Les séries à Montréal, une réussite tellement méritée pour David Savard
MONTRÉAL – David Savard ne voulait pas rater sa chance. Durant l'échauffement, mercredi soir, sa conjointe et ses trois enfants l'ont épié à partir du banc du Canadien. Mais ses coéquipiers se sont assurés qu'il puisse vivre les séries avec Montréal.
À 34 ans, avec une coupe Stanley à son palmarès et les milliers de tirs qu'il a bloqués, Savard pourrait bien décider d'accrocher ses patins dans quelques semaines.
Il aurait été injuste qu'un vétéran de cette qualité ne puisse pas goûter à la frénésie des séries en bleu-blanc-rouge.
Parce que, côté timing, Savard est arrivé peu de temps avant la fin du règne de Marc Bergevin et le début de la reconstruction opérée par Jeff Gorton et Kent Hughes.
Savard aurait pu se contenter de son rôle de soutien fort apprécié sur la patinoire. Mais il est allé bien plus loin que ça, il a exercé une formidable influence dans ce vestiaire. Au point d'en devenir un pilier qui serait précieux de greffer au sein de l'état-major.
« Si tu demandais à tous les gars dans le vestiaire de nommer leur coéquipier préféré, la plupart des joueurs répondraient David grâce à la personne qu'il est. On est chanceux de l'avoir », a témoigné Mike Matheson avec le sourire d'un ami pour la vie.
Matheson et Savard n'attendaient que le moment de cette qualification éliminatoire.
« On se parlait, toute l'année, que ce serait le fun de jouer en séries avec le Canadien. On a eu la chance de vivre les séries et il a remporté la coupe. Mais pour deux Québécois, ce sera différent de le vivre avec le Canadien », a raconté Matheson avec enthousiasme.
En début de saison, Savard jouait plus de 18 minutes par rencontre. En avril, son utilisation a été réduite à moins de 12 minutes par partie. Mais, comme on l'a vu face aux Hurricanes, il a tout donné jusqu'à la conclusion du dernier match. D'ailleurs, il a conclu la saison avec 180 tirs bloqués, au septième rang de la LNH.
Artiste du désavantage numérique, Savard a été le sixième joueur le plus utilisé de la LNH dans ce département et il a aidé son club à se classer dans le top-10 dans cette facette.
Peu d'égoïsme, à l'image de Savard
Avant même le lancement de la saison, le nom de Savard avait été mentionné parmi ceux qui pourraient quitter Montréal étant donné qu'il écoulait la dernière année de son contrat de quatre ans.
À l'approche de la date limite des transactions, il était devenu évident que c'était préférable de conserver son apport positif au lieu de s'en départir.
« Pas juste pour Savard, je suis content pour tous nos vétérans qui ont voulu rester pour faire partie de ça (la reconstruction). On a vu un grand engagement de nos joueurs, ils ont redonné ça aux autres », a commenté Martin St-Louis.
Pour expliquer la surprise causée par son équipe cette saison, l'entraîneur du Canadien a insisté sur la résilience de son groupe. Mais il a également ciblé l'approche moins égoïste de ses joueurs.
St-Louis faisait référence aux bonnes décisions sur la patinoire pour le bien de l'équipe. Son compliment se transposait à merveille à la contribution de Savard.
Ce comportement sur la patinoire provient notamment du sentiment de famille qui règne dans le vestiaire.
« Ce qui m'a le plus frappé, c'est la chimie dans le groupe. Tout le monde s'aime et se soucie des autres. Chaque fois qu'on traverse une bonne séquence, personne ne joue de manière égoïste et ça mène loin. Je me suis rendu compte que ce groupe était spécial, on n'a jamais abandonné », a souligné Alexandre Carrier.
Par la force des choses, Carrier pourrait mener Savard à perdre sa place avec le Canadien. Il a prouvé qu'il pouvait assurer un grand rôle stabilisateur du côté droit de la défense et la relève continue de pousser avec Logan Mailloux, Adam Engstrom, William Trudeau et David Reinbacher qui voudront s'inviter dans la brigade défensive du Tricolore.
La sagesse de Savard ne date pas d'hier. En réfléchissant à la relève à la ligne bleue, ça nous a rappelé ce qu'il nous disait cet été avant le camp d'entraînement.
« C'est la joie de vieillir, on sait que les jeunes s'en viennent et qu'ils poussent. On l'a tous fait plus tôt dans notre carrière. Ils vont finir par nous pousser hors de la LNH et ça fait partie du métier », avait lancé Savard avec réalisme avant d'ajouter ceci.
« Je les laisserais en meilleure posture. »
Avec sa petite famille, il ne donne pas l'impression de vouloir déménager une autre fois. La décision finale lui reviendra, mais son dévouement a été récompensé par cet accès aux séries.