MONTRÉAL - Alexander Romanov mettra le cap sur Montréal dès que les frontières seront rouvertes. Et c’est avec un billet « aller seulement » en poche que l’espoir numéro un du Canadien sur le flanc gauche de sa brigade défensive effectuera l’envolée qui le rapprochera un peu plus de son rêve de jouer dans la Ligue nationale.

 

Choix de deuxième ronde (38e sélection) au repêchage de 2018, Romanov, son agent Dan Milstein et le Canadien se sont entendus sur les paramètres du contrat d’entrée d’une durée de trois ans. Un contrat qui n’a toutefois pas encore été déposé à la Ligue nationale afin d’être officialisé.

 

Ça ne veut pas dire que le dossier ne soit pas réglé pour autant. De toute façon, les contrats d’entrée étant régis par une série de paramètres reliés au salaire – 925 000 $ annuellement – et aux primes – limite maximale de 2,85 millions –, les négociations étaient très simples.

 

La seule question encore sans réponse est la date d’entrée en vigueur du contrat. Dans une situation normale, le contrat devrait entrer en vigueur au début de la saison 2020-2021. Mais en raison de la COVID-19, tout a changé au cours des dernières semaines. Des derniers mois.

 

Parce qu’il est encore possible, voire probable, que la LNH complète la saison et/ou dispute des séries éliminatoires auxquelles le Canadien pourrait être invité à prendre part, Marc Bergevin et le clan Romanov attendront de voir si la Ligue permettra aux joueurs nouvellement mis sous contrat de jouer dès cette saison au lieu d’avoir à attendre jusqu’à la saison prochaine pour le faire.

 

Cette décision viendra dans le cadre des négociations entre la Ligue et l’Association des joueurs (AJLNH) afin d’établir un protocole de retour au travail. Si retour au travail il y a bien sûr.

 

Et c’est une fois cette décision prise que le Canadien et Romanov pourront officialiser l’entente intervenue au cours des dernières heures.

 

À Montréal, ou à Laval?

 

Si le Canadien est en mesure d’insérer Romanov à sa formation dès cette saison, la première année du contrat sera rapidement brûlée rapprochant du coup le défenseur âgé de 20 ans d’un deuxième contrat qui lui permettra de toucher plus d’argent.

 

Assurés d’un salaire supérieur dans la KHL que dans la LNH, du moins pour les trois premières années de leur carrière en Amérique du Nord, Romanov et les autres jeunes évoluant dans la Ligue continentale tendent à prolonger leur séjour en Russie.

 

Surtout avec la possibilité qu’un passage obligé dans les ligues mineures les contraigne à faire moins d’argent encore, car il est impossible de verser un plein salaire de la LNH à un joueur écoulant un contrat d’entrée.

 

Un risque que Romanov est prêt à assumer.

 

« Je vais enfin réaliser un rêve en allant jouer dans la LNH. En allant jouer en Amérique du Nord, au Canada, à Montréal, avec le Canadien. Je me rendrai à Montréal dès que j’aurai la possibilité de le faire pour bien me préparer à faire le saut l’an prochain. Si la direction de l’équipe considère que je dois aller poursuivre mon apprentissage dans la Ligue américaine, je le ferai », a assuré le jeune défenseur lors d’un appel conférence tenu en fin d’avant-midi vendredi.

 

« Alexander s’en vient en Amérique pour s’y établir pour de bon. Pour y faire carrière », a renchéri son agent Dan Milstein histoire de balayer du revers de la main les spéculations selon lesquelles son client pourrait éventuellement retraiter en Russie et dans la KHL en cas d’insatisfaction en marge de son utilisation.

 

Parce que la Ligue américaine pourrait annuler la prochaine saison si les partisans n’obtiennent pas la permission d’assister au match – la Ligue américaine ne pourrait survivre privée des revenus aux guichets –, la place de Romanov avec le grand club pourrait être acquise l’an prochain.

 

On verra!

 

En confinement dans sa résidence de Moscou alors que la capitale de la Russie est elle aussi durement touchée par la COVID-19, Romanov s’entraîne quotidiennement afin de mousser ses chances de faire le saut dans la LNH le plus vite possible.

