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MONTRÉAL - Cayden Primeau a mal amorcé son premier match en carrière dans la LNH. Mais après avoir accordé deux vilains buts et un troisième qu’il aurait sans l’ombre d’un doute aimé revoir, le jeune gardien a très bien complété cette première partie.

 

Oui! Il a perdu son premier départ en carrière. Un revers de 3-2 aux mains de l’Avalanche du Colorado.

 

Mais au-delà ce résultat, c’est la manière dont il a surmonté son début de rencontre qui revêt le plus d’importance à mes yeux. Et aux yeux de ses coéquipiers.

 

Croisé dans le vestiaire au terme d’un rare match au cours duquel il était confiné au rôle de spectateur, Carey Price n’a d’ailleurs pas hésité une seconde lorsque je lui ai demandé s’il apposait le sceau 'qualité LNH' à la performance de son nouvel adjoint : « Il m’a vraiment impressionné. Il a réalisé plusieurs très gros arrêts et il nous a certainement offert une chance de gagner », a ajouté Price.
 

La chance tourne à la malchance

 

Primeau a peut-être offert une chance de gagner à son équipe, mais je ne suis pas convaincu que l’état-major lui ait offert le même genre de chance en lui offrant de faire le saut si rapidement dans la LNH face à un adversaire aussi redoutable que l’Avalanche.

 

Fort de seulement 12 matchs d’expérience dans le hockey professionnel – lire dans la Ligue américaine – et alors que le Canadien venait de sortir d’une série de huit défaites de suite, Primeau s’est retrouvé devant une des puissances offensives de la LNH. Devant une équipe qui a prolongé sa séquence de victoires consécutives à cinq et qui affiche maintenant 10 gains à ses 13 derniers matchs (10-3-0). Une équipe ragaillardie par le retour récent de Mikko Rantanen et celui du capitaine Gabriel Landeskog qui a profité de l’escale à Montréal pour renouer avec la compétition après une absence de 16 matchs.

 

On a déjà vu des chances... plus chanceuses, mettons!

 

Une rondelle que le jeune gardien a été incapable d’immobiliser devant lui après qu’il eut accordé un vilain retour a mené au premier but marqué à ses dépens.

 

Sur le deuxième, Gabriel Landeskog a fait comprendre à la dure à Primeau que dans la LNH, des joueurs sont capables de marquer d’angles presque complètement fermés.

 

Après deux buts accordés sur 13 tirs, la chance oscillait maintenant vers la malchance.

 

Cette malchance a pris plus d’ampleur encore lorsqu’il a été victime d’un troisième but marqué celui-là au terme d’une descente en surnombre accordée par le Canadien qui était pourtant en attaque massive.

 

Si Carey Price avait accordé ces trois buts, il aurait été hué. Avec raison. Surtout sur les deux premiers. Mais parce Primeau n’avait encore jamais vu d’action dans le cadre d’un vrai match de la LNH, il aurait été totalement injuste et terriblement exagéré de lui en vouloir.

 

Cela dit, le danger, et il était bien réel, était que la première chance accordée à Primeau dans la LNH ne tourne pas seulement en malchance, mais se transforme en cauchemar.

 

Ce n’est pas arrivé.

 

Ce n’est pas arrivé parce que Primeau – «il était visiblement nerveux en début de match», a d’ailleurs convenu l’entraîneur-chef Claude Julien après la rencontre –  a affiché beaucoup de flegme, de contrôle et de technique après les trois buts accordés sur les 18 premiers tirs des anciens Nordiques.

 

De fait, il a été parfait sur les 17 derniers tirs qu’il a affrontés. Il a même réalisé certains de ses meilleurs arrêts du match sur les six tirs décochés par l’Avalanche lors des trois attaques massives obtenues. Des arrêts qui ont confirmé le talent de Primeau et sa force de caractère également puisqu’il aurait facilement pu s’écrouler après le début de rencontre qu’il a connu.

 

« J’ai abordé ce sujet avec nos joueurs avant le match. Je leur ai dit qu’il se retrouvait dans une position difficile dans le cadre de son premier match en carrière et qu’il fallait prendre les moyens de lui rendre ce match plus difficile encore en compliquant son travail. On l’a fait lors de la première période et aussi un peu en deuxième. Mais après nos trois premiers buts, c’est lui qui a eu le dessus. On a eu de très bonnes chances en avantage numérique. Mais il a effectué de gros arrêts pour nous priver d’un ou deux buts qui auraient facilité notre tâche en troisième. Ces arrêts ont permis au Canadien de revenir dans le match et ont obligé notre gardien à être très solide au dernier tiers pour protéger notre victoire », a d’ailleurs commenté l’entraîneur-chef Jared Bednar.

 

« Ce n’était pas Carey Price devant le filet et c’est clair qu’il – Cayden Primeau – ne représentait pas le même genre de facteur d’intimidation. Mais il ne fallait pas tomber dans le piège inverse de le prendre à la légère, parce que s’il était devant le but alors que Price était au banc et non blessé, c’est parce que le Canadien considère qu’il est capable de gagner dans la Ligue nationale », a ajouté le défenseur québécois Samuel Girard.

 

Le meilleur scénario possible?

 

Pas question ici de prétendre que Primeau est «chanceux» d’avoir perdu son premier match. Mais le scénario de sa première partie en carrière est peut-être le meilleur qu’il pouvait suivre.

 

Je m’explique :

 

Si Primeau avait été fumant lors de cette première partie. S’il avait multiplié les arrêts pour non seulement battre, mais aussi blanchir, l’Avalanche, une telle performance aurait soulevé un tsunami de réactions dans les médias d’abord et du côté des partisans ensuite.

