Sommaire

MONTRÉAL - Le Canadien a débuté le match comme s’il voulait faire taire à jamais tous ceux et celles qui peinent à croire, ou ne croient pas du tout, à ses chances d’accéder aux séries éliminatoires.

 

Rapides, incisifs, impliqués, les joueurs du Tricolore en ont mis plein la vue à leurs partisans tout en étourdissant ses adversaires. À commencer par Jack Campbell sans qui le Canadien aurait pris les devants par deux ou trois buts avant même que les fans des Leafs et leurs favoris n’aient eu le temps de comprendre ce qui leur arrivait.

 

La poussée qui a permis à Brett Kulak et Josh Anderson de mettre le gardien des Leafs à rude épreuve dès la première séquence de la rencontre était belle à voir. David Savard, Anderson encore, Gallagher et Caufield ont tour à tour mis Campbell à l’épreuve qui a finalement cédé devant Jonathan Drouin qui a marqué le premier but de la saison.
 

Un but qui lui a certainement fait du bien après tous les tracas qui ont miné sa dernière saison.

 

Drouin a donné les devants au Canadien avant même que la huitième minute de jeu soit terminée. À ce moment, le Tricolore s’était déjà offert – selon mes statistiques personnelles compilées au cours des rencontres – sept bonnes occasions de marquer.

 

Les Leafs n’en avaient qu’une.

 

L’ennui pour le Canadien, c’est qu’après avoir si bien amorcé le match, il l’a terminé en donnant raison à ceux et celles qui peinent à croire ou ne croient pas du tout à ses chances de se rendre en séries.

 

Une fois les célébrations entourant le premier but de la saison terminées, le Canadien est tombé à plat. De rapides, incisifs et impliqués qu’ils étaient lors des sept premières minutes de jeu, les joueurs de Dominique Ducharme sont devenus lents autant sur patins que dans leurs prises de décisions, approximatifs en matière d’exécution et surtout trop souvent spectateurs.

 

Après le but de Jonathan Drouin, le Canadien a laissé les Leafs reprendre le contrôle de la patinoire. Le plein contrôle de la glace. Deux pénalités consécutives ont compliqué les choses pour le Tricolore, c’est un fait.

 

Mais quand même : de 7-1 qu’elles étaient lorsque Drouin a donné les devants 1-0 au Canadien en milieu de première période, les chances de marquer sont passées à 12-2 au cours de la séquence de près de 34 minutes au cours de laquelle Pierre Engvall, à mi-chemin au premier tiers, et William Nylander, au tout début de la troisième période, ont donné aux Leafs l’avance de 2-1 que le Canadien n’a pas été en mesure de combler.

 

Un cinq contre trois qui a fait très mal

 

J’insiste sur le fait que c’est le Canadien qui n’a pas rejoint les Leafs, bien plus que les Leafs qui ont empêché le Canadien d’y arriver.

 

Car le Canadien a bousillé quatre attaques massives dont une séquence de 104 secondes à cinq contre trois alors que Jason Spezza et Mitchell Marner – deux joueurs utilisés lors des désavantages numériques – se sont retrouvés au cachot en début de troisième.

 

Pendant les 104 secondes qu’il a joué avec un avantage de deux hommes le Canadien s’est contenté d’un tir au but. Un seul. Jeff Petry s’est élancé de la ligne bleue plusieurs fois, mais une seule rondelle s’est rendue au filet. En tirant de bien trop loin et du centre de la ligne bleue, Petry a grandement facilité le travail des Leafs en défensive, car ces derniers n’avaient pas à se débattre pour protéger l’ensemble du territoire.


Le plus gros arrêt réalisé aux dépens du Canadien pendant ce cinq contre trois n’a pas été l’œuvre de Jack Campbell, mais bien du défenseur Justin Holl qui a glissé sur sa droite pour voler Brendan Gallagher.

 

Sur la séquence qui a mené au tir de Gallagher, le Canadien a fait bouger la rondelle. Il a été actif au lieu d’être statique. S’il avait été aussi actif pendant les 104 secondes du cinq contre trois et lors des deux autres attaques massives qu’il a obtenues, le Canadien aurait moussé ses chances de niveler la marque et de peut-être récolter un point, voire deux si le match s’était décidé en prolongation ou en tirs de barrage.

 

Mais ce n’est pas arrivé.

 

Pourquoi autant insister sur les ratées de l’attaque massives? Surtout dans le cadre du tout premier match de la saison alors que le rodage – chez le Canadien comme au sein des 31 autres équipes de la LNH – n’est pas terminé?

 

Parce que l’attaque à cinq du Canadien devra produire cette année pour combler les autres lacunes de cette équipe. Des lacunes relevées lors du camp d’entraînement. Des lacunes que la première partie a permis de confirmer.

