À l’aube d’une semaine qui s’annonce difficile alors que le Canadien croisera le Wild du Minnesota, les Capitals de Washington et les Penguins de Pittsburgh, Michel Therrien mise sur ses vétérans pour relancer l’attaque de son équipe.

Une attaque qui est en panne. En panne sèche.

Le Canadien occupe le 21e rang dans la LNH avec une moyenne de 2,43 buts marqués par match.

À cinq contre cinq, le Tricolore glisse au 26e rang derrière les « puissants » Devils du New Jersey.

Pourquoi le Canadien stagne autant offensivement et qu’il stagne du même coup au classement?

Parce que depuis le début de la saison, son attaque gravite autour du trio des jeunes et des supériorités numériques. C’est bien. Mais ce n’est pas assez.

Et c’est pour cette raison que Michel Therrien a encore brassé les cartes à l’entraînement lundi. Qu’il a remodelé ses trios pour tenter de les secouer. Pour mousser leur production.

À la lumière des changements apportés lundi, il est clair que Michel Therrien croit que la relance de son offensive passe par la relance de ses vétérans.

À commencer par David Desharnais et Max Pacioretty à qui l’entraîneur-chef confie Brendan Gallagher. Au neutre depuis trop longtemps, Desharnais et Pacioretty ne peuvent demander mieux que Gallagher pour compléter leur duo.

Est-ce qu’ils méritent autant de considérations?

Pas sûr. Mais comme ils étaient les fers de lance de l’attaque il y a deux ans, il est normal que Therrien tente une nouvelle fois de les relancer. La saison du Canadien et ses chances d’accéder aux séries en dépendent.

On pourrait ajouter que la tranquillité d’esprit de l’entraîneur-chef en dépend tout autant.

Derrière Desharnais et Pacioretty, Rene Bourque profite lui aussi d’une autre chance puisqu’il se retrouve au sein du trio piloté par Tomas Plekanec et complété par le capitaine Brian Gionta.

Daniel Brière?

Il représente l’exception qui confirme la règle.

Confiné au sein du quatrième trio, Brière n’a pas beaucoup joué samedi. En fait, il a peu joué avec seulement 8:48 d’utilisation, dont 57 secondes en avantage numérique.

Brière ne fait pas grand-chose pour mousser son temps de jeu et la qualité de son utilisation diront certains.

Ce n’est pas faux.

Mais Brière joue-t-il vraiment plus mal que Desharnais, Pacioretty ou Bourque?

Ne dites pas oui trop vite…

Peut-être que Michel Therrien confine Brière au sein du 4e trio avec l’intention de le faire grimper dans la hiérarchie si l’un ou l’autre des vétérans qu’il chouchoute ne fait pas le travail.

On verra.

Je sais toutefois que Brière, au sein d’un quatrième trio, ne peut pas aider grandement le Canadien. Pas plus que Desharnais cela dit.

Et Bournival dans tout ça?

Brière n’est pas le seul à écoper et à se retrouver au sein d’un quatrième trio. Michaël Bournival l’accompagne.

Mais si Brière – vous pouvez ajouter les noms de Desharnais, Pacioretty et Bourque – a plus de mauvaises performances à se faire pardonner que d’exploits à célébrer depuis le début de la saison, il en va tout autrement avec Bournival.

Le jeune homme a tout fait ce qu’il devait faire pour se tailler une place dans le vestiaire du Canadien. Pour se dénicher une place à la gauche de Plekanec et Gionta. Une place qu’il a assumée pleinement en offrant de solides performances plus tôt cette saison. En récoltant sa part de points.

Bournival a tellement bien fait que le Canadien lui a demandé de quitter l’hôtel et de se trouver un logement. Un traitement qui laissait croire que non seulement il passerait la saison à Montréal, mais qu’il l’écoulerait au sein d’un trio plus important que le quatrième.

Michel Therrien ne peut faire plaisir à tous ses joueurs. C’est évident. Mais en prenant les décisions qu’il a prises hier, il favorise les vétérans devant le jeune Bournival.

Ce faisant, il hypothèque un brin ou deux son attaque. Comme il le fait en démembrant le trio des jeunes au profit de Pacioretty et Desharnais.

Pour faire un parallèle avec le casino, Therrien mise le tout pour le tout. En favorisant ses vétérans – à l’exception de Brière – il espère bien sûr qu’ils se remettront à marquer. S’ils le font, et que Carey Price continue à garder les buts avec le brio qu’il affiche depuis le début de la saison, le Canadien se remettra à gagner. Et si le Canadien se remet à gagner, les critiques qui commencent à se multiplier sur le dos du coach s’estomperont et il aura gagné son pari.

Si cette autre vague de chambardements n’apporte toutefois pas les résultats espérés et que les vétérans ne « remercient » pas leur entraîneur-chef de la seule façon qui compte vraiment, les insuccès se multiplieront, les doutes s’installeront sur la glace et dans le vestiaire et le job de l’entraîneur commencera à être menacé.

C’est aussi bête que ça.

Limité à deux victoires à ses huit dernières parties, le Canadien a malgré tout maintenu sa place en séries. Une place qui est menacée. C’est vrai. Mais à moins d’avoir placé le Canadien parmi les équipes de tête dans son association, le Tricolore est bien installé au centre du peloton.

La semaine difficile qui s’annonce pourrait prolonger les insuccès et faire glisser le Tricolore hors des séries.

Mais la bonne nouvelle pour le Tricolore et ses partisans, c’est que ce club énigmatique semble toujours trouver le moyen de s’imposer lorsque les défis sont grands, lorsque ses adversaires sont plus forts que lui.

Avec le Wild, les Capitals et les Penguins dans sa mire cette semaine, le Canadien a donc une occasion en or de faire honneur à cette prétention.

Y arrivera-t-il?

On va attendre un peu avant de s’avancer. Sans vouloir exagérer l’importance des trois matchs qui s’annoncent cette semaine, le Canadien ne peut se permettre de les échapper.

Une victoire est nécessaire. Deux ne seraient pas de trop. Trois? À l’impossible nul n’est tenu. Mais bon! Ça ne coûte pas cher de rêver un peu.

Bien qu’il soit l’objet de critiques, Michel Therrien ne peut être accusé d’immobilisme. De fait, si ses joueurs, tous ses joueurs, travaillaient autant que lui, qu’ils déployaient autant d’efforts sur la glace que leur coach derrière le banc, le Canadien marquerait plus de buts. Il gagnerait plus souvent. Et le coach serait de bien meilleure humeur.

Les partisans aussi…