BROSSARD – Le milieu du hockey professionnel ne fait pas dans la pitié et certains observateurs ont osé suggérer au Canadien de s’impliquer dans l’opération séduction envers Mike Babcock. Le directeur général Marc Bergevin a sauté sur l’occasion pour défendre avec véhémence Michel Therrien.

« Il faut de la créativité et de la chance »

Les rumeurs peu flatteuses à l’endroit de Therrien s’étaient rendues aux oreilles de Bergevin qui était préparé à répondre à cette question.

« Depuis deux ans,on a joué 29 matchs en séries ce qui nous place au 2e rang de la LNH. On a obtenu 16 victoires pour le 3e rang de la ligue. Au total, on a participé à cinq rondes éliminatoires et on n’est devancé que par les Rangers et les Blackhawks », a relevé Bergevin qui avait ses statistiques préparées à l’appui.

Visiblement irrité par le sujet, Bergevin a poursuivi son témoignage de soutien envers Therrien.

« Michel fait du travail exceptionnel. C’est décevant, juste l’idée qu’on puisse penser qu’il n’est pas un entraîneur établi, un gagnant et un entraîneur de qualité dans la LNH », a exprimé Bergevin.

« Ça ne me fâche pas, ça me déçoit qu’on puisse penser ça. Michel fait un travail phénoménal. Chapeau à lui et à son groupe d’entraîneurs. Je me demande sur quoi ces personnes se basaient », a continué le DG qui n’entendait pas à rire sur ce sujet.

À propos du personnel d’entraîneurs, Bergevin a profité du moment pour confirmer que les adjoints de Therrien seraient de retour la saison prochaine incluant Dan Lacroix qui a essuyé des critiques pour le rendement anémique du jeu de puissance.

Sans surprise, Bergevin croyait que Therrien et ses adjoints allaient mener le Canadien plus loin que la deuxième ronde.  

« Quand tu accèdes aux séries, tu veux aller jusqu’au bout. Je pensais vraiment qu’on avait de bonnes chances de vaincre les Red Wings ou le Lightning au deuxième tour. Mais en séries, plusieurs choses arrivent et ça n’a pas fonctionné. Je suis très déçu, mais dans l’ensemble, je retiens beaucoup de positif de la dernière saison », a évalué Bergevin.

Ce chemin plus court qu’au printemps dernier en séries aurait pu inciter certains dirigeants à modifier la philosophie de leur équipe, mais le DG a refusé cette hypothèse.  

« Nos performances ont été très bonnes dans cette série à part le sixième match. Est-ce que je suis prêt à tout revirer à l’envers parce qu’on n’a pas vaincu le Lightning qui est une très bonne équipe ? Pas du tout! », a argué Bergevin.

« Si tu ne peux pas défendre, tu n’as aucune chance de gagner. Regardez les Rangers en ce moment qui ont une grosse attaque et qui gagnent leur match par un but, c’est ça les séries. Il faut être opportuniste et nous ne l’avons pas assez été », a enchaîné Bergevin pour justifier sa vision.

Depuis l’élimination du Canadien, P.K. Subban a évoqué à deux occasions son sentiment d’urgence de remporter la coupe Stanley prochainement puisque lui et les piliers que sont Carey Price et Max Pacioretty « n’ont plus 20 ans ». Bergevin a préféré calmer le jeu en rappelant qu'Henrik Lundqvist brillait encore, à 33 ans, devant le filet des Rangers.

Le fameux dossier du capitaine

Le dirigeant du Canadien n’a pas démontré plus d’empressement à identifier le nouveau capitaine de l’organisation. À l’image des déclarations d’une panoplie de joueurs la veille, Bergevin a salué le travail de son quatuor d’assistants (Subban, Max Pacioretty, Tomas Plekanec et Andrei Markov).

« Therrien a fait un travail exceptionnel »

« Je ne pense pas que ça nous a fait mal cette année. Notre groupe de meneurs a fait un très bon travail, on a fini au deuxième rang du classement de la LNH. Le débat du capitaine, ce n’est pas pour aujourd’hui, mais pour plus tard », a dit Bergevin.

Nul doute, le DG ne veut pas précipiter les étapes dans ce dossier puisqu’il a reconnu que le mauvais représentant avait déjà été choisi ailleurs dans la LNH autant quand la sélection reposait sur les dirigeants que sur les joueurs.

« Mais en se basant sur l’année qui vient de se finir, notre plan a bien fonctionné. On va s’asseoir, Michel et moi, et on décidera de l’approche à privilégier pour l’an prochain », a-t-il noté.

« Les joueurs doivent performer »

Force est d’admettre que Pacioretty et Subban ont ressorti du lot et le fougueux Brendan Gallagher a démontré une relève au chapitre du leadership avec son dévouement irréprochable, mais Bergevin ne semble pas prêt à le considérer dans l’équation.

