Les défaites que le Canadien collectionne cette saison sont désolantes autant au chapitre du nombre que de la façon dont il les multiplie.

 

En s’inclinant 5-2 à Pittsburgh samedi, le Tricolore a encaissé son 25e revers en temps réglementaire en 39 matchs disputés à l’étranger jusqu’ici cette saison. En passant, c’est un record. Un triste record on en conviendra, mais un record quand même.

 

Une fois seulement depuis sa création le Canadien avait subi 24 revers en temps réglementaire sur la route au cours de son histoire. C’était en 1998-1999 alors qu’il avait maintenu un dossier de 11-24-6 hors du Centre Bell qui s’appelait Molson à l’époque.

 

Mais il y a pire. Il y a bien pire...

 

Après 78 matchs, le Canadien est rendu à 38 défaites à la régulière. Il a perdu 50 fois si on ajoute à ces 38 revers les 12 autres encaissées en prolongation et tirs de barrage.

 

Mais revenons aux défaites en temps réglementaire : parce que le Canadien croisera les Devils dimanche, les Jets mardi, les Red Wings jeudi et les Maple Leafs samedi prochain, il n’est pas exagéré de prétendre qu’il pourrait atteindre le plateau des 40 revers en temps réglementaire cette année. Ce serait la troisième fois qu’il tomberait si bas après ses saisons désolantes de 2000-2001 (28-40-8-6) et de 1983-1984 (35-40-5).

 

Mais attention, le Canadien pourrait même fracasser ce plateau pour la toute première de son histoire.

 

ContentId(3.1268840):LNH : Canadiens 2 - Penguins 5 (hockey)
bellmedia_rds.AxisVideo

Je sais qu’une majorité de partisans se fiche pas mal du nombre de défaites encaissées. Que la quête du premier choix au prochain repêchage vaut amplement la peine de perdre aussi souvent.

 

Vrai que la sélection du défenseur suédois Rasmus Dahlin serait un baume sur la saison désastreusement historique qui n’en finit plus de finir.

 

Mais bien plus que les défaites qui rapprochent le Canadien du gros lot à la loterie Dahlin, la façon dont le Canadien perd devrait sérieusement inquiéter les partisans. Car il faudra bien plus que la sélection de Dahlin et le retour en forme et en santé des Price, Weber, Pacioretty et autres Danault pour faire contrepoids à l’attitude défaitiste qui mine le jeu offert par le Canadien. Aux erreurs qui se répètent soir après soir et qui mènent tout droit aux revers en séries. Des erreurs qui semblent maintenant faire partie de l’ADN d’une équipe qui a non seulement clairement abandonné, mais pis encore qui semble se complaire dans la défaite.

 

Mes observations sur la 50e défaite du Canadien :

  1. Encore le désavantage numérique
  2. Des buts...
  3. D’autres buts...
  4. Encore des buts...
  5. Dur retour pour Schlemko
  6. Drouin et Galchenyuk se démarquent

Le chiffre du match : 200 – Outre le fait de jouer pour les Penguins, qu’ont Sidney Crosby et Patric Hornqvist en commun? Ils ont été repêchés tous les deux en 2005. Crosby a été le tout premier joueur sélectionné alors que son coéquipier suédois a été le tout dernier au 230e rang par les Predators de Nashville. Contre le Canadien samedi, Hornqvist a marqué son 200e but en carrière dans la LNH. C’était son 15e de la saison en avantage numérique. Il domine tous ses coéquipiers des Penguins, dont Evgeni Malkin qui le suit avec 14...

 

Encore le désavantage numérique

 

Quand ton équipe est la pire de la LNH en désavantage numérique et qu’elle est plus lamentable encore sur la route où elle croise la meilleure attaque massive du circuit, il me semble que le mot d’ordre devrait être de demeurer discipliné.

 

Il faut croire que le Canadien n’a pas compris puisqu’il a offert cinq attaques massives aux Penguins qui en ont profité pas une, pas deux, mais bien trois fois.

 

Avec des défenseurs qui sont incapables de gagner des batailles pour récupérer les rondelles dans les coins ou protéger la façade du filet, avec des attaquants qui refusent de se sacrifier pour ne serait-ce que tenter de bloquer des tirs, les gardiens du Tricolore sont des proies faciles en désavantage numérique.

 

À un moment donné, ce ne sont plus les plans concoctés pour défendre la zone et le gardien qui sont à blâmer. C’est l’inertie affichée par les joueurs envoyés sur la patinoire. Quand des joueurs refusent d’au moins donner un brin d’opposition à l’adversaire, il arrive ce qui est arrivé encore hier au Canadien alors que les Penguins ont haché finement les «spécialistes» de la défensive et le gardien Antti Niemi qui faisait pitié par moments.

 

Avec les trois buts accordés aux Penguins en cinq désavantages, le Canadien affiche maintenant un rendement – il est hors de question d’écrire ici le mot efficacité – de 66,2 % à court d’un homme cette saison sur la route.

 

C’est mauvais?

 

Non. C’est désastreux!

 

De fait, depuis que la LNH comptabilise ce genre de statistiques, seuls les Blues de St.Louis en 1977-1978 (65,9 %), les Kings de Los Angeles en 1979-1980 (65,8 %), les Red Wings de Detroit en 1980-1981 (65,3 %) et les Kings une fois encore en 1982-1983 (61,8 %) ont fait pire que le Canadien cette saison.

 

ContentId(3.1268843):Canadiens : toujours les mêmes mauvaises habitudes (LNH)
bellmedia_rds.AxisVideo

Je veux bien croire que Weber n’est pas là. Que Price a connu une année de misère. Que la défensive est mollassonne et que les arrières qui devaient combler les brèches les ont au contraire aggravées.

