Après un été fort médiatisé à la suite de l’acquisition du Québécois Jonathan Drouin par le Canadien de Montréal, surtout que l’organisation l’a présenté comme son futur joueur de centre de concession, le jeune attaquant est en voie de connaître une saison d’à peine 13 buts et 43 points. La moitié de ces points ont été récoltés sur l’avantage numérique.

Le fait que Drouin n’a pas éclos cette saison a laissé les partisans sur leur faim. Cependant, je crois que cela est davantage imputable aux attentes mises en place par le Canadien qu’au jeu de Drouin.

Drouin est à l’origine de beaucoup de buts sur l’avantage numérique, mais il n’a pas été en mesure de faire de même à forces égales depuis le début de sa carrière. Le muter au centre, poste où il doit avoir un plus gros impact à égalité numérique, sans même aborder les responsabilités défensives ajoutées, lui a nui.

Jonathan Drouin - stats avancées - offensive

Même si les résultats ne sont pas au rendez-vous, Drouin se classe deuxième chez le Canadien quant à son implication à l’égard des chances de marquer générées à égalité numérique. Seul Brendan Gallagher fait mieux chez le Tricolore à ce chapitre, alors que Drouin et Alex Galchenyuk sont pratiquement ex aequo, créant respectivement 7,3 et 7,28 chances de marquer pour 20 minutes de jeu cette saison. Ces deux moyennes sont bien en deçà des 9,03 enregistrées par Gallagher, mais ce sont des données offensives très respectables au niveau de la LNH.

En décortiquant la production de chances de marquer de Drouin pour chaque mois selon la situation donnée, nous pouvons voir où il a excellé comparativement à ses coéquipiers.

Drouin est fréquemment la plus grande menace sur l’avantage numérique du Canadien. Les résultats sont au rendez-vous cette saison, comme ça a été le cas pour lui lors de la campagne précédente. Ainsi, je ne pense pas qu’il y ait matière à analyser davantage son travail dans cette facette du jeu. Nous savons déjà à quel point il y est bon.

À forces égales, malgré une année avec des hauts et des bas, il a produit plus de chances de marquer que la moyenne de l’équipe tous les mois, sauf pour un seul. Pour une raison quelconque, il a eu beaucoup d’ennuis en février. Pour un joueur n’évoluant pas à un poste lui étant familier, au cours d’une année où sa production n’a rien d’exceptionnel, c’est une bonne nouvelle.

Toutefois, une chose est évidente lorsque vous observez attentivement Drouin. Bien qu’il fonce au filet lorsqu’il y a une ouverture, il préfère plutôt demeurer en périphérie et y exécuter ses jeux, ce qui est le cas de nombreux joueurs de centre. Drouin n’a généralement pas un grand impact sur les chances de marquer à haut risque générées et son jeu défensif a causé bien des soucis.

Plions-nous au même exercice en décortiquant la saison de Drouin mois par mois. Ainsi, nous pouvons analyser comment le Canadien se débrouille quant aux chances de marquer à haut risque générées et accordées lorsqu’il est sur la glace comparativement à quand il est sur le banc. Lorsque les chiffres sont négatifs, cela signifie que Drouin fait moins bien que la moyenne de l’équipe.

Jonathan Drouin - stats avancées - sur la glace

En octobre, si vous vous souvenez, Drouin a été brillant alors que le Canadien a entamé la saison en accumulant les défaites. Il semblait jouer à la hauteur des attentes à son égard, s’il ne les surpassait pas. Depuis, le Canadien  se fait constamment écraser pour ce qui est de la qualité des tirs lorsque Drouin est sur la glace.

La principale raison de ce phénomène est son jeu défensif poreux. Drouin n’a pas véritablement compensé son mauvais jeu défensif en s’impliquant davantage à l’attaque quant aux chances de marquer à haut risque générées à forces égales, et ce, malgré d’excellents chiffres cumulés en zone offensive en début de campagne.

Contrairement à ce que certains experts aiment avancer pour expliquer les ennuis défensifs de Drouin, ceux-ci n’ont rien à voir avec un manque d’effort ou d’engagement. Drouin est davantage impliqué dans sa zone défensive cette saison qu’à tout autre moment de sa carrière. Comme ce fut le cas pour Alex Galchenyuk avant lui, il est souvent pris hors position, car il pense d’abord à l’attaque. À l’exception des batailles à un contre un, le positionnement de Drouin laisse à désirer. Comme il l’a admis cette saison, se mesurer à d’imposants joueurs de centre tous les soirs est plus épuisant que ce qu’il anticipait, ce qui l’a mené à faire des erreurs.

Étonnamment, malgré tout le battage médiatique autour des faiblesses défensives de Galchenyuk lorsqu’il évoluait au centre, le Canadien accordait 0,52 chance de marquer à haut risque en plus pour chaque tranche de 60 minutes de jeu lorsque l’Américain était sur la glace. Bien que ce chiffre ne soit pas bon, lorsque Drouin joue au centre, le Canadien accorde 1,13 chance de marquer à haut risque en plus que lorsqu’il n’est pas sur la patinoire pour chaque tranche de 60 minutes de jeu.

Je ne serais pas surpris qu’une grande part de l’explication réside dans le fait que Douin et Galchenyuk ont évolué ensemble pendant une bonne portion de la saison. En combinant leurs faiblesses en défensive, cela a empiré les choses. Au premier coup d’œil, il semble que placer Drouin au centre a été moins concluant que Galchenyuk d’un angle défensif. Drouin a également moins bien fait à l’attaque.

Cela ne signifie pas que Drouin ne sera jamais un centre. Au cours du dernier mois et demi, il semble s’être amélioré. Comme il l’a mentionné, cet été, son programme d’entraînement se concentrera probablement sur des facettes qu’il sait qu’il doit améliorer après avoir évolué une année au centre. La réalité demeure que Drouin a toujours été un ailier.

Muter Drouin au centre le vouait initialement à l’échec. Pour obtenir le meilleur de Drouin, il n’est pas recommandé de continuer à prétendre qu’il deviendra un centre fiable dans les deux sens de la patinoire.