Le Canadien de Montréal ne connaît pas une saison à la hauteur des attentes et l’une des déceptions chez le Tricolore est le rendement offensif de Max Pacioretty. Le capitaine est en voie de connaître une saison d’à peine 20 buts, lui qui n’a d’ailleurs inscrit qu’un seul filet à ses quinze dernières parties.

Pourtant, il avait inscrit un total de 141 buts lors des quatre saisons précédentes, soit une moyenne d’approximativement 35 filets par année. Pacioretty a la réputation d’être l’un des meilleurs francs-tireurs de la LNH, mais pour une raison quelconque, il n’est pas en mesure de toucher la cible cette saison.

Peu importe son rendement sur la patinoire, Pacioretty est condamné à être jugé sur la seule foi de son nombre de buts inscrits en raison de cette même réputation. Son apport sera toujours de marquer des filets avant toute chose, car il a l’ADN d’un marqueur né. Cette année, il compte deux fois moins souvent au moment de décocher un lancer.

Alors, comment expliquer que Pacioretty ne noircit pas aussi souvent la feuille de pointage?

Les taux de tirs convertis en buts de Pacioretty

Les statistiques avancées révèlent que Max Pacioretty n'arrive pas à tromper les gardiens de loin cette saison, ce qui explique que sa production offensive soit en baisse. En effet, sept de ses huit buts inscrits cette année le furent depuis le bas de l'enclave.

Près de la moitié des buts aujourd’hui inscrits dans la LNH le sont depuis le bas de l’enclave, car le tireur y bénéficie d’un angle de tir optimal pour déjouer la vigilance du cerbère et que le temps de réaction de ce dernier y est minimal. C’est simple, pour espérer marquer avec régularité dans le circuit Bettman, il faut lancer depuis la zone payante.

Tous peuvent marquer depuis l’enclave et seuls les joueurs d’exception sont capables de compter depuis une bonne distance. C’est ce qui leur permet de ressortir du peloton.

La précision et la vélocité du lancer du poignet de Pacioretty lui permettaient d’appartenir à ce groupe sélect, alors qu’il a déjoué les gardiens adverses depuis une distance médiane de 22,4 pieds en 2016-2017. Cette année, cette distance médiane est d’à peine 7,3 pieds. Ceci signifie qu’il est habituellement trois plus près du filet lorsqu’il décoche un tir menant à un but cette saison.

Autrement dit, le rendement de Pacioretty est extrêmement intéressant lorsqu’il se trouve dans le bas de l’enclave. Même qu’il est plus efficace dans cette zone que par le passé. Paradoxalement, le problème est que cette année Pacioretty est uniquement efficace lorsqu’il se trouve dans cette zone dangereuse, alors que sa marque de fabrique était précisément de pouvoir toucher les cordages depuis presque partout.

Ce qui est une aberration statistique, c’est que Pacioretty n’a toujours pas marqué depuis le haut de l’enclave cette saison. Sachant que près de 25% des buts marqués dans la LNH proviennent du haut de l’enclave, cette situation a de quoi faire sourciller. Surtout que Pacioretty avait inscrit 18 de ses 35 buts depuis cet emplacement la saison dernière.

Comment expliquer ce phénomène? Le lancer de Pacioretty est-il moins rapide ou moins précis?

Pour ce qui est de la précision, ce ne semble pas être le problème dans le cas du numéro 67, alors qu’un taux plus important de ses tirs sont cadrés cette saison comparativement à la campagne précédente.

Pour ce qui est de la vitesse, il est difficile de se prononcer, mais ce pourrait bien être la réponse à la présente problématique. À l’image d’un lanceur au baseball qui n’est plus aussi efficace puisque sa balle rapide a perdu quelques milles à l’heure, le lancer de Pacioretty pourrait également avoir perdu de sa vélocité. Cela donnerait quelques centièmes de secondes supplémentaires pour que les gardiens effectuent les arrêts. Au hockey, tout se déroule très rapidement et la différence entre victoires et défaites s’explique fréquemment en centimètres et en centièmes de seconde.

Tout cela n’est que spéculation toutefois, puisqu’il n’y a pas de radar (comme au match des étoiles) permettant de quantifier la vitesse des lancers des joueurs lors des parties, comme ils tirent depuis n’importe quel angle, contrairement à un lanceur qui s’élance forcément depuis le monticule. De même, cette différence de quelques milles à l’heure n’est pas perceptible à l’œil nu depuis un téléviseur.

Une autre hypothèse pourrait être que sa prise de décision est plus lente avant de dégainer, ce qui accorde plus de temps aux cerbères pour se positionner et bien couvrir l’angle de tirs.

Peu importe, lorsqu’un joueur ne parvient pas à marquer depuis le bas de l’enclave, il est facile de prédire que les choses finiront par se replacer d’elles-mêmes. Par contre, lorsqu’un joueur n’arrive pas à marquer de loin, comme c’est présentement le cas de Pacioretty, la situation se veut plus préoccupante.

Il peut s’agir d’une simple aberration statistique qui finira par se replacer par la force des choses, ou cela peut cacher un problème alarmant. Seul le temps nous le dira, mais espérons pour le Canadien qu’il ne soit question que d’une anomalie statistique. S’il veut se tailler une place en séries éliminatoires, le Tricolore aura cruellement besoin que son capitaine soit au sommet de son art.