Que Martin St-Louis, ses joueurs et plus particulièrement son gardien Jake Allen qui méritait un meilleur sort, sans oublier les partisans de son équipe soient en complet désaccord avec la décision d’accorder le but qui a permis aux Stars de Dallas de l’emporter 4-3 en prolongation est tout ce qu’il y a de plus normal.

Une fois la déception passée, il est important de regarder la reprise en tenant compte de ce que dit le règlement.

Le règlement en question (69.7) stipule qu’un but doit être accordé lorsqu’un gardien et un joueur adverse entrent accidentellement en contact dans le feu de l’action alors qu’ils tentent de s’emparer d’une rondelle libre et ce peu importe que la rondelle soit dans la zone réservée au gardien ou non. Peu importe aussi que l’attaquant soit dans la zone réservée au gardien ou non.

Le but n’est pas accordé lorsqu’un joueur initie le contact sur un gardien ou ne fait rien pour l’éviter s’il est poussé par un défenseur et qu’il mine ainsi ses chances d’effectuer l’arrêt en l’empêchant de pouvoir se déplacer librement.

Sur le jeu controversé qui a donné la victoire aux Stars, Tyler Seguin est clairement dans la zone réservée au gardien. La reprise démontre tout aussi clairement qu’il y a un contact entre le bâton de Seguin et Allen. Mais voilà : la reprise démontre aussi que ce contact survient dans le feu de l’action et qu’il n’empêche pas le gardien du Canadien d’effectuer ses mouvements afin de stopper la rondelle que John Klingberg a saisie tout juste devant son but.

D’où la décision d’accorder le but.

Comme c’est toujours le cas lorsqu’un but est marqué au cours de la dernière minute de la troisième période ou à tout moment en prolongation, la révision du jeu ayant mené au but est automatique. St-Louis, qui a retraité au vestiaire aussitôt la lumière rouge allumée derrière Allen, n’a donc pas eu à exiger que le jeu soit revu.

Bon! On peut lancer un grand débat sur le fait que des révisions des jeux similaires se sont souvent traduites par des buts refusés. Sur le fait que les différences entre ce qui est permis et ce qui ne l’est pas sont souvent très minces.

On peut crier haut et fort que si Brendan Gallagher avait été dans le rôle de Seguin jamais le but n’aurait été accordé.

Mais un fait demeure : le but a été accordé et tous les angles permettant de revoir le jeu donnent plus de motifs de maintenir la décision initiale rendue par les arbitres que de la renverser.

C’est dommage et un brin ou deux frustrant pour le Canadien et ses « fans », j’en conviens. Mais cette décision, aussi juste que justifiée, donne aux Stars un point crucial dans leur quête de rester au plus fort de la course pour la dernière place disponible en séries à titre de club repêché. Une place qui est loin d’être acquise cela dit.

Quand Allen et Oettinger jouent aux voleurs

Le plus décevant avec la controverse associée au but gagnant est qu’elle porte ombrage à un match de hockey sensationnel que les joueurs des Stars et du CH ont offert à leurs partisans. Elle porte ombrage aussi aux performances magistrales des deux gardiens.

Sensationnel – rien de moins – dans le cadre de son premier match après une absence de 25 rencontres, Allen a amorcé le match avec des vols de grand chemin aux dépens de Roope Hintz, Michael Raffl et Joe Pavelski qu’il a volé une deuxième fois plus tard en troisième période.

Allen a repoussé 31 des 35 tirs des Stars qui ont atteint la cible. Il affichait une forme, un synchronisme dans ses déplacements et une telle vivacité dans ses réflexes qu’on aurait juré qu’il surfait sur une séquence heureuse devant son but et non qu’il y revenait après une si longue absence.

À l’autre bout, Jake Oettinger a été tout aussi impressionnant en début de rencontre. Il a lui aussi volé quelques buts au Canadien : Michael Pezzetta, mais plus encore Christian Dvorak et Mike Hoffman sont du nombre de ses victimes.

Dans un match au cours duquel sept buts ont été marqués, les deux gardiens auraient pu se tailler une place pleinement méritée au sein des trois étoiles de la rencontre. Ça donne une bonne idée de la qualité des arrêts qu’ils ont effectués.

Le retour en forme et en force d'Allen est une très bonne nouvelle pour le Canadien. Non seulement St-Louis peut-il maintenant compter sur celui qui assumait le rôle de numéro un en l’absence de Carey Price depuis le début de la saison, mais le directeur général Kent Hughes pourrait recevoir des coups de fil d’ici 15 h lundi, de la part d’un ou plusieurs de ses homologues en manque d’un gardien solide et qui ne coûte pas trop cher pour non seulement compléter la saison, mais surtout pour mousser les chances de réussite de leur équipe une fois en séries.

Hughes l’a dit plusieurs fois jeudi matin lorsqu’il a commenté la transaction qui a envoyé Ben Chiarot en Floride : le Canadien n’est pas dans une situation de vente de feu. Il est donc hors de question de donner des joueurs simplement pour se débarrasser de leur contrat.

