Tricolore, des obsèques nationales qui seront célébrées mardi.

 

Cette présence du capitaine et des joueurs est bien plus que symbolique. Elle est nécessaire quand on considère tout ce que Guy Lafleur, comme les autres grands joueurs de l’organisation devenus ensuite de fidèles ambassadeurs ont fait pour le bien de l’équipe, du chandail, du logo.

 

Si le contrat de Weber est échangé, le Canadien pourra lui trouver un successeur. Mais si le Canadien n’arrive pas à transférer le contrat de Weber sur la masse salariale d’une équipe rivale, il faudra lui retirer le titre de capitaine. Pour son bien et pour le bien de l’équipe.

 

Qui le remplacera?

 

Brendan Gallagher qui sera à Montréal aussi longtemps que son corps lui permettra de tout donner pour la cause de ses coéquipiers, pour la cause de son équipe?

 

Joel Edmundson?

 

Nick Suzuki? À moins que l’on considère qu’il ne soit pas encore assez mature pour remplir toutes les responsabilités associées à ce titre plus qu’un simple titre honorifique.

 

Difficile à dire.

 

Comme l’a admis Kent Hughes dans son bilan samedi matin, une bonne portion du leadership est venu en fin de saison de la part du nouvel entraîneur-chef Martin St-Louis.

 

Il l’assumera encore l’an prochain.

 

Et si le Canadien n’est pas en mesure d’envoyer sur la patinoire une équipe capable de vraiment se battre pour une place en séries la saison prochaine et que l’année qui s’en vient sera aussi difficile, ou juste un peu moins, que celle qui vient de prendre fin, peut-être qu’il vaudra mieux ne pas nommer de capitaine tout de suite.

 

On verra.

 

Mais si telle est le cas, il faudra vraiment songer à retirer le C à Weber. Et ce n’est rien contre le joueur imposant qu’il était et a toujours été. Rien contre le leader plus imposant encore qu’il était et a toujours été.

 

Ce sera simplement une question de respecter les responsabilités qui viennent avec le titre de capitaine du Canadien de Montréal. Des responsabilités que Weber n’a pu ou simplement pas remplies cette année.

 

Rien de plus. Rien de moins.