MONTRÉAL - Trop souvent mauvais et quelques fois affreusement mauvais, le Canadien n’a rien fait pour mousser la sympathie de ses partisans à son endroit au fil des 28 premières défaites qu’il a multipliées jusqu’ici cette saison.

Pour son 29^e revers de l’année, un revers de 3-2 encaissé en prolongation, jeudi soir, à Chicago, le Canadien mérite toutefois qu’on l’épaule un peu.

Il mérite même qu’on le console.

Car après avoir disputé un match plus qu’honnête – une solide deuxième période et une bonne troisième après un premier tiers difficile il est vrai – le Canadien a perdu pas une, mais bien deux révisions effectuées par les responsables de la salle de contrôle sur le jeu très controversé qui a mené au but de la victoire des Hawks, ou de la défaite du Tricolore... c’est selon!

Décisions difficiles, mais justes

À vitesse normale, le but était loin de sembler bon. Du moins, à mes yeux.

Après avoir battu Jeff Petry à la ligne bleue, Philipp Kurashev fonce vers le but du Canadien. Frappé par Mike Hoffman venu à l’aide de Petry et de Samuel Montembeault, l’ancien des Remparts de Québec tombe, glisse vers le gardien du Canadien qu’il frappe tout en faisant sortir le but de ses amarres en heurtant le poteau gauche avec sa jambe. Hoffman chute lui aussi. Il renverse tout autant le gardien Montembeault avant d’entrer en contact avec la barre horizontale.

La reprise démontre clairement que le but n’est plus en place lorsque la rondelle traverse la ligne rouge.

Réaction initiale générale : le but sera refusé.

Mais voilà, la réaction initiale n’est pas la bonne. Comme me l’a expliqué Mike Murphy, l’un des responsables de la salle de contrôle qui était en devoir jeudi soir, la responsabilité de la chute de Kurashev et tout ce que cette chute provoque ensuite est imputable à Mike Hoffman.

Ça veut donc dire que bien que le but ait été sorti de ses amarres, les officiels n’en tiennent pas compte.

« Dans une circonstance comme celle qu’on vient de vivre, les arbitres nous posent deux questions : est-ce que la rondelle a traversé la ligne rouge? La réponse est oui. Ils nous demandent aussi : est-ce que la reprise permet de conclure que la rondelle aurait bel et bien glissé entre les deux poteaux si le but avait été bien en place? Là encore, la réponse est oui. On a donc accordé le but aux Hawks », que Murphy m’a expliqué lorsque je l’ai joint alors que Dominique Ducharme, ses joueurs et leurs partisans pestaient contre la décision venue de Toronto.

« Mais c’était bien la bonne », que le responsable de la LNH a insisté en spécifiant que si Philipp Kurashev avait été responsable du déplacement du filet, la décision aurait été différente.

Parce que le but a été marqué en prolongation – et c’est la même chose pour les buts marqués au cours de la dernière minute de jeu en troisième période – les responsables du centre de contrôle de Toronto procèdent à une vérification automatique du but. Les entraîneurs-chefs n’ont donc pas à interjeter appel.

La controverse ne s’arrête pas là!

Une fois le but marqué par Kurashev accordé, les responsables ont effectué une deuxième vérification puisque Kurashev semblait s’être placé en situation de hors-jeu en recevant la passe qui lui a permis de contourner Jeff Petry.

Là encore, le jeu était serré. Du moins à mon œil. Selon les angles de caméra dont bénéficient les officiels – une caméra placée directement sur la ligne bleue – le jeu était moins serré qu’il en avait l’air.

La lame du patin droit de Kurashev était en contact avec la ligne bleue – la règle stipule maintenant que le patin peut survoler la ligne et non devoir la toucher – lorsqu’il reçoit la rondelle. La reprise démontre aussi qu’il était en contrôle de la rondelle en entrant en zone du Tricolore ce qui lui permettait de précéder la rondelle en zone ennemie.

Le Canadien a donc perdu les deux révisions. Il a aussi perdu le match encaissant un 29^e revers en 36 rencontres.

Mais le Canadien n’a pas tout perdu pour autant. Il est sorti de Chicago avec un point fort mérité pour la qualité du jeu offert face aux Hawks.

C’était loin d’être parfait. C’est vrai. Et par moments, les Hawks donnaient l’impression d’être aussi brouillons que le Canadien peut l’être quand il décide d’être brouillon. Ce qui a aidé la cause du Tricolore.

Mais globalement, les joueurs de Dominique Ducharme ont été bien meilleurs, jeudi, qu’ils ne l’avaient été la veille à Boston où les Bruins les ont rossés 5-1.

C’est au moins ça!

Petry : premier but

Jeff Petry a tellement de choses à se faire pardonner qu’il aura besoin de bien plus qu’une bonne soirée de travail pour faire oublier ses déboires accumulés depuis le début de la saison.

Le vétéran défenseur n’a pas été à la hauteur du joueur qu’il est capable d’être, mais au moins, il a trouvé le fond du filet.