 

« C’est dans son gymnase qu’il est allé célébrer l’entente avec le Canadien », s’est d’ailleurs assuré de souligner son agent qui a servi d’interprète lors de l’appel conférence.

 

« J’ai tout ce qu’il faut à la maison pour respecter le programme d’entraînement hors glace que les préparateurs physiques du Canadien m’ont fait parvenir. Je suis en forme et je serai prêt à sauter sur la patinoire dès que j’aurai la chance de le faire. Je suis impatient à l’idée d’enfin pouvoir jouer pour le Canadien », a ajouté Romanov qui a été en mesure de répondre à quelques questions en anglais.

 

« Je suis des cours depuis quelques semaines. Lorsque je serai à Montréal, je pendrai les moyens pour m’assurer d’améliorer mon anglais », a-t-il assuré.

 

Un Markov ou un Emelin?

 

Alexander Romanov débarquera à Montréal avec une solide réputation à défendre alors qu’il est unanimement considéré comme l’un des cinq meilleurs défenseurs d’âge junior hors de la LNH. Peut-être même un membre du top trois.

 

Une réputation qui ouvre la porte à la possibilité qu’il soit en mesure de combler l’immense vide à la gauche de Shea Weber au sein du premier duo d’arrière du Canadien.

 

Surtout utilisé en situation défensive avec son club de Moscou dans la KHL, Romanov est en mesure de jouer du hockey robuste. On l’a d’ailleurs plusieurs fois associé à Alexeï Emelin qui a occupé cette position pendant quelques saisons avec le Canadien.

 

Mais Romanov est aussi doté d’un flair offensif remarquable qui lui a permis d’être auréolé du titre de meilleur défenseur du Championnat mondial de hockey junior il y a deux ans avec une récolte de huit points (un but) en sept matchs. Une récolte qu’il a gonflée de six points (un but) lors du championnat que le Canada a gagné aux dépens de la Russie en janvier dernier.

 

Ce flair offensif et le talent qui lui permet de se distinguer dans cette facette du jeu ont poussé plusieurs observateurs à le comparer à Andreï Markov.

 

Une comparaison qui créera de grosses attentes à l’endroit de Romanov. On en conviendra tous. De grosses attentes que les partisans – et journalistes – devront contenir un brin ou deux afin d’au moins donner le temps au jeune défenseur de se développer avant d’y aller de conclusions hâtives.

 

Une chose est certaine : si Romanov est en mesure de s’imposer à la ligne bleue du Canadien et d’offrir du jeu solide qui lui permettait de se loger quelque part entre Markov et Emelin, la brigade défensive du Tricolore serait d’un coup bien meilleure.

 

« Je suis un défenseur polyvalent. Je jouais en surtout en défensive lors de la dernière saison parce que c’est le mandat que mon entraîneur me donnait. Je remplirai le mandat que les entraîneurs me donneront une fois à Montréal. Ce serait un grand honneur de jouer en compagnie de Shea Weber, mais je vais commencer par m’assurer de prendre tous les moyens pour faire mes preuves et démontrer à la direction de l’équipe que je suis en mesure de faire le saut et de jouer sur une base régulière avec l’équipe. »

 

Si Romanov arrive à se tailler une place, sa présence aidera grandement. Cela dit, qu’il soit inséré devant ou derrière Ben Chiarot, Romanov ne pourra combler à lui seul toutes les brèches qui minent le flanc gauche de la brigade défensive du Tricolore.

 

Il faudra davantage que Victor Mete ou Brett Kulak pour permettre au Canadien de compter sur un top-six susceptible de vraiment aider Carey Price à jouer à la hauteur de sa réputation et à guider son club vers des victoires au lieu d’avoir à se contenter de défaites honorables.

 

Romanov apportera du renfort dont le Canadien avait un urgent besoin. C’est clair! Cela dit, attendons avant de confier à un jeune arrière de 20 ans, sans la moindre expérience dans la LNH, le mandat de «sauver» son équipe.

 

Mais c’est un bon début.

Améliorer le côté gauche en ajoutant plus que Romanov

 

Améliorer le côté gauche en ajoutant plus que Romanov

 

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