MONTRÉAL - Le Canadien et les Flyers nous ont offert une belle démonstration samedi après-midi : ils nous ont démontré à quel point un club qui surfe sur une belle vague de succès peut se sauver avec une victoire qu’il ne méritait pas vraiment alors qu’une équipe fragile trouve le moyen de se fragiliser davantage en perdant un match qu’elle aurait pu gagner.

 

Après ce septième revers consécutif, le Canadien n’est plus seulement un club fragile. Il est maintenant un club friable.

 

Ça se voyait sur la glace où les joueurs semblaient plus préoccupés à réduire au minimum, à défaut des les éliminer, les erreurs et mauvaises décisions susceptibles d’offrir des échappées et des surnombres aux Flyers. Ce qu’ils ont d’ailleurs réussi samedi.

 

Ça se voyait plus encore et s’entendait dans le vestiaire après la rencontre que le Tricolore venait de perdre 4-3 en prolongation.

 

Bon! Le point prime récolté samedi et les deux autres amassés depuis le début de cette longue glissade adoucissent un brin ou deux la chute. Du moins au classement. Mais dans le moral des joueurs, là où ça compte vraiment, une défaite demeure une défaite et une victoire demeure une victoire. Peu importe que ton adversaire ait sauvé un point en poussant le match en prolongation, les vainqueurs affichent le sourire. Peu importe que tu aies récolté un point dans la défaite, un perdant affiche toujours la moue d’un perdant.

 

Ça sautait aux yeux après le match alors que les joueurs du Canadien répondaient laconiquement aux questions et affichaient peu de conviction dans leurs propos. Ou pas du tout.

 

Il faut admettre qu’ils avaient non seulement un avion à prendre, mais qu’ils savaient très bien que cet avion les déposerait à Boston où ils croiseront les Bruins dimanche. À Boston, où les Bruins qui viennent de les écraser 8-1, mardi, au Centre Bell, n’ont pas encore perdu en temps réglementaire (10-0-4) cette année. Rien pour solidifier, ne serait-ce qu’un peu, la confiance qui s’effrite de ce club. 

 

Dans le vestiaire des visiteurs, Jakub Voracek qui n’avait rien cassé face au Tricolore était «full» décontracté en accordant une longue entrevue en tchèque pendant que d’autres coéquipiers défilaient dans le fond du vestiaire. Voracek, Provorov, l’auteur du but gagnant, tout comme l’entraîneur-chef Alain Vigneault, commentaient tous la victoire et n’affichaient aucun signe de nervosité en vue du ou des prochains matchs.

 

Comme quoi quand ça va bien ça va bien. Mais quand ça va mal, ça va plus mal encore…

 

Pas question de tirer la « plogue »

 

Les Flyers disputaient un 2e match en un jour et demi samedi puisqu’ils avaient battu les Red Wings de Detroit 6-1 vendredi à Philadelphie.

 

C’était leur quatrième match en cinq jours et demi; leur septième en 12 jours et demi; leur dixième en 16 jours en demie; leur seizième en 30 jours au mois de novembre. Ce n’est pas beaucoup : c’est énorme.

 

Parce qu’ils n’avaient encaissé que deux revers en temps réglementaire depuis le début du mois, les Flyers auraient facilement pu tirer la «plogue» dès la 19e seconde du match lorsque leur gardien Brian Elliott a fait dévier, derrière lui dans le filet, un tir de Joel Armia qui aurait raté la cible n’eut été l’intervention du vétéran gardien.

 

Ils auraient pu, mais ils ne l’ont pas fait. À commencer par Elliott lui-même.

 

« Quand tu accordes un aussi mauvais but tôt dans le match, tu as le devoir de te racheter. D’effectuer des arrêts pour permettre à tes coéquipiers de revenir. Nous sommes tous demeurés confiants et c’est ce qui nous a permis de revenir dans la partie et de gagner une fois encore », a souligné le gardien.

 

Des 39 arrêts réalisés après qu’il eut donné l’avance de 1-0 au Tricolore, Brian Elliott a réservé ses plus beaux au Tricolore en fin de période médiane alors qu’il s’est dressé une, deux, trois, quatre fois devant des tirs décochés pendant une attaque massive qui a tout fait... sauf marquer.

 

Certains diront que ces tirs venaient de Weal, Cousins, Armia et qu’ils étaient donc plus faciles à arrêter. Et que Tatar, en début de troisième, a lui été en mesure de trouver le fond de filet, comme quoi les meilleurs éléments offensifs devraient être sur la glace en attaques massives.

 

Ce qui n’est pas faux. Mais j’ajouterais que peu importe de qui ils venaient, les tirs décochés en fin de deuxième période étaient de très bonnes qualités quand même.

 

Suzuki : une nouvelle marque de commerce

 

Cela dit, malgré la déception reliée à cette autre défaite, on doit se réjouir du jeu d’ensemble de Nick Suzuki.

 

C’est lui, une fois encore avec une passe savante, qui a offert à Tatar le but en attaque à cinq qui a permis au Canadien de soutirer un point.

 

Lentement, mais sûrement, cette passe devient une marque de commerce pour Suzuki qui a été l’un des trop rares joueurs du Tricolore à jouer avec aisance et confiance samedi.

