Le 8 novembre dernier dans le cadre d’un match affreux au cours duquel il avait non seulement accordé six buts, mais avait semblé faible sur au moins un ou deux dont celui qui avait permis aux Sabres de l’emporter 6-5 en prolongation sur un tir provenant de la ligne bleue, Carey Price avait créé une véritable commotion en soulignant qu’il avait des ennuis « en haut » et qu’il devait les régler.

 

Pendant que certains lançaient qu’il était visiblement en dépression et que ses détracteurs relançaient une fois encore leur campagne pour minimiser ses grandes qualités, Price a profité de quelques jours pour retrouver ce qui faisait défaut «en haut» : un simple manque de confiance.

 

Car depuis le début de la saison, Price affichait trop souvent ce manque de confiance qui se traduisait par un manque de constance devant son filet et qui entraînait des performances bien en deçà des attentes et des besoins de son équipe.

 

Après ce revers de 6-5 encaissé lors de son 12e départ, Price affichait cinq victoires seulement (5-4-3), une moyenne ronflante de 3,07 buts accordés par match et une efficacité de 89,2 %.

 

Il accordait trop de buts et n’effectuait pas assez d’arrêts. Surtout les gros arrêts qui l’ont hissé parmi les meilleurs gardiens sur la planète hockey et qui l’ont assuré du plus riche contrat jamais consenti à un gardien.

 

Après avoir été gardé à l’écart des deux matchs suivants, Price a signé des victoires consécutives à Calgary et Vancouver.

 

Lentement, mais sûrement, il a retrouvé sa confiance. Il a recommencé à effectuer des arrêts, des gros arrêts, et à guider le Canadien vers la victoire.

 

Il n’a pas toujours été parfait. Ça non! Mais en enfilant les victoires, il a moussé sa confiance et en moussant sa confiance il a multiplié les victoires…

 

Résultat : depuis ce match affreux du 8 novembre dernier, Price affiche 27 victoires en 47 matchs disputés (27-18-2) – Marc-André Fleury est le seul gardien qui le devance avec 28 gains – sa moyenne de buts accordés par match a fondu à 2,38 et son efficacité a grimpé à 92,2 %. Des statistiques qui le placent au 5e rang de tous les gardiens qui ont amorcé au moins 30 parties au cours de la séquence.

 

En plus de redevenir la pierre d’assise dont son équipe a besoin afin de maximiser ses chances d’accéder aux séries, Price a été reconnu par ses adversaires de la LNH, dans deux sondages menés au cours des dernières semaines, comme le gardien le plus difficile à déjouer dans la LNH. Comme celui sur qui ils voudraient compter dans le cadre d’un septième match d’une finale de la coupe Stanley.

 

L’équipe appuie son gardien

 

Mais parce que Price, aussi bon soit-il, peut difficilement mener son équipe en séries et encore moins lui permettre de gagner une fois rendu là – il y en encore des amateurs qui lui reprochent l’élimination aux mains des Rangers il y a trois ans – il faut que l’équipe devant lui fasse sa part.

 

Et cette équipe a choisi le bon moment pour recommencer à jouer du bon hockey.

 

Carey Price et le Canadien n’ont pas été parfaits samedi. Loin de là. Mais après un départ, disons modéré et une baisse de régime en période médiane qui a permis aux Sabres de niveler les chances alors que plusieurs observateurs, moi le premier, croyaient l’issue de ce match déjà bien ficelée, cette équipe a trouvé les façons de reprendre le rythme qui était nécessaire pour gagner.

 

En battant les Sabres 7-4 samedi, le Canadien a signé sa troisième victoire de suite. Une victoire qui était nécessaire. Cruciale même.

 

Car après avoir battu un «gros club» comme les Islanders, le Canadien n’avait pas le droit de perdre contre Buffalo. Je sais : les Sabres affichaient déjà trois victoires contre le Canadien cette année. Rien pour mousser la confiance à l’endroit du Tricolore.

 

Mais c’est justement parce qu’il avait gaspillé bien assez de points cette saison contre eux et surtout parce que les Sabres sont débarqués à Montréal avec trois petites victoires à leurs 17 derniers matchs (3-12-2) qu’un revers aurait été impardonnable.

 

La victoire de samedi a de quoi mousser la confiance des partisans en vue d’une potentielle participation aux séries.

 

Car une majorité de joueurs ont contribué à cette victoire, comme aux deux précédentes dans cette séquence de trois gains consécutifs.

 

Après un match solide jeudi contre les Islanders, Jonathan Drouin et ses compagnons de trio ont été beaucoup plus effacés. De fait, Drouin s’est surtout fait remarquer en perdant une rondelle en entrée de territoire des Sabres. Ce revirement a ouvert la porte au troisième but des Sabres. Un but qui a suivi de 75 secondes le deuxième et qui créait l’égalité 3-3. Un but qui a calmé les ardeurs des partisans dans le Centre Bell qui était jusque-là très festif.

