MONTRÉAL - Parce qu’il est un excellent joueur de hockey, qu’il est de surcroît Québécois et que les « petits gars de chez nous » se font de plus en plus rares à Montréal et dans le reste de la LNH, le Canadien s’est bien sûr intéressé à Pierre-Luc Dubois dès que les Blue Jackets ont confirmé leurs intentions de l’échanger.

 

Comme plusieurs autres directeurs généraux, Marc Bergevin a donc contacté son homologue Jarmo Kekalainen afin de sonder le terrain.

 

En 20 secondes, le dossier était réglé. Réglé comme dans Bergevin a raccroché. Et parce que Kekalainen réclamait au moins Suzuki, ou Romanov ou Kotkaniemi pour amorcer toute négociation, le directeur du Canadien n’a pas rappelé.

 

Il a ainsi laissé toute la place aux Jets qui ont acquis Dubois en retour de Patrick Laine dans le cadre d’une transaction qui à mes yeux servira beaucoup mieux les Jets que les Blue Jackets. Je vous propose d’ailleurs ici mes observations sur cette importante transaction.

 

Le Canadien n’a pas tourné le dos à Pierre-Luc Dubois. Il a simplement décidé de miser sur les atouts qu’il a déjà en mains.

 

En marquant le premier but du match, un but qui a lancé son équipe vers une victoire de 5-2 à Vancouver, Nick Suzuki a salué la décision du Canadien.

 

Certains diront qu’il devra en marquer beaucoup d’autres pour confirmer davantage le fait que le Tricolore a eu raison de lui témoigner autant de confiance. Ce qui est exact. Mais en récoltant un point dans un sixième match de suite, Suzuki est non seulement en voie de confirmer de la meilleure façon qui soit la décision du Canadien, mais il rejoindra sans doute et dépassera peut-être les performances plus qu’intéressantes accumulées jusqu’ici par Dubois qui est 13 mois plus vieux que lui et compte 162 matchs de plus d’expérience dans la LNH.

 

Ce qui est vrai pour Suzuki l’est aussi pour Kotkaniemi qui est plus jeune encore et pour Romanov, le plus jeune du groupe, également.

 

Au-delà les performances déjà intéressantes, voire impressionnantes des trois jeunes, et les projections tout aussi impressionnantes qui sont accolées à leurs noms, Suzuki, Kotkaniemi et Romanov donnent au Canadien l’équilibre qui fait du Tricolore une bien meilleure équipe cette année.

 

En plus d’offrir au Canadien de l’équilibre sur la patinoire, ils lui en offrent aussi sur le plan financier. Un aspect aussi crucial dans le hockey d’aujourd’hui que le talent, la vitesse ou le caractère.

 

Un voyage presque parfait

 

L’équilibre du Canadien, ou son nouvel équilibre puisqu’il y a très longtemps que cette équipe n’avait pas offert à ses partisans un club aussi bien nanti est d’ailleurs le principal fait saillant du voyage de six matchs que le Canadien vient de compléter.

 

Un voyage presque parfait qui a permis au Canadien d’amasser 10 des 12 points qui étaient à l’enjeu. Une récolte qui le place non seulement au premier rang de sa division, mais au tout premier rang du classement général.

 

Après seulement six matchs, c’est vrai, mais en première place quand même.

 

Un voyage duquel le Canadien revient sans avoir encaissé de revers en temps réglementaire. Une statistique qui fera la différence en fin de saison alors que les points primes récoltés dans le cadre de défaites pourraient faire une grosse différence dans un classement final qui s’annonce serré, voire très serré.

 

Équilibre à l’attaque

 

C’est ce nouvel équilibre qui a permis au trio de Nick Suzuki de s’imposer à Toronto ; qui a permis à celui de Phillip Danault de venir en relève à Edmonton ; à celui de KK de profiter du retour de Tyler Toffoli à Vancouver pour ouvrir toutes grandes les vannes offensives ; sans oublier la contribution essentielle du trio de soutien piloté par Jake Evans flanqué de Paul Byron et Artturi Lehkonen.

 

C’est ce nouvel équilibre qui a permis au Canadien de marquer 29 buts lors de ses six premiers matchs. Une récolte qui le propulse au premier rang de la LNH pour le nombre de buts enfilés jusqu’ici.

 

Ce nouvel équilibre est aussi confirmé par le fait que 16 des 19 patineurs envoyés dans la mêlée affichent déjà au moins un but – Phillip Danault, Paul Byron et Brett Kulak sont les seuls à ne pas avoir marqué – mais qu’ils ont tous récolté au moins un point.