« Il a beaucoup de potentiel, peut-être un jour. Il pourrait avoir une lettre sur son chandail. Je ne suis pas encore rendu à cette réflexion, mais il a des qualités de meneur. »

Un désir réciproque pour Petry

Tout comme Petry l’avait fait la veille, Bergevin n’a pas caché qu’il souhaite que la relation se poursuive avec ce défenseur aux multiples atouts.

À vrai dire, Bergevin est allé assez loin dans sa « déclaration d’amour » envers l’Américain et potentiel joueur autonome qu’il a identifié comme une priorité.

« On est vraiment content de sa façon de jouer. Il a joué de très bonnes minutes pour nous. On connaît bien ses forces et on trouve qu’il cadrerait parfaitement avec nous. Ce sera une priorité de le ramener avec nous », a révélé l’ancien défenseur au sujet de Petry qui a permis à Alexei Emelin de rehausser son jeu.

Inévitablement, la réalité du plafond salarial complique les projets de Bergevin qui doit aussi trouver un terrain d’entente avec Alex Galchenyuk, Nathan Beaulieu, Jarred Tinordi et possiblement Torrey Mitchell ainsi que Brian Flynn.

« Gallagher pourrait avoir une lettre sur son chandail »

« Pour le moment, on ne sait pas quel sera le plafond salarial. On fera de notre mieux pour le garder ici s’il le veut et je pense que c’est le cas », a fait remarquer celui qui devra encore gérer son budget avec efficacité.

Le désir de le garder à Montréal atteint le point que Bergevin réfléchira à l’idée de sacrifier des éléments de son organisation pour le garder dans l’uniforme bleu-blanc-rouge.  

« Ce sont des choses que j’ai déjà regardées un peu, mais on va s’asseoir avec nos gars de hockey. On fera tout ce qui est possible sans faire mal à l’équipe pour qu’il reste à Montréal », a dit Bergevin en comparant ce défi à un casse-tête à compléter.  

La mise en scène n’a pas été aussi étoffée pour Mitchell, mais le Québécois de 30 ans devait certainement se réjouir du discours de celui qui pourrait demeurer son grand patron.

« C’est une autre acquisition qui nous a rendu de fiers services et Michel l'utilisait dans des situations critiques. Cependant, l’époque où tu pouvais signer n'importe qui sans restriction salariale est révolue, mais, si c’était possible, j'aimerais le garder à Montréal », a nuancé Bergevin.

Du répit prévu pour Plekanec et Markov, pas pour Price

En 2014-15, Bergevin a été épaté par les prouesses de son gardien Carey Price, mais il ne souhaite pas à tout prix que son équipe le libère de la pression qui repose sur ses épaules. En fait, il perçoit Price comme la pièce maîtresse de son clan comme les Sidney Crosby, Jonathan Toews ou Ryan Getzlaf de la LNH si bien que c’est normal, à ses yeux, qu’il contribue autant à l’effort collectif.

« C'est un casse-tête »

« Est-ce que les Blackhawks devraient changer quelque chose parce qu’ils comptent beaucoup trop sur Jonathan Toews depuis le début des séries? Carey est un joueur exceptionnel à sa position de gardien de but. Carey aime la pression et il joue très bien dans ces conditions », a préféré répondre Bergevin.

Par contre, le grand manitou du Tricolore n’écarte pas du revers de la main la possibilité de réduire le temps d’utilisation d’Andrei Markov (24 :55) et Tomas Plekanec (19 :09) en 2015-16 pour maximiser leur rendement.

« Quand un joueur vieillit, tu veux lui enlever un peu de temps de glace pour le reposer. Les outils, on les a avec Petry, si on peut le ramener, ainsi que (Greg) Pateryn et (Nathan) Beaulieu qui prennent de plus en plus de responsabilités », a confirmé Bergevin sur Markov.

« C’est certain que Michel utilise Tomas à toutes les sauces : sur le jeu de puissance, pour tuer les punitions… Mais avec l’arrivée de Mitchell, je pense que ça peut aider, si on peut le retenir à Montréal. C’est une option que Michel étudiera et une chose à laquelle on a pensé », a poursuivi le DG sur Plekanec.

Bergevin a partagé la vision des partisans en ce qui concerne les prestations de ces deux vétérans. Cette note négative ne fait aucun doute et il est encouragé par le fait que les deux athlètes sont les premiers à reconnaître leurs torts.

Pourquoi ne pas terminer ce bilan exhaustif sur une note positive ? Elle revient à Jacob de la Rose qui a démontré une partie de son potentiel à 19 ans.

« On est très satisfait de Jacob, il aurait pu jouer au niveau junior encore cette année. Il est imposant, il patine bien et  il est très responsable défensivement. C’est une bonne option pour Michel étant donné qu’il peut jouer à droite, à gauche ou au centre. Je le vois comme un joueur polyvalent qui est bon aux deux positions », a conclu Bergevin a été fort généreux dans ses propos sans pouvoir trop dévoiler son jeu.