Si le Canadien a trouvé le grand leader qu’il recherchait en Shea Weber, on peut dire sans l’ombre d’un doute que les partisans du Tricolore ont déjà trouvé leur nouvelle idole en Alexander Radulov.

Radulov, comme dans Radou-Love, ou comme « all you need is love, ra-ra-ra-dou-love » comme le chantaient si bien les Beatles.

Bon! Je m’emporte peut-être un peu.

Mais avec sa fougue et le plaisir évident qu’il affiche dès qu’il pose les patins sur la glace, avec ses cinq mises en échec, avec les deux passes récoltées et le but dans un filet désert qu’il a reçu en guise de remerciement pour tout ce qu’il avait déployé lors des 59 premières minutes du match, Radulov méritait pleinement les cris du cœur que lui ont adressés les fans trois fois plutôt qu’une : lors de la confirmation de son but; lors de la présentation à titre de première étoile du match; lors de l’entrevue qu’il a accordée au collègue et ami Marc Denis sur la patinoire après son tour d’honneur.

Après un «bonsoir!» bien franc que le héros du match a lancé avant d’afficher le sourire radieux du guerrier qui revient vainqueur et bien vivant du champ de bataille, la nouvelle coqueluche du Canadien a eu plus de difficulté à composer avec les « Radu! », « Radu! », « Radu! » scandés par les partisans qu’il en avait eu à contourner les joueurs des Flyers dans le cadre d’un match serré que le Canadien a finalement gagné 3-1.

Toujours à la limite

Radulov a multiplié les bonnes présences face aux Flyers. En fait, il les multiplie depuis le début de la saison alors qu’il semble toujours foncer à la même vitesse : à 100 à l’heure! Et je vous laisse choisir si c’est en milles ou en kilomètres…

Mais au-delà son but et ses deux passes, une séquence de jeu m’a particulièrement impressionné de la part du nouveau meneur de jeu du Canadien. En deuxième période, alors que le Tricolore bourdonnait dans le territoire des Flyers, Radulov a poussé ses adversaires à la faute une première fois, mais les arbitres n’ont pas sévi. Radulov ne s’est pas plaint. Il n’a pas levé les bras et les yeux au ciel. Il s’est simplement contenté de poursuivre le travail. Les Flyers ont fauté une deuxième fois. Et une deuxième fois, les arbitres ont décidé de ne pas sévir. Radulov a continué. Non! Il en a rajouté obligeant les Flyers à fauter une troisième fois. À court d’indulgences, les arbitres ont alors levé le bras et sévi.

Avec une telle détermination affichée lors de cette séquence et de bien d’autres depuis le début de la saison, il n’est pas le moindrement surprenant que Radulov soit déjà autant apprécié dans le vestiaire du Canadien. Encore moins surprenant qu’il soit déjà adulé avec autant de passion par les partisans. Des partisans qu’il salue sans la moindre retenue pendant les célébrations qui suivent les buts du Tricolore.

«Il est comme ça depuis le premier jour où je l’ai vu débarquer à Nashville», a indiqué le défenseur Shea Weber qui a été le coéquipier et le capitaine de Radulov avec les Predators à Nashville.

Trop beau pour durer?

La grande question maintenant : combien de temps Radu pourra-t-il maintenir ce rythme? Car comme il l’a indiqué lui-même après la victoire, il a maintenant 30 ans. Cela fait près de huit ans qu’il n’a pas joué du hockey du calibre de la LNH. Un calibre beaucoup plus élevé que celui qu’il a connu lors de son premier séjour dans la grande ligue avec les Predators de Nashville.

« Je vais sans doute connaître des séquences plus difficiles. Ça ne peut pas toujours aller aussi bien que ça va maintenant, mais je vais toujours donner le même genre d’effort parce que c’est la seule façon que je sais jouer. Que ce soit ici sur la glace, ou dans la rue, je joue pour gagner et je prends les moyens pour y arriver », a lancé Radulov qui comprend très bien et accepte les doutes affichés par de nombreux observateurs en marge des frasques hors patinoire qui ont miné son début de carrière et l’ont contraint à retourner dans sa Russie natale pour y évoluer dans la KHL.

« J’ai fait ce que j’ai fait et je dois vivre avec les conséquences. Mais c’est loin derrière moi. J’ai changé et je tiens à le prouver. Il est normal d’avoir des appréhensions. J’en avais moi-même. J’ai dû attendre très longtemps avant d’avoir la chance de revenir dans la LNH. Je vais donc tout faire pour réussir », a ajouté le nouveau favori des fans du Tricolore.

Des fans qui découvrent, apprécient, voire adulent le joueur que les amateurs de hockey de Québec ont découvert, apprécié et adulé à l’époque où il défendait les couleurs des Remparts.

Des fans qui offrent à Radulov l’énergie nécessaire pour foncer comme il le fait sur la glace. «J’ai toujours aimé l’implication des amateurs de hockey de Québec. Je ne connais pas un endroit au monde où les gens suivent le hockey comme c’est le cas ici. C’est vraiment entraînant.»

