Mettons cartes sur table : combien d’entre-vous pensiez vraiment que le Canadien allait sortir de Winnipeg avec deux points de plus au classement?

 

Je n’étais certainement pas du nombre.

 

Non seulement je croyais que le Canadien allait perdre, j’étais même convaincu qu’il se ferait hacher finement par les Jets et rentrerait de Winnipeg contraint à ses rabattre sur de faibles probabilités purement mathématiques quant à ses chances d’accéder aux séries.

 

Cette équipe parfois désolante et d’autres fois surprenante m’a dont fait mentir en l’emportant 3-1 contre un club qui est bien meilleur ou du moins devrait l’être. J’ajoute devrait, car si l’on comptabilise les 30 derniers matchs disputés par les deux clubs, le Canadien présente une meilleure fiche (15-12-3) que les Jets (14-14-2).

 

Ça vous surprend? Je le suis moi aussi.

 

J’ai été plus surpris encore par l’efficacité affichée par le Tricolore du début la fin de la rencontre. Ou presque. Car oui, lorsque les Jets ont finalement marqué un premier but avec un peu plus de huit minutes à faire en troisième, ils ont ouvert la machine. Le Canadien s’est mis à être nerveux. Il s’est retrouvé un peu sur les talons, il s’est mis à jouer nerveusement. Il a alors eu besoin de quelques bons arrêts de Carey Price et le gardien a bénéficié aussi de l’aide d’un poteau.

 

Mais contrairement à jeudi alors qu’il a tout bousillé après avoir disputé une bonne première période à Columbus, le Canadien a su protéger son avance et s’accrocher à une victoire ô combien nécessaire.

 

Éviter la catastrophe de Columbus

 

Pourquoi le Canadien a réussi à Winnipeg ce qu’il avait été incapable de faire à Columbus?

 

Plusieurs facteurs expliquent cette réalité.

 

Contrairement aux Blue Jackets qui ont pu compter sur un quatrième trio – Riley Nash, Brendan Dubinsky et Nick Foligno – qui les a gardés dans le coup en première, qui a sonné le réveil des troupes en deuxième et qui s’est assuré de maintenir un rythme que le Canadien ne pouvait suivre une fois le reste des Jackets pleinement embarqués, les Jets ont été amorphes pendant 50 des 60 minutes.

 

ContentId(3.1314039):Une performance presque sans faille
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Du premier au quatrième, aucun trio n’a sonné l’éveil des troupes. Ou a même tenté de le faire.

 

Défensivement, cette équipe a été lente dans ses transitions offensives. Les premières passes manquaient de vigueur et de précisions. L’exécution faisait défaut et plus encore, l’esprit de corps semblait inexistant.

 

Pourtant :

 

Les Jets se battent pour la première place de la division centrale.

 

Pas plus tard que jeudi, ils ont laissé les Islanders de New York revenir de l’arrière pour les battre 5-4 à Winnipeg où ils ont aussi perdu deux soirs plus tôt 5-2 aux mains des Stars de Dallas.

 

Sans oublier qu’ils devaient, du moins c’était ma conviction profonde, avoir vraiment l’intention de venger le cuisant revers (5-2) encaissé lors de leur dernière escale à Montréal le 7 février dernier.

 

Eh bien non. Les Jets ont joué comme un club qui est au-dessus de ses affaires. Pas de hargne. Pas de vitesse. Pas de conviction. On comprend mieux ainsi pourquoi ils n’affichent qu’un gain lors des quatre derniers matchs et qu’ils ont une fiche inférieure à celle du Canadien lors des 30 dernières parties.

 

Du crédit au Canadien

 

S’il est vrai que les Jets ont été effacés pour employer un qualificatif peut-être trop poli, il est nécessaire aussi d’encenser le Canadien pour la qualité du match qu’il a disputé.

 

Car le Canadien a pris les moyens pour éteindre les Jets. Pour les empêcher de prendre leur envol. Pour les clouer au sol si vous me permettez ces jeux de mots un brin trop faciles.

 

Selon l’un des nombreux clichés du hockey, le Canadien a disputé un parfait match de route.

 

Ça veut dire quoi?

 

Ça veut dire qu’il a pris les moyens pour endormir son adversaire. L’échec avant soutenu a contribué à miner l’efficacité des transitions offensives. La combativité affichée par le Canadien lui a permis de gagner plus de bataille pour les rondelles libres qu’il en a perdue.

 

Dans toutes les facettes du jeu, le Canadien a été plus efficace que ses adversaires. Et ça, c’est le critère le plus important à mettre en évidence dans l’analyse du match.

 

Le Canadien a non seulement dominé les tirs au but (43-24), il a raté la cible seulement 15 fois sur les 58 tirs décochés. Les Jets ont raté la cible 21 fois en 45 tirs tentés.

 

Les centres du Canadien ont été impériaux aux cercles des mises en jeu. À commencer par Jordan Weal qui a gagné 13 des 19 mises en jeu qu’il a disputées (68 %). Phillip Danault a suivi avec 57 % d’efficacité (12 en 21), Max Domi (7 en 13) et Nate Thompson (4 en 7) ont aussi terminé leur soirée de travail au-delà la barre des 50 %.