En plus, l’incertitude qui persiste quant aux chances de Price de revenir au jeu ce printemps et de reprendre son poste de numéro un l’automne prochain mousse davantage l’importance d'Allen devant la cage du Canadien.

Tout ça est vrai. Mais quand même : si Allen devait être aussi solide, samedi, contre les Sénateurs d’Ottawa qui feront escale au Centre Bell, qu’il ne l’a été jeudi soir face aux Stars, une ou des offres très intéressantes pourraient être acheminées au Canadien. Hughes ne serait pas obligé de leur donner suite. Mais il aurait la responsabilité de les analyser avec attention.

Suzuki et Caufield réunis

La réunion de Nick Suzuki et Cole Caufield, mais plus encore la complicité que les deux jeunes ont affichée après avoir été séparés, le temps de deux matchs, par St-Louis devrait, tout autant que la performance d'Allen, balayer du revers de la main la déception associée à la défaite et au but controversé qui l’a concrétisée.

Après avoir sauvé le spectacle mardi avec ses deux buts enfilés en huit secondes pour adoucir le revers de 6-3 encaissé aux mains des Coyotes de l’Arizona, Caufield a donné un autre beau spectacle jeudi.

Caufield a non seulement marqué un beau but en avantage numérique après qu’il eût reçu une passe parfaite de Suzuki qui a pris les défenseurs des Stars à contrepieds en rejoignant son complice qui s’était caché derrière eux, mais il a aussi remboursé cette passe savante en offrant à son joueur de centre une passe tout aussi belle pour permettre à Suzuki de marquer son 17e de la saison.

Caufield a nivelé les chances 1-1 en période médiane. Il a cadré cinq des neuf tirs qu’il a décochés au cours du match.

Suzuki a nivelé les chances 2-2 en début de troisième. Il a cadré trois des six tirs qu’il a décochés lors de la rencontre.

Les deux joueurs ont aussi eu de belles occasions de sceller l’issue de la partie en troisième période et en prolongation alors que le Canadien a obtenu des attaques massives. Personne ne leur reprochera de ne pas y être arrivés tant ils affichaient confiance et contrôle sur la patinoire. En jouant comme ils l’ont fait hier, Suzuki et Caufield ont confirmé qu’ils méritent de jouer ensemble et qu’ils sauront faire fructifier cette association au fil des prochaines saisons.

Le jeu électrisant des deux jeunes; la tenue d'Allen devant son filet; la vitesse déployée et la conviction affichée par le Canadien qui a comblé deux fois des reculs d’un but; le premier but en carrière de Corey Schueneman qui a offert une avance d’un but au Canadien en milieu de troisième période; les 23 tirs bloqués et particulièrement celui que Jake Evans a bloqué avec son patin en étirant la jambe alors que le Canadien écoulait une pénalité en fin de match; le retour en force de Dvorak qui s’est signalé en gagnant 11 des 15 mises en jeu qu’il a disputées. Tout ça compte bien plus que le point perdu en prolongation.

Beaucoup plus.

Car c’est une indication claire de l’identité que St-Louis est en train de donner à son équipe. Une identité qui rendra le Canadien meilleur, plus difficile à affronter et surtout bien plus intéressant à regarder.

Entre les lignes

– Le but en prolongation marqué par Klingberg était son 21e but gagnant dans l’uniforme des Stars. Ce but lui a permis de devancer l’excellent Sergeï Zubov qui détenait l’ancien record pour le plus grand nombre de buts gagnants marqués par un défenseur dans l’histoire des Stars...

– La victoire de 4-3 arrachée au Canadien jeudi était la neuvième déjà cette saison signée en prolongation par les Stars qui n’ont perdu qu’une fois. Une fiche qui aide grandement les Stars dans leur quête d’accéder aux séries puisqu’ils ne jouent pas pour ,500 – 21 victoires, 23 revers – dans les matchs qui se sont décidés en temps réglementaire...

– Quel est le secret de cette réussite des Stars en prolongation? « Nous avons simplement été plus opportunistes que nos adversaires cette année. On joue bien et nous sommes récompensés. L’an dernier, nous obtenions autant d’occasions, mais nous étions incapables de gagner que ce soit en prolongation ou en tirs de barrage », a convenu l’entraîneur-chef Rick Bowness après la victoire. Vérification faite, les Stars ont maintenu un dossier de 4-8 en prolongation et de 2-6 dans les matchs qui se sont décidés en fusillade...

– En battant le Canadien au Centre Bell, les Stars ont mis un terme à une séquence de trois revers consécutifs alors qu’ils avaient gagné 14 de leurs 19 matchs (14-4-0-1) précédents...

– Les Stars croiseront les Islanders à New York samedi et les Capitals à Washington dimanche. Ils traversent actuellement une séquence ardue de 12 matchs sur 15 sur la route. Après leur visite à Washington, ils rentreront à Dallas pour affronter les Oilers, reprendront la route en direction de la Caroline pour y croiser les Hurricanes avant de retourner à Dallas où les attendront les Canucks. Suivra ensuite une virée dans l’Ouest américain avec deux matchs à Anaheim, un à San Jose et un dernier à Seattle...