 

Avec les conséquences pas toujours heureuses qui découlent de tels débordements d’affections, de passions partisanes et aussi d’un brin d’inconscience.

 

Le genre de mélange explosif qui a sauté au visage de plusieurs anciens adjoints de Care Price au fil des dernières années.

 

Tenez : depuis le départ de Jaroslav Halak que le Canadien a échangé aux Blues de St.Louis – en retour de Lars Eller – pour mettre fin au début « Price-Halak », 10 gardiens ont eu l’opportunité d’obtenir le rôle d’adjoint de Price avec le Canadien. Onze si on ajoute le nom de notre collègue Marc Denis, mais ce dernier n’a disputé qu’une période.

 

Tous ses gardiens ont été portés, plus ou moins longtemps, à bout de bras par les médias et les partisans qui voyaient en eux de gardiens plus grands qu’ils ne l’étaient en réalité.

 

Comme le temps l’a prouvé.

  • Alex Auld a gagné son premier match avec le Canadien (29 octobre 2010). Il a obtenu 11 autres départs et a signé un total de six victoires avant de quitter Montréal et de s’éclipser de la LNH.
     
  • Dustin Tokarski a battu Anaheim lors de son premier match le 5 mars 2014. Il a ajouté huit autres victoires réparties au fil de 26 matchs disputés en trois saisons.
     
  • Mike Condon a battu les Sénateurs d’Ottawa le 11 octobre 2015. C’est lui qui a eu le plus de succès avec 21 gains en 51 départs avec le Canadien. Des performances qui lui ont permis de prolonger sa carrière de trois ans avec les Sénateurs
     
  • Al Montoya a battu les Sabres de Buffalo le 13 octobre 2016. Il n’a gagné qu’une autre partie avec le Tricolore et son « règne » à Montréal est surtout synonyme des 10 buts accordés aux Blue Jackets à Columbus.
     
  • Charlie Lindgren a battu la Caroline le 7 avril 2016. Il a ajouté sept autres gains en 17 matchs. Les seuls qu’il a disputés dans la LNH.
     

Où sont-ils tous rendus? Auld a pris sa retraite à 38 ans, un an après son passage à Montréal; Tokarski est dans la Ligue américaine, tout comme Mike Condon et Charlie Lindgren. Al Montoya est joueur autonome. Comme quoi les belles carrières qu’on leur promettait après un départ positif à Montréal, ne se sont pas toutes réalisées…

 

Remarquez que les autres candidats adjoints de Carey Price qui ont perdu leur premier match n’ont pas tous connu de grandes carrières ensuite.
 

  • Ben Scrivens s’est tourné vers la KHL après son court séjour de 15 matchs (cinq victoires) à Montréal.
     
  • Peter Budaj a oscillé entre la LNH et la Ligue américaine après son passage à Montréal. Il a même connu des moments de « gloire » à Los Angeles disputant 53 matchs des Kings en 2016-2017.
     
  • Antti Niemi a donné l’impression qu’il pouvait faire le travail jusqu’au moment où il n’est pas arrivé à le faire...
     
  • Et Keith Kinkaid vient d’être soumis au ballottage et boudé par les 30 autres équipes de la LNH. Une sortie désolante pour un gardien dont plusieurs avaient salué l’embauche au cours de la période estivale.
     

Je ne sais pas combien de temps Primeau restera avec le Canadien. Je ne sais pas si saura s’installer comme un solide second à Carey Price afin de bien se préparer à lui succéder. Encore moins s’il pourra un jour lui succéder avec succès.

 

Mais bien qu’il ait perdu son premier match, on peut aisément conclure qu’il a malgré tout réussi sa rentrée dans le cadre d’une défaite honorable. Une défaite qui lui a permis de démontrer de belles aptitudes, une bonne force de caractère et une technique solide qu’il pourra solidifier avec le temps et l’expérience.

 

Cette défaite l’assurera peut-être aussi d’un brin ou deux de patience afin qu’on lui donne le temps d’apprendre et de progresser. Que ce soit comme complice de Carey Price avec le grand club, ou plus discrètement comme dauphin qui fait ses classes avec le club-école.

 

En bref

  • Victime d’une mise en échec du géant Nikita Zadorov en première période, Jesperi Kotkaniemi a quitté le match en première période. Il n’est jamais revenu ensuite. Il n’a pas même accompagné l’équipe à New York où le Canadien croisera les Rangers vendredi soir...
     
  • ContentId(3.1351348):Canadiens : « C'était un geste salaud sur Kotkaniemi » (LNH)
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    Tombé lourdement et tête première sur la patinoire, KK semblait désorienté lorsqu’il a été escorté hors de la patinoire pour retraiter au vestiaire. Le Canadien n’a pas confirmé qu’il avait été victime d’une commotion cérébrale se limitant à dire qu’il était blessé au haut du corps...
     
  • Si Zadorov n’a pas donné une jambette à Kotkaniemi, la reprise démontre qu’il s’est servi de son genou ou de sa cuisse comme pivot pour renverser le jeune centre du Canadien. Ce geste a été qualifié de « coup salaud » par l’entraîneurchef Claude Julien. « J’ai hâte de voir comment la LNH analysera ce coup, mais aux yeux des membres de notre état-major, ce geste mérite certainement une suspension », a conclu l’entraîneur-chef du Tricolore...
     
  • À défaut d’avoir freiné la poussée victorieuse de l’Avalanche, le Canadien et Cayden Primeau ont pu freiner Nathan MacKinnon qui avait marqué à chacun de ses cinq derniers matchs et avait récolté au moins un point (7 buts, 11 passes : 18 points) lors des huit dernières parties de son équipe...