Je ne sais pas si la perte de Nikita Scherbak au ballottage au profit des Kings de Los Angeles est un échec pour l'organisation du Canadien, mais ce que je peux dire, c'est que l'athlète a perdu beaucoup de crédibilité au cours du dernier camp d'entraînement.

Je pense sincèrement que le Canadien était prêt à lui faire une place à droite sur le troisième trio et le regarder évoluer  dans l'espoir de le voir grimper dans la hiérarchie de l'équipe. Il était un espoir intéressant avec un bon gabarit et un certain talent offensif, mais il a manqué de constance.

Quand tu es un jeune joueur, il y a des choses qu'on ne saisit pas tout de suite. Mais lui, il a été un choix de premier tour en 2014. Ça veut dire qu'il a participé à cinq camps du Canadien. Il y a des choses qu'il aurait dû assimiler depuis longtemps. Avec son vécu, je pensais que Scherbak était pour faire sa place. Il ne peut surtout pas dire que Jesperi Kotkaniemi a volé sa place parce que le Finlandais est un joueur de centre.

Depuis le début de son association avec le Tricolore, Scherbak n'a pas démontré de constance. C'est vrai qu'il a été blessé, mais là, la direction cherchait des excuses pour ne pas le faire jouer. Après 20 parties dans les estrades, c'était évident qu'il ne pouvait pas aider le Canadien.

La direction de l'équipe pensait peut-être que Scherbak passerait le ballottage sans problème parce qu'il n'avait pas encore joué, mais quand vous êtes un ancien premier choix, il y a de fortes possibilités pour qu'une autre équipe tente sa chance avec vous. Dans le fond, les Kings se disent qu'ils n'ont rien à perdre de l'essayer.

Scherbak a une large part de responsabilité dans le fait qu'il n'est plus avec le Canadien. Je ne veux pas dire que l'équipe lui a donné toutes les chances au monde, mais l'athlète n'a pas affiché une grande combattivité et encore moins une grande production.

Son éthique de travail a clairement fait défaut. C'est dans l'ADN de chaque personne d'avoir des qualités de travaillant dans la vie de tous les jours. Je ne sais pas tout ce que le Canadien a fait dans son cas pour faire de Scherbak un vrai professionnel, mais si l'équipe a cherché à l'aider de ce côté, la faute de l'échec revient à l'athlète. Dans le cas contraire, le club a aussi sa part de responsabilités.

Je ne sais pas ce que l'avenir réserve à Scherbak à Los Angeles. Si j'entends qu'il se retrouve sur le premier trio là-bas, je vais me dire que le club n'est pas sorti du bois. Scherbak devra assurément changer son attitude et s'impliquer quotidiennement. Il doit améliorer son éthique de travail, mais je me demande comment il pourra le faire en Californie s'il ne l'a jamais fait ici.

Le ballottage a coûté deux joueurs au Canadien cette saison. Il y a d'abord eu Jacob De la Rose, un choix de deuxième ronde qui a été réclamé par Detroit, et maintenant Scherbak. Je suis convaincu que Marc Bergevin aurait aimé les garder dans le giron de l'équipe. J'étais à Laval vendredi pour voir le Rocket et je ne pense pas qu'il y a beaucoup de joueurs qui peuvent aider le Canadien à court terme.

Même s'il ne casse rien à Detroit avec un but et deux passes, je pense que De la Rose pourrait évoluer sur le troisième trio du Canadien. Il ne ferait pas pire que Matthew Peca ou Michael Chaput avec une centaine de parties derrière la cravate. De la Rose a été victime de la présence de Tomas Plekanec en début de campagne.

Il est très rare qu'un joueur réclamé au ballottage connaisse du succès avec une nouvelle équipe. Bergevin a eu la main heureuse il y a quelques années en réclament Paul Byron des Flames de Calgary.  Le franco-ontarien avait été victime d'un embouteillage de joueurs de petit gabarit chez les Flames. Sinon, il serait sans doute resté en Alberta, car l'entraîneur de l'époque Bob Hartley l'aimait beaucoup. 

À son arrivée avec le Canadien, Byron a su convaincre l'entraîneur Michel Therrien avec son éthique de travail et son coeur à l'ouvrage. Byron est l'un des rares joueurs ballottés qui arrivent à devenir un joueur important ailleurs. Il a récemment été blessé et son absence a fait vraiment mal au Canadien.

Brett Kulak à défaut de mieux

À l'heure actuelle, il n'y a pas un meilleur défenseur gaucher que Brett Kulak chez le Canadien. Il a de la vitesse, une bonne vision du jeu et sa prise de décisions est bonne. Claude Julien a déjà déclaré qu'il n'y avait personne pour jouer avec Shea Weber.

Weber est bon et dominant, mais il n'est pas le plus mobile à la ligne bleue. Il va bien gérer le côté droit de la patinoire, mais il ne pourra pas aider à gauche. L'arrière qui va compléter un duo avec lui doit être en mesure de tenir son bout. Weber est un vétéran et il n'aime pas quand les choses ne vont pas bien à gauche. Ce n'est surtout pas Weber qui va suivre Kulak. C'est plutôt le contraire qui va se produire.

Je ne pense pas que David Schlemko ou encore Mike Reilly puisse jouer avec Weber. Même chose pour Victor Mete.  C'est pénible chez le Canadien à la gauche. Actuellement, ce ne sont que des troisièmes défenseurs que l'équipe a à cette position.

Pas surprenant dans les circonstances de voir les adversaires attaquer par la gauche contre le duo de Shea Weber. Ce n'est pas donné à tout le monde de pouvoir affronter des gars comme Sidney Crosby ou Connor McDavid par exemple.

*propos recueillis par Robert Latendresse