À 34 ans, Shea Weber est en voie de connaître sa meilleure saison avec le Tricolore, ayant déjà amassé 11 buts et 18 passes en 36 rencontres. Son différentiel de +12 n’est pas négligeable, le hissant même au rang de meneur chez le Canadien à ce chapitre.

Comme le bon vin, le capitaine du CH s’améliore en vieillissant et plusieurs facteurs nous éclaircissent sur ce rendement bonifié.

À l’attaque, il est de connaissance notoire que la plus belle arme de Weber est son lancer frappé. Depuis plus d’une décennie, le tir sur réception de Weber martyrise les défensives adverses par sa puissance et sa précision.

Il en résulte que les opposants de Weber sont toujours à l’affût du positionnement du capitaine lorsque le Canadien bourdonne en zone offensive, priorisant la mission défensive de contrer ce tir frappé foudroyant. Comme Weber est étroitement surveillé, il lui est plus difficile d’exploiter son lancer à sa guise.

Weber se démarque autrement en Z-O

Cette saison, Weber est à l’origine d’un nombre plus important de chances de marquer, car il a su se réinventer en zone offensive.

Ne bénéficiant que de très peu de temps et d’espace pour dégainer depuis la ligne bleue, le numéro 6 du Tricolore délaisse régulièrement son poste à la pointe pour s’aventurer profondément en zone offensive cette campagne.

Pour un même temps d’utilisation, Weber cadre deux fois plus de tirs depuis l’enclave cette année, ce qui est une statistique probante à cet égard.

Une autre donnée éloquente est que la proportion du nombre de buts inscrits par Weber à l’aide d’un tir sur réception est passée de 62%, lors de ses trois premières saisons dans l’uniforme da la Sainte-Flanelle, à seulement 45% cette année.

En assumant un rôle de maraudeur en territoire offensif, non seulement Weber génère un volume plus important de tirs provenant de l’enclave, il crée aussi du mouvement en zone adverse, ce qui désorganise la couverture défensive.

Cette confusion permet aux joueurs du Canadien de se libérer, ce qui provoque des chances de marquer. Il est également plus difficile de neutraliser le tir de Weber, alors que celui-ci ne se contente pas de demeurer immobile à la pointe, ce qui rend ses faits et gestes grandement moins prévisibles.

Weber prouve qu’il est en mesure de faire scintiller la lumière rouge autrement qu’en se fiant uniquement à son tir sur réception, et ce, au plus grand dam des autres formations.

Weber plus confortable dans son territoire

Défensivement, Weber offre aussi de solides prestations, ce qui se reflète notamment au niveau de son différentiel. Weber réussit pareil fait d’armes en contrant un nombre plus important d’entrées de zone de l’adversaire.

Cette saison, le capitaine est beaucoup plus agressif et incisif au moment de réaliser ses missions défensives, accordant moins d’espace au porteur du disque. Il en résulte qu’il est plus difficile pour ce dernier de déborder Weber, alors que l’imposant défenseur est à proximité. Par la même occasion, il est simple pour Weber d’appliquer une mise en échec ou de harponner le disque à son adversaire.

Un facteur voulant que Weber soit plus libre offensivement et défensivement est qu’il assume un rôle moins décisif sur le jeu de transition. Le numéro 6 n’a jamais été reconnu comme étant un défenseur mobile ou brillant pour orchestrer les montées offensives, mais il a fréquemment dû assumer ces responsabilités par le passé, puisqu’aucun autre arrière du club ne présentait de telles qualités.

Cette année, Weber est moins impliqué sur les phases de transition, ce qui simplifie son jeu et lui permet de se concentrer sur ses forces. C’est probablement le principal motif expliquant que le capitaine connaisse présentement sa meilleure saison sur le plan individuel depuis qu’il a joint la métropole.

Le rôle de l’état-major est d’acquérir et de développer du talent pour que l’équipe sur la patinoire soit compétitive. Cependant, pour véritablement tirer profit du talent de ses meilleurs éléments, ceux-ci doivent être placés dans des circonstances favorables pour briller sous la lumière des projecteurs.

Shea Weber est une illustration convaincante en ce sens. Le capitaine joue avec brio alors qu’il n’assume plus le rôle de quart-arrière sur le jeu de transition, ce qui n’est pas le fruit du hasard. Ultimement, c’est toute l’équipe qui en bénéficie.