Le Canadien a perdu contre un mauvais club de hockey vendredi à Buffalo.

Les Sabres avaient perdu leurs quatre derniers matchs. Pis encore : ils avaient perdu 10 de leurs 12 dernières parties, dont neuf revers encaissés en temps réglementaire (2-9-1). Bien qu’ils avaient marqué 31 buts lors de cette douzaine de rencontres, les Sabres en avaient concédé 52 pour un affreux différentiel de moins-21.

La fiche du Canadien à ses 12 derniers matchs (3-7-2) n’était pas beaucoup plus reluisante. C’est vrai. Mais elle était quand même meilleure. Tout comme son différentiel de moins-16 (25 buts marqués, 41 accordés) accumulé au fil des 12 matchs disputés avant celui de vendredi.

Pourquoi alors le Canadien a-t-il perdu contre un aussi mauvais club à Buffalo? Tout simplement parce qu’il a été plus mauvais encore que les Sabres.

De fait, le Canadien a été beaucoup plus mauvais que les Sabres. Des Sabres qui, par moments, avaient des allures de prétendants à la coupe Stanley tant ils dominaient la patinoire. Tant ils dominaient le Canadien dans tous les aspects du jeu.

Ç’aurait pu être pire...

En plus de marquer quatre fois pour filer paisiblement vers une victoire de 4-1, les Sabres ont frappé trois fois plutôt qu’une les poteaux des buts défendus par Samuel Montembeault. Ils ont aussi été privés d’un et peut-être même deux buts supplémentaires à la suite d’arrêts solides du gardien du Tricolore. Un gardien qui a été abandonné en cours de partie comme en témoignent les 39 tirs obtenus par les Sabres contre les 26 du Canadien.

Et attention! Les 27 tirs obtenus par les Sabres lors des 40 dernières minutes de jeu contre les 11 du Tricolore – dont deux seulement en période médiane – illustrent encore mieux l’abandon total dont se sont rendus coupables les joueurs du Tricolore.

« On s’est autodétruit », a répondu laconiquement Dominique Ducharme après cette 17e défaite de son équipe en 22 matchs cette saison. Après un 15e revers en temps réglementaire. Quinze revers au fil desquels ils ont perdu 11 fois par trois buts et plus.

En passant, les 12 points récoltés après 22 matchs représentent le pire total de l’histoire du Tricolore après 22 rencontres. Il s’est contenté de 13 points après 22 parties deux fois lors des 100 dernières années : en 1938 et en 1941. Mais il n’était encore jamais tombé aussi bas.

Rendu là, il faut presque faire exprès!

Et vous savez quoi? Par moment, les joueurs du Canadien ont vraiment donné l’impression de faire exprès.

« Sur les quatre buts des Sabres, on est en contrôle de la rondelle chaque fois. Il faut faire ces jeux-là. On est dans la Ligue nationale. Ça ne veut pas dire de faire des jeux qui vont passer dans les faits saillants, mais simplement des jeux qui vont permettre de garder le contrôle de la rondelle », que le coach du Canadien a admis.

« Quand tu fais des mauvais jeux, tu vas payer un moment donné. On a joué une bonne première période, mais en deuxième on leur a donné la rondelle beaucoup trop souvent. On est devenu notre pire ennemi », que Ducharme a reconnu.

Le Canadien s’est tellement tiré dans les pieds souvent vendredi soir, il s’est tiré tellement souvent et de tellement de façons différentes depuis le début de la saison qu’il ne faut pas se surprendre qu’il ait perdu hier soir à Buffalo. Qu’il ait déjà perdu 17 fois cette saison.

Comédie d’erreurs

Sur le premier but des Sabres, Artturi Lehkonen qui a dû récupérer la rondelle en zone défensive en relève aux défenseurs David Savard et Alexander Romanov – qui a connu un autre match difficile – a bousillé la qualité de son replie en perdant la rondelle alors qu’il amorçait une relance.

Perdre la rondelle ça arrive. Mais après que Lehkonen eut perdu la rondelle, Jake Evans a raté une occasion de l’enlever à Victor Olofsson, Romanov et Savard ont passé dans le vide eux aussi et Tage Thompson a ouvert la marque. Troisième membre du trio qui était, et de loin, le meilleur du Canadien depuis quelques matchs, Brendan Gallagher n’était pas dans l’action pour au moins tenter d’aider...

Sur le deuxième but des Sabres, c’est Jeff Petry qui perd la rondelle en zone ennemie. Ça donne une longue poussée à deux contre un aux Sabres qui ont su en profiter.

