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MONTRÉAL - La tête basse, les yeux rivés sur le tapis rouge étendu sur le plancher du vestiaire, Phillip Danault n’a pas hésité une seconde lorsque je lui ai demandé si la dégelée que lui et ses coéquipiers venaient d’encaisser faisait plus mal à cœur que l’avance bêtement échappée aux mains des Rangers samedi.

 

« Samedi a fait plus mal », a vite répondu Danault.

 

C’est après avoir lancé sa réponse que le centre qui venait de connaître une soirée difficile s’est mis à réfléchir.

 

Les caméras qui le mitraillaient il y a quelques secondes à peine étaient rendues devant Carey Price à l’autre bout du vestiaire. Il pouvait donc s’offrir une pause sans que les images trahissent son désarroi. Au terme de cette pause, Danault a relevé la tête pour nuancer son propos.

 

« Samedi a fait plus mal. Surtout qu’on a tous passé la journée de dimanche à y penser. À repasser dans nos têtes tout ce qui n’avait pas bien été. Mais ça ne veut pas dire que la défaite de ce soir ne fait pas mal. Car oui elle fait mal. Elle fait même très mal. En fait, ce qui fait le plus mal ce n’est pas le score ou de s’être fait battre par des rivaux comme les Bruins. Ce qui fait le plus mal, c’est qu’après la défaite de samedi, on tenait tous à nous reprendre. Nous voulions prouver que l’avance perdue de samedi n’était qu’un accident de parcours. On voulait. Mais ce n’est pas arrivé. En fait, c’est le contraire qui est arrivé alors qu’on s’est battu nous-même en donnant des chances de première qualité aux Bruins. Ça n’a pas de bon sens de donner autant d’occasions de 'Grade A'  comme on l’a fait ce soir. Ce soir, c’était la cerise sur le sundae. En fait non, c’était le clou dans le cercueil », a corrigé Danault en réalisant qu’après un revers de 8-1, il était bien difficile de parler de cerise sur le sundae pour imager l’issue de la rencontre.

 

Le Canadien a donc perdu ses cinq derniers matchs.

 

Il a accordé 14 buts lors de ces deux défaites.

 

Il n’a récolté que deux points sur les dix à l’enjeu depuis le début de cette glissade de cinq revers de suite. Cinq défaites au cours desquelles il a accordé 25 buts et n’en a marqué que 12.

 

Cette glissade et les statistiques inquiétantes qui lui sont rattachées étiolent dangereusement la patience des partisans qui ont copieusement hué leurs favoris au Centre Bell mardi soir et les ont vertement critiqués sur les médias sociaux.

 

De fait, la férocité des commentaires augmentait au rythme des buts marqués par les Bruins. En troisième période, c’était aussi laid sur «twitter» que ce l’était sur la patinoire. Plus même. Et comme c’était très laid sur la glace du Centre Bell, ça vous donne une idée à quel point les gazouillis volaient bas.

 

Price encore au pilori

 

C’était même très laid alors que Carey Price, chassé du match après qu’il eut accordé deux buts au cours des 70 premières secondes de la période médiane, après qu’il eut concédé cinq buts sur 11 tirs seulement faisait les frais de cette séance de défoulement.

 

Avec raison?

 

En partie oui. En partie parce qu’au-delà la nature des buts marqués par les Rangers samedi et les Bruins mardi soir, le nombre faramineux de buts ouvre la porte aux critiques.

 

Les Bruins ont marqué leurs deux premiers buts du match en avantage numérique. Le gardien ne pouvait rien sur le tir de Jake DeBrusk décoché de l’enclave où il avait été oublié.

 

Je n’ai pas aimé le manque de vigueur du déplacement vers sa droite de Price sur le deuxième but des Bruins. Mais c’est David Pastrnak qui a tiré. Et comme il est rendu à 23 buts marqués en 25 rencontres, l’arrêt n’était pas évident à effectuer. Mais j’aurais quand même voulu voir Price combattre davantage.

