MONTRÉAL - Carey Price l’avait déclaré avec une franchise qui n’avait d’égal que son flegme habituel : « Pour battre les Penguins, il faudra jouer au-dessus de nos têtes, et ça commencera par moi devant mon but. »

 

Price a tenu promesse. Et comment!

 

Fort d’une séquence parfaite de 22 arrêts, Price a blanchi les Penguins de Pittsburgh 2-0 pour propulser le Canadien en séries éliminatoires. Les vraies de vraies séries, et pas seulement la ronde de qualification à laquelle Price et ses coéquipiers ont été invités parce qu’il fallait 24 clubs pour mener à bien le plan de relance de la LNH. Des vraies séries auxquelles le Canadien prendra part pour la première fois en trois ans et la deuxième seulement lors des cinq dernières années.

 

On va se le dire : le Canadien et son gardien devaient servir de chair à canon dans le cadre de cet affrontement face aux Penguins.

 

Les voilà rentrés du front les bras meurtris, mais victorieux.

 

Une victoire que l’on doit attribuer aux prouesses du gardien?

 

Bien sûr! Du moins en partie.

 

N’en déplaise à ses détracteurs à qui il vient de couper le sifflet, Price a été parfait dans le match décisif. C’était la troisième fois qu’il signait un jeu blanc dans le cadre d’un match décisif en séries depuis le début de sa carrière. Jacques Plante est le seul gardien de l’histoire du Canadien qui en revendique plus avec... quatre!

 

C’était aussi son sixième jeu blanc en séries.

 

Aux 22 arrêts réalisés vendredi, Price en a ajouté 104 lors des trois premiers matchs, dont 39 lors de la première partie. Une partie que le Canadien a gagné 3-2 en prolongation. N’eût été nombreux arrêts cruciaux de Price dans les premières minutes du match disputé samedi dernier, Jeff Petry n’aurait jamais eu l’occasion de marquer le but de la victoire en prolongation, car il n’y aurait jamais eu de prolongation.

 

« Je considère que nous avons disputé notre meilleure partie de la série lors du premier affrontement. L’attaque massive avait connu des difficultés – un but en sept occasions avec 10 tirs dirigés sur la cage du Canadien – mais c’est le match que nous avons le plus dominé sans arriver à le gagner parce que nous avons été incapables de déjouer Price », a souligné l’entraîneur-chef des Penguins Mike Sullivan après l’élimination surprise de son équipe.

 

Price a donné le ton, ses coéquipiers l’ont imité

 

Pierre d’assise du Tricolore, Price a fait plus que sa part dans les quatre matchs qu’il a disputés. Ses statistiques le démontrent avec éloquence alors qu’il a stoppé 126 des 133 tirs qu’il a reçus pour une efficacité exceptionnelle de 94,7 %. Sa meilleure en carrière dans le cadre d’une série. Les sept buts qu’il a accordés lui permettent aussi d’afficher une moyenne de 1,67 but accordé par rencontre.

 

Déjà plus qu’impressionnantes ces statistiques ne révèlent pas toute la vérité sur le niveau de difficulté de plusieurs des arrêts qu’il a exécutés et sur les moments cruciaux au cours desquels ils ont été réalisés.

 

Mais attention!

 

Aussi bon Price a pu être, et simonac qu’il l’a été, son équipe a joué de l’aussi bon hockey... Ou presque.

 

Price a donné le ton. C’est clair. Il a gardé les buts au-dessus de sa tête, mais ses coéquipiers l’ont imité.

 

À commencer par Weber, Chiarot et Petry qui ont été rien de moins qu’impériaux en territoire défensif en plus de contribuer avec générosité à la production offensive.

ContentId(3.1370631):LNH : Shea Weber marque, le CH élimine les Penguins! (hockey)
bellmedia_rds.AxisVideo

 

Brett Kulak a été plus qu’honnête alors qu’on n’attendait pas grand-chose de ce défenseur qui a dû composer avec la COVID-19 au lieu de patiner avec ses coéquipiers lors de la première moitié du camp d’entraînement.

 

Xavier Ouellet et Victor Mete? Bien honnêtement, on s’attendait au pire. Vraiment. Même chose pour le quatrième trio. Je veux bien que la présence de Max Domi au centre rehaussait un brin ou deux la valeur de ce trio de soutien, mais le fait qu’il était jumelé à des ailiers de la Ligue américaine n’augurait rien de bon.

 

On va se le dire : il est souvent arrivé que le quatrième trio et le troisième duo d’arrières connaissent des sorties laborieuses. C’était même inquiétant par moments. Mais le pire a été évité. Ce qui a grandement contribué à la victoire du Canadien.

 

Quant aux membres des trois premiers trios, ils ont tout simplement éclipsé leurs rivaux des Penguins. Quand on considère que Nick Suzuki et Jesperi Kotkaniemi qui ne comptaient pas le moindre match d’expérience en séries dans la LNH se sont surpassés au point d’être promus au sein des premier et deuxième trios, on n’a pas le choix d’être impressionné par ces deux jeunes.

