MONTRÉAL - Quand une équipe connaît autant de difficulté à marquer des buts que le Canadien en connaît depuis le début de la saison, elle n’a pas le droit d’en offrir « gratis » à ses adversaires.

 

Elle n’a pas le droit d’être déclassée en matière d’efforts déployés ; en matière de cohésion affichée dans les trois zones ; de compréhension des choses à faire avec et sans la rondelle.

 

C’est pourtant ce que le Tricolore a fait hier soir à Seattle. Et c’est pour toutes ces mauvaises raisons qu’il a perdu 5-1 aux mains du Kraken. Qu’il a perdu une sixième fois en sept matchs!

 

C’est surtout pour toutes ces mauvaises raisons qu’il a été déclassé une troisième fois en six revers. Qu’il a fait cadeau d’une première victoire devant leurs partisans aux joueurs du Kraken comme il avait fait cadeau des victoires offertes aux Sabres et aux Sharks lors des deuxième et quatrième parties de la saison.

 

Dominique Ducharme a maintenu après cette autre affreuse défaite qu’elle était moins gênante que celle de 5-1 encaissée à Buffalo.

 

Je ne suis pas d’accord.

 

Bon! C’est vrai qu’après le premier tiers, son équipe était encore dans le coup alors qu’elle ne tirait de l’arrière que par un but contrairement au revers encaissé à Buffalo et à la défaite par jeu blanc de 5-0 aux mains des Sharks de San Jose lors du deuxième match de la saison au Centre Bell. Deux matchs qui étaient pratiquement terminés après 20 minutes.

 

Mais il ne s’agit là que d’une bien mince consolation. Car si le score laissait croire que le Canadien était dans le coup, la qualité du jeu offert par les deux équipes révélait tout le contraire.

 

Les deux dernières périodes l’ont d’ailleurs clairement démontré : des cafouillages en entrée de zone ennemie – Sami Niku qui tente une réception de passe avec la lame de son patin droit au lieu de la lame de son bâton, Alexander Romanov qui perd la rondelle à la ligne bleue adverse – et de mauvais changements ont ouvert la porte à des poussées du Kraken. De mauvaises couvertures défensives qui auraient été plus que nécessaires pour aider un gardien qui a visiblement besoin d’aide en ce moment ont permis au Kraken de transformer ces poussées en buts.

 

Je fais référence ici à Jordan Eberle qu’on laisse couper dans l’enclave sans le gêner pour marquer le premier but dès la deuxième minute de jeu ; à Brandon Tanev qui est oublié devant Allen, ce qui lui permet de dévier une rondelle sur le deuxième but du Kraken, à Tanev qui se glisse derrière les défenseurs pour marquer en échappé sur son deuxième du match ; à Brett Kulak qui nage devant son gardien laissant le champ libre à Yanni Gourde qui en a profité pour sortir Jake Allen de ses patins et de ses jambières.

 

Inversement, le Canadien a été incapable de profiter de ses meilleures occasions de marquer : Brendan Gallagher s’est fait voler un but par Philipp Grubauer en première période. Ça arrive. Mais Gallagher n’avait pas le droit de rater la cible comme il l’a fait en période médiane alors que Ben Chiarot lui a offert une belle passe à l’embouchure du filet du Kraken après une descente à deux contre un.

 

Le Canadien est moins mauvais qu’il s’entête à le démontrer depuis le début de la saison. Mais il demeure un club très vulnérable. Un club qui doit limiter au minimum les cadeaux offerts à ses adversaires et qui doit profiter au maximum des chances qui s’offrent à lui.

 

Malheureusement pour ses partisans, c’est tout le contraire qui se passe.

 

Et il faudra plus qu’une grosse soirée contre une bien petite équipe comme les Red Wings pour laisser croire que le Canadien est sur le point de sortir du merdier dans lequel il patine depuis le début de la saison.

 

Est-il besoin de rappeler que le Canadien a peut-être bien comblé ses partisans avec les six buts marqués samedi aux dépens des Wings, mais dans les six autres matchs qu’il a disputés cette saison il s’est contenté d’un grand total de cinq buts?

 

Cinq petits buts en six matchs!

 

Les blessures font mal. C’est clair.

 

Mais si d’autres clubs arrivent à faire contrepoids à des pertes de joueurs importants – je pense aux Penguins qui gagnent sans Crosby, Malkin, Letang et Jeff Carter pour ne nommer que ceux-là – le Canadien semble paralysé par le défi imposant de gagner sans Price dont on est toujours sans nouvelle, sans Edmundson qui a repris l’entraînement en solitaire et qui devrait revenir au jeu d’ici deux semaines, sans Shea Weber qui s’est fait voler l’annonce de sa retraite par Jonathan Drouin mardi.

 

La défaite « historique » encaissée à Seattle m’incite à me poser plus de questions sur la qualité du leadership des joueurs en uniforme, bien plus que sur le talent brut des joueurs à la disposition de Dominique Ducharme.

 

Pas question de prétendre ici que le Canadien forme un club redoutable. Je serais bien malhonnête d’y aller d’une telle affirmation alors que je les ai exclus des séries dans mes prédictions déposées avant le début de la saison.

 

Mais cette équipe compte sur assez de talent offensif pour revendiquer plus que 11 buts après sept parties.

 

L’ennui, et il est de taille, c’est que cette équipe me semble complètement amorphe. Désorganisée. Elle ne semble pas croire le moindrement à ses chances de gagner.

 

Vous avez vu en troisième période? Même si les deux équipes jouaient à forces égales, on aurait juré que le Kraken profitait d’une attaque massive de cinq minutes tant il a gardé le Canadien dans sa zone et sur les talons pendant une très longue séquence.

 

Tout ça en dépit de la présence du capitaine Shea Weber qui devait raviver la confiance de ses coéquipiers, attiser la fierté, recentrer les esprits sur ce qui doit être fait pour gagner.

 

On va se le dire, c’est loin d’avoir marché!

 

On attend encore les réveils des Petry, Gallagher et Suzuki qui a disputé un meilleur match hier. On attend encore un brin de contribution de Cole Caufield. Mais pas question de mon côté de tomber sur le dos du petit gars. Je ne fais pas partie de ceux et celles qui le croient en mesure de franchir facilement le plateau des 20 buts et peut-être de fracasser celui des 30 buts. Du moins, pas à sa première vraie saison dans la LNH.

 

On attend encore Toffoli et Anderson.

 

On espère que Drouin maintiendra son rythme des premières parties.

 

Mais plus l’attente dure, plus l’impatience grimpe, plus les doutes s’installent avant de se confirmer. Il est encore trop tôt pour tirer des conclusions. Mais disons que la tendance qui s’installe n’augure rien de bon pour le Canadien et ses partisans.

 

Contre Seattle, San Jose, Los Angeles et Anaheim, le Tricolore avait quatre victoires à sa portée. Il ne lui en reste que trois. Il doit maintenant aller chercher ces six points encore disponibles.

 

Pour y arriver, il faudra que le Canadien cesse de donner des buts et des victoires en cadeau comme il l’a fait trop souvent déjà en ce début de saison qui est l’un des pires de son histoire récente. L’un des pires tout court...

 

S’ils avaient hâte de prendre la route pour se regrouper et développer la complicité nécessaire pour gagner, les joueurs du Canadien devront vite passer des paroles aux actes.

 

Car pour le moment, ça fait dur. Ça fait presque pitié!