Après un calendrier préparatoire qui a soulevé plus de questions et de doutes qu’il a su rassurer, voire convaincre, le Canadien met le cap sur Buffalo où il amorcera jeudi sa saison 2017-2018.

 

La question : le Tricolore jouera-t-il à la hauteur de sa victoire étincelante de samedi aux dépens des Sénateurs d’Ottawa où continuera-t-il à décevoir ses partisans en traversant de longs passages à vide comme ceux sur lesquels il s’est échoué au cours des dernières années?

 

J’aimerais bien vous guider vers une réponse précise. Mais même Carey Price, aussi bon soit-il, ne pourrait promettre quelle sera la vraie identité de son club.

 

On sait que Carey Price sera excellent.

 

On sait aussi que Shea Weber sera excellent. Peu importe l’identité de celui – j’ai l’impression qu’on peut écrire ceux sans se tromper – qui évoluera à sa gauche. Seule crainte dans le cas de Weber : il sera la pierre d’assise de l’attaque massive. Il sera la pierre d’assise à cinq contre cinq. Il sera sur la glace lorsque le Canadien aura besoin d’un but pour revenir dans le match. Il sera encore sur la glace lorsque le Canadien aura besoin de protéger une avance d’un but pour gagner. Il sera tellement souvent sur la glace en raison du fossé trop grand qui le sépare de ceux qui devraient lui offrir du répit, que je demande s’il pourra maintenir son niveau d’excellence durant 82 matchs.

 

Et je ne vous parle pas ici d’une blessure qui le garderait sur la touche, cinq, dix ou 15 parties. Car si une telle blessure devait le foudroyer, elle aurait des conséquences aussi désastreuses que si Carey Price devait une fois encore tomber au combat.

 

Ce ne sont pas Petry, Alzner, Benn, Streit ou même Victor Mete, aussi bon et surprenant a-t-il été au cours du camp, qui prendront la relève. Si le passé est garant du futur, on ne peut croire aux chances de David Schlemko d’y arriver lorsqu’il sera remis de sa blessure. À 30 ans, Schlemko a donné au fil des dernières années une bonne idée des performances qu’il peut offrir. Et ce ne sont pas celles d’un défenseur capable de s’imposer au sein du premier duo d’arrières. Encore moins de pouvoir pallier l’absence d’un pilier comme Shea Weber.

 

Mes craintes associées au Canadien sont là : son manque de profondeur. Un mot à la mode dans la LNH d’aujourd’hui.

 

Les partisans qui croient dur comme fer aux chances du Tricolore diront, avec raison, que toutes les équipes de la LNH composent avec ce même problème de profondeur. Qu’elles sont toutes un brin ou deux vulnérables en cas de chute de leurs meilleurs leaders. La glissade du Lightning de Tampa Bay après la perte de Steven Stamkos l’an dernier est d’ailleurs une preuve éloquente.

 

Mais le Canadien a un je-ne-sais-quoi de plus vulnérable. Cette équipe, un brin bipolaire à l’image de ses partisans, est capable du meilleur… mais aussi du pire.

 

Quand ça va bien chez le Canadien, on le croirait capable de se rendre à la coupe Stanley. Mais quand ça va mal, on se demande vraiment s’il pourra gagner un match dans un avenir plus ou moins rapproché.

 

D’où la grande difficulté d’établir avec confiance des prédictions quant aux 82 matchs qu’il disputera au cours des sept prochains mois.

 

Un tremplin : l’attaque massive

 

Je l’ai écrit plus haut : Carey Price et Shea Weber sont des valeurs sûres.

 

Price flirtera avec les meilleurs gardiens pour la moyenne de buts alloués et son efficacité. Weber, grâce à une attaque à cinq plus explosive et surtout plus diversifiée en raison de la vision, de la vitesse, de la créativité et des mains de Jonathan Drouin, sera encore parmi les meilleurs défenseurs de la LNH pour les buts marqués et les passes récoltées en avantage numérique.

 

Je crois d’ailleurs que c’est l’attaque à cinq du Canadien qui sera son tremplin vers les séries.

 

ContentId(3.1245919):Carey Price dictera le rang du Canadien dans l'Est
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Ce club encore un brin petit, ce club qui ne jouera pas aux poings et aux épaules, aura besoin de vitesse et de hargne pour pousser ses adversaires à écoper des pénalités à ses dépens. Et lorsque son adversaire sera au cachot, le Canadien devra vraiment en profiter. S’il y arrive, l’attaque massive sera le meilleur redresseur de torts du club.

 

Avec Weber et son boulet, avec Drouin pour distribuer la rondelle et surprendre les gardiens lorsqu’il tirera au lieu de passer, avec Pacioretty, avec Galchenyuk qui devrait être de la première unité, avec Hemsky qui devra être un atout en supériorité numérique, car il ne le sera pas au sein d’un quatrième trio, avec Gallagher et/ou Shaw pour déranger les gardiens adverses, le Canadien a les outils pour performer à cinq contre quatre. Il reste le plus difficile à faire : trouver une façon pour y arriver.

 

À mes yeux, l’attaque massive sera aussi cruciale aux performances du Canadien que le seront les tenues de Carey Price et de Shea Weber devant lui. Si l’attaque à cinq ne produit pas, le Canadien en arrachera grandement. Et une fois encore cette année, le doute aura le dessus sur la confiance.

 

Qui s’imposera avec et derrière Drouin-Pacioretty?

