BUFFALO – Pendant que le débat entourant l’identité du joueur sur qui le Canadien arrêtera son choix avec la toute première annonce du repêchage fait rage, on parle peu du fait que le club hôte de l’événement prendra le micro à d’autres moments potentiellement très payants de l’exercice.

Le directeur de la Centrale de recrutement de la LNH, Dan Marr, affirmait en fin de semaine dernière que le repêchage 2022 pourrait réserver de belles surprises aux équipes qui parleront à la fin de la première ronde. « Si vous avez le luxe de détenir plus d’un choix, les chances sont bonnes pour que vous puissiez mettre la main sur un joueur que vous n’attendiez plus aussi loin. Je sais qu’on le répète souvent, mais c’est vrai. [...] C’est une cuvée profonde pour la première ronde. Elle n’a pas de ce genre de joueur qu’on ne voit qu’une fois aux dix ans, mais elle produira plusieurs joueurs étoiles. »

Alors voilà qu’en guise de compensation pour le départ de Tyler Toffoli à Calgary, le CH détient le 26e droit de parole de la première journée de l’encan. Il sera aussi le premier à parler le lendemain alors qu’il baptisera la deuxième ronde avec la 33e sélection. À moins qu’il ne décide de monnayer ces atouts pour améliorer sa place dans la file d’attente?

En gardant tous ces scénarios en tête, voici quelques joueurs qui pourraient être ciblés par Jeff Gorton, Kent Hughes et leur équipe de recruteurs lors de leur deuxième (ou même troisième) passage sur l’estrade du Centre Bell.

Rutger McGroarty
Centre, programme de développement américain
Gaucher | 6 pi 1 po| 200 lbs  

Plusieurs joueurs de centre pourraient être disponibles en fin de première ronde, une avenue qui s’avérerait d’autant plus intéressante pour le Canadien s’il devait opter pour un ailier ou un défenseur avec son premier choix. Du lot, McGroarty est celui qui revient le plus régulièrement autour du 26e rang dans les différentes listes consultées sur le web.

« C’est un attaquant de puissance avec un tir très puissant et son habileté à créer des jeux s’est beaucoup améliorée durant l’année. C’est un joueur très intelligent aussi », nous confie un recruteur.

McGroarty était le capitaine des États-Unis au Championnat du monde des moins de 18 ans, où il a inscrit huit buts en six matchs. Il a aussi produit un total de 35 buts avec le programme national de développement en 2021-2022. Son coup de patin est considéré comme son principal point faible, « mais je crois qu’un jour on parlera de moi comme d’un très bon patineur. Je suis facile à diriger et je n’ai pas peur d’investir les efforts nécessaires pour m’améliorer », a-t-il dit au récent camp d’évaluation des espoirs de la LNH.

Il jouera avec les Wolverines de l’Université du Michigan la saison prochaine.

Jiri Kulich
Centre, HC Energie Karlovy Vary
Gaucher | 6 pi | 172 lbs  

Kulich, qui vient à peine de fêter ses 18 ans, a connu une progression fulgurante au cours de la dernière année. Dans son classement de mi-saison, la Centrale de recrutement de la LNH le voyait comme le 22e meilleur espoir à évoluer sur le Vieux Continent. Sur la version finale de cette liste, le jeune Tchèque avait bondi jusqu’au 13e rang. Puis est arrivé le Mondial des moins de 18 ans et les prévisions ont encore une fois dû être ajustées.

Pour une sélection tchèque qui a échoué au pied du podium, Kulich a inscrit neuf buts, dont un tour du chapeau contre le Canada, et onze points en six matchs. Son rendement lui a valu d’être nommé le joueur par excellence du tournoi.

« Avant le tournoi, j’aurais parié qu’il aurait été disponible [au 26e rang]. Maintenant, je m’attends à ce qu’il monte dans le top-20 », nous prédit un évaluateur.

Au Mondial, Kulich a marqué sept de ses neuf buts en avantage numérique. Outre son tir puissant et précis, on vante son acharnement et son intelligence dans sa prise de décision.

Owen Beck
Centre, Steelheads de Mississauga
Droitier | 6 pi | 185 lbs  

Les lectures que l’on a trouvées sur Beck seraient probablement classées dans le rayon « grande littérature » dans la bibliothèque de Martin St-Louis.

Quelle est l’une des principales qualités que l’entraîneur-chef du Canadien a répété vouloir retrouver chez ses joueurs depuis son entrée en poste en février dernier? La capacité à effectuer la meilleure lecture de jeu dans une situation donnée et à exécuter le jeu que celle-ci exige. Beck, apparemment, a la tête de l’emploi.