L’élan que lui offrent les amateurs de hockey de Québec et du Québec, Alexander Radulov le partage avec ses coéquipiers du Canadien. À la grande satisfaction de l’entraîneur-chef Michel Therrien.

« Son énergie et sa passion ont un impact positif sur le reste de l’équipe, a convenu Michel Therrien qui s’est dit surpris par l’adaptation rapide de son nouveau joueur. On connaissait la passion et l’énergie de Radulov avant de l’obtenir. On se demandait combien de temps il lui faudrait pour s’adapter au hockey d’aujourd’hui. À la vitesse et à l’intensité qui sont beaucoup plus grandes que celles qu’il avait connues. Il s’adapte beaucoup plus vite qu’on l’avait anticipé. »

Embauché à titre de joueur le premier juillet dernier, Alexander Radulov a accepté un contrat d’une saison qui lui rapporte 5,75 millions $. S’il maintient le rythme effréné qu’il affiche depuis le début de la saison, Radulov n’aura aucune difficulté à obtenir une offre de contrat plus généreuse en fait d’années et de millions à Montréal ou ailleurs. Ce qui pourrait peut-être inciter l’état-major du Tricolore à entreprendre les négociations rapidement afin de garantir la présence de Radulov à Montréal. À la grande joie du Tricolore, de ses fans de Montréal et du Québec, particulièrement ceux de Québec.

Encore Weber...

Dans l’ombre d’Alexander Radulov qui a littéralement volé le «show» lundi soir, au Centre Bell, Shea Weber a maintenu le rythme qu’il affiche depuis le début de la saison.

Sans tambour ni trompette, Weber a marqué son 2e but de la saison. Un but un brin chanceux alors que son tir frappé a sectionné le bâton d’un joueur des Flyers avant d’être redirigé à la gauche du gardien Steve Mason qui n’a pas eu le temps de réagir. Weber a aussi récolté sa 5e passe de la jeune saison sur le but gagnant du Canadien. Un but marqué par Brendan Gallagher qui a fait dévier une frappe d’Alexander Radulov lors d’une attaque massive.

Ce but a fait oublier, du moins un peu, les trois premières attaques massives du Canadien. Trois attaques ma foi très passives qui ont soulevé des doutes quant à la stratégie d’utiliser Radulov à la pointe, en compagnie de Shae Weber, en appui aux membres du premier trio.

« Il faudra encore du temps d’ajustement et c’est la raison pour laquelle nous avons décidé de maintenir cette stratégie – plusieurs équipes de la LNH emploient quatre attaquants en première vague de leur attaque à cinq – tout au long du match bien qu’il aurait été facile de revenir à ce que nous faisions avant », a commenté l’entraîneur-chef Michel Therrien après la rencontre.

« Nous devons composer avec de nouveaux effectifs et de nouvelles stratégies. Il est normal que cela prenne un peu de temps. Il faut garder confiance et être patient », a plaidé Weber qui a ajouté deux mises en échec et deux tirs bloqués lors de soirée de travail.

Emelin/Beaulieu

Nouveau partenaire de travail de Shea Weber, Alexei Emelin a su profiter de la récompense offerte par l’état-major. Il a récolté une passe et ses six mises en échec ajoutées à ses trois tirs bloqués ont fait contrepoids aux trois revirements venus entacher son bulletin. «Emelin joue très bien depuis le début de la saison et c’est la raison pour laquelle nous l’avons grimpé au sein du premier duo», a indiqué Michel Therrien après la rencontre.

Loin de moi l’intention de contester le fait qu’on ait voulu récompenser Emelin en lui offrant le luxe de jouer en compagnie de Shea Weber. Je crois toutefois qu’on a aussi – et peut-être surtout – voulu servir un électro-choc à Nathan Beaulieu qui a connu un match ordinaire samedi et qui se sentait peut-être déjà confortablement installé à la gauche du nouveau pilier à la ligne bleue du Canadien.

Peu importe les vrais motifs, Beaulieu a assez bien réagi. Dans un rôle plus défensif qu’il relevait en compagnie de Greg Pateryn, Beaulieu a été moins actif à l’autre bout de la patinoire mais il a quand même bloqué cinq tirs pour venir en aide à Carey Price.

Ce n’est pas parce que son nom arrive sur le tard que Carey Price a connu une soirée facile et/ou ordinaire. Ça non. Déjoué une seule fois sur un tir dévié par Jakub Voracek, Price a réalisé plusieurs bons arrêts sur les 31 qu’il a effectués. Il a été très solide en troisième pour garder son équipe dans la partie d’abord et protéger l’avance ensuite.

Cette performance lui aurait valu une première étoile dans un passé pas si lointain. Mais après le spectacle offert par Radulov et la prestation toujours aussi solide de Weber, Price a dû se «contenter» de la troisième étoile… et d’une autre victoire.

Pas mal comme prix de consolation quand même…

J’ai l’impression que la direction accordera le prochain départ – mercredi à Brooklyn contre les Islanders – à Al Montoya qui croisera l’un de ses anciens clubs. Ça gardera Carey Price frais et dispo pour le match de jeudi alors que Steven Stamkos et le Lightning feront escale au Centre Bell pour la première fois de la saison.