Petry a bien réagi pour se porter à l’attaque et surprendre Marc-André Fleury qui a un brin ou deux raté son déplacement sur sa gauche ce qui l’a empêché de bloquer le tir de l’arrière du Canadien. Mais peu importe qu’il soit beau ou non, ce but permettait au Canadien de créer l’égalité après avoir été victime du premier but pour la 24^e fois en 36 matchs. Il permettait aussi à Petry de casser de glace en enfilant son tout premier de la saison. En fait, c’était son premier depuis le premier mai dernier : soit une disette de 32 matchs.

Oui Petry s’est rendu coupable de quelques mauvais jeux. Oui il s’est rendu coupable de la pénalité mineure qui a ouvert la porte au but égalisateur (2-2) que Patrick Kane a offert aux Hawks et à leurs fans en début de troisième période.

Mais Petry a donné de signe encourageant pour la première fois depuis un sapré bout de temps.

Attaque massive : premier but

Il n’y a pas que Jeff Petry qui a mis un terme à une longue disette. Après neuf parties au cours desquelles ils ont bousillé 24 attaques massives consécutives, les spécialistes du « PP » ont finalement marqué.

C’est arrivé lors de leur troisième occasion ce qui veut dire qu’ils ont freiné à 26 la série de supériorités numériques au cours de laquelle ils ont accordé deux buts de plus à des adversaires qui se défendaient à court d’un joueur (deux) qu’ils n’en avaient eux-mêmes marqué (zéro).

C’était seulement le quatrième but – en 64 occasions – en attaque massive marqué par le CH sur la route jusqu’ici cette saison. Seulement le 12^e en 109 occasions – sur la route et au Centre Bell – en 36 matchs cette année, mais c’est mieux que rien...

Romanov fait sentir sa présence

Pour un gars que Dominique Ducharme ne voulait pas envoyer dans la mêlée en raison de l’inactivité à laquelle il a été soumis au cours de sa pause COVID, Alexander Romanov a fait sentir sa présence.

L’arrière a joué du bon hockey jeudi. Il s’est surtout signalé avec une mise en échec aussi percutante que légale aux dépens de Sam Lafferty. Le joueur des Hawks s’est retrouvé les quatre fers en l’air et Romanov, en plus de déstabiliser, voire ralentir, Lafferty a aussi sorti Ryan Carpenter de la rencontre pour une période de 17 minutes – total des pénalités qui lui ont été imposées – après avoir essuyé les foudres du joueur venu venger son coéquipier.

Romanov joue du bien meilleur hockey qu’en début de saison. Il mérite un rôle régulier au sein du deuxième duo. Une belle progression dans son cas.

D’autres notes positives

• J’ai bien aimé Ryan Poehling qui continue à être efficace dans son rôle de centre de troisième trio. Le rôle qui sera le sien lorsqu’il sera solidement installé dans la LNH...

• Poehling a d’ailleurs été le meilleur du Canadien aux cercles des mises en jeu avec neuf duels gagnés sur les onze qu’il a disputés...

• Après les 69 mises en jeu déposées entre les centres du Canadien et des Bruins mercredi, à Boston, les arbitres et juges de lignes en ont déposé 21 de moins (48) jeudi soir à Chicago...

• Entrée en matière intéressante pour Rem Pitlick. Il n’a pas marqué dès son premier match. De fait, il s’est montré bien trop généreux à quelques occasions alors qu’il a tenté des passes vers des nouveaux coéquipiers plutôt qu’utiliser son arme de prédilection – six buts sur 16 tirs avant sa sélection par le Canadien au ballottage – mais on a vu qu’il a des choses à offrir. Sans doute plus que quelques jeunes rappelés de Laval au fil des dernières semaines par mesure d’urgence afin de pallier l’épidémie de COVID...

• Laurent Dauphin a une fois encore hier démontré une belle combativité sur la patinoire. Particulièrement en zone ennemie. Mais le Québécois devra apprendre à dégainer plus vite lorsqu’il a l’occasion de le faire. Deux fois jeudi, peut-être trois, Dauphin a bousillé des chances alors que son hésitation à tirer a permis à un Hawks de compliquer son travail, voire de lui faire perdre la rondelle...

• C’est moi qui ai rêvé ou Christian Dvorak a bel et bien privé les Hawks d’une chance en or et peut-être d’un but gagnant en troisième période en effectuant un plongeon pour couper une passe au terme d’un long et dynamique repli défensif?

• Samuel Montembeault n’a rien à se reprocher sur le but de la défaite. But qu’il n’a jamais vu entrer tant il a été projeté au fond de son filet par la chute combinée de Mike Hoffman et Philipp Kurashev. Le gardien québécois a accordé trois buts sur les 31 tirs des Hawks. Il a appris à ses dépens qu’il est périlleux de se permettre une seconde de distraction devant Patrick Kane. Le gardien québécois a triché le temps d’une demi-seconde et bougeant vers sa droite voulant anticiper une passe en direction de Jonathan Toews qui était tout juste à sa droite. Kane ne demandait pas mieux que cette petite distraction pour surprendre Montembeault et y aller de son huitième seulement cette saison...

• Au lieu de rentrer à Montréal et de se préparer en vue du match de samedi face aux Devils, match qui a été reporté en raison des mesures sanitaires qui forcent le Tricolore à jouer à huis clos au Centre Bell, le Canadien demeurera à Chicago pour s’y entraîner vendredi et samedi avant de mettre le cap sur l’Arizona où il affrontera les Coyotes à Glendale lundi après-midi...