Tableau des signatures

 

MONTRÉAL - Marc Bergevin s’était fixé un objectif clair après l’élimination du Canadien par les Flyers de Philadelphie en première ronde des séries : combler des lacunes évidentes devant le filet et à la ligne bleue tout en renforçant une attaque qui manquait de poids et de buts marqués. Surtout sur le flanc droit.

 

L’embauche de Tyler Toffoli complète un tableau de chasse très bien garni pour le directeur général du Canadien.

 

Âgé de 28 ans, Toffoli, comme Josh Anderson acquis la semaine dernière des Blue Jackets de Columbus en retour de Max Domi, ajoute du poids à l’attaque. Et il devrait également ajouter des buts.

 

Choix de deuxième ronde des Kings de Los Angeles en 2010, Tyler Toffoli a marqué 24 buts et amassé 44 points en 68 matchs de saison régulière l’an dernier. Dix-huit buts et 34 points avec les Kings et six (10 points) en dix matchs avec les Canucks de Vancouver qui l’ont acquis à la date limite des transactions. Les Canucks tenaient à Toffoli. Ils ont cédé Tyler Madden – ce choix de 2e ronde des Canucks en 2018 joue au centre et est le fils de John Madden qui a connu une carrière de 13 saisons dans la LNH – un choix de deuxième ronde lors du dernier repêchage – les Kings l’ont ensuite échangé aux Red Wings qui ont sélectionné Theodor Niederbach – et Tim Schaller un joueur de soutien.

 

Inséré au sein du premier trio des Canucks à son arrivée, Toffoli a ajouté deux buts et quatre points en sept matchs de séries.

 

Voilà qu’il vient de faire faux bond aux Canucks en acceptant l’offre du Canadien.

 

Tyler Toffoli est un gros attaquant capable de se servir de son poids pour se démarquer. Un coup de patin un brin décevant représente sa principale lacune. Mais il est en mesure de marquer 25 buts par saison. Il a même connu une campagne de 31 buts (58 points) en 82 matchs disputés en 2015-2016. Sa meilleure saison jusqu’ici en carrière.

 

Il y a deux ans, Toffoli a connu, à l’image des Kings, une saison difficile alors qu’il s’est contenté de 13 buts et 34 points en 82 rencontres.

 

Lors de ses quatre saisons précédentes, l’ailier droit a totalisé 94 buts et 198 points en 303 rencontres.

 

Le nouveau venu du Canadien est considéré autour de la LNH comme un marqueur de 25 buts. Il lui restera à le prouver.

 

Il reviendra à Claude Julien de lui trouver la niche la plus propice pour l’aider à aider le Canadien offensivement. On pourrait facilement voir Toffoli évoluer au sein d’un troisième trio à la droite de Jesperi Kotkaniemi. Artturi Lehkonen ou Paul Byron pourraient être des candidats à l’aile gauche.

 

Ça laisserait Nick Suzuki flanqué de Jonathan Drouin et Josh Anderson au sein du premier trio et le tiercé gagnant de l’an dernier formé de Tomas Tatar, Phillip Danault et Brendan Gallagher au sein du top six.

 

Jake Evans patrouillerait donc un quatrième trio flanqué de Lehkonen ou Byron et de Joel Armia qui sera toujours en mesure de grimper dans la hiérarchie en cas de blessures.

 

Hudon en Suisse

 

Où est Charles Hudon dans tout ça?

 

Seul attaquant toujours sans contrat, le Québécois est en Suisse en ce moment afin de négocier avec les dirigeants du club de Lausanne.

 

Je ne sais pas si Hudon entendait utiliser cette option pour mettre de la pression sur le Canadien. Mais si tel était le cas, il est bien mieux de s’entendre avec Lausanne, car il n’y a plus de place pour lui avec le gros club.

