MONTRÉAL -À 11 jours de la date limite des transactions, le nouvel état-major du Canadien maintient le cap : la transaction qui a envoyé Tyler Toffoli à Calgary pour donner le coup d’envoi à une refonte de la formation sera suivie par d’autres d’ici à ce que le couperet ne tombe sur la période des transactions : à 15 h (heure de l’Est) le 21 mars prochain.

Et ce ne sont pas les récents succès obtenus par Martin St-Louis qui obligeront Kent Hughes et Jeff Gorton à effacer le plan qu’ils avaient établi.

Ils pourraient le retoucher un brin ou deux. Mais l’effacer : ça non! Et c’est une bonne chose. Car si une séquence, aussi belle soit-elle, de sept victoires en huit matchs, dans le cadre de parties disputées sans pression, te pousse à effacer tes plans, on ne doit plus parler de plan. On doit plutôt parler d’improvisation.

Bien qu’ils soient en poste depuis peu de temps, le duo Gorton-Hughes donne l’impression de vouloir rester le plus loin possible de l’improvisation. Ce qui est une très bonne nouvelle pour les partisans de leur équipe.

«Nous allons conclure toutes les transactions qui nous permettront de refaire du Canadien de Montréal un club gagnant année après année», que Gorton m’a répété lors d’un entretien téléphonique avant l’affrontement contre les Canucks, à Vancouver, mercredi.

Combien de transactions seront conclues? Quand tomberont-elles?

«Ça ne dépend pas juste de nous», a répliqué le DG qui a toutefois reconnu que plusieurs équipes s’intéressaient à ses joueurs.

Quand je lui ai demandé de me donner une idée du niveau d’intérêt, Hughes m’a répondu : «Nous recevons beaucoup d’appels chaque jour. Mais pour le moment, les appels ne se transforment pas en offres concrètes. Je peux seulement dire à nos partisans que si nous recevons une offre qui fait notre affaire, nous allons bouger.»

C’est pour cette raison que Ben Chiarot évolue toujours à la droite d’Alexander Romanov au sein du premier duo d’arrières du Canadien au lieu de développer de la complicité avec de nouveaux coéquipiers.

Chiarot intéresse plusieurs équipes : les Rangers, l’Avalanche et plus près de nous, les Maple Leafs, pourraient grandement profiter de l’apport d’un Ben Chiarot en séries. Lorsque ces équipes, ou d’autres offriront à Hughes et Gorton ce qu’ils veulent recevoir en retour, la transaction sera conclue.

Le Canadien n’est pas en quête d’une surenchère. Il est en quête du retour qu’il a déjà établi comme étant juste et satisfaisant.

Remarquez que la situation autour de la Ligue pourrait aider le Canadien en matière de surenchère. Il y a tellement de clubs, dans l’Ouest et non dans l’Est où les jeux sont faits, qui sont dans la course aux séries qu’il est possible que des clubs qui voulaient vendre décident plutôt d’acheter.

Autre facteur, la marge sous le plafond.

«Chaque jour qui passe donne un peu plus de marge sous le plafond alors que le poids des contrats diminue quotidiennement. Il y a des clubs qui veulent bouger, mais qui devront attendre jusqu’à la dernière minute afin d’avoir le plus d’espace possible», qu’un autre dirigeant m’a souligné mercredi.

Des facteurs qui pourraient permettre d’ajouter des villes à la liste de destinations potentielles pour Chiarot.

Ce qui est vrai pour Chiarot l’est pour tous les autres joueurs susceptibles de partir.

Il y a Jeff Petry bien sûr, mais Brett Kulak pourrait aussi représenter une belle police d’assurance pour un club déjà bien nanti à la ligne bleue, mais qui tient à s’offrir plus de profondeur. Jake Allen se rapproche d’un retour. S’il démontre qu’il est complètement remis et qu’il est en mesure de donner des chances réelles de victoire à son équipe lorsqu’il débarque devant la cage, il pourrait intéresser des clubs plus fragiles devant le filet.

