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MONTRÉAL - Je veux bien croire que les chances de victoire du Canadien, dimanche soir, à Boston, étaient minces.

 

Qu’elles étaient même presque nulles en tenant compte de l’absence de Jonathan Drouin qui se prolonge sans bon sens, de celle de Mike Hoffman qui a déclaré forfait, du fait qu’Artturi Lehkonen et combien d’autres ont joué en dépit de blessures qui les ralentissent sans oublier la présence de Samuel Montembeault en relève à Jake Allen qui est lui en relève à Carey Price.

 

Je veux bien croire que déjà bien meilleur que le Canadien, les Bruins étaient aussi plus en santé. Qu’ils n’affichaient qu’un revers encaissé jusqu’ici cette saison en six matchs disputés au Garden. Que Brad Marchand, Patrice Bergeron et David Pastrnak tentaient de prolonger à cinq, six et sept leur nombre de matchs consécutifs avec au moins un point.

 

Mais en dépit tous ces facteurs qui moussaient les chances de victoires des Bruins et minaient celles du Canadien, c’est avec une avance de 2-1 que le Tricolore a retraité au vestiaire après 40 minutes de jeu.

 

Vrai que le Canadien venait d’être largement dominé au deuxième tiers. Vrai aussi qu’il venait de jouer de chance alors que Michael Pezzetta a été crédité d’un premier but en carrière dans la LNH après que la rondelle qu’il a fait dévier dans l’enclave eut ricoché sur le gardien Jeremy Swayman, avant de ricocher ensuite sur Connor Clifton et de finalement glisser au fond du filet.

 

Mais peu importe comment il s’y est pris pour y arriver, peu importe qu’il méritait bien peu ou pas du tout cette avance, le Canadien était tout de même en avant par un but après deux périodes.

 

Il fallait donc prendre les moyens pour protéger cette avance. Il fallait se dresser en défense, il fallait éviter les pénalités tout en s’assurant de remporter les batailles à un contre un pour protéger l’accès au filet que Samuel Montembeault défendait efficacement depuis le début du match.

 

Bon! Montembeault s’est montré un brin généreux en accordant un retour dans l’enclave pour permettre aux Bruins de niveler les chances 1-1 en milieu de deuxième. Mais il avait effectué 23 arrêts avant d’accorder ce but. Et c’est avec 30 arrêts à sa fiche qu’il avait retraité au vestiaire après 40 minutes de jeu.

 

Pourquoi diable donner des chances aux Bruins?

 

Jusque-là, le troisième gardien de l’organisation remplissait son mandat : il donnait à son équipe une chance de gagner. Il fallait juste que son équipe l’aide à le terminer.

 

Mais non!

 

Jeff Petry, à qui le Canadien et ses partisans en demandent beaucoup, peut-être beaucoup trop en l’absence de Shea Weber et de Joel Edmundson, a perdu une bataille et a corrigé cette erreur en écopant une pénalité 85 secondes seulement après le début du dernier tiers.

 

Trente-neuf secondes plus tard, Charlie McAvoy créait l’égalité avec un tir de la pointe qui a dévié sur Christian Dvorak avant de surprendre Montembeault qui n’a jamais pu stopper la rondelle tant il s’était compromis sur sa droite.

 

Et là, tout s’est effondré!

 

Les Dieux du hockey qui avaient souri à Pezzetta et au Canadien en fin de période médiane ont égalé les chances alors que Jeff Petry – qui a fait le bon jeu en dégageant une rondelle libre vers le coin de la patinoire – a atteint Charlie Coyle qui se tenait à la gauche du but de Montembeault et la rondelle a dévié au fond du filet du Canadien.

 

En moins de quatre minutes, l’avance d’un but que le Canadien devait protéger s’était transformée en recul d’un but qui semblait tout d’un coup très difficile à combler.

 

De fait, la question n’était plus de savoir si le Canadien allait perdre aux mains des Bruins, mais tout simplement par combien de buts il allait s’incliner.

 

La réponse est venue rapidement.

 

ContentId(3.1397464):LNH : Canadiens 2 - Bruins 5 (Hockey)
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Les Bruins ont ajouté un troisième but consécutif en moins de sept minutes, ils en ont ajouté un quatrième dans un filet désert et le match que le Canadien aurait pu gagner en jouant du hockey serré et efficace au dernier tiers s’est terminé par un cuisant revers de 5-2.

 

Un revers décevant. Un revers très décevant même. Car en dépit le surplus de blessures, le manque cruel de talent et le manque plus cruel encore de contribution offensive des joueurs des deux premiers trios, le Canadien a disputé une très solide première période. Il a ensuite sauvé les meubles en deuxième.

 

Avant de s’écraser.

 

Quand ça va mal, ça va très mal

 

On l’a vu cette saison : quand les choses vont bien pour le Canadien, elles vont très bien : les victoires de 6-1 et 3-0 aux dépens des Red Wings et le jeu blanc de 4-0 offert en cadeau par Jake Allen à ses coéquipiers lors de leur escale à San Jose sont là pour en témoigner.

 

Mais quand ça se complique, quand ça devient difficile, le Canadien s’efface. Il s’éclipse. Il abandonne.

 

Le Canadien n’a pas encore gagné cette année (0-4-2) lorsqu’il a échappé une avance d’un but.

 

Inversement, le Canadien a trouvé le moyen de gagner deux fois seulement (2-11-2-0) lors des 15 matchs au cours desquels il s’est retrouvé avec un recul d’un petit but à combler.

 

Pis encore, le Canadien a perdu les 11 matchs (0-9-2-0) au cours desquels ses adversaires ont enfilé deux buts consécutifs.

 

Je veux bien croire que les Bruins sont meilleurs que le Canadien. Qu’ils sont bien meilleurs en fait. Je veux bien accepter aussi le fait qu’il sera toujours impossible de faire du cristal avec de la cruche et que la crème trouvera toujours le moyen de remonter sur le petit lait.

 

Incapable de terminer le boulot

Mais en regardant les deux équipes jouer dimanche soir, en regardant les Bruins se gonfler au dernier tiers au même rythme que le Canadien se dégonflait, je ne pouvais m’empêcher de trouver que c’est bien plus le Tricolore qui laissait bêtement le match lui filer entre les doigts que les gros oursons qui venaient le lui arracher des mains.

 

Et ça, c’est très inquiétant.

 

Parce que si le Canadien abandonne si tôt en saison quand les choses se corsent, qu’est-ce que ce sera lorsque les joueurs seront convaincus qu’ils n’ont plus la moindre chance d’accéder aux séries?

 

Remarquez qu’ils le sont peut-être déjà!