 

Cela dit, Hudon n’aura pas à rougir s’il poursuit sa carrière en Europe. Incapable de se faire une place dans la LNH, il devrait être en mesure de connaître du succès en Europe et y vivre des expériences enrichissantes autant pour lui que pour sa famille.

 

Le Canadien aurait sans doute préféré compter sur lui comme pierre d’assise de l’attaque avec le Rocket de Laval. Mais bon. Hudon a droit au bonheur, et il était clair qu’il ne le trouvait plus depuis un bon moment au sein de l’organisation du Canadien.

 

Plafond salarial dépassé

 

L’embauche de Tyler Toffoli à titre de joueur autonome représente une belle prise à mes yeux pour le Canadien sur le plan hockey.

 

Cette prise devient encore meilleure sur le plan économique quand on considère que le Canadien l’a attiré à Montréal avec un contrat de quatre ans d’une valeur de 17 millions $. Un contrat qui représente une baisse de salaire pour Toffoli qui touchait 325 000 $ de plus par saison dans son dernier contrat signé à Los Angeles.

 

Pas question ici de parler d’aubaine. Mais une moyenne salariale de 4,25 millions $ par saison pour un joueur comme Toffoli qui profitait de l’autonomie complète représente un bon investissement.

 

Autant en argent qu’en années.

 

Malgré cette signature à bon prix, le Canadien fracasse le plafond salarial de 81,5 millions. Selon nos collègues du site spécialisé CapFriendly.com, la masse salariale du Canadien s’élève à 81 853 809 $.

 

Cette masse est répartie entre les 12 attaquants sous contrat de la LNH, le groupe de huit défenseurs incluant Victor Mete et Xavier Ouellet, les gardiens Carey Price et Jake Allen – le duo ampute la masse de 14,85 millions $ -- sans oublier les 3 958 333 $ versés à Karl Alzner dans le cadre de la première année du remboursement de son rachat de contrat.

 

Comme toutes les équipes de la LNH, le Canadien peut se permettre de dépasser le plafond de 10 % pendant la saison morte.

 

Une fois le camp d’entraînement terminé – on va commencer par attendre de savoir quand la LNH permettra de le débuter – le Canadien devra ramener sa masse sous le plafond. Sans compter que le Tricolore aura tout intérêt à se dégager une marge de manœuvre en cas de blessures.

 

Weal à Laval? Byron à Ottawa?

 

L’exercice mené par Marc Bergevin et son bras droit responsable de la gestion des contrats John Sedgwick sera intéressant à suivre.

 

Plusieurs options serviront la cause du Canadien qui pourrait bien sûr échanger un joueur de soutien, disons Jordan Weal et son contrat de 1,4 million $, contre rien du tout. En fait, Marc Bergevin pourrait aussi ajouter un choix au prochain repêchage pour mousser ses chances de conclure une transaction du genre.

 

Il pourrait utiliser le même stratagème et même se montrer plus généreux encore à l’endroit des Sénateurs d’Ottawa – qui doivent atteindre le plancher salarial – pour qu’ils rapatrient dans sa ville natale Paul Byron et les trois dernières années du contrat d’une valeur moyenne de 3,4 millions $.

 

Si les transactions ne fonctionnent pas, le Canadien pourrait céder des joueurs dans la Ligue américaine. Il est important ici de rappeler que ce n’est que 1,075 million $ que les équipes peuvent retrancher de la masse salariale – peu importe le salaire – une fois un joueur enfoui dans les mineures.

 

Un ou des joueurs devront changer de camp pour aider le Canadien à respecter son budget.

 

Ce qui aurait été plus difficile à faire, voire impossible, si Marc Bergevin, comme le voulaient de nombreux partisans, avait offert à Taylor Hall les 8 millions $ que les Sabres de Buffalo lui ont consentis.

 

Même pour un an.

 

Parlant d’années, la gymnastique financière du Canadien ne sera pas plus facile l’an prochain alors que Brendan Gallagher et Phillip Danault – j’écarte tout de suite Tomas Tatar de l’équation puisqu’il deviendra impossible de le mettre sous contrat si les deux autres demeurent à Montréal – négocieront des contrats à titre de joueur autonome.