 

Je sais : la défense des Canucks est loin d’être étanche. Tout comme celle des Oilers que le Canadien a hachée finement lors des deux matchs disputés à Edmonton plus tôt dans le voyage. Et lors du match qui a donné le coup d’envoi à la saison, à Toronto, on ne peut pas dire que la défense des Leafs s’était dressée tel un mur devant le Canadien.

 

Mais dans un passé encore récent, le Canadien n’arrivait pas à profiter des lacunes défensives ou de la générosité de ses adversaires. Parce qu’il compte sur trois trios menaçants et sur un quatrième qui peut contribuer, le Canadien peut aujourd’hui y arriver.

 

C’est également ce nouvel équilibre qui a permis au Canadien de marquer six buts en 22 attaques massives lors des six premiers matchs. Et de multiplier de bonnes occasions grâce aux deux unités distinctes que les arrivées des Anderson, Toffoli, Romanov combinées au développement des Suzuki et Kotkaniemi ont permis de former.

 

Bon! Dans la victoire de samedi, l’attaque massive du Tricolore a été blanchie. Et elle n’a obtenu qu’une bonne occasion alors que Tyler Toffoli a décoché un tir vif de l’enclave qui a raté la cible de peu. Mais à la lumière des six premiers matchs, il est clair que le Canadien est bien plus menaçant qu’il ne l’a été toute la saison dernière... et des autres qui l’ont précédée.

 

C’est encore ce nouvel équilibre qui permet au Canadien d’être plus efficace lorsqu’il se retrouve à court d’un homme. Ce qui est arrivé souvent, trop souvent même, lors de ce voyage. Parfait en trois occasions samedi, à Vancouver, le Canadien a accordé six buts en 28 désavantages. Un résultat honnête qui le place en milieu de peloton.

 

Là où il a excellé, et le mot est faible, c’est en marquant quatre fois lors de ces 28 infériorités numériques. Un résultat qui le hisse là aussi au premier rang de la LNH. Et qu’est-ce qui explique ce résultat impressionnant? Du moins en partie? Eh oui! C’est le nouvel équilibre qui permet à Claude Julien d’envoyer à tour de rôle trois et parfois quatre duos frais et dispos qui peuvent donc défendre leur territoire de façon agressive au lieu de le faire passivement comme c’était le cas trop souvent lors des dernières saisons.

 

Équilibre en défense

 

Les six premiers matchs de la saison ont aussi démontré que le nouvel équilibre remarqué à l’attaque s’est aussi installé en défense.

 

À la ligne bleue d’abord où Alexander Romanov confirme les prétentions optimistes de ceux qui croyaient déjà en lui tout en confondant les sceptiques qui attendaient de voir pour le croire. Où Brett Kulak dans un rôle moins exigeant que celui d’épauler Jeff Petry offre du très bon hockey. Où Petry, Weber et Chiarot jouent à la hauteur des attentes... ou presque.

 

Mais la belle surprise pour le moment, c’est qu’on retrouve aussi un nouvel équilibre devant le filet alors que Carey Price et son nouvel adjoint Jake Allen affichent deux victoires chacun.

 

Ce n’est pas que Allen ait gagné deux fois qui représente une surprise, c’est qu’il ait déjà permis, après six matchs seulement, d’offrir à Price deux matchs de congé. Price avait neuf rencontres à sa fiche l’an dernier avant de suivre un deuxième match du banc.

 

Parlant de Price, le nouvel équilibre affiché par l’équipe devant lui a contribué à faire contrepoids à quelques sorties moins flamboyantes de sa part. Lors de son premier match à Vancouver, Price n’a pas joué à la hauteur de son talent. Son équipe a, quatre fois plutôt qu’une, comblé des reculs d’un but pour lui permettre de se rendre jusqu’à la séance de tirs de barrage et d’au moins sauver un point.

 

À son retour au jeu samedi, après avoir vu Allen l’emporter en relève jeudi, Price a été plus combatif, plus aiguisé, meilleur.

 

Un signe qu’il saura tirer profit des congés plus fréquents qui lui seront accordés? L’avenir nous le dira.

 

Ce que les six premiers matchs démontrent déjà toutefois, c’est que les chances de victoires du Canadien ne reposent plus exclusivement ou en trop grandes parties sur les jambières et les performances de Carey Price.

 

Elles reposent sur quatre trios bien équilibrés qui peuvent s’entraider, se relayer, sur une brigade défensive bien équilibrée, sur un duo de gardien qui pourra mieux partager le lot de travail.

