LAVAL – Après trois jours de roucoulement et de renforcement positif, Joël Bouchard a finalement senti le besoin de hausser le ton devant les jeunes espoirs du Canadien.

Pour la deuxième fois de la fin de semaine, un joueur dirigé par Bouchard est resté allongé sur la patinoire de la Place Bell dimanche, immobile victime d’une charge douteuse d’un adversaire. S’il y avait matière à débat entourant la légalité de la mise en échec que Jonathan Aspirot a servie à Jake Evans vendredi, le verdict qui doit être rendu après le double-échec de Hudson Elyniuk sur Jarret Tyszka est indiscutable.

Un autre espoir du CH tombe au combat

« Ce soir, il n’y avait pas de zone grise », a clairement prononcé Bouchard après la rencontre.

Pour le coach, le temps était aussi venu de faire connaître son mécontentement à ses propres ouailles. Il avait passé l’éponge lorsqu’aucun d’entre eux ne s’était porté à la défense d’Evans. Il n’allait certainement pas accepter pareille passivité deux fois.

« Là, c’est assez. Ça faisait deux gars qui partaient et on n’a rien fait les deux fois, s’est énervé Bouchard dans son point de presse d’après-match. Je leur ai donné une chance la première fois, ils sont jeunes. Mais là, ils vont apprendre. Que les gars qui étaient sur la glace n’aillent pas voir les gars de l’autre équipe, c’est inacceptable, il va falloir que ça change. On se tient en équipe, on joue en équipe. Ça, ça va changer et ils ont été avertis. »

Pour les quelque six minutes qu'il restait au tableau quand Tyszka est sorti sur une civière, Bouchard a cloué au banc les joueurs qui étaient sur la glace au moment de l’incident. Puis à l’entracte, il s’est assuré de verbaliser son message. L’attaquant Will Bitten allait plus tard parler d’un « wake up call ».

À sa façon, le nouvel homme en charge de la jeunesse tricolore venait de partager sa propre théorie sur l’importance d’une bonne attitude et a posé les premières briques de la culture qu’il espère implanter au seuil de la porte qui mène au grand club.  

« On ne demande pas de se battre, ce n’est pas ça que je demande pantoute. Mais on va demander de se tenir. C’est le Canadien de Montréal. À un moment donné, va falloir se tenir debout. On ne prône pas la violence, mais on n’est pas obligés de se laisser manger la laine sur le dos non plus. »

« Il faut qu’ils comprennent, a répété Bouchard un peu plus tard. Ils viennent à un camp pour le Canadien de Montréal. Même si c’est un camp de recrues, ils ont un chandail du Canadien de Montréal. Je ne leur demande pas la violence gratuite. Je leur demande de se tenir debout comme des hommes, par exemple. À un moment donné, c’est assez. Ça faisait deux qui partaient. Enough is enough. »

La nuance semble rapidement avoir été saisie. Envoyé pour prendre la première mise en jeu de la deuxième période, le colosse Morgan Adams-Moisan est allé renverser Jeremy Bracco, l’un des meilleurs attaquants des jeunes Maple Leafs, à l’aide d’un solide coup de coude qui lui a valu une pénalité majeure et une inconduite de partie. Quelques instants plus tard, le teigneux Michael Pezzetta engageait le combat contre Andrew Nielsen.

La proactivité des deux protagonistes a certainement galvanisé les troupes. Les Leafs ont peut-être remporté la rencontre, mais ils ont à peine touché à la rondelle dans ses 40 dernières minutes.

« Ceci étant dit, je suis content qu’on ait perdu, a conclu Bouchard. Ça serait trop facile qu’ils se réveillent en deuxième, qu’ils commencent à être un peu plus physiques et engagés et qu’on gagne. Ça serait trop facile. Ce n’est pas ça le processus. C’est de le faire en partant. Mais d’un autre côté, je suis fier de la façon dont ils ont réagi après la première période. »

La réponse que Bouchard a obtenue de ses protégés dimanche s’encastre dans cette recherche de progression qu’il avait placée au centre de sa démarche et dont il a maintes fois fait mention depuis le début du camp.

« Je dirais qu’en ce moment, je vois le camp en trois phases. La première a été le premier match, où les gars ont travaillé, mais c’était difficile, le concept était compliqué. On a pris du recul, on s’est ajustés et on a reparti le match. Je pense qu’on était meilleurs en début de match [ce soir] que lors du premier. Plus de cohésion, meilleur feeling en tant que coach. Après ça il y a eu la coupure, l’incident. Pis là, ils ont vraiment compris. Bang, bang, bang... Boom. »

« Pour moi, à date, on fait ça, a résumé Bouchard en plaçant une main dans un angle de 45 degrés pour illustrer la pente ascendante dans laquelle il voit son groupe. C’était ça mon but, c’est ça qu’on voulait faire. »  ​

« C'est assez », dit Joël Bouchard
Kotkaniemi prépare le but égalisateur
« Inacceptable... faut se tenir debout »
« J'apprends beaucoup »