 

Défensive vulnérable

 

On la savait vulnérable en raison des absences de Shea Weber et de Joel Edmundson, mais la défensive du Canadien a été poreuse hier à Toronto.

 

Jeff Petry, qui s’ennuie d’Edmundson et du filet de sécurité qu’il lui offre, a passé plus de 27 minutes sur la patinoire. C’est énorme. Trop peut-être. Car il s’est plusieurs fois prendre à contre-pied.

 

Tout comme son partenaire Brett Kulak qui a mal couvert son territoire – le Canadien a toutefois réalisé de mauvais changements au banc – sur la séquence qui a mené au premier but.

 

Ben Chiarot, qui s’ennuie de Shea Weber, en a soufflé un coup à quelques reprises en zone défensive avec son partenaire David Savard qui serait bien plus à l’aise et efficace il me semble au sein d’un troisième duo.

 

Mais pour l’instant, c’est un luxe que le Canadien ne peut se payer.

 

Que dire de Chris Wideman et Alexander Romanov? Que la seule fois où ils devraient être en même temps sur la patinoire c’est lors de la période d’échauffement!

 

Lors des présences au cours desquelles ils ont combiné leurs efforts, Wideman et Romanov semblaient être au beau milieu d’un duel visant à déterminer lequel des deux arrières était le plus souvent mal pris sur la glace.

 

Le Canadien ne peut se permettre d’avoir un troisième duo aussi imprévisible. Ça l’oblige à surtaxer les quatre autres défenseurs avec les risques qu’une surutilisation entraîne.

 

Dvorak sauve les meubles

 

Si on savait la défensive vulnérable, on savait aussi que la ligne de centre du Tricolore inquiétait.

 

Sans connaître un grand match, Nick Suzuki a généré quelques poussées intéressantes. Tout comme Cole Caufield qui s’est permis une belle poussée au but en première période, mais qui a aussi bousillé un ou deux occasions dans l’enclave.

 

On va lui pardonner et mettre ça sur le compte de la jeunesse.

 

C’est toutefois Christian Dvorak qui a sauvé la face du Canadien au centre mercredi. Dvorak a disputé 28 des 67 mises en jeu déposées par les juges de lignes mercredi. Il en a gagné 15.

 

Nick Suzuki (7 en 17) n’a pas aidé son trio à partir régulièrement avec la rondelle. Cédric Paquette a perdu les six mises en jeu qu’il a disputées. Et Jake Evans n’en a gagné que trois sur les 12 disputées. Pour être un centre efficace au sein du troisième trio, Evans devra gagner plus de mises en jeu. Beaucoup plus!

 

Sortie encourageante d’Allen

 

Autre point positif à relever dans la défaite : Jake Allen s’est assuré de faire oublier l’absence de Carey Price. Du moins, dans le cadre de cette première partie.

 

Victime de deux buts sur les 30 tirs qu’il a affrontés, Allen n’a aucune part de responsabilité à assumer dans le revers. Avec ses arrêts importants, il a donné à son équipe une chance réelle de gagner. Ou à tout le moins de soutirer un point.

 

S’il a su pallier l’absence de Carey Price dans la facette défensive du travail d’un gardien – et c’est le plus important on va tous être d’accord – Allen a démontré à quel point il est difficile d’égaler le brio de Price lorsque vient le temps de stopper les rondelles derrière son filet, de la bien préparer pour ses défenseurs qui viennent la chercher ou pour lui-même la distribuer avec efficacité pour amorcer des transitions offensives.

 

Mais bon! Pas question d’être trop sévère trop vite avec un gardien qui a un rôle très ingrat à remplir.

 

Surtout que si tous les joueurs du Canadien avaient affiché l’efficacité de leur gardien, c’est avec une victoire et non un revers que le Tricolore aurait amorcé la saison 2021-2022.

 

Il pourra se reprendre dès ce soir à Buffalo dans le cadre d’un match qu’il ne faudrait pas gaspiller.

 

Car perdre contre les Leafs, à Toronto, sans Price, Weber, Edmundson et Hoffman passe toujours. Mais perdre contre les Sabres, peu importe que ce soit à Buffalo, à Montréal, ou sur une patinoire extérieure dans un parc près de chez vous, dans le cadre d’une séquence de deux matchs en deux soirs, de trois en quatre ou de quatre en cinq, ça ne passerait pas!

 

Quoi dire sur les Leafs?

 

Je veux bien croire qu’ils étaient privés d’Auston Matthews. Mais quand même. Ils n’ont pas été bien bien plus convaincants dans la victoire que le Canadien ne l’a été dans la défaite.

 

Mais bon! Ce n’était que le premier match pour les deux clubs. On va éviter de sauter trop vite aux conclusions...