 

Cela dit, le Canadien économisera sur le salaire de Jake Allen qui écoulera cette année la dernière saison de son contrat – s’il demeure à Montréal, Allen devra se contenter de beaucoup moins que son salaire de 4,35 millions $ -- et le rachat du contrat de Karl Alzner coûtera 2 millions $ de moins l’an prochain avant de baisser à 833 333 $ pour les deux dernières années du rachat étalé sur quatre saisons.

 

Au-delà du ou des joueurs qui devront être sacrifiés avant la prochaine saison, il faut aussi s’attendre à ce que tous les jeunes qui peuvent être rétrogradés sans avoir à passer au ballottage feront de nombreux allers-retours entre les stations de métro Lucien-Lallier et Montmorency les jours où le Canadien ne jouera pas simplement pour sauver quelques milliers de $ quotidiennement.

 

Une façon de dégager une marge de manœuvre pour la fin de la saison. Des fois que Marc Bergevin aurait besoin de transiger pour donner une surdose d’énergie à un club sur le point d’accéder aux séries.

 

Meilleur que l’an dernier

 

Je sais! Il faudrait bien attendre que le Canadien dispute quelques matchs avant de se mettre à parler de séries éliminatoires.

 

Car après tout, le Tricolore a été invité à prendre part à la relance de la saison de la LNH simplement parce qu’il fallait 24 clubs pour mener à bien le scénario proposé par la LNH et entériné par le syndicat des joueurs.

 

Mais avec Josh Anderson et Tyler Toffoli qui donneront plus de poids et plus de punch offensif à un flanc droit qui en manquait cruellement, avec Joel Edmundson qui amènera plus de poids et d’expérience à la gauche d’une brigade défensive qui en manquait cruellement, avec Jake Allen qui donnera un soutien à Carey Price qui en manquait cruellement au fil des dernières années, avec Max Domi qui commençait à peser lourd dans le vestiaire du Tricolore, le Canadien forme une meilleure que celle de l’an dernier.

 

Il faudra marquer des buts, stopper des rondelles et ajouter des victoires pour le prouver.

 

C’est clair.

 

Mais le Canadien est quand même meilleur que l’an dernier. Une preuve frappante. Plusieurs partisans ont réagi négativement sur les médias sociaux lorsque j’ai inséré le nom de Tyler Toffoli sur le flanc droit du troisième trio.

 

À leurs yeux, Toffoli devrait évoluer au sein des deux premiers trios. Tout comme Brendan Gallagher et Josh Anderson je m’empresse d’ajouter.

 

Tout un contraste.

 

Car depuis deux, cinq, sept saisons et peut-être plus, on souligne toujours, avec raison, que le Canadien manque tellement d’attaque que des gars de troisième ou quatrième trio doivent évoluer au sein des deux premières « lignes ».

 

Ça fera donc changement de voir le Canadien être « obligé » de recaler des attaquants sur des troisième ou quatrième trios si Toffoli et Joel Armia se retrouvent sur les deux unités de soutien.

 

Si cela arrive, ça donnera au Canadien trois trios bien équilibrés et capables de contribuer offensivement et un vrai quatrième trio. Pas un semblant d’unité comme toutes celles que le Canadien a proposées au cours de la dernière saison. Au cours des dernières saisons…

 

Marc Bergevin a tenu promesse. Il a pris des décisions et pris les moyens pour améliorer son équipe.

 

Dans une ligue où si tu stagnes tu régresses parce que tes adversaires ont eux aussi des jeunes qui progressent et prennent des moyens pour s’améliorer, le DG du Canadien a fait très bien rempli son rôle en comblant des lacunes qui sautaient aux yeux et qui minaient son équipe.

 

Ce sera à l’équipe maintenant de lui donner raison.