Le retour des autres blessés donnera également l’occasion au Canadien de placer d’autres joueurs dans la «vitrine». Remarquez qu’ils le sont déjà pas mal tous. Exception faite de Suzuki, Caufield, Anderson et Romanov – je dresse cette liste de façon bien personnelle et non en prétendant que j’ai de l’information privilégiée – je considère que tous les autres joueurs sont susceptibles de partir.Artturi LehkonenArtturi Lehkonen

Même Artturi Lehkonen?

Bien sûr! Ses deux buts enfilés à Vancouver et la passe qu’il a ajoutée ont gonflé à six buts et huit points la récolte offensive de Lehkonen lors des cinq matchs disputés au cours du dernier voyage.

Avec ses 13 buts, il partage le deuxième rang des buteurs du Tricolore avec Nick Suzuki. Le duo accuse un retard de deux petits buts derrière Josh Anderson.

Lehkonen, comme Chiarot, suscite beaucoup d’intérêts. Il demeure un joueur intéressant pour le Canadien tout autant en raison de son éthique de travail et du fait qu’il peut remplir des tas de rôles. Il n’y a donc aucune obligation de l’échanger. Peut-être même qu’il n’y a pas de réelle intention en ce moment.

Mais si une offre est vraiment solide tombe dans la boute de courriel, le Canadien devra écouter et jongler avec la possibilité de passer aux actes.

Surtout que c’est à moyen et long terme que les résultats de la refonte tomberont. Pas l’an prochain voire dans deux ans.

Weber : aucune obligation

La nouvelle selon laquelle le Canadien pourrait se départir du contrat de Shea Weber a suscité beaucoup de questions et de réactions au cours des derniers jours.

C’est normal.

Si cette nouvelle est tombée, c’est qu’une équipe autour de la LNH – je n’ai pas l’information de quel club il s’agit – a contacté le Tricolore pour s’enquérir de cette situation.

Si cette équipe a fait ce qu’elle a fait, c’est parce qu’elle a besoin de la flexibilité qu’offre un contrat qui représente 7,857 millions $ sous le plafond pour les quatre prochaines années alors qu’il commande un salaire de six millions $.

Si cette équipe s’intéresse à ce contrat, elle devra offrir une compensation au Canadien. On ne parle parle pas ici d’un choix de première ronde. On parle d’une compensation mineure. Mais d’une compensation quand même.

Le Canadien n’a pas à se débarrasser du contrat de Weber. Un contrat qui n’est pas idéal tout le monde en conviendra, car il n’est pas sain d’avoir recours de l’allégement offert par la présence d’un joueur sur la liste des blessés à long terme pour boucler son budget. Mais ce contrat ne mettra pas la situation financière du CH en péril l’an prochain.

Il n’a donc pas besoin de faire le tour de la Ligue et d’offrir quelque chose pour qu’un club l’accepte. Au contraire : pour le moment, c’est un autre club qui frappe à la porte du CH et non le contraire. Et c’est pour cette raison qu’il est possible que le Canadien puisse obtenir quelque chose en retour du contrat de son capitaine.

Voyage très satisfaisant

La défaite de 5-3 encaissée, mercredi, à Vancouver, aux mains des Canucks ne change rien au fait que le Canadien a connu un excellent voyage dans l’Ouest du pays.

Elle ne change rien au fait que les joueurs peuvent rentrer à la maison avec la satisfaction des victoires signées à Calgary, Edmonton et Ottawa où la séquence de cinq matchs consécutifs à l’étranger a débuté le 26 février dernier.

La satisfaction d’avoir enfilé quatre buts consécutifs pour niveler les chances 4-4 lors de l’escale à Winnipeg devrait aussi faire contrepoids au fait que les Jets ont ensuite ajouté quatre autres buts pour finalement doubler le Tricolore 8-4.

