La philosophie du baron Pierre de Coubertin avait beau être fondée sur l’importance de « participer » aux Jeux olympiques, reste qu’en bout de ligne, c’est le podium qui compte. Et de ceux qui y montent, on ne retient finalement que le nom de ceux qui montent sur la plus haute marche.

« L’impact de la médaille d’or à Sotchi est énorme pour Carey Price », me confiait l’ancien gardien Kirk McLean, lors d’un lunch passionnant en compagnie d’anciens joueurs des Canucks, mercredi, à Vancouver. « Il s’agit assurément d’un levier très puissant pour lui à ce stade de sa carrière non seulement sur le plan de la confiance, qui est essentielle pour un gardien, mais aussi sur le plan de la détermination. Price est ce genre d’athlète qui en voudra davantage après avoir goûté à l’euphorie de la conquête olympique ».

Le premier mois de la saison 2014-2015 vient de se terminer pour le Canadien de Montréal et Price a signé, presque à lui seul, l’histoire de cette excellente récolte de 17 points en 11 matchs. Malgré un début qui ne lui plaisait pas totalement, ses chiffres sont éloquents : sept victoires, une seule défaite en temps réglementaire, une moyenne de buts alloués de 2,48 (cela inclus les quatre accordés au Lightning et aux Bruins) et une efficacité de ,920. Il a aussi été parfait en tirs de barrage, situation qui a donné au Canadien trois de ses sept triomphes!

La pression exercée sur lui depuis le début de la saison est aussi accrue par plusieurs facteurs. L’incapacité chronique de son équipe à marquer le premier but et ainsi prendre les devants tôt dans la rencontre impose à Price l’obligation d’être fumant pendant de très longues minutes. En aucun cas, cette saison, son équipe a terminé la première période en avance sur l’adversaire.

L’inertie du jeu de puissance, par ailleurs, le prive de buts importants qui viennent parfois offrir un certain coussin à un gardien, aussi bon soit-il. L’indiscipline ajoute également une forte de dose de responsabilités supplémentaires. Le Canadien a écopé de la première pénalité dans le match à huit reprises jusqu’ici et Price a contribué largement à l’excellent rendement de 86,7 % en infériorité numérique. On pourrait aussi noter, en terminant, un certain manque de cohésion chez les défenseurs, imputable aux nouveaux venus et aux nouvelles combinaisons créées par Michel Therrien.

Bref, sans rien enlever à ses coéquipiers, on peut facilement affirmer que le premier mois de la saison appartient à Carey Price chez le Canadien de Montréal. Il fut digne d’un médaillé d’or!

Le flair de Michel Therrien

Encore jeudi à Vancouver, Michel Therrien a prouvé qu’il avait un flair exceptionnel quand il est nécessaire de secouer une attaque qui tourne en rond lors d’un match. L’insertion d’Alex Galchenyuk au centre, tard dans la rencontre, entre Rene Bourque et Brendan Gallagher, fut un excellent coup, qui a mené directement au premier but tant recherché. Et Dale Weise est venu valider la décision de son entraîneur de le muter au sein du trio de David Desharnais en offrant une passe parfaite à Max Pacioretty lors du but égalisateur.

On a beaucoup parlé de la maturité acquise par Therrien sur le plan personnel, et c’est bien visible à plusieurs points de vue depuis son retour à Montréal. Mais il ne faut non plus sous-estimer son propre progrès comme entraîneur-chef. Sa patience a souvent porté fruit, comme on l’a vu dans le cas de Desharnais la saison dernière. Et son impatience, lors d’un match, porte fruit plus souvent qu’autrement aussi. Bien naviguer entre ces deux extrêmes démontre une très bonne maîtrise du rôle exigeant qu’il joue, soir après soir.

« Terminer sa mise en échec »

La saison n’est vieille que de quelques semaines dans la LNH, mais déjà certains joueurs ont « terminé leur mise en échec » de façon dangereuse et purement anti-sportive. Dans certains cas, les conséquences sont lourdes, comme à St-Louis par exemple, alors que deux piliers de l’équipe sont tombés au combat lors de la même rencontre et sont maintenant officiellement victimes de commotions.

Si le coup de Trevor Daley pouvait sembler « acceptable » sur David Backes, il reste que la rondelle était bien loin du joueur des Blues au moment de l’impact. T.J. Oshie, quant à lui, a été victime d’un geste purement gratuit de la part de Patrick Eaves qui, avec une poussée dans le dos, a provoqué le plongeon du joueur des Blues qui s’est écrasé face devant sur le poteau du filet adverse. On parle ici de deux joueurs d’impact pour les Blues, deux joueurs que les acheteurs de billets veulent voir à l’œuvre, deux joueurs prioritaires qui furent blessés par des joueurs qui n’ont que peu d’influence sur l’intérêt des amateurs.

ContentId(3.1099128):Burrows frappe Emelin à la tête
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John Moore aussi a « terminé sa mise en échec » aux dépens d’Erik Haula du Wild du Minnesota en lui assénant un violent coup à la tête, aussi dangereux qu’inutile compte tenu de la situation de jeu. Haula fait 5 pieds et 11 pouces, Moore, 6 pieds et deux pouces. Il y a un écart de 20 livres entre les deux. Dans ce dernier cas, Stéphane Quintal a sévi avec une suspension de cinq matchs.

Puis, il y eut le coup d’Alexandre Burrows sur Alexei Emelin, jeudi, à Vancouver. Je comprends fort bien qu’on peut analyser techniquement le déplacement du défenseur du Canadien le long de la ligne bleue, sa position par rapport au plan horizontal, sa vulnérabilité soudaine avant l’impact. Il n’y a même pas eu de pénalité sur le jeu. Mais posons-nous les seules questions qui m’apparaissent pertinentes : Burrows a-t-il « terminé sa mise en échec » beaucoup trop tard? Où était la rondelle au moment de l’impact? Depuis combien de temps avait-elle quitté le rayon d’action « normal » d'Emelin? La tête était-elle le point d’impact clair et net? Le contact était-il évitable? Était-il souhaité par l’agresseur?

Peu importe la décision de Stéphane Quintal, peu importe le fait qu’Emelin soit revenu au jeu en troisième période, il reste que des gestes du genre ne doivent plus être tolérés. La notion de « terminer sa mise en échec » n’est qu’une façon maquillée de sanctionner le comportement de joueurs dangereux, souvent marginaux pour leur équipe. Plusieurs ont changé leur comportement à la suite de gestes condamnables. Sans être devenu un ange, Matt Cooke a fini par comprendre. Maxim Lapierre m’a admis avoir été secoué après avoir blessé Dan Boyle et a changé sa façon de faire sans pour autant modifier son rôle d’agitateur.

Le hockey ne doit pas devenir un sport de salon. Loin de là. Les contacts font partie de sa base, de son histoire, de son ADN. Mais certains joueurs doivent enfin apprendre la façon acceptable et sportive de « terminer leur mise en échec »!