 

« J’aime me retrouver dans cette position en attaque à cinq. Je suis dans une position – en haut de la zone ennemie sur le flanc droit – où je peux profiter de bons corridors pour effectuer des passes ou pour décocher un tir si cette option s’offre à moi. Sur le jeu en question, la défensive s’est ouverte, j’ai vu Tomas, s’avancer de l’autre côté et il était clair que j’allais passer », a indiqué Suzuki qui insiste sur le fait que son statut de recrue ne l’oblige pas à distribuer la rondelle. Ou ne l’oblige plus.

 

« En début de saison, je conviens que j’optais principalement pour la passe parce que j’étais nouveau, parce que je manquais aussi de confiance. Mais à force de jouer, de comprendre que j’ai non seulement le temps, mais que parfois c’est le tir qui est la meilleure option, je ne me priverais plus d’un lancer », a assuré Suzuki.

 

Si la blessure qui prive le Canadien de Jonathan Drouin et le manque évident de talent offensif chez le Tricolore obligent Claude Julien à y aller souvent – peut-être trop – avec des joueurs comme Nick Cousins, Jordan Weal et Charles Hudon en attaques massives, il est clair que l’entraîneur-chef doit maintenant réserver une place de choix à la recrue qui est déjà une valeur sûre en avantage numérique et deviendra vite, n’ayons pas peur des mots, le quart-arrière de cette première unité.

 

Nervosité vs confiance

 

Parce que les Flyers jouaient avec confiance et que le Canadien jouait nerveusement on sentait que les Dieux du hockey allaient favoriser un club.

 

Et c’est ce qui est arrivé en prolongation.

 

De toutes les gaffes qu’on peut voir en prolongation, on voit rarement, très rarement, un club en possession de la rondelle se rendre coupable d’un hors-jeu à la ligne bleue adverse. Il faut dire qu’à trois joueurs sur la glace, il faut presque faire exprès pour se mettre en situation de hors-jeu.

 

C’est pourtant ce que Max Domi a fait sur la toute première séquence.

 

Sur la deuxième, les Flyers ont d’abord gagné la mise en jeu et Ivan Provorov a ensuite traversé la patinoire d’un bout à l’autre pour déjouer Keith Kinkaid avec une feinte qu’il a fallu revoir en reprise pour être bien sûr qu’on n’avait pas la berlue.

 

« Ivan est un très bon joueur, mais je ne savais pas qu’il avait cette feinte dans son répertoire. Et je ne suis pas convaincu qu’on la reverra un jour », a lancé Alain Vigneault en riant lors de son point de presse suivant la 10e victoire du mois de novembre, la 15e de la saison.

 

Ces dix victoires en 16 matchs cachent toutefois une statistique de nature à porter ombrage aux succès des Flyers. Car sur les dix gains, trois sont venus au terme de séances de tirs de barrage et deux en prolongation. Ça veut donc dire que des 16 matchs disputés au cours de la séquence très fructueuse des Flyers, neuf parties se sont décidées au-delà les 60 minutes réglementaires. Ce qui gonfle aux stéroïdes la fiche de son équipe.

 

Une conclusion qui n’inquiète nullement l’entraîneur-chef. «Avec la parité qui prévaut dans la LNH aujourd’hui, on dirait que la moitié des matchs ou près de la moitié se rendent en prolongation. Tu dois prendre les moyens pour te rendre là et après tout est possible. Mais pour te rendre en prolongation, tu dois pouvoir compter sur un gros arrêt, sur un gros but, sur un gros jeu. On l’a vu encore cet après-midi alors que notre gardien nous a gardés dans la partie après avoir accordé un but difficile en début de partie», a commenté Alain Vigneault.

 

En bref

  • Rappelé vendredi du club-école de Laval, le défenseur Gustav Olofsson refusait de se dire satisfait de son premier match dans l’uniforme du Canadien. «Il est difficile de parler de satisfaction quand tu es sur la glace pour un but de l’adversaire et aucun pour ton équipe. Je suis content d’avoir disputé ce match, content que la glace soit brisée et j’espère que je pourrai démontrer que je peux aider l’équipe à long terme», a indiqué l’arrière qui était jumelé au jeune Cale Fleury au sein du troisième duo...
     
  • Pendant que le vétéran Brian Elliott accordait trois buts sur les 42 tirs du Canadien, Keith Kinkaid a accordé quatre buts sur les 29 tirs des Flyers. L’adjoint de Carey Price n’a toutefois pas à porter le blâme dans la défaite. Après sa cinquième décision, il n’affiche toutefois qu’une victoire (11-3) et présente des statistiques ronflantes de 4,24 buts alloués par match et de 87,5 % d’efficacité...
     
  • Le Canadien a offert des signes positifs samedi. Il a marqué le premier but de la rencontre après seulement 19 secondes de jeu; il a répliqué au deuxième but des Flyers en 27 secondes seulement en début de deuxième période et en 2 min 42 s au 3e but des Flyers en début de troisième. Mais il a perdu quand même...
     
  • Joel Armia et Nick Suzuki ont été les meilleurs joueurs du Canadien samedi. Le Finlandais a non seulement marqué, mais il a obtenu neuf tirs cadrés sur les 42 de son équipe et a décoché 11 des 61 tirs du Tricolore...
     
  • Après une solide performance jeudi, Jesperi Kotkaniemi a été moins présent face aux Flyers qu’ils ne l’avaient été face aux Devils. Il faut dire qu’il a été marqué davantage physiquement samedi, une situation avec laquelle il doit apprendre à composer...
     
  • On reconnecte dimanche pour le match face aux Bruins...