 

Tout le monde, ou presque, a contribué

 

La semaine dernière, l’autre avant et plusieurs fois cette saison, ces deux buts rapides qui annulaient l’avance auraient scié les jambes du Tricolore. Le club se serait mis à jouer nerveusement. À jouer sur les talons. À jouer sans conviction.

 

Samedi, le contraire est arrivé.

 

Non seulement le Canadien a su garder sa confiance, mais il a vite repris le contrôle du match.

 

Et à l’exception du trio de Drouin avec Kotkaniemi et Armia qui a fait acte de présence sans plus samedi soir, les autres ont été vraiment impliqués. Ils ont vraiment contribué à cette victoire aussi importante que nécessaire.

 

Phillip Danault a effectué un plongeon aussi remarquable que remarqué en fond de territoire des Sabres pour offrir à Brendan Gallagher l’occasion de marquer son 32e de la saison. Un record personnel en une saison depuis le début de sa carrière. Un record qu’il a amélioré un peu plus tard.

 

Artturi Lehkonen à qui on peut, avec raison, reprocher un manque à gagner en matière de buts marqués cette année a enfilé un des plus beaux buts de la saison en suivant la rondelle jusqu’au fond du filet comme s’il voulait s’assurer que cette fois il n’allait pas bousiller une si belle occasion.

 

Max Domi a pris le contrôle du jeu lors des deux dernières périodes en offrant des buts à ses compagnons de trio – Lehkonen et Shaw – tout en marquant lui-même son 27e but qui le hisse à une récolte de 67 points.

 

Et le but le plus important du match, celui qui a permis au Canadien de reprendre les devants en fin deuxième période, de raviver la ferveur de ses partisans et surtout à miner un brin à tout le moins la confiance qui semblait vouloir s’installer dans le camp des Sabres après leurs deux buts rapides, est venu du quatrième trio.

 

Bon le quatrième trio – celui de Nate Thompson, Paul Byron et Jordan Weal – était bien plus le troisième si on tient compte des temps d’utilisations offerts par Claude Julien samedi. Mais ce trio de soutien a marqué le plus le plus important but du match alors que Thompson a stoppé les Sabres à la ligne bleue du Canadien pour permettre à Byron et Weal d’orchestrer une contre-attaque rapide au terme de laquelle Byron a marqué.

 

Ce genre de jeu, ce genre de but, le Canadien ne l’a pas eu assez souvent cette saison de la part de l’un ou l’autre des quatrièmes trios que Claude Julien a tenté de composer en jonglant avec ses effectifs.

 

C’est pour cette raison qu’il a demandé à Marc Bergevin de trouver une façon de conclure les transactions qu’il a conclues avec les Kings pour obtenir Thompson et les Coyotes pour obtenir Weal.

 

Je ne sais pas combien de temps Thompson et Weal pourront offrir au Canadien du hockey de qualité comme celui qu’ils offrent actuellement.

 

Mais ces deux gars-là, pour le moment, représentent des aubaines et ils confirment que Marc Bergevin a fait de très bons coups dans le cadre de leurs acquisitions.

 

Une bonne recette

 

Trois trios sur quatre qui offrent du bon, voire du très bon hockey; six défenseurs qui font ce qu’ils ont à faire; un gardien qui a fait son travail sans pour autant réaliser de miracles; un but en attaque massive; du travail honnête en désavantage numérique : voilà la recette qui a permis au Canadien de gagner un match qu’il n’avait pas le droit de perdre samedi.

 

Une recette qu’il devra répéter dimanche en Caroline, mardi au Centre Bell contre la Floride et surtout à Columbus jeudi prochain contre les Blue Jackets afin de maximiser ses chances de gagner ses trois prochaines parties.

 

Parce qu’avec des duels contre Winnipeg, Tampa, Washington et Toronto lors de ses quatre derniers matchs, le Canadien est mieux de maximiser sa récolte lors des trois prochaines rencontres, pour éviter d’avoir à s’en remettre à ses quatre derniers matchs pour protéger une mince avance ou pis encore pour revenir une fois encore se hisser au sein des équipes repêchées et y rester.

 

Samedi soir, le Canadien a gagné le match le plus important de la saison.

 

Dimanche soir, il disputera son match le plus important de la saison.

 

Peu importe le résultat de l’affrontement dominical face aux Canes, le match de mardi deviendra le plus important de la saison.

 

Et ça ira comme ça jusqu’à ce que le Canadien confirme sa place en séries ou qu’il en soit officiellement écarté. D’où l’importance d’avoir non seulement un Carey Price au sommet de sa forme, de sa confiance et de son art, mais une équipe qui prend vraiment tous les moyens pour l’aider à gagner.

 

On a vu cette équipe au cours des trois derniers matchs. Combien de fois au cours des sept prochains la reverrons-nous?