 

Quand on considère que Phillip Danault et tous les ailiers qui se sont succédé sur ses flancs ont trouvé le moyen de frustrer Crosby, Malkin, Letang et les autres tireurs d’élite des Penguins, on n’a pas le choix que de s’incliner devant l’ampleur de l’exploit réalisé par le Canadien au cours des quatre derniers matchs.

ContentId(3.1370629):LNH : Artturi Lehkonen inscrit enfin un but dans le match (hockey)
bellmedia_rds.AxisVideo

 

« Pas assez bons pour gagner! »

 

Que Carey Price multiplie les arrêts devant son filet, qu’il vole des buts ici et là, qu’il vole un match peut-être deux, les Penguins s’y attendaient un peu.

 

Comme tout le monde.

 

Mais que la défense du Canadien menée par le capitaine Shea Weber et que l’attaque bien timide du Tricolore trouve le moyen de non seulement éteindre les Penguins, mais marque plus de buts, cela représente une surprise bien plus grande que la présence du Canadien en séries.

 

Cet appui massif du reste de l’équipe explique tout autant que les performances de Carey Price le fait que le Canadien affrontera, en première ronde des séries, le gagnant de match qui opposera, dimanche, le Lightning de Tampa et les Flyers de Philadelphie puisque le vainqueur héritera de la première place dans l’Association Est.

 

« Nous avons eu nos moments, mais nous n’avons pas été assez bons pour les battre », a simplement analysé Sidney Crosby.

 

« Carey a été très bon. Nous savions qu’il le serait. Mais dans une courte série trois de cinq, les choses vont vite. On a eu des poteaux ce soir. Lors du troisième match, on avait une avance de 3-1 et on l’a échappée. On a très bien joué lors du premier match, mais on l’a perdu. Cette défaite a fait très mal. En série, tu dois être meilleur au fur et à mesure que la série avance. On ne l’a pas été. On n’a pas été assez bons pour gagner alors qu’ils – les adversaires du Canadien – ont fait un tas de bonnes choses », a ajouté le capitaine des Penguins.

 

À l’image de ses coéquipiers, Kristopher Letang a été incapable de percer la défensive du Canadien à un bout de la patinoire et il a eu les mains pleines dans son territoire lors des assauts incisifs du Tricolore.

 

« Le Canadien a un gardien exceptionnel, mais cette équipe possède aussi un très bel équilibre. La structure est excellente et il est clair que les joueurs l’achètent, car ils l’appliquent très bien. On savait qu’ils allaient protéger leur zone et attendre nos erreurs pour se lancer à l’attaque. On savait qu’ils joueraient le genre de match ou il faut un but pour gagner. Ils ont très bien joué », a poursuivi Kristopher Letang.

 

La fin d’une époque à Pittsburgh?

 

Pendant que le Canadien prolonge son séjour dans la bulle, les Penguins retournent bredouilles à Pittsburgh où les collègues se posent de sérieuses questions.

 

Cette équipe qui a soulevé la coupe Stanley deux saisons de suite en 2015-2016 et 2016-2017 a encaissé samedi une neuvième défaite lors de ses 10 derniers matchs de séries, qu’elles soient éliminatoires ou de qualification.

 

Des performances qui poussent les collègues à se demander si, alors que Sidney Crosby a célébré dans la défaite de samedi son 33e anniversaire de naissance, que Kristopher Letang et Evgeni Malkin approchent eux aussi la mi-trentaine, la fenêtre d’opportunité des Penguins n’est pas en train de se refermer.

 

« Je crois au noyau de mon équipe. Nos avons encore beaucoup de talent et notre réservoir – d’énergie – est plein. On doit simplement être meilleurs que nous l’avons été dans cette série. C’est tout », a plaidé Kristopher Letang.

 

« Personnellement, j’aimerais simplement pouvoir être en santé sur une longue période. Ça fait une saison et demie que les blessures m’obligent à rater plusieurs matchs. Il est plus difficile de trouver et de maintenir le rythme nécessaire pour connaître du succès. C’est bien plus une question de santé qu’une question d’âge », a renchéri Sidney Crosby.

 

Le capitaine des Penguins n’avait disputé que 41 des 69 parties de son équipe lorsque la Covid-19 a forcé la LNH à interrompre sa saison.

 

Le début d’une autre?

 

Les questions légitimes associées aux récents insuccès des Penguins en séries pourraient être balayées du revers de la main pas plus tard que lundi soir prochain. Car maintenant qu’ils sont éliminés, les Penguins sont l’une des huit formations – les Rangers, les Oilers, les Predators, les Panthers et les Jets sont déjà en lice alors qu’on attend les perdants des séries Toronto-Columbus et Vancouver-Minnesota pour compléter le tableau – qui auront 12,5 % de chances de gagner la loto Alexis Lafrenière lors du tirage.

 

Quinze ans après avoir gagné la loterie Sidney Crosby, il serait phénoménal de voir les Penguins gagner le gros lot dans le cadre du repêchage une fois encore.

 

On verra!

 

« Carey est dans sa zone »
ContentId(3.1370625):Canadiens : Tristan Jarry vole Brendan Gallagher avec la mitaine (hockey)
bellmedia_rds.AxisVideo