MONTRÉAL - Qu’est-ce que Carter Hart et ses coéquipiers des Flyers ont fait, samedi, pour se remettre des quatre buts qui l’ont chassé du match et de la désolante performance qui a ouvert la porte à la défaite gênante de 5-0 encaissée aux mains du Canadien?

 

Ils ont plongé dans la piscine à l’arrière de l’hôtel où ils ont élu domicile à Toronto et ont retenu leur souffle!

 

Cette confession vient de la bouche du jeune gardien. Il l’a révélée au cours du point de presse qui a suivi la victoire de 1-0 que lui et les Flyers venaient de signer dimanche soir. Un gain qui leur permet de prendre les devants 2-1 dans la série qui les oppose au Canadien.

 

ContentId(3.1371403):Séries LNH: Flyers 1 - Canadiens 0 (hockey)
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Mais attention!

 

Ce n’est pas, ou pas seulement, pour cacher leur honte au lendemain d’un match horrible ou pour atténuer leur niveau de frustration que Hart et ses coéquipiers ont retenu leur souffle. C’était d’abord et avant tout pour tourner la page sur un match qu’ils tenaient tous à oublier au plus vite.

 

« Quand tu connais un match difficile comme celui que nous avons connu vendredi et que tu as la chance de te reprendre 48 heures plus tard, tu dois éviter de trop penser à ce qui a mal été et te concentrer sur ce qui s’en vient. Il n’y a pas meilleur moyen pour y arriver que d’avoir du plaisir en groupe. Alors samedi, on s’est entraîné à la piscine et on a fait des concours pour savoir qui pouvait passer le plus de temps sous l’eau et faire le plus de distance sans reprendre son souffle », a commenté Carter Hart.

 

Le jeune gardien n’a pas indiqué qui était sorti de ce concours. Mais ce qui est clair, c’est qu’au lendemain de cette épreuve collective, Hart et ses coéquipiers avaient retrouvé leur souffle.

 

Une série qui manque de constance?

De retour devant la cage des Flyers, Carter Hart a effectué 23 arrêts pour signer son premier jeu blanc en séries en carrière. Il est, du même coup, devenu à 22 ans et quatre jours le plus jeune gardien de l’histoire des Flyers à réaliser cet exploit.

 

Solide du début à la fin de la rencontre, Hart s’est dressé devant les rares occasions de marquer du Canadien. Il a réalisé un très bel arrêt de la jambière droite aux dépens de Jonathan Drouin. Il s’est imposé devant Jesperi Kotkaniemi à qui les Flyers ont offert un accès direct à leur gardien avec quelques secondes à écouler au match. Loin de sembler secoué par le fait d’avoir été chassé du match vendredi, Hart a donné raison à tous ceux et celles qui soulignent sa force de caractère phénoménale en dépit son jeune âge et son manque d’expérience dans la LNH.

 

« La pression ne l’atteint pas c’est aussi simple que ça », a d’ailleurs témoigné son coéquipier Jakub Voracek après la rencontre.

 

Hart est resté de marbre devant ce compliment comme il est demeuré de marbre devant les tirs des joueurs du Canadien.

 

« La seule chose dont je dois me préoccuper est de faire mon travail quand je saute sur la patinoire. Et mon travail consiste à effectuer des arrêts et non à composer avec la pression. Après notre dernier match, nous devions tous offrir une meilleure performance. Et nous l’avons tous fait. J’avais un groupe extraordinaire devant moi ce soir pour m’aider à effectuer mon travail », a conclu Carter Hart.

 

Cela dit, c’est tout à fait vrai que les Flyers ont aidé la cause de leur gardien. Dans un match loin d’être spectaculaire au cours duquel les joueurs des deux clans ont bataillé avec acharnement sur chaque poussée offensive et chaque occasion de marquer obtenue, les attaquants et défenseurs des Flyers ont bloqué 24 tirs du Tricolore. Ils ont donc effectué un arrêt de plus que leur gardien.

 

Cinq tirs du Canadien ont aussi frappé les poteaux. Jesperi Kotkaniemi, deux fois, et Nick Suzuki ont été les principales victimes des poteaux venus en aide au gardien des Flyers.

 

Intensité retrouvée

 

Au-delà la victoire qui permet à son club de reprendre les devants dans la série contre le Canadien, l’entraîneur-chef Alain Vigneault était particulièrement heureux d’avoir été témoin d’un niveau d’intensité qui faisait cruellement défaut vendredi.

 

«Notre niveau de compétition devait être meilleur et il l’a été. Les deux équipes ont travaillé extrêmement fort ce soir. Il n’y avait pas d’espace sur la patinoire. Les corridors de passes et de tirs étaient contestés. Les batailles étaient serrées pour chaque pouce d’espace sur la glace. Ce n’était peut-être pas artistique, mais c’était du gros hockey de séries. Nous avons marqué un but et puisé dans nos réserves pour rivaliser avec le Canadien et contenir une équipe qui a elle aussi travaillé très fort. C’est le genre de match où tu dois te salir les mains et le nez pour gagner et c’est ce que nous avons fait», a commenté l’entraîneur-chef des Flyers.

 

Attaque recherchée

 

Satisfait de la victoire et de l’intensité retrouvée, Alain Vigneault a aussi admis que la machine offensive de son équipe est loin de fonctionner à plein régime. «On doit s’améliorer avec la rondelle. Il n’y a pas eu une tonne d’occasions de chaque côté et on doit aussi donner une part du crédit au travail défensif du Canadien. Mais c’est clair qu’on a besoin d’un meilleur contrôle de la rondelle», a admis le coach des Flyers.

