LONDON, Ontario – Personne n’a changé ses plans pour organiser une fête de bienvenue quand le Canadien a annoncé, à la mi-juillet, qu’il avait consenti un contrat à deux volets à un jeune défenseur de 5 pieds 10 pouces et 180 livres issu d’un modeste programme universitaire américain.

Mais s’il continue de jouer comme il le fait depuis le début du camp des recrues, Ryan Johnston comptera bien assez vite sur un solide réseau de supporteurs.

Membre plutôt méconnu d’un groupe de huit arrières qui ne cassent rien depuis le début d’un tournoi auquel participent présentement les jeunes espoirs du Tricolore, Johnston se démarque et sort du lot. Son coup de patin fluide, sa vision et son flair offensif font clairement de cet Ontarien de 23 ans le meilleur défenseur de son clan à London.

Samedi soir, dans une victoire de 6-4 aux dépens des jeunes Maple Leafs, il a sorti de leur sommeil ceux qui ne l’avaient pas encore remarqué en servant une savante passe à l’aveuglette à Charles Hudon sur le quatrième but des siens.

« Je l’avais aperçu, mais j’ai été chanceux de me rappeler à la toute dernière minute qu’il était gaucher! », ricanait le sympathique jeune homme après la rencontre. « Je crois que j’aurais pu prendre un tir, mais je me suis dit que les chances étaient meilleures que la rondelle se retrouve dans le fond du filet avec un marqueur comme lui! »

Avec la même humilité, mais sur un ton plus sérieux, le produit de l’Université Colgate, qui a su gagner la confiance de l’état-major du CH après avoir accepté une invitation pour le camp de développement au début juillet, a affirmé qu’il n’était pas surpris du succès qu’il connaissait depuis le début de sa courte carrière chez les pros.

« Le jeu est rapide au collège et comme je suis un joueur qui se plaît à contrôler l’action, je crois que ça m’a bien préparé à accélérer le rythme quand le besoin s’en fait sentir. Alors non, je ne suis pas surpris. Je crois que j’ai le talent pour jouer ici et tenter d’exceller. »

Johnston avait participé au camp de développement des Devils du New Jersey en 2014, une expérience qui n’avait débouché sur aucune offre formelle. Quand l’appel du Canadien est venu un an plus tard, il a décelé une occasion idéale de gagner son pari.

« Je savais que l’équipe avait besoin d’un défenseur offensif et j’ai tout de suite pensé que je cadrais bien là-dedans. Quand on m’a présenté un contrat, c’est une offre que je ne pouvais vraiment pas refuser. »

Sylvain Lefebvre, qui a déjà décidé qu’il donnera congé à Johnston pour la conclusion du tournoi dimanche, a utilisé son poulain à toutes les sauces au cours des derniers jours, qualifiant son rendement de « belle surprise ».

« C’est encore tôt dans le camp d’entraînement, mais il montre vraiment de belles choses. C’est le fun de voir la façon dont il contrôle le jeu, même défensivement. Pour un défenseur de sa taille, il se tire bien d’affaire. »

« C’est évident que je souhaite être envoyé sur la glace dans toutes les situations. Je me considère comme un défenseur offensif, alors je veux du temps de jeu sur l’attaque à cinq. Mais j’apprécie le fait qu’on me fait confiance dans d’autres aspects du jeu. Je veux être reconnu comme un gars fiable partout sur la glace, pas seulement en territoire ennemi », précise Johnston.

Un autre but pour Bozon

Vendredi contre les Penguins de Pittsburgh, Tim Bozon avait inscrit un but important qui avait permis au Canadien de créer l’égalité tard en troisième. Samedi, il a répliqué en complétant une belle mise en scène de Nikita Scherbak lors d’une supériorité numérique.

Au même titre que Scherbak, Michael McCarron et Jérémy Grégoire, notamment, le Français cherche à s’installer chez les pros cet automne.

« J’essaie de prendre les choses un jour à la fois et de ne pas me projeter trop loin. C’est sûr que ça va être ma première année professionnelle et j’ai vraiment hâte, mais on verra bien ce qui se passera », racontait-il après un entraînement en matinée.

Joel Hanley, Jamal Watson, Tim Bozon et Brett LernoutFrappé par une forme de méningite qui l’a plongé dans un coma au début de l’année 2014, Bozon s’est relevé de cette malchance qui aurait pu lui être fatale. En fait, sa récupération fut si rapide qu’il s’était fixé comme objectif de graduer au niveau supérieur dès la saison dernière. Le Canadien l’avait toutefois ramené sur Terre en le confiant aux bons soins du Ice Kootenay dans la Ligue junior de l’Ouest.

« Je n’étais pas vraiment heureux de cette décision au début de l’année, a admis le choix de troisième tour du Tricolore en 2012. Je ne voulais pas retourner dans le junior, mais j’ai réalisé que ça m’avait fait du bien. Quand j’étais au camp d’entraînement l’année dernière, je pensais être à 100%, mais ce n’était pas le cas. Il m’a vraiment fallu une bonne année pour revenir et à la fin de ma dernière saison junior, j’ai réalisé que ça avait payé, que c’était une bonne idée. »

Bozon a maintenant l’impression d’être perçu différemment. Il y a un an, on voulait presque lui faire une faveur, lui permettre de reprendre des couleurs. Cette année, il se sent impliqué dans une compétition au même titre que les autres espoirs de l’organisation.

« C’est ce que je souhaite en tout cas. Je veux me battre à armes égales avec les autres joueurs pour essayer de faire ma place, que ce soit à Montréal ou à Saint John’s. »

« Son jeu va déterminer où il va jouer, établit Lefebvre. Si tu regardes d’où il revient, le travail qu’il a fait pour se remettre en forme et revenir à la case départ et même s’améliorer, c’est tout un exploit. C’est une preuve de courage et de persévérance. S’il garde ces atouts, son développement va se faire plus rapidement. »