MONTRÉAL - La séquence qui a mené au premier but du match qui opposait le Canadien aux Penguins jeudi soir illustre à merveille l’affreux début de saison du Tricolore.

 

Je ne fais pas référence à l’éblouissant échange de rondelle entre Bryan Rust et Jake Guentzel qui ont mystifié la défensive du Canadien et impressionné leur capitaine qui n’a eu qu’à tirer dans un filet désert pour marquer son premier but de la saison et le premier de ses Penguins qui allaient en ajouter cinq autres.

 

Je fais référence à l’entrée en zone des Penguins que Jeff Petry et Brendan Gallagher ont bousillée pour aussitôt offrir à Crosby et ses deux ailiers la chance d’aller marquer à l’autre bout de la patinoire.

 

Petry a connu un autre match affreux jeudi. Son différentiel de moins-3 – Ben Chiarot son partenaire a terminé à moins-4 – en témoigne d’une manière presque gênante. Petry a complètement raté sa passe en direction de Gallagher qui, comme ses compagnons de trio Jake Evans et Artturi Lehkonen, a été pris les deux patins ancrés dans la ligne bleue. Petry et Gallagher ont amorcé des replis, mais le premier est tombé en cours de route et le deuxième a manqué de vitesse pour rejoindre Crosby qui a marqué sous leurs yeux.

 

Je veux bien croire que le Canadien soit décimé par les blessures. Mais même avec un Carey Price au sommet de son art devant le filet, même avec Shea Weber sur le banc, Joel Edmundson à la gauche de Petry à la place de Chiarot et tous les autres blessés en uniforme, Crosby aurait quand même marqué sur ce jeu tant Petry et Gallagher leur ont facilité le travail.

 

Et comme ce but a été marqué 216 secondes seulement après le début de la partie – ou 3 min 36 s si vous préférez – la fatigue associée à une surutilisation en raison des blessures ne peut être avancée comme explication d’un pareil fiasco en matière d’exécution.

 

Le Canadien a accordé ce but pour les mêmes raisons qu’il est rendu à 15 défaites après 19 matchs, dont 13 en temps réglementaires. Pour les mêmes raisons qu’il a maintenant encaissé sept revers en 10 matchs devant ses partisans qui ont été témoins d’un deuxième jeu blanc infligé à leurs favoris – les Penguins ont gagné 6-0 – après celui de 5-0 réalisé par les Sharks lors de leur escale au Centre Bell du 19 octobre dernier.

 

Parce qu’il joue mal. Parce qu’il joue très mal.

 

Parce qu’il multiplie les mauvaises passes, les revirements et les mauvaises décisions autant dans les phases offensives que défensives du jeu.

 

Jamais je ne croirai que des athlètes professionnels aiment se vautrer dans la défaite. Jamais je ne croirai qu’ils peuvent vraiment prendre des moyens pour perdre.

 

Mais de la manière dont le Canadien joue depuis le début de la saison, de la façon dont il s’éteint dès que les choses deviennent difficiles sur la patinoire, on jurerait que les joueurs du Tricolore sont résignés à perdre.

 

On dirait même qu’ils se complaisent dans la défaite tant ils s’enlisent au lieu d’offrir quelques signes laissant croire qu’ils peuvent s’en sortir. Peut-être justement parce qu’ils se croient incapables de s’en sortir.

 

Recul de deux buts, match terminé

 

Sur les talons dès la mise en jeu initiale, le Canadien s’est retrouvé sur le derrière une fois en arrière 0-1. Débarqués à Montréal au 32e et dernier rang de la LNH avec seulement cinq buts marqués en 50 attaques massives depuis le début de la saison – les absences de Crosby et de Malkin devaient bien se faire sentir quelque part – les Penguins ont su profiter de leur premier et seul avantage numérique du match pour doubler leur avance.

 

À 0-2, le match était terminé.

 

ContentId(3.1397667):Canadiens : Penguins 6 - Canadiens 0 (LNH)
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Du moins statistiquement. Car oui : le Canadien n’a pas encore gagné cette année (0-12-0) lorsqu’il se retrouve avec un recul de deux buts à combler. Il n’a pas encore gagné (0-11-2) dans le cadre des 13 matchs au cours desquels il a été victime deux buts consécutifs à ses adversaires.

 

Et comme les Penguins se sont offert un troisième but dans les dernières secondes du premier tiers, les chances de remontées passaient de très faibles à nulles.

 

Les partisans les plus optimistes trouveront un brin, juste un, et il est bien petit, de réconfort dans le fait que le Canadien a donné signe de vie en début de période médiane.

 

Mais pendant que le Canadien n’arrivait pas à profiter des occasions créées en début de période médiane pour marquer, les Penguins ont inscrit un quatrième but sur leur première véritable occasion du deuxième tiers.

 

À partir de ce moment, la seule inconnue devenait le score final favorisant les Penguins.

 

Et attention : loin de moi l’intention de diminuer la valeur des Penguins. Mais cette équipe privée d’Evgeni Malkin depuis le début de la saison, cette équipe qui a vu plusieurs de ses joueurs, dont le capitaine Sidney Crosby, être foudroyés par la COVID n’a rien à voir avec l’équipe qui a soulevé la coupe Stanley deux années consécutives en 2016 et 2017.

 

Comme l’a candidement reconnu Kristopher Letang, les Penguins cherchent encore leur vitesse de croisière. « Les choses s’améliorent. On commence à trouver notre rythme, mais on joue à environ 75 à 80 % de notre rendement optimal en ce moment. On a évité le pire depuis le début de la saison en jouant du hockey très solide en défensive. On a retrouvé notre touche offensive graduellement », a indiqué le défenseur québécois qui a récolté sa neuvième passe et son dixième point en 12 rencontres, jeudi, face au Canadien.