 

Les lacunes offensives des Flyers ont une fois encore été criantes lors des cinq attaques massives offertes par le Canadien qui s’est montré un brin ou deux indiscipliné. Max Domi (dardage inutile), Joel Armia (obstruction facilement évitable alors que son équipe était en attaque massive), Jeff Petry et Xavier Ouellet (obstruction et accrochage suivant des batailles perdues en zone défensive) ont offert des chances aux Flyers. Chances qu’ils ont bousillées au grand dam de Jakub Voracek, l’un des acteurs principaux de l’attaque massive des Flyers.

 

« Ça commence à être vraiment frustrant, a convenu Voracek après le match. Dans une partie aussi serrée que celle de ce soir, une avance d’un but est rarement suffisante. Nos attaques à cinq en deuxième période auraient dû nous permettre de s’offrir un coussin. Nous avons encore échoué. Nous sommes rendus à un but en combien d’occasions », que Voracek a ensuite lancé en guise de question.

 

Comme aucun journaliste n’est présent dans les salles d’entrevues, la réponse (un but en 19 occasions depuis la reprise des activités de la LNH) n’est pas venue.

 

« Je n’ai pas la statistique exacte en tête, mais ce que je sais, c’est que ce n’est pas assez », a conclu Voracek qui était loin de trouver du réconfort dans le but de la victoire inscrit en première période. Son deuxième but aux dépens de Carey Price depuis le début de la série contre Montréal.

 

«Le but de ce soir a été marqué sur un jeu que nous pratiquons à l’entraînement. J’ai marqué, mais comme lors du premier match, je n’ai jamais touché la rondelle avec mon bâton. J’ai deux buts sans avoir eu le contrôle de la rondelle», a lâché Voracek en esquissant une moue qui en disait long sur son mécontentement.

 

Suzuki et Kotkaniemi en fin de match

 

Le Canadien n’a certes pas été aussi parfait dimanche soir qu’il ne l’avait été en après-midi vendredi. Cela dit, les Flyers lui ont grandement compliqué la vie dimanche au lieu que leur offrir toute la place sur la patinoire.

 

Mais le Canadien n’a pas disputé un mauvais match pour autant.

 

Oui le synchronisme faisait défaut, oui les passes étaient moins précises, oui les attaques étaient moins bien orchestrées. C’est là le résultat de la qualité de l’effort déployé par les Flyers bien plus que par les lacunes du Tricolore.

 

Bien qu’il n’ait pas été en mesure de marquer, le Canadien a quand même su tenir son bout dans toutes les batailles livrées le long des bandes, devant et autour des buts et même aux deux lignes bleues.

 

C’est ça de gagné.

 

Moins bien appuyé que lors des derniers matchs par ses ailiers Tatar et Gallagher, Nick Suzuki a été un brin plus discret sur la patinoire.

 

Plus discret que Kotkaniemi qui a encore été le meilleur attaquant du Tricolore même si on ne peut pas dire que Jonathan Drouin et Max Domi l’ont bien supporté. De fait, Domi, dans un match physique au cours duquel on aurait cru le voir au centre de toutes les batailles, est plutôt demeuré en périphérie de l’action. C’est de loin, voire de trop loin, qu’il a décoché ses tirs vers la cage de Carter Hart. Le fait que deux rondelles seulement sur les sept tirs qu’il a décochés se sont rendues au gardien des Flyers – quatre tirs bloqués en défensive et un qui a raté la cible – témoigne du manque de punch et d’efficacité dans les attaques de Domi. Particulièrement en avantage numérique.

 

Brendan Gallagher a été gardé au banc en fin de rencontre alors que le Canadien profitait de la présence d’un sixième patineur pour niveler les chances. Est-ce que la blessure au pied ou à la cheville qui le mine depuis la reprise des activités devient préoccupante à ce point? Peut-être. Ce qui est clair c’est qu’elle semble vraiment lui nuire. Car  bien qu’il domine la LNH avec ses 31 tirs obtenus en sept rencontres, Gallagher est toujours en quête d’un premier but.

 

Peu importe la ou les raisons qui ont poussé Kirk Muller à garder Gallagher au banc en fin de rencontre, il était plus qu’intéressant de voir Nick Suzuki et Jesperi Kotkaniemi au sein du contingent offensif envoyé sur la glace après le retour de Carey Price au banc.

 

Je l’ai dit et écrit plusieurs fois. Je vais le dire et l’écrire encore plusieurs autres fois : peu importe l’issue de la série opposant le Canadien aux Flyers, c’est l’expérience acquise par les deux jeunes joueurs de centre qui compte le plus pour le Tricolore en ce moment.

 

Et pour l’avenir aussi…

 

Pas de cadeau pour Price

 

Parlant de Carey Price, il a réalisé 19 arrêts sur les 20 tirs dirigés par les Flyers ce soir. Mais il n’a pas obtenu de victoire en guise de cadeau pour son 33e anniversaire de naissance.

 

Avec ses 19 arrêts, il a maintenant bloqué 204 des 214 tirs qu’il a affrontés. Ça donne une efficacité de 95,3 %. C’est phénoménal.

 

Bien qu’il n’ait accordé que trois buts en trois matchs, Price n’affiche qu’une victoire dans la série face aux Flyers. Est-ce que ses détracteurs vont se remettre à dire qu’il est incapable de gagner en séries?