La beauté du sport professionnel est son imprévisibilité. Nul n’aurait intérêt à s’asseoir plusieurs heures devant son téléviseur s’il savait avec certitude quelle équipe l’emportera, avant même que la partie n’ait débuté.

Plus une victoire est inespérée, plus elle fera vibrer les amateurs et marquera les esprits. L’intérêt du sport est précisément qu’il sait nous tenir en haleine.

SportogiqLe premier tour des séries éliminatoires de la LNH nous réserve déjà quelques surprises.  Le Lightning de Tampa Bay et les Penguins de Pittsurgh font face à l’élimination, et ce même si ces deux formations n’ont disputé que trois rencontres dans leur série respective.

En d’autres termes, la meilleure équipe de la LNH lors du calendrier régulier ainsi que la troupe menée par Crosby, Malkin, Kessel et Letang pourraient très bien être balayées dès la première ronde éliminatoire. Pourtant, le Lightning et les Penguins étaient annoncés comme étant de sérieux prétendants aux grands honneurs et rares sont ceux qui avaient anticipé un tel scénario.

Alors, comment expliquer que Tampa Bay et Pittsburgh puissent potentiellement être éliminés aussi rapidement, dès la première ronde? Par le rendement défensif irréprochable de leurs adversaires.

Lors des trois premières parties les opposant aux Islanders, les Penguins ont eu possession du disque pendant approximativement trois minutes supplémentaires pour chaque tranche de 60 minutes de jeu disputées. Cependant, ils n’ont pas été en mesure de se faire menaçants une fois en contrôle de la rondelle, ne cadrant pas beaucoup de tirs de l’enclave.

Étonnamment, c’est plutôt la troupe de Barry Trotz qui a généré davantage de chances de marquer, et ce même si elle était bien moins fréquemment en possession du disque. Même que les Islanders sont l’équipe cadrant le plus de tirs depuis le bas de l’enclave pour un même temps de jeu depuis le début de la danse printanière.

En tirant depuis le bas de l’enclave, les Islanders génèrent des chances de marquer de grande qualité, alors que le tireur y profite d’un angle de tir optimal et que le temps de réaction du gardien y est minimal. Ce n’est certainement pas un hasard que 54,5% des buts inscrits dans le circuit Bettman, cette saison, le furent depuis cet emplacement.

SportogiqNew York génère un bon nombre de ces tirs après avoir remporté une bataille à un contre un en zone offensive, alors que ses hockeyeurs luttent avec acharnement pour récupérer chaque rondelle libre, ce qui rapporte des dividendes.

À l’autre bout de la patinoire, les Islanders parviennent à contrer les canons offensifs des Pens grâce à leur dévouement défensif.

New York pourchasse sans relâche les attaquants de Pittsburgh qui n’ont pas de temps ni d’espace pour manœuvrer avec la rondelle, tout en se faisant un devoir de bloquer les lignes de tirs. Il en résulte que les Islanders viennent au deuxième rang pour le nombre de tirs bloqués en séries éliminatoires pour chaque tranche de 60 minutes de jeu.

Ultimement, lorsque les Penguins parviennent finalement à tirer depuis l’enclave, ils doivent se buter à Robin Lehner, celui-ci contrant plus de 94% des lancers qu’il reçoit depuis l’enclave. À titre comparatif, le gardien moyen dans la LNH n’a présenté qu’un taux de réussite de 86% en pareilles circonstances cette année.

En ce qui concerne le Lightning de Tampa Bay, leurs insuccès sont essentiellement imputables à leur incapacité à générer des tirs à la suite de leurs entrées de zone.

Tampa Bay est une formation extrêmement rapide qui adore dicter le rythme d’une rencontre en montant rapidement la rondelle. Ceci vaut également en séries éliminatoires. Il en résulte que le Lightning orchestre beaucoup d’entrées de zone.

Or, même si Tampa génère un grand nombre d’entrées de territoire, il ne cadre pas beaucoup de tirs en de pareilles circonstances. Pourtant, lors du calendrier régulier, le Lightning a été la troisième équipe de la LNH provoquant le plus de chances de marquer à la suite d’une entrée de zone.

SportogiqColumbus offre un rendement défensif irréprochable, coupant le centre de la patinoire lors des entrées de zone de Tampa Bay, forçant ainsi la formation floridienne à attaquer depuis la périphérie. De même, les joueurs de Columbus se replient très vite, évitant ainsi que le Lightning profite de surnombres, ces séquences menant souvent à des buts.

En somme, Columbus et New York sont en voie de réussir un tour de force que peu d’experts avaient prédit : balayer deux sérieux prétendants à la coupe Stanley. Ces deux équipes respectent à la lettre le plan de match de leur entraîneur et font preuve d’une abnégation parfaite, ce qui est la clé de leur succès.

Ces deux confrontations prouvent que ce n’est pas nécessairement l’équipe la plus talentueuse qui l’emportera et que lorsque tous les membres d’une organisation sont prêts à se sacrifier pour une même cause, il est possible de soulever des montagnes.