 

C’est d’ailleurs le plus gros reproche que je lui adresserais en marge de sa sortie ratée de mardi. Après le deuxième but et tout juste avant que Brad Marchand ne le sorte de ses patins en fin de période pour porter le score 3-1, Carey Price a été complètement battu par Charlie Coyle qui est passé à un cheveu de marquer en contournant sa cage avant que le gardien n’aie eu le temps de passer d’un poteau à un autre.

 

Ce geste lent et un brin maladroit de Price m’a vraiment déplu en ce sens qu’il m’a donné l’impression qu’il savait déjà que le match était joué. Le troisième but qui a suivi quelques instants plus tard a appuyé mes prétentions.

 

C’est pour cette raison que je croyais que Keith Kinkaid amorcerait la deuxième période. Claude Julien est revenu avec Price qui a donné sur buts sur trois tirs. Deux buts en 70 secondes pour clore sa soirée de travail.

 

Comme sur les trois premiers buts, les Bruins ont profité d’occasions en or sur les quatrième et cinquième. Doit-on parler de mauvais buts? On peut. Ce qui semblait toutefois clair, c’est que Price n’affichait pas la moindre combativité sur ces deux tirs.

 

L’entrée en scène de Kinkaid n’a rien changé.

 

Rien de rien parce que ses coéquipiers ont continué à offrir des occasions en or aux Bruins qui ont su en profiter.

 

Mais peut-être que cette sortie de près de deux périodes servira de bon échauffement à Kinkaid à qui on devrait normalement offrir le match de jeudi contre ses anciens coéquipiers des Devils. Du moins il me semble.

 

Julien en danger?

 

Au-delà des critiques lapidaires à l’endroit de Carey Price et de ses coéquipiers, certaines étaient dirigées vers Marc Bergevin et son entraîneur-chef Claude Julien.

 

Rien de surprenant jusqu’ici.

 

Plusieurs amateurs se demandaient si Julien était menacé, en raison des insuccès de son équipe. Menacé, en raison des erreurs répétées et coûteuses que multiplient ses joueurs. Menacé, en raison de leur très mauvaise habitude d’accorder des buts en fin de période. Des buts qui font souvent très mal, à l’image de celui marqué par Brad Marchand en fin de premier tiers mardi.

 

Un coach qui perd est toujours menacé.

 

Cela dit, seuls ceux et celles qui croyaient vraiment que le Canadien avait des chances de se tailler une place au sein des trois premières places de la division atlantique ont vraiment le droit de poser cette question pour le moment.

 

Car malgré ses cinq défaites consécutives, le Canadien est toujours dans la course aux séries. Une course qu’il est loin d’avoir des chances de gagner quand on le compare à ses principaux rivaux. Mais une course à laquelle il doit prendre part d’une façon active si le directeur général, son coach et le groupe de joueurs veulent tous prouver que le Tricolore est vraiment en ascension et qu’il pourra être considéré comme un club de séries dans un, deux ou trois ans.

 

Ce qui n’est pas le cas encore.

 

Surtout avec les blessures qui privent l’équipe de Jonathan Drouin et Paul Byron. Je sais : Drouin avait un bon début de saison, mais il n’est pas une super-vedette pour autant alors que Byron patinait dans le sable depuis le début de l’année.

 

C’est justement le drame du Canadien.

 

Cette équipe que plusieurs voient plus grosse qu’elle ne l’est en réalité est en train de prouver à la dure qu’elle est loin d’avoir la profondeur dont elle se targue d’avoir.

 

Car à elles seules, les pertes de Drouin et de Byron ne devraient pas avoir un impact aussi négatif.

 

Mais voilà! Ces pertes déséquilibrent un alignement qui est bien fragile même lorsqu’il compte sur tous ses éléments. Et si vous ajoutez à ces pertes, le fait que Carey Price n’est pas en mesure de fausser les données en faveur de son équipe, vous avez une glissade de cinq revers de suite et le spectre de quelques autres qui s’ajouteront.

