MONTRÉAL – Les oreilles de Rafaël Harvey-Pinard doivent bourdonner depuis le début du camp des recrues du Canadien, où son nom passe d’une discussion à l’autre plus vite qu’une rondelle dans un 2-contre-0 entre Cole Caufield et Nick Suzuki.

Mercredi, le directeur du développement des joueurs Rob Ramage l’a couvert d’éloges. Le lendemain, son nom est sorti tour à tour de la bouche de Joshua Roy et Xavier Simoneau, deux jeunes fraîchement repêchés qui découvrent depuis quelques jours les qualités de leader de leur compatriote.

« Je veux être une éponge à côté de lui, a dit Simoneau jeudi. C’est un modèle pour moi. J’essaie de suivre le plus possible ce qu’il fait. C’est un gars qui travaille tellement fort. »

Jean-François Houle, qui dirige les espoirs et les jeunes invités du CH cette semaine, en a ajouté. « C’est sûr que c’est un modèle, tu le vois tout de suite. Son éthique de travail est impeccable. Il est très intelligent », a remarqué le nouvel entraîneur-chef du Rocket de Laval.

Tout ça s’est rendu aux oreilles de la fierté de Jonquière, qui a accepté les fleurs avec humilité.

« C’est flatteur d’entendre ça. [Roy et Simoneau], ce sont deux gars qui sont un peu plus jeunes que moi, mais je les apprécie déjà, on parle beaucoup. Il y en a un qui était avec moi pour la pratique, Xavier est à côté de moi dans la chambre. C’est facile de pouvoir parler avec eux. J’essaie de les guider un peu. Je suis plus vieux qu’eux autres, j’ai connu un an dans la Ligue américaine. Je suis là pour eux et ma porte est ouverte pour les aider. »

Avec ses jeunes protégés, Harvey-Pinard semble avoir mis au clair qu’il n’y avait pas de sottes questions. Concrètement, ses conseils peuvent aussi bien porter sur les subtilités d’un exercice qui est demandé sur la glace que sur un dilemme vestimentaire.

« C’est leur premier camp ici, ils ne savent pas nécessairement où sont les choses, à quelle heure se présenter à quel endroit, comment il faut s’habiller... Ce sont des petits détails, on peut dire que c’est pas si important, mais au final, tu veux être habillé comme tout le monde et tu veux être à l’heure. Je suis là pour leur dire ce que je pense et leur donner les meilleurs conseils que je peux leur donner. »

Pour Harvey-Pinard, cette implication auprès de ceux qui suivent ses traces n’est qu’un retour naturel du balancier, sa façon de redonner au suivant. C’est l’héritage que lui ont notamment laissé Jérémy Lauzon et Mathieu Boucher, les deux capitaines qui l’ont précédé chez les Huskies de Rouyn-Noranda.

« C’est un peu d’eux autres que j’ai appris. J’ai voulu être comme eux autres et aider les plus jeunes. Ça a toujours été quelque chose d’important pour moi. J’ai continué à faire ça. »

Une fois rendu chez les professionnels, Harvey-Pinard a retrouvé le même genre de grand frère en Alex Belzile.

« Il a été très important pour moi. Autant sur la glace que dans le vestiaire, si j’avais des questions, il était là pour m’aider et vraiment, ça a fait une grosse différence, pour moi comme pour toutes les autres recrues aussi. Donc c’est sûr que je veux être là pour eux autres et je veux les aider de la meilleure façon possible. »

Un été de dur labeur

Si Xavier Simoneau disait la veille ne pas s’être présenté à ce camp des recrues en touriste, il ne faudrait pas faire l’erreur de réduire Harvey-Pinard à un simple rôle d’accompagnateur. L’athlète de 22 ans a aussi ses propres choses à gérer à l’approche de sa deuxième saison dans le hockey professionnel.

Choix de septième ronde du Canadien en 2019, Harvey-Pinard a impressionné à ses débuts dans la Ligue américaine la saison dernière. En 36 matchs, il a marqué neuf buts et totalisé vingt points, deux sommets parmi les recrues du Rocket de Laval. Ces statistiques, source de fierté au terme de la saison, sont maintenant loin derrière lui. Il en veut plus.

« J’ai amélioré ma vitesse. Je pense qu’il faudrait que j’aille chercher un autre petit step, mais je travaille beaucoup là-dessus l’été. Sinon, c’est plus des petites habitudes de travail en avant du filet pour y rester plus longtemps, trouver des moyens de gagner mes batailles à un autre niveau. Justement, l’année passée, j’ai eu des conseils de Yannick Veilleux et Alex Belzile pour rester plus longtemps devant le filet, faire ma place. J’ai vu une amélioration plus l’année avançait. J’ai travaillé là-dessus, j’ai pris de la masse musculaire durant l’été. »

Un conseil voilé pour Simoneau?

Il est beaucoup question du sort qui attend Simoneau, un joueur de 20 ans qui a l’option de retourner jouer une dernière saison au niveau junior mais qui vise ouvertement de décrocher un contrat professionnel au cours des prochains jours.

Harvey-Pinard, qui a lui-même disputé une saison supplémentaire dans la LJHMQ après avoir été repêché à 19 ans, a peut-être sans le vouloir dévoilé un pan de ses conversations avec son coéquipier lorsqu’il a été questionné sur les bienfaits de son propre parcours.

« Je pense que le fait d’avoir pu jouer quatre années junior, d’avoir joué à 20 ans contre des joueurs un peu plus jeunes, ça m’a permis de voir une autre dimension et de continuer à m’améliorer. J’ai eu la chance de jouer sur une glace olympique, donc pour mon coup de patin, ça a été bénéfique. Plus vieux, plus d’expérience, j’avais déjà eu deux camps des recrues. Donc quand je suis arrivé à mon premier camp professionnel, oui j’avais un petit stress, je savais que ça allait être une autre étape, mais on dirait que j’étais prêt et j’étais rendu là dans mon développement. »

Un émule de Bégin

Harvey-Pinard a offert une réponse intéressante lorsqu’on lui a demandé à quel moment dans sa jeune carrière il avait saisi l’importance de bonnes habitudes de travail.

« À ma première année dans la LHJMQ, Gilles Bouchard m’avait parlé de Steve Bégin, d’à quel point il était talentueux, mais qu’il travaillait surtout très fort. J’ai commencé à le suivre, j’ai regardé des séquences vidéo de lui. Je voulais travailler aussi fort que lui. C’est ce que j’ai fait dans le junior et je veux continuer de le faire dans le pro. »