 

Le duo Pacioretty-Drouin devrait faire des étincelles. Autant en avantage numérique qu’à forces égales. Je suis d’ailleurs convaincu que le petit Québécois fera vite oublier Alexander Radulov avec le brio de son jeu si la chimie s’installe avec son capitaine. Elle semble d’ailleurs déjà s’être installée.

 

Qui jouera à leur droite? Ça n’a pas beaucoup d’importance.

 

Gallagher amorcera la saison au sein du premier trio. Je ne crois pas qu’il puisse soutenir le rythme pendant toute la saison. Mais lorsqu’il s’essoufflera, Claude Julien aura des options. Il pourra offrir des promotions/récompenses à Andrew Shaw, à Paul Byron, à Alex Hemsky même. Et ces joueurs seront tellement heureux d’obtenir pareille occasion de se faire valoir, qu’ils doubleront d’efforts pour y demeurer.

 

L’idéal serait d’offrir à Drouin et Pacioretty un gros ailier droit. Un vrai joueur de premier trio. Qui sait, peut-être que les 8,4 millions $ à la disposition de Marc Bergevin pourrait contribuer à mettre la main sur cette perle rare. Mais d’ici là, ce jeu de chaise musicale à leur droite représente une bonne solution de rechange et devrait sourire à Drouin et Pacioretty. Du moins, je le crois.

 

Si les deux restent en santé, Max Pacioretty fracassera facilement le plateau des 40 buts pour la première fois de sa carrière.

 

Si le duo reste en santé, le capitaine et son nouveau centre batailleront pour la première place des marqueurs du Canadien et ils afficheront près d’un point par match.

 

Un point par match? C’est beaucoup oui. C’est énorme même quand on considère la timidité de l’attaque du Canadien au fil des dernières années. Surtout à cinq contre cinq.

 

Mais cette moyenne doit être dans la mire de Drouin et Pacioretty sinon, les chances du Canadien d’accéder aux séries s’étioleront.

 

Pourquoi tout mettre sur le dos de Drouin, Pacioretty et de ceux qui défileront à leur droite?

 

Parce qu’en dépit quelques belles étincelles relevées au cours des matchs préparatoires, je ne crois pas que les trios derrière eux pourront vraiment les appuyer sur une base régulière.

 

C’est là que les questions aux allures de doutes reprennent le dessus.

 

Que feront les trios de Danault et Plekanec pour bien appuyer le trio de Drouin? Seront-ils en mesure de garder les adversaires sur les talons ou, au contraire, leur permettront-ils de se concentrer exclusivement au premier trio?

 

Un grand pan de la réponse à cette question repose sur les performances d’Alex Galchenyuk. Capable du meilleur, mais malheureusement aussi du pire, Galchenyuk a la balance du pouvoir sur la lame de son bâton.

 

C’est lui qui fera du trio de Phillip Danault une menace… ou non. Galchenyuk doit accepter que sa place n’est pas au sein du premier trio où Drouin et Pacioretty ont bien trop besoin de la rondelle pour la partager avec un autre joueur qui en raffole.

 

C’est pour cette raison qu’il doit accepter de jouer avec Danault, de respecter le système, de travailler et de donner l’occasion à son joueur de centre de lui offrir des occasions de marquer au lieu d’attendre qu’elles tombent du ciel.

 

Vers le repêchage…

 

Le Canadien accédera-t-il aux séries?

 

Je n’ose pas répondre oui sans retenue. Je n’ose pas non plus l’exclure tout de go.

 

Le retour en forme et en santé de Steven Stamkos fait, à mes yeux, du Lightning de Tampa Bay le club à battre dans la division Atlantique. Le club à qui je concède déjà le premier rang. Comme l’an dernier!

 

Je crois que Toronto sera encore en ascension cette année. Je lui donne même le deuxième rang. Un deuxième rang que j’aurais donné aux Sénateurs d’Ottawa n’eut été les blessures qui l’ont frappé et qui ont miné le camp d’entraînement.

 

Mais voilà, parce que le capitaine Erik Karlsson devrait être de retour rapidement en début de saison, tout comme Derick Brassard, j’ai décidé de donner le troisième rang de la division aux Sens. Ce qui confine le CH au quatrième rang et à la nécessité d’être repêché pour accéder aux séries.

 

Derrière Montréal, je place Floride, Boston, Buffalo et Detroit.

 

Ce classement est loin d’être coulé dans le béton. Et vous savez quoi, le fait que la division Atlantique soit la plus faible de la LNH – et de loin à mes yeux – donnera la chance au club qui maintiendra la meilleure fiche intradivision de fausser les projections. Pas au point de placer deux clubs en séries par le biais du repêchage. Ça non!

 

Mais si le Canadien fait très bien contre ses rivaux géographiques, il n’aura peut-être pas besoin du repêchage pour se rendre en séries.

 

Sinon, il en aura besoin. Malgré Price, malgré Weber, malgré le duo Drouin-Pacioretty, malgré l’attaque massive.

 

Mais si l’un ou l’autre de ces quatre piliers du Canadien flanche, et que Marc Bergevin n’est pas en mesure d’utiliser le 8,4 millions $ à sa disposition sous le plafond pour le ou les renforcer, le seul repêchage qui comptera pour le Canadien sera celui de la fin du mois de juin prochain et non celui donnant accès aux séries.

 

Tout ça pour dire que si elles sont certainement accessibles pour le Canadien, les séries sont loin d’être assurées pour autant.