 

Rien pour aider l’équipe à rester au plus fort de la course aux séries.

 

Rien pour apaiser les critiques allant de justifiées à démesurées à l’endroit du gardien.

 

Rien pour freiner les questions associées au statut de Claude Julien derrière le banc de l’équipe.

 

Cassidy a averti ses joueurs

 

Lorsque les Bruins se sont offert une avance de 3-1 en fin de première, ils ont pris une sérieuse option sur la victoire. Lorsqu’ils ont grimpé le score à 4-1, 5-1 et 6-1 en période médiane, l’issue du match était réglée.

 

Ou à peu près.

 

Mais Bruce Cassidy a quand même servi une mise en garde à ses joueurs avant de revenir sur la patinoire en troisième. L’entraîneur-chef avait encore frais en mémoire, le revers encaissé aux mains des Panthers de la Floride il y a deux semaines alors que les Bruins ont bousillé une avance de 4-0 en troisième période avant de perdre 5-4 en tirs de barrage.

 

« Il y a quelques années, je n’aurais jamais servi ce genre de mise en garde aux joueurs. Je n’aurais jamais voulu amener du négatif dans le vestiaire avec une telle avance et une période à jouer. Mais la ligue a changé. Les joueurs se souviennent de ce qu’ils ont vécu il y a deux semaines. Ils ne savent peut-être pas que Montréal a perdu une avance de 4-0 samedi, que les Sharks ont perdu une avance de trois buts lundi soir. Que dans la nouvelle LNH, des avances qui semblent pourtant confortables le sont beaucoup moins qu’avant. Avec des trios qui sont tous capables de marquer et des défenseurs qui se portent à l’attaque, on n’est jamais à l’abri de remontée », a expliqué Cassidy qui n’a pas sorti le grand jeu pour autant.

 

« Il n’était pas question de faire peur aux joueurs. Je ne crois pas à ça de toute façon. Mais je voulais juste leur rappeler d’éviter d’ouvrir la porte au Canadien. D’éviter les pénalités, d’éviter de prendre des chances inutiles, de jouer du hockey plus contrôlé. Surtout qu’en contrôlant le jeu, on maximisait nos chances de protéger notre avance tout en conservant le maximum d’énergie en vue du match de demain (mercredi) à Ottawa », que le coach des Bruins a expliqué à la sortie du vestiaire du club visiteur.

 

En bref

 

Jeff Petry a connu un match affreux face aux Bruins. Il a terminé sa soirée de travail avec un différentiel de moins-4 et s’est livré pieds et poings liés en plaidant coupable sur les quatrième et sixième buts des Bruins. «J’ai perdu la rondelle sur ces deux buts. J’avais des jeux faciles à réaliser. Des jeux que je dois compléter. Mais je ne l’ai pas fait avec les conséquences que vous avez vues. C’est très différent de revenir au vestiaire avec un déficit de 3-1 au lieu d’un déficit de 2-1 après une période. Et c’est de ma faute si on s’est retrouvé dans cette position... »

 

Victor Mete, Max Domi et Nick Suzuki sont les trois autres Canadiens qui ont terminé le match de mardi avec un lourd différentiel de moins-4 sur les bras. La complicité unissant Domi et Suzuki samedi face aux Rangers était complètement absente mardi face aux Bruins...

 

La pénalité écopée par Brendan Gallagher en première période, pénalité qui a permis aux Bruins de prendre les devants 1-0, était sa toute première de la saison…

 

C’est en train et non en autobus que les Bruins ont fait le voyage en direction d’Ottawa immédiatement après leur victoire aux dépens du Canadien mardi...

 

Le Canadien reprendra l’entraînement en fin d’avant-midi mercredi afin d’être en mesure de rebondir jeudi, contre les Devils, qui feront leur deuxième escale en 12 jours à Montréal. C’est d’ailleurs aux mains de P.K. Subban et des Devils que le Canadien a amorcé sa séquence de cinq revers consécutifs en encaissant une défaite de 4-3 en prolongation...

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