 

La saison est encore jeune. Très jeune. Mais les six premiers matchs confirment tout de même que le nouvel équilibre dont le Canadien profite en ce début d’année se traduit par des victoires et des points ajoutés au classement.

 

C’est toujours bien ça de gagné!

 

Entre les lignes

 

  • Autre confirmation du nouvel équilibre affiché par le Canadien cette année, Corey Perry rappelé de l’équipe de réserve pour remplacer Joel Armia qui est à l’écart du jeu en raison d’une commotion cérébrale subie en fin de rencontre jeudi lorsque Tyler Myers l’a mis sournoisement en échec, a marqué dès son premier match dans l’uniforme tricolore...

 

  • Il n’est pas clair si Perry tentait vraiment de déjouer Braden Holtby ou qu’il cherchait à offrir une occasion de marquer à Jesperi Kotkaniemi qui fonçait droit au but, mais le vétéran a trouvé une façon de marquer pour donner une avance de 2-0 au Canadien...
     
  • Après avoir salué son retour à Vancouver avec cinq buts lors des deux premiers matchs face à son ancienne équipe, Tyler Toffoli a dû se contenter d’une passe samedi. Il a toutefois profité de deux bonnes occasions de prolonger sa série de succès au Rogers Arena. En ajoutant à sa fiche la passe obtenue samedi sur le premier but de Corey Perry, Tyler Toffoli a maintenant marqué 18 buts et récolté 28 points en 23 matchs disputés au Rogers Arena dans les uniforme des Kings, des Canucks et maintenant du Canadien...

 

  • Victime de quatre buts de Bo Horvat lors des deux premiers matchs de la série de trois à Vancouver, le Canadien a procédé à des ajustements défensifs qui ont permis de bien mieux couvrir le capitaine des Canucks autour de Carey Price. Le Canadien s’est assuré d’avoir un joueur beaucoup plus impliqué sur Horvat afin de réduire au minimum les chances qu’il puisse dégainer de l’enclave comme il l’a fait pour marquer ses récents buts. Dont trois lors d’attaque massive des Canucks. Après avoir marqué quatre buts, ajouté une passe et cadré sept tirs sur la cage du Tricolore lors des deux premières rencontres de la série de trois, Horvat a été limité à une passe et a dû se contenter d’un tir samedi...

 

  • Comme quoi les séries de matchs consécutifs au calendrier cette saison ne serviront pas seulement à mousser les rivalités, mais donneront l’occasion aux entraîneurs d’apporter les corrections qui s’imposent pour pallier les lacunes remarquées...
     
  • Parlant de rivalité, Joel Edmundson a jeté les gants devant Tyler Myers en tout début de match. Les deux joueurs qui s’entraînent ensemble dans la région de Kelowna durant la saison morte se sont donné rendez-vous pendant la période d’échauffement pour ensuite passer aux actes une fois la rencontre lancée. Pour les amateurs de boxe, Edmundson a gagné par décision unanime. Ce qui était très prévisible...
     
  • Sans rien vouloir enlever au geste de vengeance posé par Edmundson, je suis convaincu que Nick Suzuki a fait bien plus mal à Tyler Myers en marquant le premier but du Canadien malgré la présence du défenseur géant des Canucks sur son dos qu’Edmundson ne lui a fait mal lors du combat livré par les deux hommes. Mais bon. On se venge comme on peut 
     
  • Jonathan Drouin jouait du hockey solide et inspiré depuis le début de la saison au sein du gros trio piloté par Nick Suzuki et complété par Josh Anderson. En plus d’ajouter une cinquième passe à sa fiche, Drouin a marqué son premier but de la saison. Il a miné les chances de remontée des Canucks en marquant le quatrième but du Canadien à l’aide d’une feinte magistrale qui a mystifié le vétéran Braden Holtby. Drouin a obtenu cette occasion en or à la suite d’un des très nombreux revirements dont les Canucks se sont rendus coupables encore samedi...
     
  • Jonathan Drouin affiche donc une récolte de six points après six matchs. Le même nombre de points que Nick Suzuki (2 buts, 4 passes) et deux points de plus que Josh Anderson qui mène toutefois ce trio avec trois buts...
     
  • Le Canadien rentre à Montréal dimanche. Les joueurs profiteront de quelques jours pour se reposer et s’entraîner avant de lancer leur saison à domicile jeudi face aux Flames de Calgary. Ce match donnera le coup d’envoi à une série de cinq matchs consécutifs au Centre Bell : deux contre Calgary, suivis de deux autres face aux Canucks les 1er et 2 février alors que les Sénateurs d’Ottawa feront une première visite à Montréal deux soirs plus tard...
     
  • Bon dimanche...