 

Mais il y a quand même des maudites limites à ce qu’on peut imputer à la jeunesse et au manque de talent. À un moment donné, c’est le vouloir – ou le manque criant de volonté – qu’il faut pointer du doigt. Et il est plus que temps de le faire…

 

Des buts...

 

Quand je vous indiquais plus haut qu’au-delà les défaites, le Canadien cultivait les mauvaises habitudes pour mousser ses chances de perdre, disons simplement que nos collègues du Elias Sports Bureau à New York ont confirmé que c’était la 16e fois samedi que le Canadien était victime de deux buts marqués en moins de 60 secondes par ses adversaires.

 

D’autres buts...

 

Même si le score final est loin de le laisser croire, oui c’est le Canadien qui a marqué le premier but du match. Un but chanceux alors que le tir de la pointe de Jeff Petry a dévié sur le patin d’Evgeni Malkin pour déjouer le gardien Matt Murray. L’ennui, c’est que le Canadien a laissé les Penguins répliquer 59 secondes seulement plus tard. C’était la 6e fois cette saison que le Canadien était victime d’une réplique moins d’une minute après avoir lui-même marqué…

 

Encore des buts...

 

En laissant les Penguins marquer cinq fois aux dépens d’Antti Niemi, le Canadien a encaissé cinq buts pour une 21e fois cette saison. Et neuf fois, l’adversaire s’est rendu à six.

 

Dur retour pour Schlemko

 

Parce que David Schlemko était remis de la blessure qui le tenait à l’écart de l’alignement depuis le 6 mars dernier, Claude Julien a décidé de faire appel aux services du vétéran défenseur. L’entraîneur-chef s’est même porté à la défense de son arrière en indiquant qu’il n’avait pas été en mesure de donner un bon aperçu de son talent cette saison en raison des blessures. Disons qu’il n’y est pas arrivé encore samedi. Peut-être à cause de son absence de 12 rencontres, ou plus simplement parce qu’il est très limité en fait de talent, Schlemko n’a rien fait pour redorer son blason samedi.

 

« Je n'ai pas aimé mon match »

Au contraire. Il s’est fait sortir d’une bataille le long de la rampe par une bien anodine mise en échec. Il s’est transformé en spectateur sur deux des cinq buts des Penguins. Des buts dont il a été témoin alors qu’il se tenait derrière le filet défendu par Niemi. Comment diable un défenseur peut croire qu’il est utile en regardant le jeu défiler devant lui pendant qu’il a les patins rivés dans la glace derrière son gardien?

 

Il est important ici d’ajouter que Schlemko a réalisé un bon jeu défensif en fin de match. Effet du hasard ou mince consolation? À vous de choisir.

 

« Je n’ai pas disputé un bon match », a convenu Schlemko à qui on donnera au moins le crédit d’être honnête.

 

À moins qu’il ne soit échangé ou que son contrat soit racheté, David Schlemko est susceptible de passer deux autres saisons avec le Canadien. Oui, oui, deux autres...

 

Drouin et Galchenyuk se démarquent

 

Comme bien d’autres joueurs, Jonathan Drouin et Alex Galchenyuk ont beaucoup déçu cette saison. On s’attendait à bien plus de leur part. Surtout en début de saison alors que le Canadien vivotait peut-être, mais était encore en vie. Depuis qu’il est clair que le Tricolore sera éliminé, les deux joueurs ont repris un brin d’entrain.

 

Trop peu, trop tard diront plusieurs.

 

Et c’est un peu vrai.

 

Mais comme on doit chercher du positif afin de nourrir l’espoir de jours meilleurs la saison prochaine, il faut reconnaître que les deux jeunes affichent de meilleures performances depuis un mois ou à peu près. Ne serait-ce que sur le plan des statistiques, ils sont plus visibles.

 

Drouin a marqué son 13e but de la saison samedi. C’est trop peu.

 

Mais c’était malgré tout son 4e but et son 13e point lors des 16 derniers matchs. Soit depuis que Claude Julien l’a fouetté un brin ou deux en lui confiant Paul Byron et Brendan Gallagher comme ailier.

 

En passant, Gallagher, avec deux passes samedi, a fracassé le plateau des 50 points pour la première fois de sa carrière.

 

Drouin a marqué en avantage numérique. Oui c’est plus facile de le faire à cinq contre quatre qu’à cinq contre cinq. Six de ses 13 derniers points ont d’ailleurs été obtenus en avantage numérique. Mais si Drouin se développe comme un poison offensif et fait du Canadien un club contre qui il deviendra périlleux d’écoper des pénalités, ce sera ça de gagner.

 

Quant à Galchenyuk, il revendique 15 points (six buts) à ses 16 derniers matchs. C’est encourageant. Surtout qu’il n’évolue pas en compagnie d’un centre redoutable offensivement puisqu’il complète le travail de Jacob De La Rose...

 

Mais bien que Galchenyuk n’ait pas le meilleur flair sur la glace, ou la meilleure vision, il a de très bonnes mains. Des mains qu’il utilise mieux depuis un mois alors qu’il semble comprendre qu’il peut s’offrir un brin plus de temps pour prendre de meilleures décisions et surtout se donner la chance de réussir les jeux qu’il orchestre.

 

Mieux encore, Galchenyuk semble afficher plus de constance au niveau de l’effort déployé lors de ses présences.

 

Il faudra que Galchenyuk, comme Drouin, jouent à ce même niveau quand ça comptera pour vrai et non attendre que le club soit éliminé. Mais quand même, ce qu’on voit depuis quelques semaines et certainement une consolation pour les insuccès immédiats de l’équipe et une source d’optimisme pour l’an prochain.

« Des gars sont pas prêts à payer les prix »