BROSSARD – Il y a un an, Karl Alzner arrivait à Montréal avec un contrat de 23 M$ en poche et les attentes qui viennent avec. Il avait été la grosse prise de Marc Bergevin sur le marché des joueurs autonomes et devait être l’un des piliers de cette brigade défensive améliorée promise par le directeur général.

 

On sait maintenant que ce n’est pas exactement comme ça que ça s’est passé.

 

Alzner, il est le premier à l’admettre, a connu une première saison désastreuse à Montréal. Une foulée ou deux derrière l’adversaire et fréquemment pris hors position, il a souvent eu l’air complètement dépassé par les événements. Personne n’avait vu venir une déconvenue de cette ampleur de la part d’un vétéran qui en était à sa dixième saison dans la Ligue nationale.

 

L’explication classique voudrait qu’Alzner en ait pris trop sur ses épaules, soucieux d’être à la hauteur dans un marché exigeant où chacune de vos erreurs se retrouve sous la loupe, et aurait croulé sous ce fardeau.

 

« Vous savez quoi? Ça va vous sembler bizarre, mais je crois que c’est le contraire », a plutôt offert comme hypothèse le sympathique et très lucide défenseur jeudi.

 

« C’est possible que je ne me sois pas mis assez de pression sur les épaules. Je crois que je suis arrivé ici en me concentrant trop sur mon petit travail défensif. Dans le passé, j’ai toujours été plus efficace quand j’ose aller quelque peu au-delà de mon mandat. Quand vous jouez strictement un rôle défensif, c’est plus difficile d’être en avant de la parade. J’ai l’impression que je suis à mon mieux quand je prends plus d’initiatives en attaque et que je place quelques rondelles au filet adverse, ce que je n’ai pas nécessairement fait l’an passé. Mes attentes envers moi-même sont beaucoup plus élevées cette année. »

 

« Montréal est un gros marché, très différent de ce que j’ai connu à Washington, a-t-il ajouté. Quand vous arrivez ici, vous ne voulez pas faire trop de bruit, vous ne voulez pas trop attirer l’attention. Je crois que j’ai peut-être trop voulu passer sous le radar et ça a eu un impact négatif sur mon jeu. »

 

Alzner promet donc que la deuxième année de son contrat de cinq ans sera davantage à l’image de sa valeur réelle.

 

« Je veux jouer plus vite, je veux être capable d’imposer un peu plus le tempo. L’an dernier, j’ai l’impression que j’étais trop souvent sur les talons à attendre que l’action vienne à moi. Dans une ligue où le calibre est si élevé, ce n’est pas une bonne idée. Et évidemment, je dois resserrer mon jeu défensivement. Je dois notamment être meilleur en désavantage numérique, à l’image du reste de l’équipe. »

 

Les mauvaises langues accuseront Alzner de se visualiser sur un terrain qui n’a jamais été le sien. Le colosse de 6 pieds 3 pouces et 217 livres n’a jamais été reconnu pour sa vitesse et son implication dans la construction offensive. Comment s’imaginer qu’il puisse parvenir à modifier son identité à l’aube de la trentaine?

 

« Je sais aussi que ce que j’ai été dans le passé ne suffit plus dans la ligue telle qu’on la connaît aujourd’hui. Mon jeu doit changer un peu plus. Mon but a toujours été d’être le plus complet possible et ça n’a pas d’importance si j’ai plus d’années derrière moi qu’il ne m’en reste en avant. Je dois quand même m’améliorer. »

 

La chance de surprendre

 

Paradoxalement, Alzner tentera d’en faire plus au moment où tout le monde s’attendra à moins. Le départ de deux attaquants de premier plan durant l’été et la décision de la direction de viser l’avenir plutôt que l’immédiat au repêchage ont provoqué une certaine résignation autour du club. On a beau retourner cette formation dans tous les sens, on la voit mal se faufiler parmi les prétendants à une place en séries éliminatoires au printemps.

 

Alzner s’est aperçu que la barre a été baissée durant cette chaude saison au cours de laquelle le mot « reconstruction » semble s’être installé pour de bon dans le vocabulaire collectif et il croit que cette jeune mouture du Tricolore pourrait en bénéficier.

 

« L’impression que j’ai – je l’ai notamment vu avec les détenteurs de billets de saison – c’est que tout le monde n’espère pas grand-chose de plus que de nous voir fournir un bon effort. Et c’est une bonne chose parce qu’on est certainement capable de le faire. Je sens les gars déterminés. Je continue à croire que notre groupe peut être dangereux et causer des surprises. »

 

Sans frapper sur ceux qui sont partis, Alzner a noté l’arrivée de nouveaux visages au sein du personnel d’entraîneurs. Il mise sur Dominique Ducharme et Luke Richardson, les deux nouveaux adjoints de Claude Julien, pour détecter les failles et trouver le moyen de les corriger.

 

« Ça nous est arrivé quelque fois l’an passé de simplement balayer une mauvaise performance sous le tapis au lieu de réellement s’attaquer à la racine du problème. Cette année, j’espère qu’on sera en mesure d’établir une bonne base dès le Jour 1. »

 

Un comité de capitaines

 

Alzner s’est dit heureux de constater le bonheur qui se lisait sur le visage de Max Pacioretty lorsqu’il a été présenté aux médias de Las Vegas en début de semaine.

 

« J’ai joué avec lui au tournoi de golf de [Jonathan] Drouin l’autre jour et on avait eu une bonne discussion sur tout ce qui se passait avec lui. Être le capitaine ici est un rôle difficile à remplir et je ne peux imaginer à quel point ça a dû être lourd pour lui l’an dernier. »

 

La question du successeur de « Patch » risque d’être un sujet de conversation durant toute la durée du camp d’entraînement. S’il n’en tenait qu’à Alzner, la discussion serait déjà close.

 

« Je ne suis pas convaincu qu’on a besoin de le donner à un seul gars. On n’a pas vraiment ce genre de groupe. C’est cliché, je sais, mais avec la saison qu’on vient d’avoir, tout le monde doit être un capitaine à sa façon. Je ne sais pas qui portera le " C ", mais personnellement, je pense que ce mandat sera rempli par " comité ". Je crois que ça doit l’être. » ​