 

Pourquoi rappeler Caufield?

 

Rappelé du club-école où on voulait pourtant le voir se développer parce que Mike Hoffman est blessé et que l’attaque du Canadien est anémique, Cole Caufield a donné aux partisans du Tricolore de très rares moments de réjouissance jeudi soir.

 

Le mot réjouissance est peut-être même un peu fort.

 

Le petit attaquant a effectué une présence remarquée et appréciée en début de période médiane. Une séquence au cours de laquelle il a obtenu une occasion de marquer.

 

Mais en 20 présences effectuées en compagnie de Nick Suzuki et Tyler Toffoli, Caufield a obtenu un tir, a raté la cible une fois et a terminé le match avec un différentiel de moins-3.

 

Je comprends que le Canadien peine à marquer des buts. Mais après avoir convenu que la présence trop rapide de Jesperi Kotkaniemi avec le grand club a miné son développement, pourquoi diable semble-t-on prêt à faire la même erreur avec Caufield?

 

Son renvoi dans les mineures était non seulement justifié, mais il était nécessaire pour lui permettre d’apprendre à marquer des buts à un niveau supérieur que celui des rangs collégiaux où il a connu tant de succès.

 

Ce n’est pas quelques matchs passés avec le Rocket qui serviront de véritable tremplin au jeune homme. Surtout si l’état-major décide de multiplier ses renvois dans les mineures et ses rappels avec le grand club sans qu’il soit possible de vraiment dresser des bilans exhaustifs justifiant autant les rappels que les renvois.

 

Si le Canadien tient vraiment à profiter de l’absence de Hoffman et de la disette offensive de l’attaque qui a marqué deux buts ou moins dans 15 des 19 matchs disputés jusqu’ici cette saison pour donner une autre chance à Caufield, qu’on lui offre sept, huit, dix parties pour faire ses preuves.

 

Mais s’il se contente d’impressionner le temps d’une ou deux présences comme il l’a fait jeudi, si les aspects négatifs dans son jeu sont plus lourds que les aspects positifs, qu’on lui donne la saison complète dans la ligue américaine pour qu’il puisse s’y installer, y devenir à l’aise et réussir à faire ce qu’il sait faire de mieux : marquer des buts avec régularité.

 

Lorsqu’il sera en mesure de le faire dans la Ligue américaine, ses chances d’y arriver ensuite dans la grande ligue seront meilleures.

 

Norlinder : Montréal ou la Suède?

 

J’avais hâte de voir Mattias Norlinder à l’œuvre. Le Suédois a un talent offensif certain. Il a un bon coup de patin, une bonne vision et une capacité évidente à appuyer l’attaque.

 

Pour les mêmes motifs avancés dans le cas de Caufield, c’est à Laval, avec le Rocket, que Norlinder devrait s’astreindre à une transition bénéfique entre la première ligue en Suède et la LNH.

 

Mais comme les choix dans son cas se limitent au Canadien ou à son club de Frölunda, dans sa Suède natale, peut-être qu’il vaudrait mieux lui permettre de prendre un peu plus de maturité dans un contexte beaucoup moins toxique que celui dans lequel les joueurs du Canadien s’enlisent au fil des défaites qu’ils encaissent.

 

Primeau doit gagner à Laval

 

Ce qui est vrai, à mes yeux en tout cas, pour Cole Caufield et Mattias Norlinder l’est également pour Cayden Primeau.

 

Après une solide performance dans le revers de 3-2 encaissé mardi, au Madison Square Garden, aux mains des Rangers, Primeau a été victime de cinq buts sur les 31 tirs obtenus par les Penguins au cours des deux périodes qu’il a disputées.

 

Primeau n’a pas été mauvais. Loin de là. Il n’a pas accordé de mauvais but. Il a même réalisé quelques arrêts solides. Mais il était non seulement normal, mais souhaitable, de le sortir des griffes des Penguins après deux périodes.

 

Si l’avenir du Canadien devant le filet repose bel et bien que les jambières de Cayden Primeau, il faudrait laisser à Samuel Montembeault le rôle ingrat de gardien numéro trois de l’organisation et laisser à Primeau tout le temps nécessaire pour devenir un gardien de la LNH un jour.

 

Entre les lignes

 

  • Brendan Gallagher a atteint le plateau des 600 matchs en carrière dans la LNH. Il est toujours en quête de son 191e but avec le Canadien, but qui lui permettra de rejoindre Saku Koivu au 27e rang dans l’histoire du Tricolore...

 

  • Le Canadien a été dominé 43-24 au chapitre des tirs cadrés et 67-50 au chapitre des tirs tentés...

 

  • Christian Dvorak a raté une occasion en or en première période lorsqu’il décoché un tir de l’enclave à une quinzaine de pieds du filet défendu par Tristan Jarry. L’ennui pour Dvorak, c’est qu’il n’est pas même passé proche d’atteindre la cible...

 

  • Dvorak s’est toutefois repris au cercle des mises en jeu où il a gagné huit des neuf duels qu’il a disputés...

 

  • Parlant des mises en jeu, elles représentent l’une des rares bonnes nouvelles pour les partisans du Canadien dans le cadre du match de jeudi. Pas que le Tricolore ait été très fort. Car en dépit les succès de Dvorak (89 %), le Canadien a terminé la partie avec une efficacité collective de 45 %. Mais comme les juges de ligne n’ont déposé que 40 mises en jeu, la partie s’est déroulée à vive allure. On se console comme on peut...

 

  • En passant, ces 40 mises en jeu représentent le plus faible total de la saison. Après 19 matchs, le Canadien a disputé en moyenne 55 mises en jeu et les deux matchs les plus longs ont été ralentis par 67 duels...