BROSSARD – Montréal étant ce qu’elle est, l’acquisition de Jordan Weal a été reçue avec certain cynisme à la date limite des transactions. Pendant que les Blue Jackets de Columbus poussaient tous leurs jetons au centre de la table pour aller chercher Matt Duchene et Ryan Dzingel, le Canadien échangeait un joueur de la Ligue américaine pour obtenir un petit attaquant qui en serait à sa troisième équipe depuis le début de la saison.

 

Claude Julien a immédiatement pris les mesures pour bien faire paraître son patron. Weal avait joué plus de douze minutes à seulement deux reprises dans ses quinze derniers matchs avec les Coyotes de l’Arizona. Il en a joué près d’une quinzaine dès son premier match en Bleu-blanc-rouge et n’a jamais eu à s’inquiéter de réchauffer le banc par la suite.

 

Contre toute attente, Weal a récolté dix points en 16 matchs avec son nouveau club. Julien l’a tellement aimé qu’il s’est permis de laisser Jesperi Kotkaniemi dans les gradins à trois reprises après son arrivée et l’a éventuellement utilisé avec régularité en avantage numérique.

 

« Il y a eu un bref moment à Philadelphie où j’ai obtenu le même genre d’opportunité, mais ça avait pris fin subitement sans qu’on m’explique trop pourquoi, s’est remémoré Weal mardi. C’était vraiment bien d’avoir une chance similaire en arrivant ici. Je n’ai pas les mots pour exprimer toute ma gratitude envers Claude. »

 

Échangé deux fois au cours des trois derniers mois, Weal s’est donné des arguments pour se négocier un peu de stabilité cet été alors qu’il aura la possibilité de tester sa valeur sur le marché des joueurs autonomes pour la première fois de sa carrière. Il serait étonnant que l’intérêt du Canadien s’évapore avec les premières chaleurs estivales et Weal a bon espoir que des discussions constructives mèneront au défrichage d’un terrain d’entente, mais le joueur de 26 ans n’en est pas à son premier barbecue et il est bien conscient du caractère imprévisible de son métier.

 

« Le défi est le même pour tout le monde, mais on ne peut s’arrêter à penser à ce genre de truc trop longtemps. J’ai appris à mettre les choses en perspective. Je gagne ma vie en pratiquant un sport, c’est un privilège et je devrai le voir dans cette optique peu importe où la vie m’emportera. C’est ce que j’ai été capable de faire en arrivant ici, de simplement décrocher et jouer au hockey, et je crois que ça m’a beaucoup aidé. »

 

Le style de Weal s’est agencé parfaitement à l’identité du Canadien. « Petit, rapide et doué... il y a beaucoup de joueurs qui sont bâtis dans ce moule ici et j’imagine que je cadre dans cette description », reconnaît-il en riant. Plus que l’argent et la météo, il dit que cette symbiose naturelle sera son critère de recherche principal dans son magasinage estival.

« C’est le plus important. Un joueur veut toujours se retrouver dans un endroit où il sait qu’on lui fait confiance. Tout le reste finit par suivre. C’est un sport, mais c’est mon job, c’est comme ça que je gagne ma vie et je veux jouer le plus longtemps possible. Un gros rôle et de grandes responsabilités, c’est la clé vers une longue carrière dans cette ligue. »