 

Les officiels mineurs ont relevé 15 revirements provoqués par le Canadien contre neuf seulement par les Jets. Ça me semble exagéré comme avantage accordé aux locaux, mais bon! Ce ne serait que le seul avantage «statistique» accordé aux Jets dans le cadre de cette partie dominée par le Tricolore.

 

Weal remplace Kotkaniemi

 

En plus d’être solide aux cercles des mises en jeu, Weal a démontré une fois encore que Marc Bergevin a très bien fait de suivre ses instincts et/ou les conseils de ses dépisteurs professionnels dans le cadre de l’acquisition de Jordan Weal.

 

Car en matière d’efficacité, Weal est premier de classe depuis quelques matchs. C’est certainement l’un des facteurs qui a ouvert la porte à la promotion qu’il a obtenue alors qu’il a remplacé Jesperi Kotkaniemi au centre de Jonathan Drouin et Joel Armia hier soir.

 

En relève à Kotkaniemi qui a été rayé de la formation après un match très difficile à Columbus – il n’est pas le seul à avoir été mauvais jeudi, c’est vrai, mais il est neutre depuis quelques semaines, surtout sur la route – Weal a su mettre davantage en valeur ses deux ailiers.

 

Son trio a été plus efficace. Et je ne parle pas ici du but marqué en attaque massive par Armia et sur lequel Weal a obtenu une aide alors que Drouin a obtenu la «quatrième» passe sur le jeu.

 

Je parle de l’efficacité affichée lors d’une grande majorité des présences. Une efficacité qui a poussé Claude Julien à faire appel à ces trois joueurs en fin de rencontre alors que les Jets, avec six patineurs, sur la patinoire tentaient de niveler les chances.

 

Une confiance dont Weal a su profiter pour marquer dans un filet désert et sceller l’issue de la victoire.

 

Eh oui! Même Jonathan Drouin – il a effectué 22 présences totalisant 17 :57 de temps d’utilisation – a été envoyé sur la patinoire en fin de rencontre. Un signe évident qu’il a disputé un bon match de hockey même s’il n’a pu inscrire sur la feuille de pointage.

 

Car dans la foulée de Weal et Armia, il est vrai que Drouin a été meilleur samedi soir que lors des récentes parties.

 

Claude Julien a donc été fidèle à ses déclarations effectuées plus tôt cette semaine alors qu’il assurait que Drouin obtiendrait plus de temps de jeu s’il affichait plus de conviction sur la glace.

 

Julien a aussi tenu parole en envoyant Phillip Danault au sein de la première unité d’attaque massive.

 

Bon! On sera tous d’accord pour dire que Danault-Weal-Armia-Drouin-Weber au sein d’une première unité alors que les Domi, Tatar, Gallagher et même Shaw son sur le banc laisse un brin ou deux perplexe.

 

Mais comme ils ont su donner les devants 1-0 au Canadien en fin de première période, à un moment donné il faut comprendre que l’efficacité doit primer sur la popularité.

 

Toujours en vie

 

Le Canadien a gagné et il a ainsi maintenu ses chances d’accéder aux séries. Bon! Ces chances ne sont pas meilleures qu’elles ne l’étaient avant la victoire puisque les Hurricanes et les Blue Jackets ont eux aussi gagné. Ils ont battu les Flyers et les Predators.

 

Dimanche, les Canes qui ont un point d’avance (93) sur Montréal (92) et les Jackets qui sont à égalité avec le Canadien disputeront tous les deux le match qu’ils ont en mains.

 

Les Canes contre les Penguins à Pittsburgh, les Jackets à Buffalo contre les Sabres.

 

Ces résultats seront évidements cruciaux.

 

Car si les Canes l’emportent, ils obligeront le Canadien à gagner au moins deux de ses trois derniers matchs pour espérer accéder aux séries.

 

Si les Jackets l’emportent, ils ouvriront la porte à un scénario selon lequel le Canadien pourrait être pratiquement éliminé dès mardi dans le cadre d’une combinaison d’un revers du Tricolore contre le Lightning de Tampa et d’un gain de Columbus à la maison contre les Bruins.

 

Mais bon! Tant que le Canadien jouera du hockey efficace comme celui qui lui a permis de battre les Jets samedi à Winnipeg et qu’il gagnera, il maintiendra ses chances d’accéder aux séries.

 

C’est quand même bien pour une équipe qui selon moi devait être éliminée depuis bien longtemps...

 

En bref

 

  • Parce que le Lightning de Tampa Bay disputera les quatre derniers matchs de la saison sur la route, la LNH leur a remis le trophée du Président avant le duel contre les Capitals de Washington. En plus, Vincent Lecavalier s’est présenté sur la patinoire pour remettre un bâton d’argent au capitaine Steven Stamkos qui est devenu la semaine dernière le meilleur franctireur de l’histoire des « Bolts ». Je sais bien que le Lighting n’avait pas vraiment le choix, mais quand même : ces deux célébrations pour le prix d’une ont certainement attisé un brin ou deux les Capitals qui sont toujours les champions en titre de la coupe Stanley qui l’ont justement emporté 6-3...

 

  • Parlant des Caps et les Bolts, ils viennent de se croiser trois fois en sept rencontres. Comme quoi il n’y a pas que le Canadien qui a dû composer avec un calendrier un brin bizarre cette saison...

 

 

  • Le Lightning terminera dans sa saison dans le Nord-Est de la LNH avec des escales consécutives à Ottawa, Montréal, Toronto et Boston...

 

 

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