Mercredi à Vancouver, dans le cadre de son moins bon des cinq derniers matchs, le Canadien a quand même été dans le coup et a trouvé le moyen de revenir à un but des Canucks en fin de troisième avant que le capitaine Bo Horvat ne scelle l’issue de la rencontre dans un filet désert.

Dans cette défaite, le Jeff Petry qui multipliaient les erreurs coûteuses parce que, selon ses dires, il jouait les mains et les pieds liés sous Dominique Ducharme est venu remplacer le Jeff Petry qui jouait bien mieux depuis qu’il avait été «libéré» par son nouveau coach Martin St-Louis.

Dans cette défaite, Nick Suzuki et ses compagnons du premier trio ont été bien discrets sur la glace du Rogers Arena.

Dans cette défaite, Samuel Montembeault a réalisé de très gros arrêts sur les 33 tirs dirigés par les Canucks. Il a aussi accordé des buts douteux comme ceux qu’il accordait avant le changement d’entraîneur.

Dans cette défaite le Canadien a jonglé trop souvent avec sa rondelle dans son territoire au lieu d’être rapide dans ses relances. Il a été trop souvent embourbé autour de son gardien ce qui a grandement compliqué son travail. Il a donné quatre avantages numériques aux Canucks qui en ont profité pour marquer deux fois. Il a fait chou blanc quatre fois de suite contre l’équipe qui est pourtant la plus généreuse de la LNH quand elle se retrouve en désavantage numérique.

Retour des mauvaises habitudes?

Dans cette défaite, les joueurs du Tricolore ont laissé poindre le fait que les mauvaises et très mauvaises habitudes qui ont miné son début de saison au point de forcer le congédiement de Dominique Ducharme après 45 matchs étaient peut-être encore ancrées malgré en dépit tout ce que Martin St-Louis a fait de bien et de bon depuis qu’il est débarqué derrière le banc.

Il ne faudrait pas sauter aux conclusions trop vite.

Vrai que Petry s’est rendu coupable de quelques bévues monumentales. Mais il faudra qu’il les multiplie au cours des prochaines parties pour qu’on puisse conclure à un retour de mauvaises habitudes. Même chose pour Suzuki, Caufield et Anderson. Pour Montembeault et le reste de l’équipe aussi.

Oui Suzuki a été discret offensivement. Il a aussi été haché finement aux cercles des mises (9 en 12 : 43 %) comme l’ont aussi été Laurent Dauphin (3 en 10 : 30 %) et Jake Evans (3 en 13 : 23 %). Après quatre matchs très solides, le premier trio a été incapable de se sortir des griffes des Canucks qui ont été bien meilleurs dans leur rôle que Suzuki et son trio ont été mauvais.

Ça arrive. Et il est important de parfois voir que c’est davantage l’adversaire qui a été bon que Suzuki et ses coéquipiers qui ont été mauvais... ou simplement ordinaires.

Le Canadien n’a pas disputé son meilleur match, c’est vrai. Les Canucks eux en ont disputé un solide comme en témoigne le fait qu’ils ont décoché 23 tirs de plus (69 contre 46) et qu’ils ont aussi asséné plus de mises en échec (22-18) que le Tricolore. Des statistiques qui ne mentent pas.

Comme quoi le Canadien a perdu mercredi bien plus parce que les Canucks et leur leader J.T. Miller ont disputé une solide partie de hockey qu’en raison du fait que les mauvaises habitudes qui le hantaient il y a quelques semaines sont revenues prendre le contrôle du vestiaire.

On verra si ces mauvaises habitudes sont revenues s’installer ou n’ont simplement fait que passe alors que le Canadien jouera dans un Centre Bell rempli à capacité pour une première fois depuis longtemps, samedi, contre le Kraken, avant de se rendre à Philadelphie, dimanche, pour croiser les Flyers. Deux clubs contre qui le Canadien, du moins le nouveau Canadien, celui de Martin St-Louis, devrait être en mesure de rivaliser.