Sur The Hockey Writers en mars : « Il assimile ce qu’il voit à un rythme très élevé et peut prendre des décisions en une fraction de seconde. C’est un féroce compétiteur qui a toujours une fraction de seconde sur l’adversaire quant à la prochaine décision qu’il prendra. »

Sur Recruit Scouting en avril : « Sa capacité à lire le jeu en transportant la rondelle en zone offensive est très impressionnante. [...] Sa prise de décisions est l’une de ses forces. Combiné à sa vision, elle lui permet de constamment envoyer la rondelle où elle doit aller. C’est un atout qui le mènera assurément vers la LNH. »

Sur Dobber Prospects en avril : « Il a de bonnes mains et démontre la volonté d’attaquer un défenseur à 1-contre-1 si de meilleures options ne s’offrent pas à lui. À mesure que la saison progressait, il a appris ne pas précipiter sa prise de décisions avec la rondelle. [...] Et peut-être que sa plus grande qualité est qu’il est capable de mettre à profit tous ses atouts à une vitesse élevée. »

Si Nick Bobrov et Martin Lapointe ont consulté leur entraîneur avant de faire leur liste, on peut croire que le nom de Beck pourrait y occuper une place de choix.

Liam Öhgren
Ailier gauche, Djurgardens IF
Gaucher | 6 pi 1 po | 201 lbs  

Entre 2017 et 2020, quatre années qui ont constitué le cœur du règne de Nick Bobrov comme directeur du recrutement européen chez les Rangers de New York, les Blue Shirts ont repêché un total de dix joueurs suédois, dont quatre dans les deux premières rondes. Si le nouveau codirecteur du recrutement amateur du CH décide de lorgner de nouveau vers le royaume scandinave, il devrait avoir l’embarras du choix et Öhgren pourrait être l’option la plus tentante lorsque son tour viendra.

Öhgren a été le capitaine de l’équipe championne au plus récent Championnat du monde des moins de 18 ans. S’il a peiné à se faire justice en première division suédoise avec Djurgardens, il a excellé avec l’équipe réserve avec une récolte de 58 points, dont 33 buts, en seulement 30 parties. En plus de son excellent lancer, on dit de lui qu’il n’a pas peur de se salir le nez pour sauter sur une rondelle libre dans les zones payantes.

On prévoit une grosse année pour le hockey suédois au repêchage. L’ailier droit Jonathan Lekkerimäki, le joueur de centre Noah Östlund ainsi que les défenseurs Mattias Hävelid et Calle Odelius sont d’autres représentants du Tre Kronor qui pourraient tomber dans l’œil du Canadien dans les bonnes circonstances.

Jagger Firkus
Ailier droit, Warriors de Moose Jaw
Droitier | 5 pi 10 po | 154 lbs  

Son gabarit modeste en incitera plusieurs à bouder sa candidature, mais on défie n’importe qui d’aller expliquer ce raisonnement à St-Louis à la table du Canadien les 7 et 8 juillet prochains.

Firkus a été prolifique cette année dans la WHL. Chez les joueurs qui n’avaient pas encore atteint la majorité au début de la saison, seuls Connor Bedard et Matthew Savoie ont fait mieux que ses 80 points en 66 matchs.

« Il ne court pas après la rondelle, il se rend où il devine qu’elle sera », décrivait John William, de la Centrale de recrutement de la LNH, à NHL.com cet hiver. Son tir (36 buts, dont 7 décisifs) et son intelligence sont considérés comme ses plus grandes forces.

Il a certainement gagné du galon au cours de la saison, la Centrale le faisant passer du 33e au 12e rang sur sa liste des patineurs nord-américains.

Le Canadien a semblé viser juste avec plusieurs joueurs de plus petite carrure (Caufield, Mysak, Farrell, Kidney) sous le précédent régime. D’ailleurs, au moment d’écrire ces lignes, Artturi Lehkonen vient d’envoyer son équipe en finale de la coupe Stanley pour la deuxième année consécutive. Il sera intéressant de voir quelle sera la philosophie de Gorton et Hughes à cet égard.

Du bon talent local

Cinq Québécois pourraient, de façon réaliste, être disponibles dans les eaux où le Canadien possèdera deux bouées. Et il y en aura pour tous les goûts, alors les excuses seront plus difficiles à justifier.

Une petite dynamo offensive agile et rapide et créative? David Goyette, un natif de St-Jérôme qui est allé poursuivre son développement en Ontario, reviendrait sans doute au Québec sans se faire prier.

Un joueur de centre responsable, costaud et constant? Nathan Gaucher, des Remparts de Québec, serait un bon candidat.

Un défenseur mobile et intelligent capable de faire circuler la rondelle sur une deuxième paire et, qui sait, mériter du temps sur l’avantage numérique? Tristan Luneau, des Olympiques de Gatineau, ne demanderait que ça.

Un arrière format géant à la fois mobile et méchant dont le potentiel a à peine encore été exploité? Ici vous avez le choix entre Maveric Lamoureux des Voltigeurs de Drummondville ou Noah Warren des Olympiques.

Le Canadien n’a pas repêché un Québécois en première ronde depuis Louis Leblanc, au Centre Bell, en 2009. Refera-t-il le coup 13 ans plus tard?