Quelques mots sur Petry : après un premier tiers honnête, il a donné ouvert toute grande la porte à la débandade survenue en période médiane avec le jeu qui a mené au but et d’autres pertes de rondelle sur des jeux qui ont avorté. Ça va vraiment mal pour le vétéran défenseur...

Sur le troisième but des Sabres, marqué alors que Brett Murray écoulait quatre minutes de pénalité, c’est Jonathan Drouin qui est responsable d’un revirement alors qu’il effectue une passe molle et imprécise en zone ennemie.

Rater une passe, ça arrive.

Mais Drouin se rend ensuite coupable d’un « crime » bien pire que cette passe imprécise alors qu’il se traîne les patins en revenant en zone défensive au lieu d’y aller à fond la caisse. Au lieu d’afficher l’ardeur qu’un joueur conscient qu’il vient de bousiller un jeu en attaque massive devrait afficher pour au moins tenter de racheter sa bévue.

Mais non! Drouin se laisse glisser vers sa zone avec le résultat que les Sabres marquent sur un retour de lancer. Un retour que Drouin aurait pu contester s’il avait donné ne serait-ce qu’un coup de patin de plus pour revenir aider ses chums.

À qui la faute sur le quatrième but? À tout plein de joueurs du CH. Romanov assène une solide mise en échec en zone neutre. Sur le jeu, le défenseur du Canadien tombe et sa victime, Thompson, tombe aussi.

Une fois les deux joueurs relevés, ils filent vers la zone du Canadien.

L’ennui, et il est de taille, c’est que Romanov s’est va n’importe où au lieu de se rendre devant le filet où un défenseur devrait instinctivement se retrouver dès qu’il ne sait pas où aller. Près de la bande, du côté défendu par Savard en plus, Romanov est inutile au Canadien et très utile aux Sabres. Evans qui effectue une vilaine lecture de la situation reste lui aussi campé sur le flanc gauche.

Ces mauvaises décisions ouvrent toute grande l’enclave où Thompson s’installe sans être dérangé et d’où il marque son deuxième but du match, le quatrième des Sabres.

Quatre buts des Sabres sur quatre erreurs directes et non provoquées du Canadien. Quand Ducharme faisait référence à de l’autodestruction, c’est à ça qu’il faisait référence.

Le pire dans tout ça, c’est que les Sabres se sont eux aussi rendus coupables de mauvais jeux en zone défensive. De mauvais jeux dans les trois zones. C’est d’ailleurs à la suite d’un affreux revirement que Josh Anderson a nivelé les chances en première période.

Mais bon! Ce but qui aurait pu permettre au Canadien de revenir dans le match a simplement servi à éviter l’odieux d’un jeu blanc parce que contrairement aux Sabres, le Tricolore n’a pas su profiter des quelques occasions de marquer qu’il a obtenues pour déjouer Dustin Tokarski.

Cela dit, perdre contre les Sabres et son ancien gardien qui n’a jamais pu s’établir dans le rôle d’adjoint à Carey Price, surtout de la façon dont le Canadien a perdu vendredi, est déjà pas mal odieux.

Entre les lignes

– Avis est lancé à ceux et celles qui croient encore possible une remontée du Canadien en séries. Si l’on considère qu’il faut un minimum de 95 points pour accéder aux séries le Tricolore devra maintenir une fiche de 39-16-5 lors des 60 prochains matchs pour y arriver...

– Le Canadien a une fiche de 2-11-0 quand il accorde le premier but du match...

– Le Canadien a perdu 17 des 19 matchs (2-15-2) au cours desquels il s’est retrouvé avec un recul d’un petit but à combler...

– Non seulement le Canadien n’a pas encore gagné (0-14-0) cette saison quand il s’est retrouvé en déficit de deux buts dans un match, mais il n’a pas encore réussi à combler un recul de deux buts jusqu’ici cette saison...

– Le Canadien a accordé 28 buts lors de 16 matchs au cours des cinq premières minutes d’une période jusqu’ici cette année : neuf fois en première période, 10 en deuxième, sept en troisième et deux fois en prolongation. Il n’a gagné qu’une fois lors de ces 16 parties (1-13-2)...

Nick Suzuki n’a toujours pas marqué sur la route cette saison. De fait, il n’a récolté que quatre passes en 11 rencontres disputées loin du Centre Bell où il a marqué quatre buts et récolté 10 points en 11 matchs...

– Inversement, Anderson a marqué les cinq buts à sa fiche et récolté neuf de ses 10 points sur des patinoires ennemies...